2.10.05

On était pas trop de deux (épisode 44)

Dans la série "continuons à flirter avec les TMA", le programme de cet après-midi a consisté à longer la TMA de Paris, traverser une classe A et à jouer avec les averses. Rien que ça. Rien que ça... pour deux pilotaillons du dimanche. Mais vue la difficulté de l'exercice et comme n'a eut de cesse de le répéter mon ami Patrick : "On était pas trop de deux".



Après notre promenade de dimanche dernier aux Plessis en longeant le couloir VFR juste à raz de la TMA au nord de Paris (voir l'épisode 43), il nous fallait trouver une autre petite navigation. Coup de téléphone à Xavier, mon instructeur :

- "Le Plessis c'était bien. La carte, deux paires d'yeux dehors et le GPS pour la sécurité"
- "Ah oui... et tu sais il y en a pleins d'autres comme ça... Vous devriez enfin faire le tour de Paris, aller vous poser à Lognes"
- "Hum... hum... Lognes, j'ai déjà fait... et le tour, tu te rappelles ? On l'a fait ensemble en instruction"
- "Hum... Alors... allez vers le nord, faites le transit de Creil par la ligne TGV et allez vous poser à Compiègne !"

Un coup d'oeil sur la 1:250 000 de Paris. Compiègne, c'est en haut à droite. Entre des "VFR Interdit", des classes A et des R78A ou R78B. Du rouge, des trucs larges comme un cockpit de DR221 (comprendre étroit, très étroit). Il nous en fallait bien plus pour nous faire peur. Voilà, les deux pilotaillons du dimanche qui ont trouvé un exercice interressant. Patrick se rappelle avoir fait cette nav en instruction. Pour ma part, je l'avais préparé pour un solo me semble-t-il, mais c'était avant... oh, la, la... bien avant ! Et une météo moqueuse m'avait empêché de la faire. Cela fait partie des navigations préparées et jamais exécutées. Il est temps de rompre le sort. Allons donc à Compiègne.

Arrivé au terrain, l'avion que j'avais réservé est en retard. Cela tombe bien, on aura le temps de tirer à la courte paille "qui-fera-le-départ" de "qui-fera-le-retour". Le temps de travailler le briefing et de vérifier les derniers points douteux (une histoire de R78A active ou pas) dans la salle de briefing de l'aéroclub et nous voilà à explorer les METAR du moment. Nous allons vers le nord, alors nous scrutons Le Bourget et de Gaulle :

LFPG Paris/Ch de Gaulle
021330 LFPG 021330Z 03014G24KT 8000 -SHRA FEW003 SCT021TCU 12/09 Q1022 NOSIG

Ah bhaaa, si y-a NOSIG, tout va bien ! Pour ceux qui ne parlerait pas METAR dans le texte, il y a une petit séquence qui nous a turlupinée : FEW003. Ca fait pas haut. En gros, ça veut dire qu'il y a peu de nuages à 300 ft. C'est sûr, ça fait pas beaucoup de nuages, mais ça ne fait pas très haut tout de même.

Un coup d'oeil dehors et une discussion avec les équipages qui reviennent de vol, nous confirmeront notre première impression tirée de l'analyse des autres METAR et du pif-relevé-à-l'air-libre : c'est localisé, il y a des averses (parfois grosses), mais on les voit bien et on voit même à travers. Ah bon ? Ba alors qu'est-ce qu'on attends ? Un coup d'oeil sur le carnet de l'avion pour voir s'il a de l'essence et let's go ! Je calcule le tout. Super. 3 heures. Nickel. Plus qu'il n'en faut.


Sur cette photo, on voit la trace GPS aller et retour
avec St-Cyr en bas et le couloir vers l'Isle Adam


Le tirage à la courte-paille fera que Patrick réalise le vol aller vers Compiègne. Et bien sûr, votre serviteur le retour. Forcément. Lors du briefing, ne sachant pas si la CTR de Creil serait active, nous avions échafaudé plusieurs scénario. Si elle est active, alors on demande le transit par la ligne TGV : Sierra-Echo et Novembre-Echo le long de l'autoroute. Si Creil n'est pas actif, alors on coupe tout droit et on effectue la verticale (à 1000 ft AAL comme l'indique la cartouche de la 1:250 000). Mais cela ne se passera pas comme ça. Trop simple. Trop simple de prévoir à l'avance. Il faut être devant l'avion. Mais pas trop.


Entre Carriere sous Poissy, Andresy, l'échangeur et l'Isle Adam


La montée vers Creil ne pose pas de problème particulier. C'est le même chemin que la semaine dernière. On en serait presque blasé. Le VOR de CRL (Creil) pour ne pas marcher sur la TMA de Paris, celui de Pontoise (PON 111.6) pour prendre son virage vers l'est et le slalom habituel entre les aglomérations sont donc nos préocupations du moments. On slalom, on garde le doigt sur la carte pendant que le copilote (moi en l'occurence sur cette branche) garde un oeil sur le GPS pour avertir au-cas-où-ça-partirait-pas-du-bon-côté. On aura droit à une jolie averse qui nous forcera à faire encore plus de détour et à garder un oeil sur un Cessna venant certainement de Persan qui fut obligé de faire demi en face de l'orage... demi tour dans nos 6 heures, on se serait cru dans un épisode des "Têtes brulées". Entre les TMA, les averses, les patelins en jaune et en orange, nous avons été servi !

Avant d'arriver sur Sierra-Echo (point d'entrée du transit placé dans la CTR de Creil de classe A), il est temps de prendre contact avec Creil pour leur demander une clairance.

- "Creil du Roméo-Tango, bonjour !"
- "Appareil appelant Creil, votre indicatif complet ?"
- "Fox-Bravo-Papa-Roméo-Tango"
- "Roméo-Tango, Creil, je vous écoute"
- "Fox-Bravo-Papa-Roméo-Tango, un DR-221 en provenance de Saint-Cyr à destination de Compiègne à 3 minutes de Sierra-Echo, 1500 ft QNH, 2 personnes à bord"
- "Romeo-Tango, transit approuvé, rappelez verticale"
- "On rappelle verticale, Romeo-Tango"
- "Romeo-Tango, combien de personne à bord ?"
- "2 personnes pour le Romeo-Tango"
- "Romeo-Tango, transpondeur 4275"
- "4275 pour le Roméo-Tango"
Je règle le code transpondeur et entend Patrick me dire :
- "Zut, je voulais-le transit TGV, mouaaaaa"
- "Ba, rappelle le et demande lui, il a pas l'air débordé"
- "Creil pour le Roméo-Tango ?"
- "Romeo-Tango, j'écoute ?"
- "On avait prévu le transit par la ligne TGV, c'est possible ?"
- "Et bien... oui... dans ce cas rappelez Sierra-Echo"
- "On rappelle Sierra-Echo, Romeo-Tango".

C'est bien jolie tout ça, mais pendant notre petite conversation, nous avions ommis un léger détail. Pile-Poil sur le transit que nous imaginions, devant nous, à quelques minutes de vols, une superbe averse avec des gros-nuages-noirs-et-sombres nous attends. Pas bon. Pas bon du tout. Suivre une ligne TGV sous une averse, même si on voit à travers, ce n'est pas la meilleure idée de l'après-midi.

- "C'est pas malin"
- "Oui, c'est pas malin"
- "Bon, bhaaaa... on va le rappeler"
- "Creil pour le Romeo-Tango ?"
- "Romeo-Tango, j'écoute"
(Il doit se dire : qu'est-ce-qu'ils ont encore les gamins. Peuvent pas se taper un film du dimanche comme tout le monde !)
- "On a une averse devant nous, on a changé d'avis, on pourrait faire la verticale ?"
- "Pas de problème, faites route directe sur Compiègne, pas de trafic à vous signaler jusqu'aux Marais d'Ensselisse"
- "Merci !"

Jusqu'où ? Hein ? Les marais de quoi ? T'as compris quoi ? Pendant que Patrick soigne la trajectoire - comprendre slalom entre les averses et la lecture de carte - je me plonge dans la carte à la recherche des marais... des marais de quoi ? Qu'est-ce-qu'il a dit ? C'est au Groland son truc ? Je cherche sur la carte, mais je ne trouve pas le nom que j'ai cru comprendre. Y-a bien des étangs et des marais droit devant. OK. Ah OK ! Ca doit être ça. M'enfin... des fois on se demande si on a la même carte que les contrôleurs.


Les marais vus par Google Earth


L'arrivée sur Compiègne se fera comme à l'accoutumée lorsque nous volons ensemble. Une grosse discussion sur la direction du vent et le choix de la piste. Déjà, la manche à air, n'est pas sur la carte VAC. Nous avons scruté le terrain à la recherche d'un truc rayé de blanc et rouge. On a bien repéré un énorme H sur une aire en béton et une toute petite manche-à-air. En plus, elle est plutôt plein travers. Dans ce cas, pas facile de choisir. A deux dans l'avion. On discute on échange nos impressions juste avant la verticale. Finalement, ce sera la 05. C'est le CDB qui décide. Il est là pour ça. Voilà, ça c'est fait. On se pose en 05.


L'arrivée et le départ de Compiègne



Une photo pour tout ceux qui comme moi
n'avait jamais vu une balise NDB de près



Entre ciel gris (noir ?) et soleil


Posé-pas-cassé à Compiègne. Il fait frisquet. Ca soufle. Patrick a juste eut le temps de voir une rafale au roulage après s'être posé. Ouf. Changeons d'équipage. J'avais jeté un oeil à la jauge d'essence et elle me semblait étonnemment basse. On nous a appris à ne jamais faire confiance à la jauge, alors nous décidons de refaire un bilan carburant dans l'avion. Avant de démarrer, Patrick prend le carnet et après quelques minutes de silence.

- "Eh, dis donc, tu te serais pas gouré ! T'as compté l'heure du Plein Complet au départ ?"
- "Hein ? 20 minutes + 50 minutes, et... zutttttttttttt j'ai oublié de compter l'heure de la ligne du plein complet... au départ... zut... zut..." (censuré)

On était pas trop de deux. Calcul rapide dans le cockpit. En rajoutant l'heure que j'ai oublié... on va vraiment être trop juste. Entre la réglementation et notre volonté de ne pas fliter avec les limites, nous foncons sur la VAC pour voir si l'on peut avitailler. Je sors le téléphone portable et prend le numéro de l'aéroclub qui est là... cent mètre derrière nous.

- "Allo ?"
Euh... comment expliquer que j'appelle de l'avion posé au sol, pour savoir si on peut prendre de l'essence ?
- "Euh... on est le DR221 qui vient de se poser, et on voulait savoir si on pouvait avitailler ?"
- "Oui, pas de problème"
- "Bon, ba... on arrive alors"

On arrive, oui. On arrive en avion... mais en roulant.

Le plein effectué, il est temps de repartir. Départ en 05 dans une averse (encore). L'avion, qui vient de décoller juste devant nous, a décidé de filer directement par la droite dans la montée initiale. Nous nous avons continué comme publié sur la carte, pour rejoindre le vent arrière comme prévu. C'était de la pluie mais au travers de laquelle on voyais très bien. Mais nous ne nous attarderons pas trop quand même, parce pluie + soleil sur pare brise est très peu compatible avec le VFR comme en témoigne la photo ci-après :





Le retour sera presque "normal". Nous effectuerons une verticale CREIL au dessus des Transal bien allignés sur le Tarmac. Nous ne verrons que les hangars protégeant en bout de 05, les Mirages 2000 prêts au décollage. Nous croiserons un Falcon qui passera au dessus de nous et disparaîtra dans les nuages. Nous, nous resterons vers 1300 ft QNH 1023. Sous la pluies, mais hors des nuages.

Nous continuerons à nous exercer à la lecture de carte. Le pilote, à gauche, avec le doigt sur la carte et le copilote à droite, disposant du GPS pour alerter okazou. Une erreur dans le réglage de l'OBS 079 au lieu de 091 de PON nous amènera à de jolies évolutions pour éviter d'avoir une camionette bleue à notre arrivée à Saint-Cyr. Regardez la trace GPS ci-dessous. Surtout en haut de l'image



Finalement, on était pas trop de deux pour ce vol ! Nous, les GPS, la météo et les contrôleurs.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Beau récit encore une fois Vincent !

Si on n'a pas encore planifié ce fameux déjeuner avec Régis, peut-être se croisera t-on en revanche à St Cyr ?

Par ailleurs, utiliserais tu PocketFMS sur ton PDA par hasard ?

J'ai des questions à te poser en mail privé...
Merci !

Anonyme a dit…

jolie relevé GPS je sen kvou aimez avoir chaud o fesses!!!!lol

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