J'ai eut un vol traumatisant, un jour. C'était durant un de mes premiers vol en local. Rien de bien grâve après coup, mais c'est le genre de détails qui reste.
Depuis cette histoire, j'ai donc toujours un ou deux crayons de rechange. Ils doivent être planqués dans un des innombrables sacs que je trimballe (pour rien). M'enfin.
Par contre, Peps m'a battu à plat de couture lorsque j'ai découvert qu'il trimballait une sorte de petite trousse avec tous ses stylos de secours (photo-preuve à l'appui) !
Y-a qu'un truc qui cloche. Et s'il perd sa trousse ? Il perd tous ses crayons ? Ah, mais peut-être a-t-il des crayons de rechange à un autre endroit, le bougre.
7.5.06
1.5.06
Bonne nuit les navions...
Je me rappelle encore la première fois où j'ai ouvert, tout seul, le hangar des avions. Le hangar du haut comme on l'appelle. Celui avec le plus d'avion dedans. Il faisait sombre et il n'y avait alors pas un bruit. Lorsque j'ai fait glisser les grandes portes qui donnent sur les pistes, la lumière a alors envahi le petit hangar et j'ai été surpris du nombre d'avion que l'on pouvait y loger.
En fait, le matin c'est de la "rigolade". Sortir les avions, c'est facile. Il suffit de les tirer/pousser et d'éviter les obstacles. Ensuite, il faut les mettre sur les lignes blanches sur le parking. Facile.
Le plus dur, c'est de rentrer tous les avions. Je n'ai pas honte de le dire, mais le DR-221 (avec la roulette à l'arrière pour les incultes) n'est pas le plus évident à placer dans ce hangar. Il faut viser. Et bien. Mais ça s'apprend. C'est comme tout le reste. Le pilotage et le rangement d'avion.
En fait, le matin c'est de la "rigolade". Sortir les avions, c'est facile. Il suffit de les tirer/pousser et d'éviter les obstacles. Ensuite, il faut les mettre sur les lignes blanches sur le parking. Facile.
Le plus dur, c'est de rentrer tous les avions. Je n'ai pas honte de le dire, mais le DR-221 (avec la roulette à l'arrière pour les incultes) n'est pas le plus évident à placer dans ce hangar. Il faut viser. Et bien. Mais ça s'apprend. C'est comme tout le reste. Le pilotage et le rangement d'avion.
29.4.06
J'ai la tête qui tourne
Quelques collages d'images... et voici des panoramiques sur 360° de Raiatea, Fare... et en cadeaux bonux la vraie plage de Maho beach, au seuil de la 09 de Princess Juliana (TNCM). Il vous faudra QuickTime pour pouvoir avoir la tête qui fait un tour complet.
On commence par Raiatea (NTTR)...
... puis Fare (NTTH)...
... et Tahiti Faa'a (NTAA)...
... et en finale sur la 29 de Bora Bora (NTTB)...
... juste à côté de la tour de Bora alors qu'un ATR d'Air Tahiti se pose...
... et l'un des plus beau endroit pour spotter : Maho Beach à Saint-Martin, au seuil de la piste 09 de TNCM Princess Juliana
On commence par Raiatea (NTTR)...
... puis Fare (NTTH)...
... et Tahiti Faa'a (NTAA)...
... et en finale sur la 29 de Bora Bora (NTTB)...
... juste à côté de la tour de Bora alors qu'un ATR d'Air Tahiti se pose...
... et l'un des plus beau endroit pour spotter : Maho Beach à Saint-Martin, au seuil de la piste 09 de TNCM Princess Juliana
14.4.06
Un complet à 10,000 ft
Encore la tête pleine de tours de piste sur LFHU (cf. ce récit), je monte de nouveau au terrain. Pas de ski ce matin. Il fait beau, certes, mais un avion m'attend. Ma bouteille à la mer envoyée sur La Pilotlist m'a mis en contact avec Yannick G. (le "y" de la XYRdavie). Ce dernier a prévu une promenade avec Philippe G., un autre pilote de plaine au départ du Versoud. Il monte à l'Alpe d'Huez, passe me prendre, pour une de mes plus belles ballades.
Je n'ai jamais vu ni Yannick, ni Philippe. Nous avons juste échangé quelques mails et SMS. La magie des nouvelles technologies, juste pour partager une même passion. La "même" ? Pas tout à fait. Je ne suis qu'un pilotaillon de plaine. Les tours de piste de la veille m'ont laissé croire que voler dans le coin est une autre façon de voler. Mais je n'ai encore rien vu.
L'avion qui m'attend sur la plate forme de l'altiport Henri Giraud est un Jodel D140 Abeille immatriculé F-BOPT. Ce n'est rien d'autre que le dernier avion d'Henri Giraud lui-même. Toute une histoire sur un terrain qui porte son nom. Comme me le souligne Yannick, l'Abeille initialement prévu pour faire du remorquage de planeurs dispose d'une excellente vision vers l'arrière grâce à une grande verrière. Et une grande verrière, nous en aurons besoin tellement nous allons être submergés par le décor !
Nous prenons place, tous les trois, dans le Jodel. Philippe me laisse la place droite. Nous sortons et préparons nos appareils photos tels deux martiens. Le décollage est sans problème. L'avion glisse tout seul (ou presque, magie XYRdave), s'envole puis Yannick l'emmène vers la gauche. L'Alpe d'Huez est derrière nous et nous longeons sur notre droite les pistes du domaine d'Auris. C'est sans regret de ne pas faire de ski que "j'ai la banane" en place droite. L'air est calme et déjà j'en prends plein les mirettes. On quitte l'AFIS de l'Alpe d'Huez pour passer sur 130.00, la fréquence montagne sur laquelle quelques avions et hélicoptères évoluent. Je ne comprends pas tout. C'est truffé de coins saugrenus aux noms peu évocateurs pour le parisien que je suis. Plus tard, je filerais sur une carte Michelin et sur Internet à la recherche de tous ces cols, altisurfaces, crêtes, cirques et autres glaciers. Je trouverais des récits qui me feront encore et encore refaire ce vol.
Il nous faut attraper, sur les quelques crêtes qui nous mènent vers le col des Quirlies, les thermiques qui nous aideront à nous élever encore un peu plus. Le terrain de jeu choisi par Yannick est le glacier de St Sorlin. On aura beau me dire qu'il est connu, que c'est un glacier pour l'écolage... Etc... Que neni, vous n'arriverez pas à me le rabaisser. Où que l'on n'aille se poser, Philippe et moi serions ravis. Que St-Cyr est loin.
Parti de 6.100 ft, le glacier de St Sorlin culmine vers les 10.000 ft. Il nous faut donc monter... et monter encore. Les blagues fusent quant au chargement arrière. Le vario est poussif, mais grâce à lui, Philippe et moi avons le loisir de profiter de quelques tours sur le Quirlies, en regardant l'altimètre monter de 500 ft par tour.
Juste sur le col de Quirlies, deux skieurs randonneurs finissent leur ascension. Nous finissons nos tours et filons au travers du col pour découvrir le glacier de St Sorlin. Le Mont Blanc, tout au fond, se dévoile alors et nous entendons un autre appareil sur la fréquence. Il tourne aussi sur le même glacier. Il semble plus léger que nous, il est rapidement plus haut et effectue quelques posés-décollés. Il a choisi le même terrain de jeu.
"Là où c'est tout blanc. C'est là qu'on se pose"
En base main gauche.
Nous effectuons aussi avec Yannick, lui aussi, quelques posés décollés. Je suis impressionné par l'absence de repères propres aux atterrissages. Pratiquement aucune trace sur le glacier si ce n'est l'autre Jodel qui s'amuse également et qui laisse de grandes courbes sur les flancs du glacier. Il y a de la place et le choix pour se poser. Justement. Où est le point d'aboutissement ? Comment estimer la neige ? La pente ?Dure ? Molle ? Glacé ? Comment évaluer le relief de ce sol uniformément blanc ? Et le virage qui nous ramène dans la pente, comment l'aborder ? Il faut apprendre, connaître, reconnaître, pratiquer et s'entrainer. C'est une autre aviation.
Des turbulences en forme de dégueulantes nous tabassent en finale. Au bout du troisième ou quatrième posé décollé, Yannick vise un peu plus haut pour stopper en haut du glacier. L'autre Jodel (F-PDDA) vient également d'annoncer un stop de quelques minutes. Une rencontre imprévue s'annonce à 10.0000 ft sur un glacier.
Nous voilà posé et j'hésite à sortir. A plus de 3000 mètres après cette promenade entre les montagnes, j'ai l'impression d'être ailleurs. J'ouvre la verrière et demande bêtement à Yannick si je peux descendre. Je saute de l'aile et je m'enfonce dans 30 cm dans la neige fraîche. J'ai bien fait de prendre les chaussures de randonnées. Comment a-t-on pu se poser à plusieurs reprises sur cette neige ? Philippe et Yannick sortent à leur tour. Trois martiens vont à la rencontre d'un autre pilote. Petite recontre au sommet. Petite promenade à nous quatre sur ce glacier à discuter de tout et de rien, des conditions de telles altisurfaces, de la neige, celle qu'on aura, qu'on a eut, des prochains vols, des vols passés...
Comme d'habitude, toutes les bonnes choses ont une fin. Il nous faut rentrer. F-PDDA est le premier prêt. J'en profite, tel le touriste moyen, pour faire une vidéo de son décollage. Et c'est maintenant que commence le bizutage des pilotes de plaine. Vu le soleil, les skis ont collé à la neige du glacier. Plein gaz malgré la pente, le Jodel vert ne bouge pas. Pas d'un centimètre. Nous nous approchons afin de soulager les ailes et de faire bouger l'appareil sur ses skis. C'est tout de même environ 50 mètres à faire dans 30 cm de poudreuse et à 3000 mètres d'altitude. Le tout à un rythme rapide. Ca ne fait que commencer. Deuxième tentative. Plein gaz, l'avion ne bouge toujours pas. A force de tenter de soulever l'aile, j'ai de la neige jusqu’aux genoux. Il nous faut enlever la neige épaisse de devant les skis et faire sur quelques mètres deux sillons damés. Toujours à plus de 3000 mètres. Le souffle commence à me manquer.
Troisième tentative. Toujours pas. Un ski a bougé, mais pas l'autre. On recommence. Re-dammage. Re à 3000 mètres. J'ai l'impression d'avoir un sac de 100 kg sur les épaules et que quelqu'un m'empêche de respirer (vous pourriez rallumer l'oxygène, s'il vous plait ?). Et je damme la neige. Je descends sur 10 mètres la pente. Et je la remonte. Et je la redescends. Quatrième tentative. Enfin F-PDDA s'élance, laissant derrière lui un nuage de neige, il glisse lentement vers le bas du glacier, il accélère peu à peu, continue sa glissage, accélère très peu, puis disparaît de nos yeux... puis s'envole.
Nous restons, là, tous les trois avec l'Abeille F-BOPT. Re(re)(re ?)dammage devant les skis. Après quelques minutes, nous montons tous les trois à bord. Plein gaz. Le Jodel ne bouge pas. F-PDDA est resté en reconnaissance et je le vois et l'entend tournoyer au dessus du glacier, pour voir comment nous nous en sortons. Je l’entends à la radio suggérer de laisser les passagers sur le glacier pour que l'avion "se décolle" de la neige. Philippe et moi descendons. J'hésite à prendre "toutes mes affaires". Yannick décollera et reviendra... certainement ;-)
Philippe et moi, chacun à une extrémité de l'aile tentons d'allécher le Jodel. Je m'enfonce dans la neige poudreuse à essayer de soulever un avion en le prenant par le saumon. Toujours à 3000 mètres d'altitude et cette fois-ci totalement vidé. Mais ce n'est pas fini. C'est du bizutage en règle de pilote de plaine !
La neige crisse sous les skis de F-BOPT. Plein gaz, il bouge ! L'avion glisse enfin sur les traces de F-PDDA. Petite accélération dans la pente, disparition au bas du glacier et le Jodel s'envole. Philippe et moi restons, là... toujours à 10.000 ft. Seuls. Deux avions en l'air tournent. Et deux touristes sont sur le glacier. On se sent bien isolé.
Rapidement Yannick se représente en finale. Nous remontons rapidement (à 3000 mètres d'altitude et dans la poudreuse tout est relatif) vers le haut du glacier estimant comme nous le pouvons le rayon du virage que va prendre Yannick. Touché... virage... et l'avion se représente vers nous, doucement, glissant sur les traces des précédents décollages. F-BOPT est dans la pente. Presque face à nous. Il glisse.... Nous courrons (dans la neige) à ses côtés... espérant l'attraper... Et il ne s'arrête pas... Il passe lentement... très lentement... 10 mètres, 20 mètres, 30 mètres... l'avion prend un peu de vitesse. Il ne faut pas qu'il s'arrête. Pas là, sinon on est reparti pour (re)damer. J'accélère le pas, mais à cette altitude et avec cette neige impossible d'accélérer. L'avion lui n'a plus le choix. Yannick remet les gaz. C'est reparti pour un tour. Je viens de courir sur 100 mètres (même si ça descend) à 3000 mètres d'altitude dans 30 cm de poudreuse. Après les poumons, ce sont les jambes qui lâchent.
Deuxième essai. C'est le bon. Atterrissage en haut du glacier. Prise des traces dans le virage et redescente juste-comme-il-faut pour bien se placer et... s'arrêter. Philippe et moi courons de nouveau après l'avion, puis arrivons à "sauter" dans l'habitacle (au sens propre comme au figuré). Pas de le temps de se taper les pieds pour enlever la neige ! Verrière verrouillée, attachés, casque sur la tête ! Plein gaz on repart !
De gauche à droite : Philippe Graille, Yannick Gerrer et votre serviteur.
Le photographe n'est autre que Christian, l'AFIS.
J'ai beau ne pas avoir de camescope et surtout de vouloir profiter du vol, j'ai tout de même ramené quelques bouts de vidéo. Ils sont "montés" dans le petit film ci-après :
Quelques photos issues de l'appareil de Philippe G. :
Je n'ai jamais vu ni Yannick, ni Philippe. Nous avons juste échangé quelques mails et SMS. La magie des nouvelles technologies, juste pour partager une même passion. La "même" ? Pas tout à fait. Je ne suis qu'un pilotaillon de plaine. Les tours de piste de la veille m'ont laissé croire que voler dans le coin est une autre façon de voler. Mais je n'ai encore rien vu.
L'avion qui m'attend sur la plate forme de l'altiport Henri Giraud est un Jodel D140 Abeille immatriculé F-BOPT. Ce n'est rien d'autre que le dernier avion d'Henri Giraud lui-même. Toute une histoire sur un terrain qui porte son nom. Comme me le souligne Yannick, l'Abeille initialement prévu pour faire du remorquage de planeurs dispose d'une excellente vision vers l'arrière grâce à une grande verrière. Et une grande verrière, nous en aurons besoin tellement nous allons être submergés par le décor !
Nous prenons place, tous les trois, dans le Jodel. Philippe me laisse la place droite. Nous sortons et préparons nos appareils photos tels deux martiens. Le décollage est sans problème. L'avion glisse tout seul (ou presque, magie XYRdave), s'envole puis Yannick l'emmène vers la gauche. L'Alpe d'Huez est derrière nous et nous longeons sur notre droite les pistes du domaine d'Auris. C'est sans regret de ne pas faire de ski que "j'ai la banane" en place droite. L'air est calme et déjà j'en prends plein les mirettes. On quitte l'AFIS de l'Alpe d'Huez pour passer sur 130.00, la fréquence montagne sur laquelle quelques avions et hélicoptères évoluent. Je ne comprends pas tout. C'est truffé de coins saugrenus aux noms peu évocateurs pour le parisien que je suis. Plus tard, je filerais sur une carte Michelin et sur Internet à la recherche de tous ces cols, altisurfaces, crêtes, cirques et autres glaciers. Je trouverais des récits qui me feront encore et encore refaire ce vol.
Il nous faut attraper, sur les quelques crêtes qui nous mènent vers le col des Quirlies, les thermiques qui nous aideront à nous élever encore un peu plus. Le terrain de jeu choisi par Yannick est le glacier de St Sorlin. On aura beau me dire qu'il est connu, que c'est un glacier pour l'écolage... Etc... Que neni, vous n'arriverez pas à me le rabaisser. Où que l'on n'aille se poser, Philippe et moi serions ravis. Que St-Cyr est loin.
Parti de 6.100 ft, le glacier de St Sorlin culmine vers les 10.000 ft. Il nous faut donc monter... et monter encore. Les blagues fusent quant au chargement arrière. Le vario est poussif, mais grâce à lui, Philippe et moi avons le loisir de profiter de quelques tours sur le Quirlies, en regardant l'altimètre monter de 500 ft par tour.
Juste sur le col de Quirlies, deux skieurs randonneurs finissent leur ascension. Nous finissons nos tours et filons au travers du col pour découvrir le glacier de St Sorlin. Le Mont Blanc, tout au fond, se dévoile alors et nous entendons un autre appareil sur la fréquence. Il tourne aussi sur le même glacier. Il semble plus léger que nous, il est rapidement plus haut et effectue quelques posés-décollés. Il a choisi le même terrain de jeu.
"Là où c'est tout blanc. C'est là qu'on se pose"
En base main gauche.
Nous effectuons aussi avec Yannick, lui aussi, quelques posés décollés. Je suis impressionné par l'absence de repères propres aux atterrissages. Pratiquement aucune trace sur le glacier si ce n'est l'autre Jodel qui s'amuse également et qui laisse de grandes courbes sur les flancs du glacier. Il y a de la place et le choix pour se poser. Justement. Où est le point d'aboutissement ? Comment estimer la neige ? La pente ?Dure ? Molle ? Glacé ? Comment évaluer le relief de ce sol uniformément blanc ? Et le virage qui nous ramène dans la pente, comment l'aborder ? Il faut apprendre, connaître, reconnaître, pratiquer et s'entrainer. C'est une autre aviation.
Des turbulences en forme de dégueulantes nous tabassent en finale. Au bout du troisième ou quatrième posé décollé, Yannick vise un peu plus haut pour stopper en haut du glacier. L'autre Jodel (F-PDDA) vient également d'annoncer un stop de quelques minutes. Une rencontre imprévue s'annonce à 10.0000 ft sur un glacier.
Nous voilà posé et j'hésite à sortir. A plus de 3000 mètres après cette promenade entre les montagnes, j'ai l'impression d'être ailleurs. J'ouvre la verrière et demande bêtement à Yannick si je peux descendre. Je saute de l'aile et je m'enfonce dans 30 cm dans la neige fraîche. J'ai bien fait de prendre les chaussures de randonnées. Comment a-t-on pu se poser à plusieurs reprises sur cette neige ? Philippe et Yannick sortent à leur tour. Trois martiens vont à la rencontre d'un autre pilote. Petite recontre au sommet. Petite promenade à nous quatre sur ce glacier à discuter de tout et de rien, des conditions de telles altisurfaces, de la neige, celle qu'on aura, qu'on a eut, des prochains vols, des vols passés...
Comme d'habitude, toutes les bonnes choses ont une fin. Il nous faut rentrer. F-PDDA est le premier prêt. J'en profite, tel le touriste moyen, pour faire une vidéo de son décollage. Et c'est maintenant que commence le bizutage des pilotes de plaine. Vu le soleil, les skis ont collé à la neige du glacier. Plein gaz malgré la pente, le Jodel vert ne bouge pas. Pas d'un centimètre. Nous nous approchons afin de soulager les ailes et de faire bouger l'appareil sur ses skis. C'est tout de même environ 50 mètres à faire dans 30 cm de poudreuse et à 3000 mètres d'altitude. Le tout à un rythme rapide. Ca ne fait que commencer. Deuxième tentative. Plein gaz, l'avion ne bouge toujours pas. A force de tenter de soulever l'aile, j'ai de la neige jusqu’aux genoux. Il nous faut enlever la neige épaisse de devant les skis et faire sur quelques mètres deux sillons damés. Toujours à plus de 3000 mètres. Le souffle commence à me manquer.
Troisième tentative. Toujours pas. Un ski a bougé, mais pas l'autre. On recommence. Re-dammage. Re à 3000 mètres. J'ai l'impression d'avoir un sac de 100 kg sur les épaules et que quelqu'un m'empêche de respirer (vous pourriez rallumer l'oxygène, s'il vous plait ?). Et je damme la neige. Je descends sur 10 mètres la pente. Et je la remonte. Et je la redescends. Quatrième tentative. Enfin F-PDDA s'élance, laissant derrière lui un nuage de neige, il glisse lentement vers le bas du glacier, il accélère peu à peu, continue sa glissage, accélère très peu, puis disparaît de nos yeux... puis s'envole.
Nous restons, là, tous les trois avec l'Abeille F-BOPT. Re(re)(re ?)dammage devant les skis. Après quelques minutes, nous montons tous les trois à bord. Plein gaz. Le Jodel ne bouge pas. F-PDDA est resté en reconnaissance et je le vois et l'entend tournoyer au dessus du glacier, pour voir comment nous nous en sortons. Je l’entends à la radio suggérer de laisser les passagers sur le glacier pour que l'avion "se décolle" de la neige. Philippe et moi descendons. J'hésite à prendre "toutes mes affaires". Yannick décollera et reviendra... certainement ;-)
Philippe et moi, chacun à une extrémité de l'aile tentons d'allécher le Jodel. Je m'enfonce dans la neige poudreuse à essayer de soulever un avion en le prenant par le saumon. Toujours à 3000 mètres d'altitude et cette fois-ci totalement vidé. Mais ce n'est pas fini. C'est du bizutage en règle de pilote de plaine !
La neige crisse sous les skis de F-BOPT. Plein gaz, il bouge ! L'avion glisse enfin sur les traces de F-PDDA. Petite accélération dans la pente, disparition au bas du glacier et le Jodel s'envole. Philippe et moi restons, là... toujours à 10.000 ft. Seuls. Deux avions en l'air tournent. Et deux touristes sont sur le glacier. On se sent bien isolé.
Rapidement Yannick se représente en finale. Nous remontons rapidement (à 3000 mètres d'altitude et dans la poudreuse tout est relatif) vers le haut du glacier estimant comme nous le pouvons le rayon du virage que va prendre Yannick. Touché... virage... et l'avion se représente vers nous, doucement, glissant sur les traces des précédents décollages. F-BOPT est dans la pente. Presque face à nous. Il glisse.... Nous courrons (dans la neige) à ses côtés... espérant l'attraper... Et il ne s'arrête pas... Il passe lentement... très lentement... 10 mètres, 20 mètres, 30 mètres... l'avion prend un peu de vitesse. Il ne faut pas qu'il s'arrête. Pas là, sinon on est reparti pour (re)damer. J'accélère le pas, mais à cette altitude et avec cette neige impossible d'accélérer. L'avion lui n'a plus le choix. Yannick remet les gaz. C'est reparti pour un tour. Je viens de courir sur 100 mètres (même si ça descend) à 3000 mètres d'altitude dans 30 cm de poudreuse. Après les poumons, ce sont les jambes qui lâchent.
Deuxième essai. C'est le bon. Atterrissage en haut du glacier. Prise des traces dans le virage et redescente juste-comme-il-faut pour bien se placer et... s'arrêter. Philippe et moi courons de nouveau après l'avion, puis arrivons à "sauter" dans l'habitacle (au sens propre comme au figuré). Pas de le temps de se taper les pieds pour enlever la neige ! Verrière verrouillée, attachés, casque sur la tête ! Plein gaz on repart !
De gauche à droite : Philippe Graille, Yannick Gerrer et votre serviteur.
Le photographe n'est autre que Christian, l'AFIS.
J'ai beau ne pas avoir de camescope et surtout de vouloir profiter du vol, j'ai tout de même ramené quelques bouts de vidéo. Ils sont "montés" dans le petit film ci-après :
Quelques photos issues de l'appareil de Philippe G. :
Le F-BOPT au départ de Grenoble
Les 21 virages qui montent à l'Alpe d'Huez
Plein les mirettes !
Elle est pas un peu proche la paroie ?
Comment faire des vidéos avec les moyens du bord
Oui, là on va se poser...
Soif !
Instant de recueillement ;-)
Et ça papotte à 3000 mètres...
Damage de neige...
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