9.1.07

Airprox avec un lapin

21h00. Aérodrome de Toussus. Aéroclub Air France. Le DR400 F-GGJL est parké devant l'aérogare. Je continu ma formation au VFR de nuit. 4ème séance. Déjà une dizaine de tours de piste au compteur avec un bonus, "une aventure" : RBT, demi-tour et retour Toussus. La grande aventure pour moi. C'est mon tour maintenant.

Je viens de faire 5 tours de piste... assis à l'arrière. J'ai encore appris énormément à écouter et regarder ce qui se passait devant. J'essaie de passer à chaque vol de nuit, après une journée de boulot, quelques tours de piste assis derrière. C'est le meilleur moment pour apprendre d'une part et pour se mettre dans le rythme d'un vol d'instruction. Je mime de l'arrière, les actions à réaliser et me projette quelques minutes devant. Je repère les points au sol dans la pénombre. J'écoute les conseils et les corrections de Christophe.


http://www.wunderground.com/history/airport/LFPN/2007/01/09/DailyHistory.htm


Assis à gauche, le moteur est chaud et il démarre tout seul. Je prends l'ATIS. Du vent. Du vent, pour mon niveau de pilotage, surtout que l'on tourne en 25.

METAR LFPN 091900Z AUTO 19012KT 9999NDV NSC 11/09 Q1018
METAR LFPN 091930Z AUTO 19014KT 9999NDV NSC 11/09 Q1018
METAR LFPN 092000Z AUTO 19013KT 9999NDV FEW033 11/08 Q1018
METAR LFPN 092030Z AUTO 19014KT 9999NDV FEW036 11/09 Q1018
METAR LFPN 092100Z AUTO 19014KT 9999NDV FEW039 11/08 Q1018

J'oubli, comme d'habitude, avant le roulage d'allumer les phares. Ce n'est pas encore inné, même si après avoir avancé de 3 cm, on se rend vite compte qu'il manque quelque chose. "Oulala... il fait sombre". On sort du parking Air France, premier virage à droite... Ca part à droite... 1 fois, 2 fois, la bille à gauche, la maquette à droite et... zut... j'ai encore oublié de passer par "l'horizon stable".

La ligne. Suivre tranquillement la ligne jusqu'au point d'arrêt 25 gauche. Un PA-28 fait ses 5 tours de pistes solo avec backtrack pour éviter tous les taxiways de Toussus. L'ambiance est calme. Il est 21h10. 2 avions, 1 AFIS et une jolie guirlande en finale sur Orly. On voit jusqu'à 6 trafics en file indienne. Les joies des vols de nuit en région parisienne.

"On déclare un Airprox avec un lapin" annonce le PA28 qui a fini ses tours de piste. "Oui, on a pas mal d'ennui avec ces animaux" lui répond la tour. L'ambiance est détendue sur la fréquence.

Les essais moteurs effectués et le briefing départ annoncé, on décolle en 25 gauche et on enchaine nos tours de piste. Beaucoup de vent en rafale malgré ce que disent les METAR. Nous sommes ballottés, mais c'est toujours (encore) un plaisir de voler de nuit. Je découvre, je savoure.

La première approche est overshootée. Le vent me pousse, je n'ai pas assez anticipé. J'arrive aussi un peu haut. 4 blanches. La 25 droite avec son PAPI et sa jolie (à mon niveau) rampe d'approche se présentent à moi. Je vais retrouver le plan. Le phare, le deuxième cran et la radio.

Je m'applique : le plan, l'axe, la vitesse, le plan, l'axe, la vitesse, le plan, l'axe, la vitesse... je rattrape le tout malgré un virage "un peu à forte inclinaison, mais avec la vitesse ça allait" dira plus tard Christophe. Allez, on s'applique. Je me bat. Le vent souffle. Passé 800 ft, le gradient de vent... je remet des gaz (le vol précédent et mon espionnage m'ont permis d'anticiper), la vitesse ne chute pas trop. Je la surveille. 140 - 130 km/h.

Courte finale... sans le savoir vraiment je passe le seuil... "Continu à descendre". Je ne touche pas au gaz, je n'ai pas le temps de regarder mon vario, je n'ai pas l'impression de descendre... Le phare éclaire la piste, ça descend doucement... mais je continu à me battre au manche... "Le pied à droite, le manche à gauche" et je fais dans le désordre... boum.... "Allez, plein gaz !" annonce Christophe.

Et c'est reparti. 110 km/h dépassé, je tire sur le manche à la recherche (la course) des 130 km/h. Christophe s'occupe des volets et de la réchauffe.

2ème tour de piste. Cette fois-ci, j'anticipe mon dernier virage. J'arrive en finale avec trois blanches et une rouge... ca roule... on descend doucement. Même bataille en finale. Le vent au maximum de 20 kts du 190. On touche en 25. Le phare et le deuxième cran sort. Cette fois-ci, on va tenter de repérer le passage du seuil pour, une fois passé la rampe verte, oublier le PAPI (le quitter du regard) et se concentrer sur la piste. C'était l'erreur du tour de piste précédent.

Je n'arrive pas à clairement identifier mon "passage du seuil". On verra ça au tour suivant. Le touché et la remise de gaz se font sans mettre assez de manche à gauche. On verra ça aussi au prochain tour. Au touché... et à la remise de gaz... mettre du manche !

3ème tour. Je retrouve mon overshoot. Le plan, l'axe, la vitesse... nouvelle bataille en finale contre le vent et les rafales qui nous secouent. Sport ! Je passe le seuil et là, magie de la technique, mon oeil gauche arrive à plonger tout en bas pour voir passer le balisage vert du seuil de piste pendant que l'oeil droit garde la piste là, bien devant... J'annonce "on passe le seuil"... Il faut continuer à descendre, ne pas réduire, laisser descendre pour toucher SANS chercher le kiss. Je pense un peu plus au manche dans le vent, mais pas assez de pied. Ou l'inverse. Enfin, pas tip-top. On repart.

- "Foxtrot-Juliet-Lima, en vent arrière pour un touché en 25 droite et si possible, vous pourriez nous couper le PAPI pour exercice ?"
- "Pas de problème"
- "Merci"

Pas de PAPI ? Je n'aurais donc pas mes rouges et mes blanches pour m'aider sur mon plan. Glups. Et je me rappelle ma visite de la tour et le panneau de contrôle des moyens lumineux d'approche. Un touché du bout des doigts sur un écran tactile et hop... plus de PAPI.

- "Et si on appel Bertrand Delanoë, tu fais tout couper dans le coin jusqu'à Paris, aussi ?"
- "Non, juste ton phare que tu n'as plus... non plus"

Bha voyons. Pas de PAPI, pas de phare. Un DR400, la nuit. Drôle de combinaison. Allons jouer. Autant perdre le maximum de chose pendant un exercice.

Le dernier virage passé et la piste prend un tout autre aspect. Il manque juste les quatre loupiottes blanches et rouges, mais pourtant comme mon regard n'est plus "rivé" sur le PAPI, j'ai l'impression qu'elle est encore plus belle (si on peut qualifier une piste de "belle"... Si ? On peut ?). Je la regarde différemment. Les flashs du seuil clignotent. Les couleurs sont belles. "C'est Flight en mieux".

- "Tu le trouves comment ton plan"
- "Euh..."

Comment je le trouve ? Et bien, j'en sais trop rien ! Y-a pas de PAPI ! Et après un éclair de réflexion, je regarde où mon avion se poserait si je continuais ainsi. Ca semble pas trop mal... on devrait arriver derrière les lumières vertes, normalement. Si on continu à se battre. Toujours ce vent.

- "Bha... pas trop mal... je crois"

Sans le PAPI et toujours en se battant avec ce vent qui lui aussi ne veut pas aller se coucher, je m'en sors pas trop mal (les chevilles aussi). Content. Ravi. La banane. Je savoure. Je fais des tours de pistes, de nuit dans un DR400 et je prends mon pied.

Il en reste 2. Le dernier était peut-être de trop. Comme le second dessert que l'on prend et qu'on a du mal à terminer. Il est 22h00. La journée de boulot, les 6 tours de piste dans les pattes et enfin le pied, puis le manche dans le vent pour un atterrissage un peu long, mais bien coordonné.

Du plaisir. Rien que du plaisir. On recommence quand ?

7.1.07

Un nouvel avion aux Alcyons


Mon aéroclub démarre l'année en nous proposant le petit Tecnam P-2002 JF (rien que ça). Je suis monté dedans ce matin en attendant une improbable éclaircie. Après mettre cogné une petite dizaine de fois en refermant la verrière coulissante, j'ai réussi à faire quelques photos. Je vous rassure, une fois la verrière fermée, je tiens à l'intérieur sans problème ! Le F-GXBD n'attend plus que je trouve le temps et l'instructeur qui va bien pour me faire lâcher dessus. Tiens, voilà une résolution 2007 : "Trouver le temps de se faire lâcher sur le Tecnam". J'ai imprimé le manuel de vol. Il me reste à le lire.


Cliquez sur l'image et déplacez la souris pour visualiser la planche de vol
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30.12.06

Ce blog comme "case départ" ? non ?

En arrivant hier au club house des Alcyons, Anne-Marie m'a traditionnellement accueilli.
- "Ah tiens, Vincent, on m'a parlé de toi hier !"
- "ah bon ?" ;-)
- "Oui, un nouvel inscrit qui t'a cherché"
- "Zut, j'suis jamais synchro..."
- "Un certain... hum... Guillaume"

- "Guillaume ?"
- "Oui, c'est ça, Guillaume"

Je vois bien un Guillaume. Il a laissé un commentaire ici même sur ce message. Coincidence ?

19.12.06

Souvenir d'une deuxième séance de VFR de nuit

Toussus, les pistes 07 parrallèles en service, j'arrive en fin de vent arrière durant mon deuxième entrainement tour de piste VFR de nuit lorsque : "Kilo-Golf, visuel sur un IFR TBM700 en longue finale sur la parallèle ?" avec quelques secondes auparavant : "Inspection de la piste 07L pour cause d'objet non identifié après un décollage". Trop de monde, pas assez de piste. Trop jeune, pas assez d'expérience. Christophe, mon instructeur, fait la radio. Sur ces premièrs tours de piste, je me contente de faire de jolies rectangles ;-)

- "On a le visuel, Kilo-Golf".
- "Tu le vois ?" me demande Christophe
- "Euh, oui, ca doit être le truc qui clignote là-bas".

Il fait nuit noire. Mais je découvre le ciel parisien un soir de semaine. C'est truffé de trucs qui clignotent. La vizi est excellente et on voit des liners au départ de CDG et d'Orly. Villa s'en mèle aussi peut-être. Trop de trucs dans le ciel. Et un gros navions qui clignote au loin (trop loin pour voir du vert et du rouge) ressemble à un p'tit navion qui clignote bien plus près. En tout cas, j'apprend ça... aussi.

Je vire en base a priori pour la 07 droite, totalement convergeant sur le TBM700, joli plot lumineux dans un ciel bien noir. Le véhicule d'inspection de piste remonte la 07 gauche. Fin de base. Je vire avec juste là, devant moi, le TBM700 qui descent pour la 07 gauche occupée par l'inspection. Et moi qui m'axe pour la 07 droite.

Je dis à haute voix : "Il a pas interêt à se gourer de piste, le TBM.. et moi à ne pas overshooter". Il fait nuit noir. 15 à 20 noeuds de vent du 030 à 040. Ca secoue. Et pourtant, c'est devenu un peu "calme" dans le petit DR400. On ne parle pas pour rien.

- "Il remet les gaz, non ? Je le trouve bien haut"
- "Hum..."

On surveille dans le cockpit. La base continue. Je viserais le TBM 700 que je ne m'y prendrais pas autrement.

- "Il est plus haut, non ? Il a pas remis les gaz ?"
- "Ce serait pas toi qui est bas plutôt ?"

La nuit m'a piégé et mon attention, portée sur le TBM700, m'a joué un tour. J'attrape de l'expérience. Je suis là pour ça. Je suis descendu sur la base, trop descendu, sans m'en apercevoir.

Je stabilize, remet un filet de gaz, remonte un chouya.

En finale sur la 07 droite. Je suis totalement captivé par mon plan, mon axe, ma vitesse. J'ai viré en dernier virage juste au nez du TBM qui, je l'espère toujours, s'est axé pour la 07 droite. Regardez la carte de Toussus. Les deux sont parralèles et à mon niveau elle ne sont pas "très" éloignée.

- "Il a pas intrerêt à se gourer"
- "Tu le vois ?" demande-je à mon instructeur
- "Il est juste là, juste là... juste derrière nous" me répond Christophe.

Le plan, l'axe, la vitesse... le plan l'axe, la vitesse. Un oeil sur le PAPI, un oeil sur le vitesse, un oeil sur le vario, un oeil dehors, un filet de gaz supplémentaire... tenir les deux blanches et les deux rouges... les oreilles à l'écoute du régime moteur, une oreille sur le fréquence.

- "Tu peux accélérer l'inspection de piste ?" demande la tour au véhicule.

J'arrive avec mon petit DR400 en 07 droite. Cool. Le TBM, IFR, déboule sur le 07 gauche toujours occupée. Juste là, derrière moi, presque au bout de l'aile me racontera Christophe plus tard.

Du haut de mon inexpérience, je ne sais pas ce qui peut se passer. La remise de gaz est là, le décallage à droite aussi. Je suis sur ma 07 droite. Pour moi tout va bien. Enfin, tout est relatif. Je suis là pour apprendre. Dans le pire des cas, la 07 gauche ne se libère pas et le TBM700 remet les gaz. Simple. Et pourtant à mon niveau, ce non évènement qui durera une poignée de minutes à peine est une bonne séance à mettre dans la boite de l'expérience. Un petit coup d'adrénaline aussi.

- "Kilo-Golf... en finale 07 droite"
- "Kilo-Golf, autorisé touché 07 droite, vent du 040 pour 17 noeuds".
- "Tu peux accélérer l'inspection de piste ?" deuxième relance de la tour.
- "On accélère... on a rien vu..."
- "Pas d'oiseau ?"
- "Rien... rien sur la piste..."

J'arrive en courte. Je suis concentrée sur "mon plan, mon axe, ma vitesse" et les deux blanches/deux rouges. Et surtout, sur mon axe avec ce TBM sur la parrallèle, juste là. Juste derrière moi. Le vent me pousse du bon côté... le TBM aussi ;-)

- "La 25 droite dégagée !"
- "F-XX, autorisé atterrissage 07 gauche, vent du 030, 16 noeuds, maximum 21 noeuds"

Un non évènement. Rien d'important. Un non évènement pour des pilotes. Des souvenirs pour le pilotaillon que je suis. Tout le monde s'est posé. Mais moi, du haut de mes "rien" d'heure. J'ai appris. J'ai écouté. Du bonheur, je vous dit... du bonheur.
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