La carte de Météo France scrutée depuis plusieurs jours est optimiste. Seul petit problème les METAR de Deauville et Caen pris avant de partir pour l'aéroclub. BKN005 et 900 mètres de vizi sur une piste, ça ne fait pas beaucoup. Nous décidons tout de même d'y aller. Le temps étant trop beau sur la région parisienne. On prendra une dernière météo à l'aéroclub et on verra.
On s'installe dans la salle du planning avec tous nos papiers sortis tout juste de l'imprimante : METAR/TAF, TEMSI, vents, NOTAM. Le carnet de vol de l'avion est ouvert à la recherche du "y-reste-combien-d'essence-là-dedans ?". Depuis un certain vol vers Compiègne (à lire ou redécouvrir par ici), il semblerait que tous mes calculs soient vérifiés par Patrick. Bizarre. Je ne vois vraiment pas pourquoi.
Sur le papier, ça donne à peu près ça
... et réalité, ça a donné ça ;-)
Les cartes sont dépliées sur la grande table. On discute et on analyse les infos. Deauville et Caen ont un meilleur METAR qu'une heure auparavant. Nous décidons d'y aller et nous vérifions que nous avons bien les VACs des terrains environnants. Le déroutement est prévu d'avance. Ce sera demi-tour, Deauville ou Le Havre. Tout est prévu à l'avance. On est pas téméraire. A propos de téméraire, nous emportons aussi les gilets. Pilotaillons et parisiens... avec trois gilets de sauvetage dans l'avion.
Dernier point : calculer notre dérive à l'aide de la carte des vents. Elle nous indique des vents de 25 kts venant du sud sur la côte et 20 kt plein travers sud sur la route. Autant le prendre en compte et se calculer la petite dérive qui va bien.
Le résultat des calculs de consommation, les marges de sécurité, l'essence restant et considérant que nous sommes trois dans un DR400 160 chevaux, nous conduit... directement à la pompe. Faisons le plein sans hésiter, si la masse et centrage le permet. En aviation, ne dit-on pas "Bidon plein coeur léger" ?
Avant d'aller à la pompe, on fixe tout l'attirail (le GPS)
On arrive sur la zone d'avitaillement.
Le plein et un coup sur le pare-brise, merci !
Le plein et un coup sur le pare-brise, merci !
Au roulage à St-Cyr, nous croisons un oiseau peu commun (Yak-52) et certainement plus habitué à Lognes (repère d'avion Russe) qu'à notre terrain en herbe. On l'a vu dans un sens...
... puis, il nous a suivi alors qu'on remontait vers le point d'arrêt 12 droite. Ce qui a donnée un message original à la radio : "X-Ray-Hotel, restez sur votre bande, vous ferez attention à un Yak qui roule derrière vous". On a donc un Yak dans le... dos.
Le Yak nous a donc doublé et a décollé comme une fusée ! Haut sur pattes et rapide !
"On va donc décoller en piste 12 droite, QFU 115, vitesse de rotation 115 km/h, montée initiale 130, premier virage à gauche pour la sortie vers le secteur nord. En cas de panne mineure avant rotation, le pied sur les freins, on reste dans l'axe : arrêt - décollage. En cas de panne mineure après rotation, tour de piste basse hauteur main gauche pour revenir se poser en 12 droite ou gauche selon le contrôle. En cas de panne majeure après rotation, finesse max 145 km/h, et plutôt à 30 degrés sur la droite dans la clairière ou bien à gauche sur le canal. Briefing départ terminé. Vous avez des questions ?"
Crapoteux. Je crois que c'est comme ça qu'on dit
- "St-Cyr, pour quitter secteur nord, Fox-X-Ray-Hotel"
- "X-Ray-Hotel quittez à ce soir !"
La pompe sur ON et le réservoir arrière. Nous quittons avec plaisir St-Cyr. Le temps est crapoteux (je crois que c'est comme ça que l'on dit). La visibilité n'est vraiment pas bonne. A peine 6 km. On s'en contentera. Trois passionnés dans un avion, un dimanche presque ensoleillé. Trois grands sourires dans la cabine.
Pour l'instant, la navigation se résume à aller tout droit ou presque en suivant la Seine sur notre droite. Il est temps de passer "les commandes" au copilote. Il nous reste à éviter consciencieusement les zones oranges/jaunes et toutes les zones habitées. Nous ne savons vraiment pas voler droit ! Mais c'est fait exprès !
Comme on y voyais rien, on a laissé piloter le copilote
La zone d'Evreux est inactive et le répondeur n'est toujours pas réparé. Nous transitons donc poliment en faisant notre autoinfo sur 118.12. La fréquence en veille nous apprendra qu'un Cessna en provenance de Toussus à destination de Rouen est dans le même sens, sensiblement au même endroit. Nous regardons dehors. Nous cherchons des trafics et profitons aussi du paysage.
On regarde dehors !
En arrivant sur Rouen, alors que nous transitons "au sud de vos installations à 2400 ft 1016", la visibilité s'abaisse encore. A gauche de l'appareil, on y voit pas grand chose. Je descends en vérifiant sur mon log de nav quelle est mon altitude de sécurité. Vers 1700 ft, on voit devant. Je vérifie derrière en cas de demi-tour. Devant à droite, la météo est meilleure. Ca cogite dans l'appareil.
- "Rouen, pour le X-ray-Hotel ?"
- "X-Ray-Hotel, j'écoute ?"
- "oui... on pourrait avoir une météo sur le Havre, si c'est possible ?"
- "Je recueille ça et vous rappelle"
- "Merci !"
La météo communiquée par un autre pilote (qui venait de la prendre) n'est pas folichone. Ca parle d'un BKN009 (encore). Mais pendant que le contrôleur la cherchait, le temps "devant" s'est amélioré. Derrière c'est toujours bon. On se méfie tout de même avec ce vent du sud pour ne pas être enfermé dans la crasse. La météo pour le retour était parfaite dans les TAF. Toussus annonçait CAVOK. Je décide de continuer en surveillant nos arrières. Dans tous les cas si le paquet de nuages bas décide de refermer notre route du demi-tour, nous repiquerons vers le nord. Et dans le pire des cas, on se posera vers Pontoise. On a plus de 4 heures d'autonomie, toutes les cartes à bord et 3 paires d'yeux. Tout va bien. On continue et bien nous en a pris.
Attention, il fait beau devant !
Plus on avance et plus le ciel bleu nous accueille ! Le temps est splendide et le Havre est totalement dégagé. Plus nous remontons la Seine (en évitant les ZIT et autres réserves naturelles, cf. la carte) et plus le silence se fait dans la cabine. Les appareils photos crépitent (pas très fort, on a que des numériques) et nous nous en mettons plein les yeux.
Le pont de Normandie se profile au loin
Nous arrivons au dessus du pont de Normandie.
Tout le monde regarde dehors
Tout le monde regarde dehors
On est venu pour le voir et on l'a vu
Très belle photo de Patrick !
Verticale du pont
C'est confirmé ! Les lunettes sont obligatoires
On fait le tour du Havre
Le copilote coupe les axes du Havre Octeville
Notre tour du Havre se termine. Nous sommes toujours avec Deauville. Quelques IFR en approche. En anglais et en français. Des avions-écoles sur le terrain. Par là, il y a de l'activité. Au nord de l'estuaire, c'est nettement plus calme. Nous voilà au nord du Havre. Je commence ma descente et averti Deauville que nous souhaiterions passer en autoinfo pour l'arrivée sur Le Havre St-Romain.
- "X-Ray-Hotel, transpondeur sur 7000, vous pouvez quitter"
Il nous reste la partie marrante de la navigation : trouver le terrain. Je ne sais pas pourquoi mais on a pas choisi la plate forme la plus simple. Deauville et Le Havre Octeville sont deux gros terrains faciles à trouver. Là, on a cherché à se compliquer la vie. On va dire qu'il s'agit d'un exercice. On a pris un terrain pas vraiment planqué mais avec deux pistes sécantes en herbe. Et pendant un bref instant, je me suis dit que ce n'était pas une très bonne idée.
Le Havre - St-Romain
Si... si... au bout de l'aile il y a un terrain avec 2 pistes sécantes
Si... si... au bout de l'aile il y a un terrain avec 2 pistes sécantes
J'ai un peu "galéré" pour trouver le terrain. Mais aidé de Patrick et Nicolas, le plus dur restait à faire. Un petit coup de radio en autoinfo et on s'annonce verticale 2000 ft. Il faut (1) trouver la manche à air et (2) trouver la bonne piste. Facile à faire devant son PC dans FS lorsque la piste est clairement délimitée. Là, c'est un peu plus sport et il me faudra deux tours pour être bien sûr.
- "Ok, je prend la 19, on va s'intégrer en vent arrière main gauche"
- "T'es sûr ?" demande Patrick
Je prend la VAC dans tous les sens. Les pistes ne sont pas repérées au sol. C'était trop simple. Juste deux bandes vertes à peine balisées par des cônes blancs (à 2000 ft, pffffff). Il est déjà difficile de réperer la bonne piste à choisir. Ensuite, il faut trouver laquelle est-ce : 19, 24 ? Allez, après quelques secondes j'annonce :
- "Le Havre - St-Romain de l'X-Ray-Hotel, on s'intègre vent arrière 19 main droite"
En courte finale, j'ai pensé à deux choses. 1. Fermer la réchauffe carbu et 2. La remise de gaz !!!! La piste ne ressemble pas à une piste. On ne voit pas grand chose car en plus on a le soleil dans les yeux. C'est malin. Et jusqu'à deviner les plots, j'ai pensé que j'allais atterrrir dans un champs à quelques centaines de mètres du terrain ! Mais en très courte, les plots et les cônes jaunes et noirs sont apparus délimitant... euh délimitant un... enfin... une.... avec des... oui des taupinières ! Pas facile dans ces conditions de faire un kiss. Rien n'y oblige et autant se poser ! Et en plus, mes passagers étaient préssés :
La pause p-p-
Le "C" sur la maison veut dire quoi ?
Après une visite rapide à l'aéroclub, nous changeons de pilote et le temps presse. La nuit tombe vite. Alors nous repartons vers nos... pistes... euh... nos champs... euh... la 19 ?
Oui, là on remonte la piste 19
La luminosité baisse. On "s'y croit un peu".
Eclairage de la planche de bord sur ON, captain !
Eclairage de la planche de bord sur ON, captain !
Le doigt sur la carte. Il y a des (bonnes) habitudes qui ne se perdent pas
Note pour plus tard : faire du VFR de nuit