C'est une histoire qui commence en 2003, celle d'un pilote de simulateur de vol sur PC qui passe son brevet de pilote (PPL) et qui remplit sa boite à souvenirs.
Je vous avais laissé en plan avec le dernier récit du Farwest'19, il y a quelques semaines à Los Angeles. Antoine et moi n'arrivions plus à redémarrer le Cessna. Comme si le démarreur tournait dans le vide. Nous sommes à Torrance et à seulement 1 petite heure de vol de San Diego. Si l'avion savait voler. Et nous devons ramener la machine demain.
Hier, nous ne pouvions rien faire si ce n'est attendre demain dimanche des nouvelles du mécano qu'a contacté le proprio de notre N4975F. Nous passons une bonne soirée avec les Heading West'iens, une horrible nuit à l'hôtel (comment ça... il n'y a qu'un lit ?!) et lorsque nous arrivons au terrain, il y a au moins de l'activité autour de notre machine. C'est le mécano local gentiment venu à la demande d'Antoine G. qui jette un œil à notre machine. Après à peine quelques minutes, il diagnostique que ce n'est pas la batterie comme lui suggérait le proprio. Bon.
Après quelques SMS et autres WhatApps, nous apprenons que le mécano habituel du 75F arrive. Dans une heure et demie environ ! En voilà une bonne nouvelle. Même si à ce moment-là, on n'imagine pas encore qu'il va arriver avec une solution magique. Nous filons prendre un café pensant qu'il est sur la route avec son truck.
Que font trois pilotes pour patienter autour d'un café ?
1 heure après, nous revenons tranquillement au terrain. Et là : surprise. Le Cessna est décapoté et 2 personnes semblent travailler dessus. L'avion n'a pas bougé, tout se passe sur le parking. Nous nous approchons et c'est bien le mécano du 75F. Il est venu avec son ami. Nous sommes Dimanche. Ils sont venus avec le PA28 rutilant qui est juste à côté. Deux mécanos sont donc venus un dimanche matin de San Diego vers Los Angeles en Piper PA28 pour dépanner notre Cessna. American Way of Life !
Pour eux pas de doute. D'ailleurs, je trouve le starter usagé posé au sol. Ils n'ont pas tardé. On a l'air de touristes frenchies lorsque nous leur demandons "So, what do you think ?". C'est évident. On change le starter, ce sera prêt dans 30 min et vous pourrez repartir. Plain simple. Le pragmatisme à l'américaine.
Alors que jusqu'à maintenant, nous étions à échafauder des plans comme louer une voiture rentrer à San Diego puis plus tard s'occuper de la machine pendant qu'Antoine lui rentrait en France, m'abandonnant avec le Cessna <- Humouuuuur ! Là, tout a changé. Deux magiciens vont remettre en état la machine, elle va démarrer et je vais la ramener à San Diego.
C'est tout de même bizarre de voir la machine qu'on va prendre pour faire 1 heure de vol le long de la côte Californienne vers San Diego, éventrée avec deux personnes, venus en avion, bricolant à même le parking. Confiance.
Dépannage à même le parking
Nous nous éloignons pour laisser les spécialistes œuvrer. Je met mon smartphone en partage de connexion Internet et prépare mon vol (notam, météo, tracer un trait, regarder la carte du départ...) sur les marches du "terminal" de Torrance, un œil sur l'iPad un autre sur le Cessna. Je suis sensé être prêt dans moins d'une heure.
Et puis, on les voit ranger leurs outils. Le capot du bas se remettre. Des vis se resserrer. Celui qui semble le plus expérimenté ouvre la porte du Cessna (tous les membres PlusOne ont une clef qui ouvre toutes les machines d'un même type). Batterie sur ON, Magnéto 1+2... Et un coup de starter. L'hélice fait un quart de tour. A peine. On entends plus le bruit du starter pédaller dans le vide. Il coupe tout. Le mécano ressort de l'avion. "It's all good". Ah bon ? C'est tout. Là, pour vous c'est OK ? Il me confirme que oui, tout va bien et que je vais pouvoir partir, le temps de ranger 2 ou 3 outils et fermer le capot supérieur. Allez hop, voilà une affaire rondement menée. Moi, je reste un peu bouche bée. Je vais voler là-dedans ?
Dernier Selfie du Farwest'19. Antoine repart demain matin LA - Paris.
Dernière prévol : ils ont bien refixé le capot ?
C'est marrant nous sommes partis à 4 pilotes et 2 avions et me voilà maintenant tout seul dans notre Cessna. C'est vraiment la fin du Farwest. La dernière branche. C'est une route que j'ai déjà fait à plusieurs reprises. Et c'est encore plus simple en partant de Torrance (et pas de Santa Monica). C'est tout droit, même pas de zone compliqué. Une sorte de Chartres - St-Cyr. Et alors qu'avec Antoine nous n'avions pas changé de place (je restais à droite), me voilà maintenant assis à gauche. Drôle de sensation d'être tout seul. Battery ON, Magnéto 1+2 puis Start et les 180 chevaux du 75 démarrent sans aucun problème. Un non-événement tout compte fait. Ca ne vibre pas plus que d'habitude. Je n'y connais rien mais tout m'a l'air normal. A part le bruit et le peu d'indicateur moteur (pression et température d'huile, pression d'essence, température à la sortie du pot d'échappement...), je n'ai pas grand chose pour savoir si tout va bien.
Je trace avec le doigt ma clairance de roulage sur l'Airport Diagram
Le Piper qui avait amené les mécanos vient de mettre en route et est parti devant moi. J'imagine qu'ils rentrent à San Diego. Nous avons juste eu le temps de les remercier. On ne fait pas la course, mais je vais les rattraper au point d'arrêt. Dans le briefing départ : "Contexte particulier ? Deux hommes ont trifouillé dans le moteur et hier, il ne démarrait pas".
Right downwind departure. A peine monté, je vire pour ma route presque directe qui longe la côte vers San Diego
Trace GPS de la route globale depuis Google Earth entre Los Angeles et San Diego
Une fois en croisière, après avoir attrapé du Flight Following, cela fait encore plus bizarre d'être tout seul. J'ai oublié les mécanos qui éventraient l'avion dans lequel je vole actuellement. Pas un bruit anormal. Après tout, c'est juste le starter qu'ils ont changé. Los Angeles Approach dans les oreilles, c'est l'absence d'Antoine qui me fait tout bizarre. Personne avec lequel partager ce vol. Juste faire attention... à bien voler. Profiter. Mais tout seul. Bizarre.
Mais que fais-je tout seul à voler au dessus de Los Angeles !
Même tout seul, le spectacle reste sympa ! Ne boudons pas notre plaisir au dessus du port de Los Angeles.
Sauf que ce jour-là, nous sommes Dimanche et il fait beau. Il y a des avions dans tous les sens. Je vais me faire carrément vectoriser immediate turn right heading 1-2-0 pour éviter de m'emplafonner des collègues :
Correction de cap aux ordres des contrôleurs. Dans ce coin, on ne réfléchi pas trop ;)
Foreflight me rappelle qu'il serait bon que je prenne l'ATIS. Je l'ai fais depuis longtemps, monsieur !
Pas de doute, on est Dimanche et il y a du monde à l'entraînement à Palomar
On a beau s'être bien promené durant ce Farwest et remplit la boite à images, l'arrivée à San Diego est toujours aussi... agréable ?
Arrivée par le vent arrière 28 à Montgomery Field
Fin de vent arrière 28 main gauche, virage avant le stadium pour la base et à l'intérieur de l'autoroute.
L'atterrissage est sans histoire. Juste un Piper qui déboule en finale de l'est. Circuit court et hop. Je me pose en 28L après la traditionnelle intégration par le vent arrière. Mis à part me gourer et aller à Miramar, je ne vois pas trop où j'aurais pu m$*#er. Quoique. Il a encore fallu que je répète LEFT deux fois. Mon LEFT ressemble à un RIGHT. Bon. Ok.
Clic-clac à l'intérieur du highway et hop posé en 28L. Bienvenue à la maison.
Je profite des derniers instants au roulage, seul dans mon Cessna. Et je me remémore les vols de ce Farwest'19 alors que le Cessna connait presque tout seul le chemin vers le parking Gibbs. Taxiway Hotel, puis Juliet. Et le slot #40.
Cette année : des terrains mémorables que je n'avais encore jamais pratiqués comme Kern Valley, Marble Canyon ou encore Oceano. Et d'autres qui resterons toujours exceptionnels comme Monument Valley ou Sedona. Sans compter Big Bear, Mojave ou Henderson/Las Vegas qu'a fait pour la première fois Antoine ou le classique survol du Grand Canyon et Page et un déjeuner au bord de l'eau à Monterey. Et puis les imprévus comme cette panne à Torrance qui se termine rapidement et facilement... après tout. Et des moments originaux comme le survol des 737 MAX à Victorville ou l'atterrissage à Kern Valley pour retrouver les sensations de Flight Simulator. On a eu du mal à commencer (surtout mes 3 compères) à cause de la météo... Mais une fois passé à l'est, la météo a été très clémente pour nous autre VFR.
La route de Farwest'19
Ma liste des terrains que j'ai déjà eu la chance de pratiquer dans le sud-ouest américain. Elle se complète petit à petit. Quelle chance... A retrouver sur cette carte Google Maps.
Je sais que devant moi, il y a un peu de paperasserie... et surtout payer tous les vols. Mais aussi sortir les bagages, vider et nettoyer l'avion, sauter dans un Uber et préparer le reste de la semaine à San Diego.
Le log de l'avion. Nos 21.8 heures sont saisis en... 1 seule ligne. Ca c'est facile
Je pose 75F sur son spot. Au bout de la ligne chez Gibbs. Je nettoie l'avion et fait un grand tour pour ne rien oublier après une grosse semaine de vols non-stop. Je regroupe toute mes affaires. M'assure que la machine est propre pour le suivant. Seven-Five-Foxtrot, mon tout premier Cessna lors du 1er Farwest de 2008 est maintenant nickel pour le suivant.
Je laisse 75F sur son parking. Content de l'avoir ramené... en meilleur état qu'il était parti
Il reste à saisir le(s) vol(s) dans le système informatique du club. J'ai déjà préparé tous les scans des justificatifs d'essence que nous avons avancé et qui seront déduits. Uploader ce fichier. Tout est en électronique. Et puis voir le total en $ et payer. On s'arrangera ensuite avec Antoine. Et on a aussi à finir de remplir le Tricount, l'application qui nous sert à partager tous les frais hors avion : hôtel, taxi, petite déjeuner, diner... et tout autre extra.
"Select payment option"
Ce dernier vol montre bien que tout seul, un Farwest ce n'est pas vraiment un Farwest. Les paysages sont là. L'ambiance toujours frissonnante, mais cela ne résonne pas de la même façon. Merci à Antoine, Jean-Marc et Joël de m'avoir accompagné pour ce Farwest 2019 !
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