"C'est un check ride, pas un test. Tu dois me montrer que tu sais faire voler la machine en toute sécurité pour toi et pour elle. Ensuite, tu dois me montrer que tu sais manipuler son avionique. Je suis ton passager." Il croise les bras, assis en place droite et hop m'indique d'y aller.
Je n'ai pas volé aux Etats-Unis depuis plusieurs semaines et lorsque j'allume la radio restée sur la fréquence tour, ça fait un choc. Et si on arrêtait tout de suite ? J’ai passé une semaine à bosser, pas du tout dans un contexte aéronautique et là, retour à la réalité. Il va falloir la faire voler et montrer au monsieur à droite que je sais le faire sérieusement et en toute sécurité. C’est pas gagné.
Le briefing au sol m'a donné l'impression qu'on en aurait pour 3 jours. Au programme du jour : vol lent dans plusieurs configurations, approches et sorties de décrochage en montée pleine puissance, en simulation d’approche… Des virages à forte inclinaison dans tous les sens, des pannes moteur et des tonnes de panne instrumentale : je te tire les fusibles au hasard ;-) j'éteins le PFD, MFD, les deux, des croix rouges s’affichent partout, des trucs disparaissent de l’affichage. Dans le bref instant où l’avion n’était pas incliné, on a travailler le Lean Assist avec le G1000. Bien sûr, il y aura aussi des tours de piste et d’autres manipulations de l’avionique à écran (G1000 quand tu nous tiens)... Au 3ième tour de piste, je n'en peux plus. Je me suis levé à 05h00 du matin pour faire la route de Los Angeles vers San Diego, il fait encore chaud à 18h30. Vive la Californie. J'étais déjà crevé avant de démarrer. Mais on vit un rêve éveillé ou pas. Je me rappelle que je suis en Californie et que j’ai la chance de pouvoir assouvir ma passion de la sorte. Alors, je répond en souriant à Brett, mon FI du jour : “I’m already exhausted you know, but I will do my best”.
Je ressors du vol complètement (mais alors complètement) lessivé. J'ai l'impression d'avoir râté tous les exercices. Mon FI du jour parle dans un vrai américain. Vous savez l’accent qu’on prend lorsque l’on veut se moquer des américains-équipé-chewing-gum ? Live ATC, à côté, c’’est Sarkozy qui parle anglais. Je le fais répéter plusieurs fois, mais l'ambiance est excellente. Il se met à mon niveau puis me pousse dans mes retranchements. Plusieurs fois, je me fais confirmer ce qu’il attend de moi. Il me fait améliorer ma méthode, me corrige, m'indique des astuces, me montre sa méthode, la bonne méthode. Je prend des notes comme je peux. Ca va vite. Le vol est très dense, il n’y a pas de temps mort, je suis à 200% tout le temps. Je crame des calories.
“Sorry for being a slow student”. Ca fait du bien de revenir “Back to basics” et malgré la nouveauté de la machine et tout ce que j’ai appris durant ce court vol, descendre de l’avion et se dire qu’on a progressé, qu’on a été confronté à une autre méthode d’apprentissage dans un autre environnement, qu’on a bien rigolé et que maintenant il serait temps d’aller se coucher, le plaisir du travail accompli.