19.9.03

Quelques règles bien utiles

1. Chaque décollage est optionnel. Chaque atterrissage est obligatoire. Tentez de toujours garder le nombre d'atterrissages que vous faites, égal au nombre de décollages que vous avez réussis.

2. Si vous poussez le manche à balai en avant, les maisons deviennent plus grosses. Si vous tirez sur le manche à balai, elles deviennent plus petites. Une seule exception : si vous continuez de toujours tirer le manche à balai vers l'arrière, les maisons recommencent à devenir grosses.

3. Voler n'est pas dangereux. S'écraser est dangereux.

4. Il est toujours préférable d'être en bas et souhaiter être en haut que d'être en haut et souhaiter être en bas.

5. Le SEUL moment où vous avez trop de carburant est quand l'avion est en feu.

6. L'hélice devant l'avion est un gros ventilateur conçu pour garder le pilote au frais. Lorsqu'il s'arrête, vous commencerez à avoir chaud. Il est donc important de le faire fonctionner en permanence durant le vol.

7. En cas de doute, maintenez votre altitude ou montez. Aucun avion n'est jamais entré en collision avec le ciel. Plusieurs sont cependant déjà entrés en collision avec le sol.

8. On peut définir un bon atterrissage par le fait que vous pouvez sortir de l'avion à pied sans blessures. On peut définir un excellent atterrissage par le fait que l'avion peut être réutilisé par la suite.

9. Apprenez par les erreurs des autres. Vous ne vivrez pas assez longtemps pour toutes les faire vous-même.

10. Si vous avez atterri et que vous devez mettre plein gaz pour avancer jusqu'au parking, c'est que vous avez oublié de sortir le train d'atterrissage.

11. Les chances de survivre à un atterrissage sont inversement proportionnelles à l'angle d'atterrissage. Plus l'angle d'atterrissage est élevé, moins grandes sont les chances d'y survivre, et vice-versa.

12. Restez à l'extérieur des nuages. Les reflets argentés qu'on voit dans les nuages peuvent être d'autres avions. Les montagnes sont aussi réputées pour se cacher dans les nuages.

13. Dans la bataille opposant les avions de métal filant à plusieurs centaines de kilomètres à l'heure et le sol qui est immobile, aucun cas n'a été rapporté où le sol a perdu.

14. Règle générale, afin d'avoir un vol stable, il faut pointer l'avant de l'avion dans la direction où on veut aller.

15. Il y a des vieux pilotes et il y a des pilotes audacieux. Cependant, il n'y a aucun vieux pilote audacieux.

13.9.03

Quelle belle lignes ! (épisode 15)

Ceci est un récit destiné aux initiés qui ont suivi tous les épisodes précédents. Désolé, mais je n'ai pas résisté. Sur ce coup là, je suis pas peu fier. En plus c'était en retour de mon premier vol local solo...

Quelle est belle !
(oui, là, j'ai les chevilles qui enflent)


Vue de très près, le constat est le même.
Maître Cappelo validera cette performance avec son centimètre.

Pour certains d'entres vous cette photo de la roulette de queue du DR-221 ne signifie pas grand chose. C'est une roulette pas très belle, presque alignée sur une bande blanche de parking. Bon. On va pas en faire un fromage.

Par contre, pour tous ceux qui ont déjà piloté un train classique (en vrai ou en virtuelle), c'est déjà un peu plus clair. Surtout, si on explique que mon défi - idiot, je vous l'accorde - à chaque retour de vol est de mettre, au parking, la roulette parfaitement alignée sur la ligne blanche.
Enfin, pour tout ceux qui suivent mes récits depuis quelques mois, ces photos leur indiquent 1/ que j'ai eut de la chance cet après-midi 2/ que ca commence "à rentrer".

Certains (qui, hein ? des noms !) m'ont même suspecté d'avoir poussé l'avion "à la main" pour tricher. Ah, les jaloux !!! Ca ne se passera pas comme ça. Je suis allé les prendre en photo depuis la tour de St-Cyr, d'autant plus qu'il s'agissait des premiers tours de pistes solo de Patrick après son lâcher, qu'il ne nous a toujours pas raconté le bougre...

Bravo-Papa-Romeo-Tango depuis la tour de contrôle de Saint-Cyr.
Notez sous le menton du contrôleur de gauche (en poste) : l'anémomètre et le stock de strip.


Cela m'a permis de rentrer pour la première fois de ma vie dans une vraie tour de contrôle (celle de St-Cyr). Un petit coup de téléphone :
- "Bonjour, je suis élève pilote aux Alcyons, serait-il possible de voir la tour de près ?"
- "Pas de problème, montez !"

J'ai été accueilli par un jeune contrôleur en formation qui m'a très gentiment expliqué son cursus (ENAC, stage, mémoire) et son travail à St-Cyr : les strips et leur composition (oranges pour les transits, verts pour les basés), les ATIS, la charge de travail, la différence du point de vue du contrôlleur entre le circuit en 12 ou 30, le stockage des communications sur bande (ou plutôt sur DVD-R)... c'était passionnant ! Je n'ai pas osé leur dire que je contrôlais virtuellement la tour de Bora ou Fare. Je le ferais lors de ma prochaine visite !

Patrick tout seul dans Romeo-Tango juste après son atterrissage en 12 gauche. Il dégage par le taxiway central. Je suis juste au dessus de l'épaule du contrôleur en poste. Remarquez les strips orange, l'affichage du QNH et la manche à air, un poil de travers ! Bravo Patrick !


Cet après-midi était donc l'après-midi des solos. Patrick souhaitait faire des tours de pistes tout seul comme un grand, et moi - gaillardement - je voulais sortir tout seul du circuit : mon premier vol local solo.

Ce fut purement symbolique. Je suis sortie par le point "Les Serres", j'ai longé l'autoroute A13, survolé les deux zones d'antennes, me suis dirigé vers les cheminées de la Centrale de Porcheville (vers Mantes-La-Jolie)... et puis hop, dans la crainte de ne pouvoir retrouver mon chemin, j'ai fait un 180 en prenant exactement le même parcours ! Bête, mais j'étais tout seul dans l'avion ! Quel bonheur ! Quelle angoisse !

L'ancien schéma de sortie Nord que l'on trouve sur le site des Alcyons.


Au total (avec le roulage) : 26 minutes de vol. Moquez-vous !!! Avant de partir, je n'en menais pas large. Cette trouille (idiote ?) de se perdre. Il aura fallu toute la pugnacité de Marc (instructeur bénévole aux Alcyons) pour me forcer à y aller ! Je ne voulais pas et prétextais tout et n'importe quoi :

- Il fait trop chaud
- Y-a de la brume
- On a pas le temps
- Le vent est de travers

Mais rien n'y a fait. Après avoir fait deux petits tours de piste pour se mettre en confiance (sic), Arnaud m'a dit :
- "Tu viens de te payer 2 tours de piste avec un instructeur, il signe ton carnet de vol pour t'autoriser à faire un local solo, alors faut-y aller !"

Et j'y suis allé. Pas vaillant, stressé, tremblant et trempé (de la chaleur, hein... pas de malentendu). Mais j'y suis allé.

Vous vous rappelez mon lâcher solo en tour de piste (Episode 3 "Fox-Romeo-Tango, je suis prêt au roulage") ? Je crevais de chaud et avait cherché à régler les petits bitonniaux de la ventilation (clim. est un peu trop flateur) en plein sur le vent traversier. Et bien j'ai recommencé un truc dans le même genre sur ce solo en local. Oui, j'ai un peu honte.

Je survole l'A13 tout seul comme un grand. Tranquille. Je viens de passer mon message, celui que je rêvais de faire tout seul :
- "St-Cyr de Fox-Romeo-Tango, on passe Les Serres, pour quitter"
- "Quitter, Romeo-Tango"
- "Merci, euh... et à tout de suite... Fox-Romeo-Tango"

Ca y-est, je suis sortie du circuit du tour de piste. L'avion vole droit, en palier et je sais où je suis. Tout va bien. Je me dis alors intérieurement "N'oublis pas de prendre l'ATIS sur le retour". Je baisse les yeux sur ma tablette et là l'horreur : plus de critérium ! Plus rien pour écrire ! Pendant 5 à 10 sec, j'ai été pris de panique (bon, j'exagère un peu). Je me disais "Comment vais-je prendre l'ATIS sans un stylo pour noter...". Oui, d'ailleurs pour noter quoi ? Allez à tous casser : l'information, la piste en service, le QNH à la limite... Mais rien n'y faisait. Il me fallait MON critérium.

Alors j'ai cherché. Au début, j'ai tout de même réfléchi à trouver un autre stylo. Rien. Pas de secours. Pas de backup. Alors j'ai fouillé la cabine. Quand on perd un stylo dans un cockpit d'avion, il y a de grand chance pour qu'il tombe... à mes pieds. Alors, j'ai cherché à mes pieds. Je volais tout seul vers l'ouest. Pour mon premier local. Tout seul. La tête au dessus de la planche de bord pour regarder dehors à la recherche d'un abordage, un coup d'oeil aux instruments pour voir si on vole droit et la tête par terre. La pilote phantôme à encore frappé.

Comme le dit Patrick : "Imagine que tu croises un avion et qu'il ne voit personne à bord... et puis hop d'un seul coup une tête qui surgit ! Un type tout fier brandissant son stylo. Coucou, c'est moi !! J'ai retrouvé mon crayon !!! Stop Chrono ! J'ai le trésor !"

Qu'est-ce-ce que je vais inventer la prochaine fois ?

Et j'ai donc retrouvé MON criterium sous la moquette de la place droite. Pas posé au pied du fauteuil. Nan, nan. Planqué sous la moquette. J'ai soulevé le tapis et retrouvé mon critérium. Oui, planqué à l'autre bout du cockpit. Ouf, on pouvait rentrer. Reprendre l'ATIS... descendre à 1100 pieds pour l'intégration, s'annoncer aux Serres, préparer l'avion, la pompe, le cran de volet... et rentrer par la base 12 main gauche.

- "St-Cyr de Fox-Romeo-Tango, (re)bonjour Monsieur"
- "Romeo-Tango, bonjour"
- "St-Cyr de Fox-Bravo-Papa-Romeo-Tango, un DR-221 de retour de local, on est estimé à 2 minutes des Serres, pour une intégration sur vos installations... avec l'information India"
- "Romeo-Tango, rappelez début de base 12 main gauche"
- "Je rappelle début de base 12 main gauche, Fox-Romeo-Tango"


Ouf... avec le criterium c'est mieux.

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