Il faut se résigner à écrire ce dernier message sur le blog. "Episode 20/20". Drôle de coïncidence. 20/20 résonne comme une note d'écolier, comme si on avait voulu donner une note à ce voyage. Plusieurs semaines après être revenu en France, je suis encore assis au Typhoon, le restaurant du terrain de Santa Monica. Je partage la table avec Marc-Olivier, Christophe, Florent et Rémy T., le local de l'étape. Je déguste du bœuf de Mongolie. Étonnant mariage entre la Californie ensoleillée, les images exceptionnelles de notre incroyable vol en longeant la classe BRAVO de Los Angeles et cette viande venue de si loin. Je n'ai pas envie d'écrire ce dernier message sur mon blog qui sonne comme une conclusion inutile de "Far West 2008". Je n'ai pas envie de refermer ce livre, de mettre un terme à ces promenades dans l'ouest américain, d'oublier tous ces terrains survolés, ces approches incroyables, ces navigations au cœur de cartes postales à 360 degrés.
Notre Cessna 172 est garé, juste là devant le restaurant. A côté, le Duchess de Marc-Olivier et Christophe. Et nous discutons d'aviation pendant que plusieurs Cessna et Piper semblent faire des tours de piste entre les décollages de Citation et autres LearJet. Il fait beau, nous venons de faire 3h de Cessna, nous rapprochant de la fin de notre boucle. San Diego, San Francisco, Portland, Vancouver, Las Vegas, Monument Valley, Santa Monica... et San Diego. Maintenant, il faut rentrer.
J'essaie de faire partager mon excitation de la navigation que nous venons de réaliser Florent et moi. J'ai toujours un peu de mal à atterrir avec de telles images en tête. Marc-Olivier et Rémy complotent déjà pour finir cette journée en beauté. On parle des terrains alentours. Et des terrains, il y a en a plein ! J'essaie d'expliquer à Rémy que je serais bien aller à Van Nuys [Vanne-nuisse] pour approcher la One-Six-Right comme sur le DVD. Je n'obtiens en retour que deux gros yeux interrogatifs de Rémy, un sourire moqueur de Marc-Olivier et incompréhension de ma part.
- "Bhaaaaa.... oui Van Nuys !? La 16 droite ! Vannneee Nuissseeee ?!"
- "Ahhh Van Nuys [Vanne Nail-sse] !!!! Vannnnn Naill-sse ! Vannnnn Naill-sse !"
Van Nuys est au nord de Santa Monica. A un tour d'hélice d'ici. Mais Rémy propose d'aller plutôt poser nos roues à Catalina Island, une île (donc) au large de Los Angeles. L'approche est sympathique comme sur un porte-avion, le terrain original et j'ai en tête une image vue au FBO à San Diego de cette piste posée sur une montagne avec des falaises donnant sur la mer à chaque extrémité... C'est certainement pour cela qu'on surnomme le terrain d'aviation "Airport in the sky". Il a été construit en ayant fait exploser le sommet de deux montagnes et en comblant avec 200.000 chargement de camion l'espace entre elles.
Catalina a aussi l'avantage d'être un peu plus sur notre route... de retour. "Ca vous dirait d'aller boire un coup à Catalina ?". Comment résister ?
Deux mois plus tôt, assis dans le hall de l'hôtel Pullman d'Issy-Les-Moulineaux, je n'avais pas opposé une grande résistance lorsque Marc-Olivier nous avait proposé Oakland, Portland ou encore Las Vegas. Les yeux grands ouverts, l'étonnement à son comble, je n'imaginais rien. Ou plutôt si, j'avais ces images, ces stéréotypes que nous avons tous en tête : la radio qui crache des messages amerloques à la Texanne, des trafics dans tous les sens, des petits, des gros... et je ne m'y voyais pas. Et pourtant, "on" l'a fait. Nous, petits pilotaillons tremblotants à chaque prise de contact à la radio. Et pourtant, nous nous sommes posés sur la 27 droite de nuit à Oakland... et pourtant nous avons fait nos tous premiers "San Francisco Bay Tour" comme des grands, seuls à bord... et pourtant nous avons décollé de Portland pour forger notre expérience de jeunes pilotes face aux conditions météo du Canada. Et pourtant, nous avons survolé le désert avant d'être émerveillé au départ de Las Vegas par le Grand Canyon, puis la beauté d'un couché de soleil sur le lac Powell.
Pour rallier Catalina de Santa Monica, nous allons profiter de l'expérience de Rémy. Pour lui, ce petit vol d'à peine 30 minutes équivaut à notre St-Cyr - Dreux. Son jardin, une navigation les yeux fermés. Pour nous, il s'agit de prendre un Cessna, aux Etats-Unis à un jet de pierre d'un des plus gros terrain international du monde pour s'éloigner au large de la mégalopole et nous poser sur une île. Facile. La stratégie est simple, il n'y a pas de question à se poser : il faut survoler LAX.
4500 pieds en auto-information, en se faisant tirer sur la radiale 132 du VOR SMO de Santa Monica avec le transpondeur sur 1201. Voilà, en quelques mots ce qu'il fallait faire lors de notre tout premier vol. Après notre premier vrai décollage tout seul à bord, Florent et moi devions passer à 4500 pieds au dessus d'aéroport international de Los Angeles. Le doigt sur la carte, les oreilles à l'affût du moindre "Cessna November Seven Five Foxtrot". Je me souviens encore de la trouille qui ne nous avait pas quitté. Nous nous en étions sortis, non ?
Maintenant, il faut le refaire. Un peu comme des jeunes inconscients à la veille du second saut en chute libre, maintenant avec les dangers en tête. Je croise le regard de Florent : "On y va !" Sans hésiter, puisque je suis commandant de bord sur cette branche, je refuse la procédure mini-route qui (1) Nous ferait demander une clairance (même VFR) au sol à Santa Monica, puis (2) Nous ferait passer à 1500 ft verticale LAX en contact radio avec... la tour de Los Angeles. Je m'imagine bafouiller une bêtise, balancer un "Say Again".... Non, décidément trop risqué. Mais tentant tout de même de passer aussi bas, au dessus de l'aéroport. Non. On va jouer la sécurité et ne pas gâcher la fin de cette fantastique expérience par une erreur.
Des erreurs, nous en avons certainement fait des dizaines. En 40h de vol sur ce terrain de jeu. Je n'évoque pas les incompréhensions à la radio, les Say Again, des broutilles. Peut-être sur cette branche et à ce moment aurions-nous dû faire demi-tour ? Peut-être n'aurions-nous pas dû remonter dans le Cessna après plus de 5 h de vol dans les pattes, pour aligner encore plus de 2 h de vol de nuit, peut-être... peut-être pas... Peut-être aurions-nous dû être plus vigilant sur tel dossier météo ou nous donner plus de temps (mais quand ? ;-) pour préparer - à notre niveau - cette navigation qui s'est déroulée un peu n'importe comment ? Des dizaines de choses à ne pas refaire ou à refaire différemment. Mais des millions de superbes souvenirs et des milliers de petits moments de pilotes très formateurs qui renforceront encore et encore notre expérience Des erreurs, nous en referons. Mais après-tout, peut-être avons-nous su prendre suffisamment de bonnes décisions, avons-nous su trouver les bonnes solutions puisqu'après toutes ces heures, nous revoilà sur le point de fermer notre grande boucle sans aucun incident.
Notre Cessna 172 est garé, juste là devant le restaurant. A côté, le Duchess de Marc-Olivier et Christophe. Et nous discutons d'aviation pendant que plusieurs Cessna et Piper semblent faire des tours de piste entre les décollages de Citation et autres LearJet. Il fait beau, nous venons de faire 3h de Cessna, nous rapprochant de la fin de notre boucle. San Diego, San Francisco, Portland, Vancouver, Las Vegas, Monument Valley, Santa Monica... et San Diego. Maintenant, il faut rentrer.
J'essaie de faire partager mon excitation de la navigation que nous venons de réaliser Florent et moi. J'ai toujours un peu de mal à atterrir avec de telles images en tête. Marc-Olivier et Rémy complotent déjà pour finir cette journée en beauté. On parle des terrains alentours. Et des terrains, il y a en a plein ! J'essaie d'expliquer à Rémy que je serais bien aller à Van Nuys [Vanne-nuisse] pour approcher la One-Six-Right comme sur le DVD. Je n'obtiens en retour que deux gros yeux interrogatifs de Rémy, un sourire moqueur de Marc-Olivier et incompréhension de ma part.
- "Bhaaaaa.... oui Van Nuys !? La 16 droite ! Vannneee Nuissseeee ?!"
- "Ahhh Van Nuys [Vanne Nail-sse] !!!! Vannnnn Naill-sse ! Vannnnn Naill-sse !"
Van Nuys est au nord de Santa Monica. A un tour d'hélice d'ici. Mais Rémy propose d'aller plutôt poser nos roues à Catalina Island, une île (donc) au large de Los Angeles. L'approche est sympathique comme sur un porte-avion, le terrain original et j'ai en tête une image vue au FBO à San Diego de cette piste posée sur une montagne avec des falaises donnant sur la mer à chaque extrémité... C'est certainement pour cela qu'on surnomme le terrain d'aviation "Airport in the sky". Il a été construit en ayant fait exploser le sommet de deux montagnes et en comblant avec 200.000 chargement de camion l'espace entre elles.
Catalina a aussi l'avantage d'être un peu plus sur notre route... de retour. "Ca vous dirait d'aller boire un coup à Catalina ?". Comment résister ?
Deux mois plus tôt, assis dans le hall de l'hôtel Pullman d'Issy-Les-Moulineaux, je n'avais pas opposé une grande résistance lorsque Marc-Olivier nous avait proposé Oakland, Portland ou encore Las Vegas. Les yeux grands ouverts, l'étonnement à son comble, je n'imaginais rien. Ou plutôt si, j'avais ces images, ces stéréotypes que nous avons tous en tête : la radio qui crache des messages amerloques à la Texanne, des trafics dans tous les sens, des petits, des gros... et je ne m'y voyais pas. Et pourtant, "on" l'a fait. Nous, petits pilotaillons tremblotants à chaque prise de contact à la radio. Et pourtant, nous nous sommes posés sur la 27 droite de nuit à Oakland... et pourtant nous avons fait nos tous premiers "San Francisco Bay Tour" comme des grands, seuls à bord... et pourtant nous avons décollé de Portland pour forger notre expérience de jeunes pilotes face aux conditions météo du Canada. Et pourtant, nous avons survolé le désert avant d'être émerveillé au départ de Las Vegas par le Grand Canyon, puis la beauté d'un couché de soleil sur le lac Powell.
Pour rallier Catalina de Santa Monica, nous allons profiter de l'expérience de Rémy. Pour lui, ce petit vol d'à peine 30 minutes équivaut à notre St-Cyr - Dreux. Son jardin, une navigation les yeux fermés. Pour nous, il s'agit de prendre un Cessna, aux Etats-Unis à un jet de pierre d'un des plus gros terrain international du monde pour s'éloigner au large de la mégalopole et nous poser sur une île. Facile. La stratégie est simple, il n'y a pas de question à se poser : il faut survoler LAX.
4500 pieds en auto-information, en se faisant tirer sur la radiale 132 du VOR SMO de Santa Monica avec le transpondeur sur 1201. Voilà, en quelques mots ce qu'il fallait faire lors de notre tout premier vol. Après notre premier vrai décollage tout seul à bord, Florent et moi devions passer à 4500 pieds au dessus d'aéroport international de Los Angeles. Le doigt sur la carte, les oreilles à l'affût du moindre "Cessna November Seven Five Foxtrot". Je me souviens encore de la trouille qui ne nous avait pas quitté. Nous nous en étions sortis, non ?
Maintenant, il faut le refaire. Un peu comme des jeunes inconscients à la veille du second saut en chute libre, maintenant avec les dangers en tête. Je croise le regard de Florent : "On y va !" Sans hésiter, puisque je suis commandant de bord sur cette branche, je refuse la procédure mini-route qui (1) Nous ferait demander une clairance (même VFR) au sol à Santa Monica, puis (2) Nous ferait passer à 1500 ft verticale LAX en contact radio avec... la tour de Los Angeles. Je m'imagine bafouiller une bêtise, balancer un "Say Again".... Non, décidément trop risqué. Mais tentant tout de même de passer aussi bas, au dessus de l'aéroport. Non. On va jouer la sécurité et ne pas gâcher la fin de cette fantastique expérience par une erreur.
Des erreurs, nous en avons certainement fait des dizaines. En 40h de vol sur ce terrain de jeu. Je n'évoque pas les incompréhensions à la radio, les Say Again, des broutilles. Peut-être sur cette branche et à ce moment aurions-nous dû faire demi-tour ? Peut-être n'aurions-nous pas dû remonter dans le Cessna après plus de 5 h de vol dans les pattes, pour aligner encore plus de 2 h de vol de nuit, peut-être... peut-être pas... Peut-être aurions-nous dû être plus vigilant sur tel dossier météo ou nous donner plus de temps (mais quand ? ;-) pour préparer - à notre niveau - cette navigation qui s'est déroulée un peu n'importe comment ? Des dizaines de choses à ne pas refaire ou à refaire différemment. Mais des millions de superbes souvenirs et des milliers de petits moments de pilotes très formateurs qui renforceront encore et encore notre expérience Des erreurs, nous en referons. Mais après-tout, peut-être avons-nous su prendre suffisamment de bonnes décisions, avons-nous su trouver les bonnes solutions puisqu'après toutes ces heures, nous revoilà sur le point de fermer notre grande boucle sans aucun incident.
Nous allons consciencieusement payer la taxe au bureau de piste, puis Florent et moi n'oublions pas de faire tamponner nos carnets pour le souvenir. Une marque de plus. Rémy va chercher un PA28 au parking de Justice alors que nous nous dirigeons vers nos avions sagement garés devant le restaurant.
Avant d'embarquer, je monte un étage au dessus du restaurant et immortalise ce panoramique :
"Clear prop !", magnéto 1+2, le moteur ronronne, un coup d'œil à la pression d'huile et d'essence, l'alternateur sur ON, témoin de charge... etc... La routine. ATIS. Puis contact avec le sol. On ne se pose même plus de question. Le sol nous autorise à rouler pour la North Run-Up aera. Je retrouve alors le PA28 de Rémy et le Duchess qui sont déjà alignés sur la zone d'essai-moteur. Un mur antibruit nous sépare des premières habitations toutes proches Il y a des lignes au sol comme des lignes de parking pour placer les avions.
Nous sommes quatre gentimment alignés sur la Run-Up et d'autres avions arrivent au point d'arrêt. Je suis un peu distrait lorsque j'annonce le briefing départ en me souvenant des consignes rappelées par Rémy. Ici, comme pour tous les terrains au sein des villes (ou l'inverse), les "noise abatement procedures" sont nombreuses et doivent être respectées à la lettre : "VFR departures Rwy 21 turn left 10° at end of rwy then turn right 225° to over–fly golf course W of arpt. No crosswind turn until reaching Lincoln Blvd (1 mile W) and out 800 ft MSL." Il faut donc effectuer une petite baillonnette au décollage pour aller survoler un golf.
La file d'attente des avions diminue normalement et c'est à mon tour de m'approcher du point d'arrêt 21. Un Cessna est en finale. L'habitude française me fait rappeler le sol pour quitter et m'entendre demander de contacter la tour, mais pas ici. Le contrôleur est surpris que je le rappelle. Pardon ! Arrivé au point d'arrêt, on ne dit pas "au revoir" et on bascule sans attendre avec la fréquence suivante, la tour. Le sol s'étonne et je dois répéter deux fois. Là-haut dans leur tour, ils doivent se dire "encore un étranger".
Je suis donc avec la tour. Ca papotte pas mal. Il faut trouver le moment de caser son message. Un Cessna vient d’accélérer pour décoller juste devant moi. La tour me balance :
- « N4975F, Cessna 5 miles final runway 21, position and hold ».
Personnellement, je comprends qu’un Cessna est en finale et que je dois maintenir le point d’arrêt. Pas du tout. C’est l’inverse. Cela veut dire que je peux m’aligner sur la piste 21 et maintenir l’alignement. C’est trop compliqué de dire « N4975F, line-up runway 21 and wait » ?
Du coup, petite confusion au départ. Petite discussion et impression de mal-faire. Je m'aligne et nous décollons enfin.
75 Foxtrot monte tranquillement dans une grande boucle à droite afin d'arriver à 3500 pieds pour notre "Special Flight Rules" eastbound. Nous repassons le VOR de SMO. Le contrôleur n'a pas le temps de reprendre son souffle et moi je ne trouve pas le petit trou pour passer mon message pour quitter. Peu importe, Rémy nous avait prévenu. Dans ces cas-là, on s'en va, on affiche 1201 et on file dans le corridor, en se faisant pousser par le VOR, en direction de l'aéroport de Los Angeles.
On arrive proche de la verticale de LAX à 3500 pieds,
les frissons commencent
Trace GPS du départ, de la grande courbe en montant
et de la verticale de LAX.
les frissons commencent
Trace GPS du départ, de la grande courbe en montant
et de la verticale de LAX.
Devant nous, le Duchess est parti dans une mini-route avec sa clairance au départ. Il doit être avec la tour de Los Angeles alors que nous sommes sur 128.55 à faire notre auto-information
- "Cessna November-Seven-Five-Foxtrot, special VFR rules eastbound, 3'500 ft, passing Manchester Boulevard".
Nous voilà donc de nouveau dans le corridor de la Special Flight Rules, à 3'500 ft, en auto-information au dessus de l'aéroport international de Los Angeles. Frissons garantis :
- "Cessna November-Seven-Five-Foxtrot, special VFR rules eastbound, 3'500 ft, passing Manchester Boulevard".
Nous voilà donc de nouveau dans le corridor de la Special Flight Rules, à 3'500 ft, en auto-information au dessus de l'aéroport international de Los Angeles. Frissons garantis :
Du côté gauche, en dessous l'aéroport
Du côté droit, l'appareil de Florent... zoom
Au revoir LAX !
Le port de Los Angeles après la verticale
En approche de l'île de Catalina
La traversée est sans histoire . A petit coup de SOCAL, mais beaucoup plus calme que la tour de Santa Monica. Rémy nous avait briefé pour l'intégration sur Catalina. Avec l'AFIS (peut-être... peut-être pas... pas vraiment de règle), nous allons arriver par le nord pour le 22 et il nous a recommandé de rentrer sur le vent arrière par un angle à 45 degrés. Jamais fait... mais pourquoi pas. Si c'est comme ça qu'on vole par ici ;-)
On a donc fait comme il a dit, un peu en retard sur le Duchess et le Piper qui étaient partis devant nous et ont conservé leur avance. Nous, forcément avec nos histoires de "Position & Hold" et toutes les photos de LAX ;-)... On ne peut pas tout faire ! Nous survolons Two Harbors, la grande marina puis attaquons la vent arrière à 45 degrés, main droite piste 22. J'engage ma dernière approche de Far West en tant que commandant de bord. La base, la longue finale avec ce parallax étonnant des pistes en pente perchées haut. L'AFIS répond quand il en a envie. Une voix féminine.
... quelques minutes plus tard, nous arrivons
On ne voit pas la fin de la bande bitumée. Le décor est surprenant. Encore une fois, l'impression d'y être et de ne pas y être. L'impression de vivre un rêve éveillé tant les expériences uniques se succèdent. Encore un environnement nouveau. Le 75 Foxtrot se pose encore docilement, la piste remonte... freinage, 1/2 tour et backtrack pour rejoindre le Duchess et le PA28 déjà garés.
Sans autre formalité, sans quitter la fréquence, je coupe tout l'électrique, je réduis les gaz, et baisse la mixture. Batterie OFF. Magnéto OFF. Clef au tableau. Voilà. Dernier atterrissage. Dernier arrêt moteur. Je note le compteur et l'heure. C'en ait fini pour moi de ce Far West 2009.
Pas d'activité sur la plate forme. Nous ouvrons les portes du Cessna, puis nous dirigeons vers les autres... discutons... en bras de chemise et bermuda sur le parking de Catalina Island. 5 pilotes se font plaisir.
Pas d'activité sur la plate forme. Nous ouvrons les portes du Cessna, puis nous dirigeons vers les autres... discutons... en bras de chemise et bermuda sur le parking de Catalina Island. 5 pilotes se font plaisir.
La traditionnelle photo du groupe qui entoure Rémy
La... tour de contrôle ?
Après une rapide collation en plein milieu des préparatifs d'un mariage, il faut déjà repartir. Je laisse volontiers ma place à Florent. Ce sera à lui d'effectuer la dernière branche de notre immense boucle. Il a commencé, il y a quelques jours avec toute cette appréhension. Nous montons totalement relaxe dans le Cessna pour cette dernière petite branche.
Le soleil a commencé à descendre sur l'horizon. La mer est presque d'huile. L'avion vole presque tout seul, sans à-coup, sans turbulence. En direction de la côte, nous surprenons les Navy Seals s’entraîner au large. Deux hélicos dans leur souffle, semblent larguer des nageurs parmi des canots gonflables. Nous passons à plusieurs milliers de pieds au dessus d'eux. Plus loin, avec SOCAL, nous recevons un "trafic alert !" et voyons débouler un Cessna en sens opposé, même altitude, "opposite track !". Cela nous réveille un peu, bercés que nous étions par la nostalgie de la fin de ce voyage. Break à droite, un coup d'adrénaline et c'est déjà du passé.
San Diego approche. Plus que quelques minutes. Je filme encore et encore... comme pour ne pas oublier. Pour garder une trace et ne pas partir sans pouvoir revenir rapidement... même virtuellement. On arrive sur le Mont Soledad. Sereins. Nous passons avec la tour de Montgomery vers 1'800 ft pour être sous la classe Bravo. Florent à la radio est autorisé à rejoindre le circuit 28 (Left trafic runway 28). En descendant encore parmi la banlieue de San Diego, nous devons recycler notre transpondeur et Ident. J'affiche 0-4-0-0 sous le contrôle de Florent, puis je me mélange les pinceaux sur une histoire de conservateur de cap. Heureusement, Florent est dans le "coup". 1'400 ft dans le tour de piste. La dernière base main gauche est là. Et nous voilà déjà "Number two, cleared to land 2-8 left".
San Diego approche. Plus que quelques minutes. Je filme encore et encore... comme pour ne pas oublier. Pour garder une trace et ne pas partir sans pouvoir revenir rapidement... même virtuellement. On arrive sur le Mont Soledad. Sereins. Nous passons avec la tour de Montgomery vers 1'800 ft pour être sous la classe Bravo. Florent à la radio est autorisé à rejoindre le circuit 28 (Left trafic runway 28). En descendant encore parmi la banlieue de San Diego, nous devons recycler notre transpondeur et Ident. J'affiche 0-4-0-0 sous le contrôle de Florent, puis je me mélange les pinceaux sur une histoire de conservateur de cap. Heureusement, Florent est dans le "coup". 1'400 ft dans le tour de piste. La dernière base main gauche est là. Et nous voilà déjà "Number two, cleared to land 2-8 left".
Nous évoquons notre dernière approche. Comme pour marquer le coup. Nous savons qu'après cela, nous rangerons l'avion et rendrons les clefs. Le soleil se couche. Le terrain est à nous. Le numéro 1 est juste là devant. La 28 gauche s'axe. Florent descend le Cessna et je tourne la tête pour regarder derrière. Un trafic est là aussi. Peut-être sur la 28 droite. Nous voilà avec le soleil dans les yeux "en courte pour la 28 gauche à Montgomery Field" comme je l'annonce au micro pour enregistrer ma voix sur le caméscope. Dans la fin de journée avec un soleil digne d'une carte postale, Florent pose son Cessna. Première bretelle à gauche et... "Contact Ground" chuinte dans les écouteurs.
Au revoir madame. Depuis Golf, il nous reste quelques mètres pour le parking Gibbs. Après presque 40 h de vol, notre dernier atterrissage a été une formalité. Nous ramenons l'avion à bon port. Jamais nous n'auront volé comme cela.
Au parking, la voiture de location est déjà là et Marc-Olivier et Christophe déchargent le Duchess. Un cabriolet Mercedes rouge est aussi là. C'est "Gus"... Gus Schwartz propriétaire de quelques avions de la flotte de PlusOne dont notre Cessna et le Duchess. Nous lui ramenons deux de ses machines. Le petit groupe s'attarde un peu à discuter avec lui au parking.
Autour de Gus
Puis, nous vidons l'avion. Florent et moi faisons encore une fois le tour pour voir si nous n'avons rien oublié. Le nettoyage est l'affaire d'une société de service. Pas question de passer le jet en Californie sur le parking avion. La voiture de location est remplie de tout nos bagages. On retrouve alors forcément des trucs qu'on a cherché tout le voyage comme cette lampe de poche utilisée le premier soir et jamais revue depuis.
Il nous reste un long marathon de paperasserie. Le décompte de l'essence, toutes les factures de Self Serve, le total des heures, une grosse carte bleue à passer dans le lecteur de PlusOne (blurps), le log des avions, nos carnets de vol... Et ne pas oublier tous ses souvenirs. Avec Florent, d'un commun accord, nous divisons par deux le total des heures du November 75F. Le plaisir a été partagé sans réfléchir, assis à droite ou à gauche. Pas de décompte à la minute pour savoir qui et quand lequel de nous deux était commandant de bord.
Il faut regrouper ses affaires et ne rien oublier. Faire ses bagages. La journée a été longue et elle n'est pas finie. Rendre les clefs et regarder une dernière fois le petit Cessna rouge et blanc qui nous a promené pendant 40 heures. Le soleil est couché, il faut enchaîner. Pas le temps des regrets. Nous avons fait tellement de choses, profité à plein, réalisé tellement de vols, tellement d'expériences que nous nous sentons rassasiés ou presque. Ce matin même nous étions encore à Sedona dans l'Arizona.
Ce voyage a été long et plusieurs mois après il n'est toujours pas fini. Je peux, sans risque de me tromper, écrire que pour nous autres "pilotaillons", il restera à jamais gravé dans nos mémoires de jeunes pilotes. Je le souhaite à tous. Tant de "première fois" et d'expériences incroyables au fil de cette vingtaine de vols. Nous ressortons indéniablement "changés". Le plaisir et la fierté d'avoir fait cela. Il y aura un avant et un après Far West 2008.
De retour dans l'Airbus, je sors mon PC portable et souhaite saisir encore les sensations du moment. J'ai écris les quelques lignes que je recopie ci-après. Rien n'a changé.
"Les mots me manquent pour qualifier ce voyage. Je suis dans l’avion qui nous ramène vers Paris et je suis presque dans le même état qu’à l’aller : je n’y crois toujours pas. Quatre d’entres-nous n’avions jamais entrepris un tel voyage. Nous en avions tellement discuté avant d’y être réellement. Ce que nous allions tenter de faire nous paraissait complètement démesuré. Marc-Olivier étant tellement confiant, nous nous étions laissés entraîner par ce rêve de pilotaillon qui nous semblait totalement irréalisable. A la rigueur pouvait-on imaginer de faire quelques tours de pistes et un petit vol local après s’être fait briefer par un instructeur. Ca OK... et encore... Mais partir pour plus de 25 branches et plus de 4500 nm pendant 12 jours en changeant d’hôtel tous les jours. No way !
Marc-Olivier nous avait préparé des destinations incroyables. Il semblait avoir pioché dans un album de cartes postales. Ce que nous avons vécu y a terriblement ressemblé. Chaque jour a pratiquement surpassé le jour précédent. A plusieurs reprises, nous sommes descendu de l’avion, en sueur, un grand sourire aux lèvres, nous dirigeant vers Marc-Olivier en disant « Mais c’est encore plus génial qu’hier !!! ». Chaque approche, chaque recherche de terrain, chaque regard panoramique, chaque paysage, chaque finale avec le magique « Cessna Seven-Five-Foxtrot, number 3 runway 21, cleared to land » nous a donné des frissons. Il n’y a rien de comparable dans ma modeste vie de pilotaillon qui approche la somme des surprises et des plaisirs rencontrés."
Voilà, nous sommes le 29 janvier lorsque j'écrit le récit de ce dernier jour du voyage "Far West 2008". La liste électronique qui nous permettait d'échanger des mails et de préparer le séjour est toujours active. Elle a même été renommée en "Far West 2009".
Il faut regrouper ses affaires et ne rien oublier. Faire ses bagages. La journée a été longue et elle n'est pas finie. Rendre les clefs et regarder une dernière fois le petit Cessna rouge et blanc qui nous a promené pendant 40 heures. Le soleil est couché, il faut enchaîner. Pas le temps des regrets. Nous avons fait tellement de choses, profité à plein, réalisé tellement de vols, tellement d'expériences que nous nous sentons rassasiés ou presque. Ce matin même nous étions encore à Sedona dans l'Arizona.
Ce voyage a été long et plusieurs mois après il n'est toujours pas fini. Je peux, sans risque de me tromper, écrire que pour nous autres "pilotaillons", il restera à jamais gravé dans nos mémoires de jeunes pilotes. Je le souhaite à tous. Tant de "première fois" et d'expériences incroyables au fil de cette vingtaine de vols. Nous ressortons indéniablement "changés". Le plaisir et la fierté d'avoir fait cela. Il y aura un avant et un après Far West 2008.
De retour dans l'Airbus, je sors mon PC portable et souhaite saisir encore les sensations du moment. J'ai écris les quelques lignes que je recopie ci-après. Rien n'a changé.
"Les mots me manquent pour qualifier ce voyage. Je suis dans l’avion qui nous ramène vers Paris et je suis presque dans le même état qu’à l’aller : je n’y crois toujours pas. Quatre d’entres-nous n’avions jamais entrepris un tel voyage. Nous en avions tellement discuté avant d’y être réellement. Ce que nous allions tenter de faire nous paraissait complètement démesuré. Marc-Olivier étant tellement confiant, nous nous étions laissés entraîner par ce rêve de pilotaillon qui nous semblait totalement irréalisable. A la rigueur pouvait-on imaginer de faire quelques tours de pistes et un petit vol local après s’être fait briefer par un instructeur. Ca OK... et encore... Mais partir pour plus de 25 branches et plus de 4500 nm pendant 12 jours en changeant d’hôtel tous les jours. No way !
Marc-Olivier nous avait préparé des destinations incroyables. Il semblait avoir pioché dans un album de cartes postales. Ce que nous avons vécu y a terriblement ressemblé. Chaque jour a pratiquement surpassé le jour précédent. A plusieurs reprises, nous sommes descendu de l’avion, en sueur, un grand sourire aux lèvres, nous dirigeant vers Marc-Olivier en disant « Mais c’est encore plus génial qu’hier !!! ». Chaque approche, chaque recherche de terrain, chaque regard panoramique, chaque paysage, chaque finale avec le magique « Cessna Seven-Five-Foxtrot, number 3 runway 21, cleared to land » nous a donné des frissons. Il n’y a rien de comparable dans ma modeste vie de pilotaillon qui approche la somme des surprises et des plaisirs rencontrés."
Voilà, nous sommes le 29 janvier lorsque j'écrit le récit de ce dernier jour du voyage "Far West 2008". La liste électronique qui nous permettait d'échanger des mails et de préparer le séjour est toujours active. Elle a même été renommée en "Far West 2009".
Dur dur le retour aux TMA Parisiennes.
RépondreSupprimerSuper récit, et dire que la même chose t'attend dans 2 mois et demie !
Fly Safe
Pierre-Olivier
Je le savais...
RépondreSupprimerJe me disais bien que si le dernier recit n'arrivait pas c'etait pour une raison bien comprehensible. En tout cas bravo a vous tous pour etre venus braver les espace aeriens et les magnifiques paysage du coin. Au passage moi, resident a temps (presque) plein je n'ai pas (encore) vu la moitie de ce que vous avez decouvert en 2 semaines mais je compte bien me rattraper un de ces quat'. Bon vent pourle Far West 2009 et malheureusement le "local de l'etape" sera absent.
A bientot sur SoCal approach.
Remy.
salut,
RépondreSupprimerSuper ! Ce dernier récit clos une aventure plus extraordinaire !!!
Si un jour j'ai 15 jours et quelques milliers de $ je viendrais réouvrir ton blog et prendre et m'inspirer fortement de ce que vous avez fait !
Encore merci d'avoir pris le temps de tout écrire, de monter les vidéos, les publier !
@ Bientot,
Antoine
Bonsoir Vincent,
RépondreSupprimerJe viens de me poser à San Diego - en virtuel - après avoir suivi en détail ton périple presqu'au jour le jour.
Je tenais à te remercier très vivement pour avoir pris la peine de partager ton aventure et tes émotions par ces magnifiques récits, ponctués de cartes, traces, photos et vidéos.
Un pro n'aurait pas fait mieux - chapeau !
Merci pour tout.
Pologdy602.
Beau récit Vincent, tu as je trouve bien retranscrit ce mélange de bonheur incrédule et de nostalgie émerveillée qui nous habitait à la fin du voyage.
RépondreSupprimerQuitter "notre" 75F. Déchirure. On le reprend en juin !
Des souvenirs à lire, et à relire, pour nous rappeler ces grands moments.