Camille s'endort lors du vol retour du Touquet vers Toussus, à bord du DR-400, F-GGJL. 1h30 de vol à l'aller, la promenade à vélo vers la plage, la course poursuite sur le sable de plage du Touquet et enfin le vol retour auront fini d'épuiser toutes ses batteries.
Un court break de quelques jours pour les fêtes. Je réserve pour la journée un DR400. Cela fait trop longtemps que je n'ai pas fait de navigation. Une météo qui semble clémente. Il n'en faut pas beaucoup plus pour être tenté d'une promenade en avion. Patrick et moi échaffaudons rapidement une navigation originale (pour nous tout du moins) : Saint-Cyr - Le Touquet - Saint-Cyr. Xavier (mon instructeur) et de nombreux Colibris m'avaient conseillés ce terrain. Une approche interressante, un accueil sympathique et la possibilité de louer des vélos pour filer à la mer toute proche ont définitivement fini de nous convaincre que LFAT serait un bon point de chute.
Comme d'habitude les jours précédents, nous squattons le site de Météo France à la recherche de prévision et nous décortiquons les TAF (long forcément). Changement de programme, ce ne sera pas pour jeudi, mais pour mercredi. Branle-bas de combat, on réserve un avion... ok, c'est possible, ce sera X-Ray-Hotel... Ok, je connais bien le bestiau... ok, redevenons calme. Tout va bien.
La veille, Patrick et moi passons toute la soirée à préparer la navigation. Il se charge du départ, je ferais le retour. Nous ne sommes vraiment pas encore assez aguerri et préparons consciensieusement notre vol. Tout y passe. Epluchage des NOTAMs, vérification des Restricted traversés, calcul de la masse et centrage, calcul du carburant... Nous travaillons comme notre instructeur nous l'a appris. Cela me rappelle de bons souvenirs. Trop lointains à mon goût.
10h00. Aérodrome de Saint-Cyr-L'école. Tous les taxiways sont gelés. Tout le terrain est en fait tout blanc et la prise de l'ATIS ne nous incite pas à nous précipiter "Attention les taxiways sont TRES glissants, les pistes en cours de dégellement...". Humm... Humm... Gentiment, on va patienter. Un avion n'est déjà pas très à l'aise au sol, alors sur une patinoire...
Puis, nous croisons Olivier, le chef pilote.
- "X-Ray-Hotel ? Hummmmmm"
- "hummm ?"
- "Je préfèrerais le laisser en mécanique... peut-être un problème de pression d'essence..."
- "hummm... c'est toi qui voit."
- "Vous n'avez qu'à prendre Juliet-Lima, le Regent... mais il est à Toussus"
- "Et bien on a qu'à prendre Juliet-Lima, alors !"
J'aime beaucoup les changements de programme. Ce ne sera plus St-Cyr - Le Touque - St-Cyr, mais Toussus - Le Touquet - St-Cyr. Heureusement que dimanche dernier, j'ai travailler l'intégration sur ce terrain. Petit concertation avec Patrick avant le départ. Cela modifie un peu notre navigation. On retrouvera notre "trait" un peu plus haut. Nous décidons de sortir par les cheminées de Mantes afin d'éviter Saint-Cyr (snif, snif), Beynes, Chavenay et Pontoise. Ca peut le faire. Ca va le faire. Aller, on y croit ! La météo semble clémente. Cela se couvrira un peu en fin de journée. Couché du soleil 16h01 UTC. C'est parti. Première étape (en voiture) Saint-Cyr - Toussus.
Et première difficulté : trouver le hangar à Saint-Cyr où est parké Juliet-Lima. Quand je vous disais qu'on apprenais tous les jours. Deuxième "difficulté", faire l'avitaillement et savoir décrire à la personne au bout du fil qu'on est au hangard 313, Mat-Air ou Mat-Service ou PFA ou PSA ou "vous savez tout au bout de la zone ouest, le truc bleu, nan ?"
Voilà, ça c'est fait. Je sais "faire sortir" l'avion du hangar (vive le handling) et appeler l'essence pour l'avitaillement avec la carte Total. C'est pas grand chose écrit comme ça, mais pour le pilotaillon élevé à Saint-Cyr, c'est toujours bon de savoir le faire. Voilà une bonne chose de faite. Vivement que je le refasse.
Le temps est clément. Nous profitons de la promenande. De temps en temps, il faut que Patrick et moi nous rappelions la chance que nous avons de pouvoir prendre un avion et aller se promener. De temps en temps, on se tape sur l'épaule et on se dit "eh, tu te rends compte de ce que tu es en train de faire ?". Dans quelques minutes, nous allons nous intégrer sur un terrain inconnu à 1h00 de vol de notre base... et au bord de la mer. Il nous reste une petit surprise.
Les NOTAM repris le matin même nous l'avait annoncé : la CTR et la tour du Touquet seront fermées. Bien. Ce sera donc de l'auto-info. Let's go. Nous ne croyions pas si bien dire (écrire)... Le "Let's Go" fut vraiment de circonstance. En arrivant sur Sierra par le sud du terrain, nous n'entendrons sur la fréquence que des anglais...
Quel bonheur ! On se croirait sur IVAO ! Et que je te rappelle OverHead, et que je sois en "Right Downwind, runway Triiiii-touuuuuuu", en "Turning Final"... Ce fut jouissif de passer le message : "Le Touquet du Juliet-Brao, en courte final piste 32.... Le Touquet from Juliet-Bravo, on short final runway triiiii-tooouuuuuuuu".
Patrick trop occupé à s'intégrer sur ce terrain inconnu, me laissa la radio. Et vive IVAO pour donner confiance dans la phraséo anglaise. Ce fut limpide et sans hésitation. Je n'ai pas hésiter une seconde. A tous les moments du circuit d'intégration, je savais quoi dire. J'ai compris 80% de la phraséo des autres. Sur ce point, il reste encore à pratiquer. Je pense que Patrick à pris son pied lorsqu'il a lâché "Le Touquet from Juliet-Lima, runway triii-two vacated" !
Il existe des photos râtées qui gardent un interêt.
J'ai trouvé une utilité à celle-ci : Tempète de ciel bleu !
Grâce au GPS de Patrick, voici la trace de notre vol aller & retour.
Impossible de tricher. On voit bien le slalom entre les zones.
(cliquez sur l'image pour agrandir)
Voilà. Je vous ai peut-être épargné les moments croustillants de notre navigation. Nous avons du nous perdre 2 ou 3 fois entre Patrick et moi. Un petit coup de recalage, la recherche d'un repère, une voie de chemin de fer ou une ligne électrique (une petit confirmation au GPS) et ça repart. . Je vous ai aussi épargné l'évitement avec un DR400 bleu au dessus du terrain de Mantes, alors que sur les bons conseils de Patrick, j'avais pris soin de m'annoncer pour la verticale sur la fréquence du terrain. Je vous ai aussi épargné les problèmes de communication avec Paris Info, les échanges de sourd à propos d'un transpondeur, l'intégration à Toussus sur la même base qu'un Cessna ("Euh, oui on a visuel sur le trafic" alors qu'on était pratiquement dessus). Je vous ai épargné le plaisir (oui, le plaisir) des finales parfaites (on peut rêver nan ?) sur les grandes pistes du Touquet et de Toussus. Cela nous a changé de nos pistes en herbe de Saint-Cyr. Et le PAPI de Toussus ? Et la montée initiale vers la mer en partant du Touquet ? Et la course à pied sur le sable ? Le temps de monter les vidéos que nous avons prises et de trouver une place quelques part sur Internet et je vous montrerais tout ça.
Je vous ai aussi épargné le micro-rascol avec Phlippe Girault qui nous a très gentiment accueilli au Matra à Toussus alors que la nuit glacée tombait. Une coincidence ayant fait que nous allions le même jour au Touquet ! Nous n'avions certainement pas "la classe" de son Jodel 119. S'il y avait bien un bel avion au parking du Touquet, c'était bien son F-PKXR.
Tous ces petits moments qui font que chaque vol est unique.
Oh que oui... chaque vol, chaque promenade est unique. Vivement le prochain.