Je viens de faire 5 tours de piste... assis à l'arrière. J'ai encore appris énormément à écouter et regarder ce qui se passait devant. J'essaie de passer à chaque vol de nuit, après une journée de boulot, quelques tours de piste assis derrière. C'est le meilleur moment pour apprendre d'une part et pour se mettre dans le rythme d'un vol d'instruction. Je mime de l'arrière, les actions à réaliser et me projette quelques minutes devant. Je repère les points au sol dans la pénombre. J'écoute les conseils et les corrections de Christophe.
http://www.wunderground.com/history/airport/LFPN/2007/01/09/DailyHistory.htm
Assis à gauche, le moteur est chaud et il démarre tout seul. Je prends l'ATIS. Du vent. Du vent, pour mon niveau de pilotage, surtout que l'on tourne en 25.
METAR LFPN 091900Z AUTO 19012KT 9999NDV NSC 11/09 Q1018
METAR LFPN 091930Z AUTO 19014KT 9999NDV NSC 11/09 Q1018
METAR LFPN 092000Z AUTO 19013KT 9999NDV FEW033 11/08 Q1018
METAR LFPN 092030Z AUTO 19014KT 9999NDV FEW036 11/09 Q1018
METAR LFPN 092100Z AUTO 19014KT 9999NDV FEW039 11/08 Q1018
J'oubli, comme d'habitude, avant le roulage d'allumer les phares. Ce n'est pas encore inné, même si après avoir avancé de 3 cm, on se rend vite compte qu'il manque quelque chose. "Oulala... il fait sombre". On sort du parking Air France, premier virage à droite... Ca part à droite... 1 fois, 2 fois, la bille à gauche, la maquette à droite et... zut... j'ai encore oublié de passer par "l'horizon stable".
La ligne. Suivre tranquillement la ligne jusqu'au point d'arrêt 25 gauche. Un PA-28 fait ses 5 tours de pistes solo avec backtrack pour éviter tous les taxiways de Toussus. L'ambiance est calme. Il est 21h10. 2 avions, 1 AFIS et une jolie guirlande en finale sur Orly. On voit jusqu'à 6 trafics en file indienne. Les joies des vols de nuit en région parisienne.
"On déclare un Airprox avec un lapin" annonce le PA28 qui a fini ses tours de piste. "Oui, on a pas mal d'ennui avec ces animaux" lui répond la tour. L'ambiance est détendue sur la fréquence.
Les essais moteurs effectués et le briefing départ annoncé, on décolle en 25 gauche et on enchaine nos tours de piste. Beaucoup de vent en rafale malgré ce que disent les METAR. Nous sommes ballottés, mais c'est toujours (encore) un plaisir de voler de nuit. Je découvre, je savoure.
La première approche est overshootée. Le vent me pousse, je n'ai pas assez anticipé. J'arrive aussi un peu haut. 4 blanches. La 25 droite avec son PAPI et sa jolie (à mon niveau) rampe d'approche se présentent à moi. Je vais retrouver le plan. Le phare, le deuxième cran et la radio.
Je m'applique : le plan, l'axe, la vitesse, le plan, l'axe, la vitesse, le plan, l'axe, la vitesse... je rattrape le tout malgré un virage "un peu à forte inclinaison, mais avec la vitesse ça allait" dira plus tard Christophe. Allez, on s'applique. Je me bat. Le vent souffle. Passé 800 ft, le gradient de vent... je remet des gaz (le vol précédent et mon espionnage m'ont permis d'anticiper), la vitesse ne chute pas trop. Je la surveille. 140 - 130 km/h.
Courte finale... sans le savoir vraiment je passe le seuil... "Continu à descendre". Je ne touche pas au gaz, je n'ai pas le temps de regarder mon vario, je n'ai pas l'impression de descendre... Le phare éclaire la piste, ça descend doucement... mais je continu à me battre au manche... "Le pied à droite, le manche à gauche" et je fais dans le désordre... boum.... "Allez, plein gaz !" annonce Christophe.
Et c'est reparti. 110 km/h dépassé, je tire sur le manche à la recherche (la course) des 130 km/h. Christophe s'occupe des volets et de la réchauffe.
2ème tour de piste. Cette fois-ci, j'anticipe mon dernier virage. J'arrive en finale avec trois blanches et une rouge... ca roule... on descend doucement. Même bataille en finale. Le vent au maximum de 20 kts du 190. On touche en 25. Le phare et le deuxième cran sort. Cette fois-ci, on va tenter de repérer le passage du seuil pour, une fois passé la rampe verte, oublier le PAPI (le quitter du regard) et se concentrer sur la piste. C'était l'erreur du tour de piste précédent.
Je n'arrive pas à clairement identifier mon "passage du seuil". On verra ça au tour suivant. Le touché et la remise de gaz se font sans mettre assez de manche à gauche. On verra ça aussi au prochain tour. Au touché... et à la remise de gaz... mettre du manche !
3ème tour. Je retrouve mon overshoot. Le plan, l'axe, la vitesse... nouvelle bataille en finale contre le vent et les rafales qui nous secouent. Sport ! Je passe le seuil et là, magie de la technique, mon oeil gauche arrive à plonger tout en bas pour voir passer le balisage vert du seuil de piste pendant que l'oeil droit garde la piste là, bien devant... J'annonce "on passe le seuil"... Il faut continuer à descendre, ne pas réduire, laisser descendre pour toucher SANS chercher le kiss. Je pense un peu plus au manche dans le vent, mais pas assez de pied. Ou l'inverse. Enfin, pas tip-top. On repart.
- "Foxtrot-Juliet-Lima, en vent arrière pour un touché en 25 droite et si possible, vous pourriez nous couper le PAPI pour exercice ?"
- "Pas de problème"
- "Merci"
Pas de PAPI ? Je n'aurais donc pas mes rouges et mes blanches pour m'aider sur mon plan. Glups. Et je me rappelle ma visite de la tour et le panneau de contrôle des moyens lumineux d'approche. Un touché du bout des doigts sur un écran tactile et hop... plus de PAPI.
- "Et si on appel Bertrand Delanoë, tu fais tout couper dans le coin jusqu'à Paris, aussi ?"
- "Non, juste ton phare que tu n'as plus... non plus"
Bha voyons. Pas de PAPI, pas de phare. Un DR400, la nuit. Drôle de combinaison. Allons jouer. Autant perdre le maximum de chose pendant un exercice.
Le dernier virage passé et la piste prend un tout autre aspect. Il manque juste les quatre loupiottes blanches et rouges, mais pourtant comme mon regard n'est plus "rivé" sur le PAPI, j'ai l'impression qu'elle est encore plus belle (si on peut qualifier une piste de "belle"... Si ? On peut ?). Je la regarde différemment. Les flashs du seuil clignotent. Les couleurs sont belles. "C'est Flight en mieux".
- "Tu le trouves comment ton plan"
- "Euh..."
Comment je le trouve ? Et bien, j'en sais trop rien ! Y-a pas de PAPI ! Et après un éclair de réflexion, je regarde où mon avion se poserait si je continuais ainsi. Ca semble pas trop mal... on devrait arriver derrière les lumières vertes, normalement. Si on continu à se battre. Toujours ce vent.
- "Bha... pas trop mal... je crois"
Sans le PAPI et toujours en se battant avec ce vent qui lui aussi ne veut pas aller se coucher, je m'en sors pas trop mal (les chevilles aussi). Content. Ravi. La banane. Je savoure. Je fais des tours de pistes, de nuit dans un DR400 et je prends mon pied.
Il en reste 2. Le dernier était peut-être de trop. Comme le second dessert que l'on prend et qu'on a du mal à terminer. Il est 22h00. La journée de boulot, les 6 tours de piste dans les pattes et enfin le pied, puis le manche dans le vent pour un atterrissage un peu long, mais bien coordonné.
Du plaisir. Rien que du plaisir. On recommence quand ?
Salut Vincent,
RépondreSupprimerMerci pour ce recit, ca me donne la chaire de poule rien que de m'imaginer dans quelques semaines au Canada dans cette situation.
Encore merci et bonne continuation.
Julien