Les pages de références

25.1.04

"Bon bah... ça c'est fait" (épisode 19)

"Fox-Bravo-Tango-Kilo-Uniform en provenance de Dreux pour un complet à 3 minutes du secteur ouest"
En tant qu'élève PPL, après les tours de pistes solo, les vols locaux solos, il faut faire une petite nav solo. Toute petite. Juste un atterrissage dans le coin. Faire tamponner son carnet de vol, puis rentrer au terrain. Une petite promenade en quelque sorte. Une petite promenade tout seul dans un avion. La 1ère navigation tout seul. La : "1ère nav solo"

Depuis le 19 décembre de l'année dernière, à côté de l'entrée, il y a toujours un sac avec toutes mes affaires d'élève pilote. Tout est prêt, posé sur une chaise. La planchette avec son log de nav, le petit livret avec ses VAC, le casque, les cartes... et puis tout plein de chose qui ne me serviront pas forcément en vol.

Après mon 1er lâcher en tour de piste et cette joie immense du travail accompli (voir l'épisode 3), beaucoup d'entres vous m'avait averti : "tu verras après le 1er lacher solo, c'est la 1ère nav solo qui te fera le plus d'effet". "C'est un grand moment d'adrénaline". "Ces moments-là restent à tout jamais inoubliables".

Je suis revenu de ma 1ère nav solo. Après m'être posé à St-Cyr, le soleil partant derrière les nuages, j'ai encore une fois eut l'impression du travail accompli. Tout comme à l'issu du lâcher solo. L'impression d'avoir préparé avec application ce "boulot" et l'avoir réalisé avec toute ces imprévues.

"St-Cyr de Fox-Bravo-Tango-Kilo-Uniform, un DR400 au parking des Alcyons avec l'information Echo pour un vol à destination de Dreux en sortie secteur ouest".
Olivier, le chef pilote des Alcyons est là. Il a écourté un vol qui devait se promener dans le nord : Nuages trop bas. Nous échangons nos points de vue sur l'évolution de la météo. En fait, j'ai surtout besoin de son aval. Ma confiance est relativement basse dans la prise de décision de partir... ou pas. Avec mes moins de 30 heures au compteur, je compte sur l'aval d'un grand. La météo n'est pas follichone. Quelques nuages qui semble prendre la région parisienne par le haut et le bas. L'est (là où je vais) est peut-être libre. Cela doit faire 5 ou 6 fois que j'annule ce vol. J'ai du commencer à la préparer il y a 2 mois. Je n'en suis pas à la septième. La 30 est en service. Peu de vent.

Un pilote revient justement du secteur de Dreux. "Ah ba c'est en train de se bâcher". Voilà. Encore une tentative de râté. Par acquis de conscience nous prenons tout de même le TAF de Chartres. Il est 13h30, le TAF est... BOF (rien à voir avec un acronyme, il est juste pas fameux). Olivier me rassure et me dit d'attendre le prochain TAF prévu pour 14h00. J'ai juste à attendre 1/2 heure. Ca fait 1 mois que cela dure, alors 30 minutes de plus. Gentiment je patiente. En fait, je suis tellement angoissé à l'idée de partir tout seul dans un avion que n'importe quelle raison (bonne ou mauvaise) pour annuler détendrais l'atmosphère.

Tango Kilo Uniform au parking


14h00. Le TAF s'affiche. C'est un GO !!! Les nuages sont assez haut. Et de toutes les façons la consigne est répété (et répétée et répétée) : si ça se couvre, tu fais demi tour.
Ca y est. Je ne peux plus faire demi tour. Tout l'aéroclub sait que j'attend pour ma 1ère nav solo. Le chef pilote a dit que c'était bon. Plus moyen de se débinner. Je prend mes affaires. Je demande à Olivier si je n'ai rien oublié. Puis lui redemande. Et puis... il faut y aller. Je fais chier tout le monde. Alors j'y vais. Pas fier. Mes petites affaires à la main, je me dirige vers mon DR-400.

"Tango-Kilo-Uniform, largement au dessus de vous un Ecureuil en transit".
J'ai tout vérifié. Je me suis bien appliqué sur la Check-List. Tout me semble ok.
- "Prêt au point d'arrêt, Fox-Tango-Kilo-Uniform"
- "Tango-Kilo-Uniform, alignez-vous, vous êtes autorisés au décollage 30 gauche, les vents sont calmes".
Plein gaz. La piste est grasse, voir même très grasse. Comme me l'a conseillé Xavier, même avant les 100 km/h, je soulage la roulette avant du DR-400. Et puis la magie fonctionne encore. L'avion quitte le sol. Je suis en l'air.
Les 300 pieds sols, je rentre le cran de volet que j'avais 2 ou 3 fois vérifié en position sortie. La pompe sur Off.
- "Tango-Kilo-Uniform, largement au dessus de vous un Ecureuil en transit".
J'avais entendu deux ecureuils s'annoncer pour des transits l'un à l'ouest l'autre à l'est du terrain (certainement pour voir le château de Versaille de près durant un tour de Paris). L'un des deux hélicopètres est juste là, à porté de main. Je pourrais presque les toucher. C'est donc cela "largement" ? Je ne peux retenir mon enthousiasme et m'entend répondre au contrôleur
- "C'est splendide... et on a le visuel sur le trafic, Fox-Tango-Kilo-Uniform"



"Dreux de Fox-Tango-Kilo-Uniform, en provenance de St-Cyr pour un complet, on estime la verticale 2000 ft QNH 1015 dans 3 minutes".
Dreux est un terrain en auto-info. 118.2 pour les intimes. Lorsque j'arrive, il y a 3 ou 4 "avions" dans le tour de piste. Ca parle pas mal. J'avais énormément révisé l'arrivée sur Dreux avec... Flight Simulator, sous IVAO ou en solo. Bizarrement, j'ai tout retrouvé et cela m'a donné confiance. J'avais l'angoisse de ne pas trouver le terrain et de tourner... tourner.. tourner.. J'ai toujours en mémoire ces histoires d'élève qui ne trouvent pas le terrain (cela m'arrivera, je le sens). Pas cette fois-çi. J'ai retrouvé les grues, la ville de Dreux, les lignes électriques, l'étang posé juste devant. Un bonheur. Merci à Flight.



Ce que Flight n'avait pas prévu, c'était le traffic mixte d'avion et d'ULM dont un sans radio. Je le vois. Il est comme moi sur le vent arrière, mais sur un circuit plus court. Devant moi un autre avion en fin de vent arrière. Pendant qu'un troisième est en finale et qu'un quatrième remet les gaz. Tout ce petit monde tourne en rond (ok, en rectangle en fait). J'arrive au bout de mon vent arrière. Je pars en base. L'ULM rouge toujours silencieux à la radio tourne aussi. Je commence à m'inquiéter. Ca sent la remise de gaz. Dernier virage. Je suis en final. L'ULM rouge est aussi en finale avec un troisième élément perturbateur : le soleil. Le projecteur astrale est pile poil dans l'axe de la 22. Je ne vois rien ou presque. Ou plutôt si, je vois que je suis en finale, la tête passant alternativement de la droite à la gauche et de la droite vers la gauche pour essayer de distinguer quelque chose et je vois que je suit un ULM rouge qui va toucher... ou faire un complet ? Ca se complique et je me prépare vraiment à une remise de gaz. Finalement (sans jeux de mot), l'ULM se posera sur 3 centimètres et dégagera à la vitesse de la lumière. Moi, derrière, j'effectuerais un superbe appontage (on ne peut pas appeler ça un atterrissage). 1 rebond, 2 rebond... on est au sol... ouf... mon premier atterrissage solo sur un terrain qui n'est pas Saint-Cyr !

"Bonjour, vous pourriez me tamponner mon carnet de vol ?"Je suis encore tout excité de mon vol, je viens de garer mon avion (marrant, ça ?) et il faut que je parle français et poliment pour que je trouve quelqu'un pour tamponner mon carnet de vol. Chose faîte à l'aéroclub du coin où je suis très gentiment accueili. Tout est une première pour moi. Je valide que je me suis bien garer, j'échange quelques questions pour connaître les trucs du coin et raconte mon expérience d'atterrissage derrière les ulms rouges. Un oeil à la montre, et je remercie tout le monde. Je suis toujours sur un nuage, mais il faut tout de même rentrer.
Une petite prévol, et hop je me retrouve au point d'arrêt. Le décollage est sans problème, le retour aussi. Je me permettrais une petit variante en faisant "joliment" (tout est dans le joliment) le tour d'un petit nuage. Comme dans Flight Simulator. J'avais l'impression de faire le tour d'un objet 3D.
Arrivé à St-Cyr, il n'y a personne dans le tour de piste et je suis encore confiant en épousant la bosse de la piste 30 droite pour me faire un petit atterrissage comme je les aime.



Dans un mélange de satisfaction, émotion et tension, je ramène Kilo-Uniform au parking des Alcyons. Je viens de terminer ma 1ère nav solo. Je pense m'en être pas trop mal sorti. Il est temps de passer à la seconde.

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