10.8.05

Phraséo créole ? (épisode 41 - 1ère partie)

Ca n'a pas duré longtemps. A peine deux jours après l'arrivée. Je prend donc le pôt-de-yaourt que j'ai loué en guise de voiture et je file à Grand-Case (TFFG). Au programme : retrouvaille avec Frank C. après 2 ans. Retrouvaille également avec Novembre 3-2-1-1-1.



Après 2 ans, l'aéroclub Evasion Caraîbes n'a pas trop changé. Deux containers (dont un est climatisé !) situés un peu à part de l'aérodrôme de Grand-Case, sur la partie nord de l'île. On évite les crevasses, les énormes trous dans la chaussée et on arrive sur un parking tout aussi dévasté que la route. Mais... peu importe, on est à l'aéroclub de Grand-Case.

Cela reste conforme à mes souvenirs. Il suffit que je reparcours les récits écrits il y a 2 ans, November-Three-Two-One-One-One, épisode 10. Et pourtant, il y a maintenant une table à l'abri du soleil pour les repas hebdomadaires du samedi. Et même une plaque indiquant "Learn to fly here". Je ne me suis pas trompé. C'est bien là.



Après une longue discussion avec Frank pour rattraper 2 ans d'absence (le FI de Frank, mon PPL et tout ce qui tourne autour...), il faut tout de même penser à aller voler, nan ?

Trois ou quatre tours de piste en 12 à TFFG plus tard, la magie opère toujours. Le tour de piste est toujours aussi différent de Saint-Cyr (forcément). Pas trop de vent ce jour, donc ce n'était pas trop le plan qui n'allait pas. L'arrondi sur ce PA-28 n'est pas mon fort. Ca me change, bizarrement de Juliet-India (le PA-28 des Alcyons). Manque d'expérience flagrant.

Mais le plus drôle restera la radio. Au delà de mes entraînements à l'anglais (on verra plus tard que ce fut... inutile), c'est de l'entraînement à "l'AFIS créole" dont j'aurais eut besoin !

Le moteur de 32111 tourne. Il fait toujours aussi chaud ici. Et je suis perdu dans cet avion. Frank n'a de cesse de me renvoyer à la checklist. Tel un pilote avec 3 heures de vol, le changement d'environnement, l'exitation du moment et surtout le plaisir d'être assis là dans ce PA-28 me fait perdre tous mes moyens. AFIS, donc pas d'ATIS. Donc, on y va sur la fréquence.

- "Grand-Case, Novembre 32 111 bonjour"
- "32 111 bonjour" (je pense)
- "Grand-Case, le PA-28 Novembre 32-111 au parking aéroclub, on est prêt à rouler pour des tours de piste".

Et là, le grand vide. La grande absence. L'AFIS me répond... quelque chose. Incompréhensible. Ce n'est pas la première fois que je tate de l'AFIS même si sous nos lattitudes (je veux dire celles de métropole), ce n'est pas si courant-courant. J'avais tout de même quelques repères. Le QNH, la piste en service. Quelques indications. Quelques indices. Mais là : rien. Il m'a dit quelque chose, ça c'est sûr. Mais pas une expression à laquelle se raccrocher. Il a dit quelque chose : mais quoi ? alors là... pfffff...

Je me retourne vers Frank.

- "Il a dit quoi, là, hein ?"
- "Le QNH et on peut rouler"
- "Hein ?"

Bon. Ne tardons pas. On collationne et on dit qu'on roulera pour Alpha. Sur l'une des lignes jaunes (ils ont eut un stock de peinture jaune, ici ? C'est pas possible...) je tenterais de régler l'altimètre étalonné en pouce. Ah, ba oui, c'est pas pratique. C'est comme dans Flight Simulator, mais sans la touche "B". Frank fait la conversion. De toutes les façons, je ne peux pas faire une addition à deux chiffres, alors "pouce" vers "hectopascal"...

Mais ce problème de phraséo me turlupine.

- "Mais... il a pas donné la piste en service ?"

Ca, au moins, je le voulais ! Je m'y attendais ! Bon, ba ici, c'est plutôt la 12. Pas de trafic et la manche à air est devant mon nez. Et puis c'est un AFIS pas une tour ou un sol.

Durant le vol, j'aurais aussi subi la remarque de l'instructeur :

- "Dis donc, tu fais du simulateur touaaa... un peu trop à mon goût... arrête de regarder ces instruments !"

Et ni une, ni deux, Frank sort des caches instruments. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je n'ai plus d'altimètre, d'horizon, de badin... Me revoilà revenu comme au début (comme en exercice). C'est pas plus mal. Je suis déjà perdu dans ce décor enchanteresque, maintenant je suis perdu dans le cockpit. Continuons à tourner sur TFFG, appliquons-nous à ne pas regarder le badin gradué en miles à l'extérieur et en kts à l'intérieur de la courronne (mais surtout pas en km/h, on est loin de St-Cyr).



Pendant tous les tours de piste, mis à part le fait d'avoir les yeux collés sur le paysage, je serais traumatisé par la phraséo de l'AFIS.

- "Il a dit quoi, là ?"
ou bien
- "Quoi ? j'ai compris que daaaaaaaallle !"
ou pour faire plus rapide
- "hein ?"

... seront mes seules réponses dans la cabine du N32111. Pratiquement à chaque message je me retournerais vers Frank avec un grand sourire. Il va falloir travailler la phraséo. créole.











Une dernière pour la route ?
Voici une photo représentant le moyen de faire des transport de fond
... entre les îles


8.8.05

En descendant de l'avion

En arrivant à Juliana cette après-midi et juste avant de passer la porte, j'ai armé l'appareil photo. Il en est sortie ça.



Ce n'est certainement pas la plus belle. Pas la mieux cadrée. Pas la plus colorée. Et pourtant, vous devinerez aisément qu'elle est pleine de senteurs et de sensations. Une photo comme je les aime.




Au pied de l'appareil après une transatlantique



On retrouve le camion de pompier qu'on avait laissé... il y a 2 ans



Avant de rentrée dans le terminal, je lève les yeux...



... et je regarde à droite...


Les avions ont de drôles de couleurs par ici. Je retrouve tout ce que j'avais imaginé, tout les souvenirs que j'avais enfouie et étalés sur ce blog il y a deux ans, déjà. Tout ce que j'avais cherché depuis quelques jours depuis Internet. Juliana ("joulianaaaaa"), le camion de pompier jaune, la chaleur, l'humidité, l'exitation de l'arrivée après près de 8h00 d'avion, les TwinOtter de WinAir avec leurs circuit de piste plein de bases raccourcies qui se posent en 09... Nous sommes en vacances. Nous sommes en vacances à St-Martin.

7.8.05

Dérouillage de roulette de queue

Sans aucune raison (vraiment aucune) Patrick et moi avons décidé de nous entretenir de la roulette de queue. J'explique. Une seconde. Avec les trains classiques (ceux qui ont une roulette de queue), il est toujours bon de ne pas "perdre l'habitude". Alors régulièrement Patrick et moi, nous faisons un petit local pour voir si nous savons toujours décoller et atterrir. D'ailleurs, Patrick nous le rappelle au travers d'une petite vidéo à télécharger.



Quelques minutes avant le départ, nous ne savions toujours pas où nous allions. Et puis, hop... nous sommes allé à Dreux. Ca nous fera passer par le secteur ouest, et puis cela se réalise en "à peine" quelques minutes. On se posera et on changera de pilote. Rien de plus. Juste l'envie ou le besoin de voler.



A cette occasion (?), j'ai réalisé une toute petite vidéo d'1min30sec au format .WMV et dont la taille est de 2.9 Mo. Cliquer ici pour la télécharger ou cliquer sur PLAY dans la fenêtre suivante :




Cette vidéo montre un décollage et un atterrisage avec les actions sur le manche du pilote. Pour une fois, qu'il ne s'agit pas d'une vue "juste de devant"...


4.8.05

Ugo et le DR400 (épisode 40)

Un soir, je tentais de dépiler tous les messagess de la PilotList. Environ un bon millier. Parmi ceux-ci, je trouvais un lien vers un article de Libération intitulé "La gloire de mon hélicoptère". Un passage m'a particulièrement choqué :

[...] Enfant, Patrick lit Tanguy et Laverdure et Battler Britton.
Et rêve de voler. Fils de militaire, fratrie de cinq enfants, il veut devenir pilote de chasse. «A l'âge de 12 ans, je me suis inscrit à l'aéroclub. J'y allais le mercredi après-midi pour nettoyer les avions en espérant qu'on m'emmène. Ce qui n'est jamais arrivé.»[...]




Lorsque je rencontre, au hasard des vols sur IVAO, des pilotes ou contrôleurs virtuels et qu'ils sont (très) passionnés forcément à un moment ou à un autre, au fil des conversations, on en vient à parler de l'aviation, la vraie. "Et tu as déjà volé ?" "Tu connais St-Cyr ?" "Et toi, t'as ton brevet", "T'as combien d'heure ?", "Tu voles souvent ?", "C'est difficile ?", "Combien ça coûte ?"

Avec Ugo, c'est un peu différent. Christian B., mon instructeur virtuel, l'a pris sous son aile. A plusieurs reprises, j'ai volé virtuellement ou bien je l'ai eut sous mon contrôle à Bora Bora, Tahiti ou ailleurs. Sa voix est reconnaissable entre toute. Pour deux raisons.

La première tient à ses origines. Dans le sud, on trimballe un truc dans la voix qu'un parisien n'a pas. Un truc, cong. La seconde tient à son âge. Ugo est plutôt jeune. Il dénote surtout de la majorité des pilotes/contrôleurs virtuels d'IVAO. Les deux extrèmes sont assez majoritaires. Beaucoup de retraités passionnés et quelques jeunes. Ugo est dans la tranche "très jeune". Alors forcément avec ces deux particularités, Ugo est immédiatement identifié sur la fréquence.

Il y a aussi un autre truc marrant. Sur les îles virtuelles de la polynésie française d'IVAO, le lundi est traditionnellement consacré à l'initiation à la phraséologie anglaise. C'est l'occasion pour les pilotes/contrôleurs virtuels de tâter du "Cliiiiiir toutaiq oeuf reunewai ziro-naineuuuurrrr". Ici, tout le monde peut se lancer. Pas de moquerie. Tout le monde se trompe. On explique. On s'explique et on progresse tous ensemble.

Quelques semaines après avoir débuté en virtuel sur IVAO, quelle ne fut pas ma surprise d'entendre ma petite voix se présenter in ingliche au parking de Bora Bora. En voilà un qui-n'en-veut ! Quand je pense que j'ai dû mettre plus d'un an avant d'y aller. Ca pousse la jeunesse !

Alors forcément, lorsque j'ai appris qu'Ugo allait passer quelques jours en région parisienne, il ne m'a pas fallu longtemps pour trouver un peu de temps, un avion et l'inviter à faire un tour en navion. Les vrais.

Rendez-vous pris avec ses parents, ce jeudi à 18h30 à Saint-Cyr, devant l'aéroclub pour un p'tit tour en DR400. Rien de spécial de prévue. Pas une grande nav en ligne droite. Non, on ira à Pontoise pour tâter du contrôleur et pour laisser Ugo maniper (au moins) le transpondeur. Le même que dans Flight Simulator. Je me suis dit qu'il retrouvera un peu du blabla que nous faisons sur IVAO. On touchera sur la 30 et ensuite, on passera vers la zone habituelle d'exercice des pilotes de Saint-Cyr. Ce sera l'occasion de comparer les sensations de Flight avec les sensations d'un p'tit DR400.




Cliquez sur l'image pour voir notre trace GPS


Comme le montre la trace GPS du vol, on tournera un peu pour voir "comment ça fait des virages dans un vrai avion". On montera aussi un peu mais pas trop. Et puis après 50 minutes d'évolution, on arrêtera de zizaguer dans tous les sens. En fait, c'était Ugo qui pilotait. Attentif à l'altitude ("Attention on a dit 2500 pieds"), au cap, aux zones survolées. Il ne m'a pas semblé qu'il a eut le regard planté dans le tableau de bord comme tous les simmers.



De retour à Saint-Cyr, j'ai imaginé ses parents regarder tous les avions se poser. Scrutant le retour de leur fils. Alors, je me suis appliqué. En finale, j'ai bien tenu mon axe sans battre des ailes. J'ai laissé l'avion se poser doucement sur l'herbe de la 30 droite. Juste derrière la bosse. Tranquillement. En douceur.

Nous avons dégagé la piste et roulé vers le parking des Alcyons. Grâce au coussin qu'il avait pris et en avancant le siège, Ugo a tenu le DR400 sur la ligne jaune. Juste avant de mettre en route, je me rappelle que la mère d'Ugo m'avait dit "Qu'il revienne avec la banane". Connaissait-elle cette expression que j'utilisais beaucoup durant mes premiers vols ? En tout cas, j'espère que "la banane", Ugo l'a eut !


Ugo n'échaperra à toutes les facettes de l'aviation de loisir


En le quittant avec ses parents, ces derniers m'ont chaleureusement remercié. Je leur ai répondu que tout le plaisir était pour moi. Merci à eux de l'avoir laissé prendre l'avion, un soir, avec un jeune pilote.

Juste le plaisir de partager un vol avec un passsionné. Juste le plaisir de deux passionnés.
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...