Voici la donne : quelques heures disponibles devant moi, un Cessna 172 G1000 réservé chez PlusOne, une météo incroyable et enfin un terrain de jeu comme on en rêve. Qu’auriez-vous fait à ma place ?
Le N372TA m’attend sur le parking. Privilège d’être resté membre de PlusOne depuis que Marc-Olivier m’a fait découvert ce club en 2008. J’ai réservé la machine via Internet et dispose des clefs comme tous les membres. Arrivé chez Gibbs, j’entend parler français. Plusieurs pilotes sont là pour faire grimper leurs heures. Histoire de ne pas aller voler tout seul, j’en embarque un. Aurélien S. sera mon passager. J’aurais bien besoin d’une deuxième paire d’yeux après cette semaine de boulot à San Francisco.
Je profite aussi de ce vol pour étrenner mon nouveau second casque. Passé chez Gibb’s, je me suis délesté de quelques dollars pour m’offrir un LightSpeed Sierra. Moins efficace, mais aussi $300 moins cher que mon Zulu, ce Sierra fera un excellent second casque et le casque de madame. De rien merci ;-)
“Et on va où, au fait ?”
Avant de partir, j’avais passé un message sur mon blog à la recherche d’une destination. Vous aviez été plusieurs à me faire des propositions et je vous en remercie. Parmi celles-ci, il y avait Santa Barbara. On m’en avait aussi parlé chez PlusOne : situé à environ 1h30 (en 172), on m’avait parlé d’une plage à walking-distance (comme ki-disent) et d’un bar. Voilà. Et pour ne rien gâcher entre San Diego et Santa Barbara, il y a Los Angeles. Et plutôt que de passer au nord de la Bravo de LA, on va faire un passage vertical LAX. Il n’y a pas de raison. On est là pour le plaisir.
“Et en plus, c’est CAVOK de chez CAVOK”
Je l’ai déjà écrit plusieurs fois sur ce blog. Désolé, mais “Passer à la verticale de l’aéroport international en VFR et de surcroit en auto-information” reste toujours IN-CROYA-BLE. Ca me fait des frissons à chaque fois, même si ce n’est pas la première fois. Déjà que survoler toute l’agglomération de Los Angeles, comme ça, tranquiiiile dans son Cessna pour s’enquiller la verticale, avec SOCAL qui vous passe à la radio un “vous pouvez quitter la fréquence, à bientôt”. Mais euh, madame, je suis à une minute de la verticale d’un très grand aéroport. Et vous me lâchez comme ça ? Ah bon. A l’aller, je passerais le transpondeur 1201 comme l’indique l’encart et les règles de ce transit VFR “Special Flight Rules”. Au retour, il me faudra faire répéter SOCAL qui me demandera de “keep the same beacon code”.
““Special Flight Rules trafic, Cessna N372TA, over the complex northbound 4500 ft””
A 4500 en direction du nord, on se demande tout de même si tout cela est bien normal. On vérifie pour la 4ième fois l’altitude. Si on est sur la bonne fréquence d’auto-information (128.55), si le cap est bon et si on est sur la bonne radiale. On est tout seul, pas de contrôleur à la radio et la ruche de l’aéroport international en dessous grouille d’activité. Les avions décollent, atterrissent, le terrain est immense et on ne sait plus où regarder.
Puis, après Santa Monica, on redescend le long de la côte pour longer Pacific Palisades et Malibu Beach, puis le VOR de Ventura.
- “N372TA, head to Santa Barbara Harbor then follow one-o-one for left base 15”
- “Harbor then the one-o-one… we are unfamiliar, N372TA”
- “Ok, so fly to the Santa Barbara Harbor then follow the one-o-one”
Ah bhhhha oui, c’est tout de suite plus clair. On cherchera donc à trouver le port et ensuite on enfilera l’Highway 101. Du vrai VFR ! En fait, on aura un vecteur pour rejoindre le port (“Turn right heading 320, the harbor will be on your twelve o’clock”), puis il faudra suivre la côte et enfin attraper la 101. Facile ! Qu’est-ce-qui n’était pas clair dans mon “unfamiliar” ?
Priorité à l’Embraer
Enfin dernière péripétie de pilotaillon du dimanche (même si on est samedi), le guidage VFR m’amène en finale piste 15 et on entend en même temps un Embraer débouler sur la piste 25… Bien sécante avec *notre* piste.
Les 20 degrés à droite (“twenty degrees for spacing”) à l’extérieure de la longue base main gauche, n’y changeront rien. Je vire en finale, alors que le contrôleur me demande “a square base one-five” et l’Embraer est toujours là en finale sur la 25.
Et ça ne manquera pas, arrivé en très courte :
- “Two-Tango-Alpha, go around make left close trafic”
Et hop ! Assiette-Puissance ! Et voilà, de nouveau au boulot. Ca m’a fait travailler la remise de gaz. Circuit court (“left closed trafic”) et nous revoilà en finale avec l’Embraer qui remonte son taxiway.
Posé à Santa Barbara, je choisi Atlantic comme FBO. Il (ou plutôt “elle”) nous amènerons à bord d’une immense Suburban jusqu’à la plage, puis reviendrons nous chercher. Parti tard de PlusOne, à force de discuter et trainer chez Gibbs et Marv’s, nous n’avons que peu de temps à consacrer au bar “le Beach Side” et à la plage. Dommage. Il faudra revenir un jour. Je le note.
Et on repart dans l’autre sens pour la même “VFR Special Flight Rules” cette fois-ci à 3500 ft.
Il fait toujours un superbe CAVOK lorsque nous rentrons sur San Diego et me revoilà autorisé dans la Bravo (descente à convenance) pour une entrée par Mount Soledad, puis Montgomery Field. Ces dernières années, j’ai plutôt l’habitude de rentrer soit par la verticale de Miramar, soit par l’Est (Gillespie) et forcément, ça ne loupe pas, cette fois-ci après Soledad et la demande de la tour de Montgomery de rentrer en main droite pour la 28R, je me trompe et vise Miramar. C’est classique, mais navrant ;-) Heureusement, Aurélien a l’œil et m’averti juste au moment où le contrôleur me demande de rester au sud du Freeway qui limite la Bravo. Merci !
Fin de la promenade de plus de 3 heures. Pour un petit vol local, comme ça en sautant dans un avion, je trouve qu’on s’est bien rempli la boite à souvenirs !