Les pages de références

1.10.08

[19/20] Plus que quelques heures (Palm Springs - Santa Monica)

Après les problèmes de taxi d'hier soir... Nous avons encore des soucis ce matin. Alors que nous avions commandé un taxi pour 6 personnes, un taxi 4 places se présente... avec en plus beaucoup de retard. Il fait beau. On se réveille doucement après la courte nuit. Comme d'habitude : diner + préparation de nav. "à l'arrache" et tardive + dépilage des cartes mémoires des appareils photos et camescope = sommeil réduit. Mais comme le terrain est à plus d'une demie-heure de route, nous voilà retardés dans notre timing un peu serré. Et le planning de la journée est chargé. Très chargé.

Mercredi 1er octobre. Dernier jour de "Far West 2008". Départ de Sedona. Ravitaillement à Palm Springs (J.Cochran ) à 230 nm., pour presque 2h de vol. Puis départ pour Santa Monica ou un Colibri devrait nous attendre. Déjeuner au Typhoon sur le terrain après une petite nav. (tout est relatif) d'environ 2h. Ensuite, on envisage un petit vol local, peut-être vers l'ile de Catalina. Et enfin la dernière branche vers San Diego, Montgomery Field. Notre terrain de départ. Et la boucle sera bouclée.


Christophe embarque dans la première navette
Café on board ?

J'arrive avec le second taxi presque plus d'une heure après les premiers, l'avion est déjà prêt. Florent a préparé sa machine. Je n'ai qu'à installer ma valise dans la soute et m'installer à bord, à droite. Il fait doux. Pas trop chaud. Le temps idéal pour aller voler.


Le roulage est tranquille avec un petit pincement au cœur. Notre dernier roulage du matin. Immortalisé par une vidéo.



Comme d'habitude, il nous faut une petite surprise de pilotaillons, avec un appareil qui atterri à contre QFU. Enfin, le QFU qu'on avait choisi, nous ;-) car le vent est calme. Le vol vers Thermal J.Cochrane (KTRM) est tranquille, presque une ligne droite. On quitte les roches rouges de Sedona et le paysage tourmenté et superbe pour retrouver du désert. Même si nous n'avons pas de pilote automatique, le Cessna N4975F vole tout seul et Florent n'a besoin de personne. A peine, une main posée sur le volant. L'avion est trimé. Je recule mon fauteuil, incline le dossier et commence à piquer du nez.


Nous visons les VOR de DRAKE, puis celui de PARKER. Le vol serein, comme une simple étape de liaison. La fréquence 123.45 est au contraire emplie des frenchies qui s'ennuient sur cette branche en ligne droite, agrémentée d'un Flight Following prévenant. Comme on les aime. Partis dernier, nous rattrapons doucement le Tango-Bravo des Alex que nous doublons en évitant quelques sommets comme le Wabayuma Peak. Cela nous occupe un peu. Le paysage, peut-être pour la première fois est un peu lassant. Un comble pour un pilote plus habitué à St-Cyr - Dreux - St-Cyr qu'à l'Arizona, le Nevada ou la Californie.

Private joke :

- "Vous êtes sûr qu'on peut pénétrer cette MOA ?"
- "Non, surtout paaaaaaaaaas !"
- "Mais si... vous me recopierez cent fois : les MOA sont perméables au VFR"

C'est tout de même étonnant de passer à côté du terrain de Badgad (E51) et de sa MOA (Military Operation Aera), elle aussi nommée Badgad... en plein aux Etats-Unis.

Je profite aussi du calme pour faire quelques vues de notre vaillant destrié. Après tout, c'est notre dernier jour, autant prendre quelques souvenirs.

Code transpondeur de sa majesté... ou presque
Bizarre, la mixture est sur plein riche ?



L'installation qui nous aura accompagné près de 40h et
généré presque 80 giga de vidéo


Technique classique et efficace de navigation...

... accompagnée de la technique un peu plus moderne ;-)

Nous quittons les décors saturés de rouge de Sedona pour du "vert", puis le désert nous rattrape de nouveau



Il faut tout de même se préparer à se poser sur ce terrain en auto information. L'A/FD nous précise bien que le terrain est sous le niveau de la mer : -115 pieds. Voilà encore une chose que l'on ne fera pas tous les jours !

L'A/FD de KTRM, Jacqueline Cochran Regional

Auto-information. Florent s'annonce. On passe par la verticale. Le Duchess est posé depuis quelques minutes, personne dans le circuit. Florent décide de prendre la 35. Nous filons vers le vent arrière main gauche quand nous entendons un trafic s'annoncer en final 30. Vue la disposition des pistes et notre tour de piste à l'ouest en main gauche, avec la chance que nous avons, tout ce petit monde risque de se retrouver dans les finales séquantes. Le tout, je le rappelle en auto-information à coup de "Thermal Trafic" (indicatif du terrain). Etonnement, tout le monde se parle, s'annonce, donne sa position, semble se comprendre et finalement se voit. Nous, en voyant la longue finale 30 et l'appareil en finale nous voyant sur notre base main gauche. Vous suivez ? Un p'tit coup de chaud de pilotaillon, d'autant qu'un petit 40 degrés celsius nous attends au sol. Mais plus qu'une explication halambiquée, voici la vidéo "Comme si vous y étiez" :



Après le traditionnel "où s'est qu'on va" une fois l'avion posé (toujours anticiper... toujours anticiper...), nous retrouvons le Duchess au Self Serve sous un soleil de plomb. Le Tango-Bravo nous rejoint et personne ne traine au soleil. Casquette obligatoire et bouteille d'eau de rigueur. Il fait une chaleur torride dans le cockpit. Palm Springs n'est pas des plus accueillant, on a l'impression d'être sur un terrain un peu fantôme. Plein de hangars fermés. Nous ne nous attardons pas. Changement de commandant de bord. Passons tout de suite à la suite.



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Nous sommes donc à Palm Springs à l'est de Los Angeles, dans le désert de Colorado aux pieds des montagnes. Il fait horriblement chaud. Et sec. Et chaud. L'objectif est d'aller à Santa Monica au bord de la mer juste de l'autre côté de l'aéroport international de Los Angeles. Rien que ça. Bien sûr, on pourrait repasser par les plages et refaire ce que nous avons fait lors de notre premier vol : la verticale de LAX. En préparant ce vol, la veille dans la tranquilité du Hilton Resort, nous avons déplié la Sectional et la TAC de Los Angeles. Et là, c'est le drame, l'horreur : c'est bourré de classe Bravo et Charlie ! Ca s'entremèle dans tous les sens. Il y a des terrains partout, des petits, des grands, des piste parallèles et des séquantes. Cette fois-ci impossible de rester le long de la côte en profitant du transit VFR... tranquille. Il faut un peu se frotter à cet entremèlement d'espace. Qui a dit qu'il n'y avait qu'à Paris que les zones en 3D se mélangeaient ? Ici, aussi il faut être un chouya concentré pour tout appréhender rapidement. Cela nous effraie un peu après le "traumatisme" du vol Portland - Vancouver sans Flight Following. Nous sommes dans le mode de "Et si on a pas de Flight Following". Je préfère donc "assurer" et Marc-Olivier nous recommande alors un "petit chemin tranquille qui vous fera éviter les grands espaces"... sans pour autant faire le tour de la terre.

Nous avons donc préparé autre chose : passer par le nord et contourner la classe Bravo de Los Angeles, en slalomant en 3D entre les classe Charlie et Bravo des terrains environnants. Il faudra bien tenir sa trajectoire autant dans le plan vertical qu'horizontal. Mais des VOR sont positionnés un peu partout pour nous aider ;-) et les routes IFR sont même matérialisées sur nos Sectional. Parfait !

Si on résume, cela doit donc ressembler à ça. Prenez un feuille blanche, tracez une marge au stylo rouge et ouvrez grandes vos oreilles.

La nav. vue par Skyvector

Départ vers le nord en remontant la vallée, cap magnétique 304, en direction du VOR de Palm Spring (PSP 115.5). On monte vers 8000 ft à cause du relief malgré la météo CAVOK. Puis passant la verticale du VOR, on vire vers l'ouest, à gauche au 260 vers un second VOR (Paradise PDZ 112.2) en suivant la route V372 et V16. On survolera la base militaire de MARCH. Espérons attraper du Flight Following sinon le changement de fréquence risque d'être sportif, si on ne compte que sur notre niveau de pilotaillon frenchie.


Le scan de la vraie carte utilisée en vol (un collector !)
Départ vers PSP puis virage à gauche sur Paradise
Nous devrons rester au dessus de 5000 pieds mais en dessous de 9000, pour ne pas rentrer dans la classe Charlie d'Ontario Intl et passer en dessous de la classe Bravo de Los Angeles qui démarre à 9000 pieds. Après le VOR PARADISE, on oblique à droite pour rester au nord de la Bravo de Los Angeles en direction d'un fix IFR : DARTS.

Le gros trait au feutre bleu (copyright de Florent)
matérialise la route à suivre


Nous repérons sur notre Sectional un endroit stratégique où il faudra commencer à penser à descendre si on veut se maintenir sous la classe Bravo de Burbank. Pile sur la radiale 180 du VOR POMONA (POM 110.4). DARTS est reperé sur la radiale 032 du VOR de Santa Monica (SMO 110.8)

Pour rejoindre DARTS à partir de PARADISE, c'est facile... C'est la route IFR V186. Le trait est déjà sur la Sectional. A quelques nautiques de DARTS, il faudra s'assurer d'être au dessus de 4800 pieds pour passer au dessus de la classe Bravo de Burbank.

Dernière partie de la carte (la vraie)

Puis sur DARTS, on vire à gauche, direct sur le VOR de SMO, cap magnétique 212. Il ne nous restera qu'à descendre tranquillement, car il y a de grandes chances que l'on soit sur la longue finale de la piste 21 de Santa Monica. Quelque part par là, il faudra prendre l'ATIS. Ca peut servir.

Après coup, je trouve cette navigation géniale. Mêlant du VOR à VOR, du cheminement, une interception de radiale, le tout dans un décor exceptionnel pour aller se poser sur un terrain qui-fait-rêver. Je prendrais un grand plaisir à refaire cette nav. sous Flight Simulator 2004. Tout comme je m'étais entraîné avant de partir à réaliser les premières branches.

Voilà. Facile. Tout ça avec ou sans Flight Following. Yapluka.

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Il fait très (très) chaud, donc, lorsque nous repartons que J.Cochran. Le roulage est éprouvant sous les 40 degrés et malgré le ventilateur qui tourne à l'avant de l'avion. Dès la montée initiale, avec l'approche de Palm Springs nous obtenons le tant souhaité Flight Following. Nous continuons tranquillement notre montée vers PSP et nous amusons à chercher le VOR au sol. Comme un e navigation d'entraînement.

Nous sommes ensuite basculés sur notre première fréquence SOCAL du vol (134.4). Pendant l'heure qui suit nous passerons de SOCAL en SOCAL. Nous cherchons le terrain de Banning le long de la Road 10, que nous laissons sur notre droite puis admirons l'alignement des C130 Galaxy de la base de MARCH ARB (Air Reserve Base)

Verticale MARCH ARB

En arrivant sur le VOR PARADISE, je me surprend encore à voir des terrains partout : CORONA, RIVERIDE, FLABOB, ONTARIO, CHINO sont tous à bout d'aile. J'imagine ces aérodromes comme je les ai rêvé en regardant "One Six Right." J'imagine ces centaines de hangars remplis de Warbirds ou de machines rutilantes. Ces pilotes privés poussant les grandes portes coulissantes comme dans le générique de "One Six Right".

Travers Ontario Intl, nous commençons tranquillement notre descente, toujours avec le Flight Following. On sent qu'on s'approche de Los Angeles, la fréquence étant de plus en plus chargée. Changement de SOCAL. Maintenant c'est 125.5. Ca s'accélère encore. Le débit est encore plus rapide. Nous sommes dans le ton. On arrive à suivre. Le Flight Following nous passe des clairances d'altitude. On se croirait presque dans un gros navion.

La concentration est à son maximum dans le Cessna. Nous préparons l'interception de la radiale 032. Nous sommes devant l'avion... Tout va bien. SOCAL a du mal à en placer une. Il y a des trafics dans tous les sens. Des infos trafic, des changements de fréquence, des prises de contact. Ca fuse dans tous les sens. Nous sommes fier d'être parmi eux. 4900 pieds. On surveille le CDI du VOR et on surveille l'altitude. Coup d'oeil au GPS en confirmation.

Nouveau changement de fréquence avec SOCAL sur 120.4. C'est de pire en pire. On a passé notre message, il nous a passé un "Radaaaaar connnnntact" comme on les adore et un "Altimeter Settings". Tout va bien pour nous. Sur la fréquence, ça passe des clairances dans tous les sens. Nous avons amorcé notre virage vers Santa Monica, Los Angeles et la mer au loin. Nous suivons le CDI, sûr de notre cap et de notre altitude. Tout se déroule comme la préparation l'avait envisagé. C'est du bonheur en barre. Je ralentie le petit Cessna qui file à 150 kts.

Puis SOCAL nous rappelle:

- "Cessna, Seven-Five-Foxtrot, you are heading Santa Monica ?"
- "Affirmative, sir, we have intercepted radial zero-three-two of Santa Monica Viiiiii - oooo - èèère" retorque-je avec mon plus bel accent texan à la vitesse de la lumière.
- "Thank you"

On a senti comme un soupçon de soulagement dans le "Thank You". Une sorte de "Ah... Ouf... Le frenchie avec son accent, il va au moins où il a dit qu'il allait et a priori s'il continue comme ça, il ne va pas emplafonner mes espaces." Et ce n'est pas pour nous déplaire ;-)

- "Cessna, Seven-Five-Foxtrot, contact Santa Monica Tower"
- "Please can you confirm Santa Monica Tower One-Two-Zero-decimal-One"
- "Cessna Seven-Five-Foxtrot... Santa Monica Tower One-Two-Zero-Point-One"
- "One-Two-Zero-Point-One... Bye, bye... thank you for your service, Cessna Seven-Five-Foxtrot"

Et après les paysages désertiques des jours précédents, tout le sol est recouvert de la texture de la mégalopole de Los Angeles, ses grandes artaires perpendiculaires et ces multiples bâtiments bas, le tout de temps en temps coupés par d'immenses autoroutes à 7 voies. Parfois, on voit des quartiers d'affaires avec leurs buildings émerger du décor.



J'ai l'impression de regarder par le hublot du Boeing de Northwest qui nous avait amené de Détroit à Los Angeles, il y a un peu plus de 10 jours. Et pourtant, là, je suis dans un Cessna 172... et aux commandes.


La descente vers Santa Monia est surréaliste. L'avion glisse tout seul, stabilisé, un peu rapide, mais avec les portes de placards sur les ailes, ça devrait ralentir facilement. Nous en profitons pour faire des photos. Florent à droite, moi à gauche avec le camescope, m'émerveillant devant l'immensité et la tristesse de Los Angeles.


Puis soudain, Florent s'exclame : "Eh, c'est Hollywood !". Sans le savoir, la longue finale piste 21 nous amène juste au dessus de la colline d'Hollywood. J'incline l'avion sur la droite, Florent shoot l'emblématique "Hollywood Sign". Un peu plus et nous le rations. On aurait pu le préparer !



Atterrissage au cœur d'une mégalopole

Si vous voulez vivre comme nous l'avons vécu la longue finale à Santa Monica, cliquez sur PLAY sur la vidéo ci-après :



En très courte finale, je me rappelle que le terrain ne dispose pas de taxiway. Toute la plateforme est revêtue et on peut donc dégager "dès que possible". A droite, ce qui me semble être un Citation patiente au point d'arrêt, de l'autre côté un Cessna. A peine dégagé, la tour balance le traditionnel message court "Cessna Seven-Five-Foxtrot, contact ground point niner" et le Citation décolle à quelques mètre de nous, remontant vers le Typhoon.

Nous voulions aller au restaurant, je dégage à gauche et nous revoilà à la recherche d'une place de parking, comme à chaque atterrissage, un peu perdu... venant de nul part. Petit dialogue amusant avec la tour "Requesting taxi to the restaurant" et un petit créneau pour se placer au plus près du Duchess. Nous échangeons de large sourire avec Christophe, Marc-Olivier et Remy T. le local de l'étape. Nous sommes enthousiaste du "travail accompli" et ne réalisons pas encore qu'il s'agit d'un des tous derniers vols. Il est temps d'aller déjeuner.


Première partie de la trace GPS réelle au départ


La belle ligne droite en longue finale piste 21 à Santa Monica



Notre Cessna N4975F face à la tour de contrôle
de Santa Monica

Photo de groupe devant le Duchess
sur le parking de Santa Monica

4 commentaires:

  1. salut,

    Super récit pour ce dernier vol !
    Que d'avantures !!!

    Question : le "contact ground point niner" c'est exprès qu'ils ne disent pas ce qui y'a avant la décimale ?

    Encore bravo !
    Antoine

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  2. Aaaah la surprise en voyant les lettres Hollywood sous nos roues !

    Encore un beau récit plein de souvenirs, merci Vincent !

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  3. Question : le "contact ground point niner" c'est exprès qu'ils ne disent pas ce qui y'a avant la décimale ?

    On dirait qu'ils en sont coutumiers. Je l'avais eut aussi à Vegas, à peine les roues touchées comme on l'entend sur la vidéo de l'épisode 13.

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