Après 2 ans, l'aéroclub Evasion Caraîbes n'a pas trop changé. Deux containers (dont un est climatisé !) situés un peu à part de l'aérodrôme de Grand-Case, sur la partie nord de l'île. On évite les crevasses, les énormes trous dans la chaussée et on arrive sur un parking tout aussi dévasté que la route. Mais... peu importe, on est à l'aéroclub de Grand-Case.
Cela reste conforme à mes souvenirs. Il suffit que je reparcours les récits écrits il y a 2 ans, November-Three-Two-One-One-One, épisode 10. Et pourtant, il y a maintenant une table à l'abri du soleil pour les repas hebdomadaires du samedi. Et même une plaque indiquant "Learn to fly here". Je ne me suis pas trompé. C'est bien là.
Après une longue discussion avec Frank pour rattraper 2 ans d'absence (le FI de Frank, mon PPL et tout ce qui tourne autour...), il faut tout de même penser à aller voler, nan ?
Trois ou quatre tours de piste en 12 à TFFG plus tard, la magie opère toujours. Le tour de piste est toujours aussi différent de Saint-Cyr (forcément). Pas trop de vent ce jour, donc ce n'était pas trop le plan qui n'allait pas. L'arrondi sur ce PA-28 n'est pas mon fort. Ca me change, bizarrement de Juliet-India (le PA-28 des Alcyons). Manque d'expérience flagrant.
Mais le plus drôle restera la radio. Au delà de mes entraînements à l'anglais (on verra plus tard que ce fut... inutile), c'est de l'entraînement à "l'AFIS créole" dont j'aurais eut besoin !
Le moteur de 32111 tourne. Il fait toujours aussi chaud ici. Et je suis perdu dans cet avion. Frank n'a de cesse de me renvoyer à la checklist. Tel un pilote avec 3 heures de vol, le changement d'environnement, l'exitation du moment et surtout le plaisir d'être assis là dans ce PA-28 me fait perdre tous mes moyens. AFIS, donc pas d'ATIS. Donc, on y va sur la fréquence.
- "Grand-Case, Novembre 32 111 bonjour"
- "32 111 bonjour" (je pense)
- "Grand-Case, le PA-28 Novembre 32-111 au parking aéroclub, on est prêt à rouler pour des tours de piste".
Et là, le grand vide. La grande absence. L'AFIS me répond... quelque chose. Incompréhensible. Ce n'est pas la première fois que je tate de l'AFIS même si sous nos lattitudes (je veux dire celles de métropole), ce n'est pas si courant-courant. J'avais tout de même quelques repères. Le QNH, la piste en service. Quelques indications. Quelques indices. Mais là : rien. Il m'a dit quelque chose, ça c'est sûr. Mais pas une expression à laquelle se raccrocher. Il a dit quelque chose : mais quoi ? alors là... pfffff...
Je me retourne vers Frank.
- "Il a dit quoi, là, hein ?"
- "Le QNH et on peut rouler"
- "Hein ?"
Bon. Ne tardons pas. On collationne et on dit qu'on roulera pour Alpha. Sur l'une des lignes jaunes (ils ont eut un stock de peinture jaune, ici ? C'est pas possible...) je tenterais de régler l'altimètre étalonné en pouce. Ah, ba oui, c'est pas pratique. C'est comme dans Flight Simulator, mais sans la touche "B". Frank fait la conversion. De toutes les façons, je ne peux pas faire une addition à deux chiffres, alors "pouce" vers "hectopascal"...
Mais ce problème de phraséo me turlupine.
- "Mais... il a pas donné la piste en service ?"
Ca, au moins, je le voulais ! Je m'y attendais ! Bon, ba ici, c'est plutôt la 12. Pas de trafic et la manche à air est devant mon nez. Et puis c'est un AFIS pas une tour ou un sol.
Durant le vol, j'aurais aussi subi la remarque de l'instructeur :
- "Dis donc, tu fais du simulateur touaaa... un peu trop à mon goût... arrête de regarder ces instruments !"
Et ni une, ni deux, Frank sort des caches instruments. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je n'ai plus d'altimètre, d'horizon, de badin... Me revoilà revenu comme au début (comme en exercice). C'est pas plus mal. Je suis déjà perdu dans ce décor enchanteresque, maintenant je suis perdu dans le cockpit. Continuons à tourner sur TFFG, appliquons-nous à ne pas regarder le badin gradué en miles à l'extérieur et en kts à l'intérieur de la courronne (mais surtout pas en km/h, on est loin de St-Cyr).
Pendant tous les tours de piste, mis à part le fait d'avoir les yeux collés sur le paysage, je serais traumatisé par la phraséo de l'AFIS.
- "Il a dit quoi, là ?"
ou bien
- "Quoi ? j'ai compris que daaaaaaaallle !"
ou pour faire plus rapide
- "hein ?"
... seront mes seules réponses dans la cabine du N32111. Pratiquement à chaque message je me retournerais vers Frank avec un grand sourire. Il va falloir travailler la phraséo. créole.
Une dernière pour la route ?
Voici une photo représentant le moyen de faire des transport de fond
... entre les îles
superbe récit Vincent, ça donne envie !
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