14.6.03

Cette fois-ci, le gamin est sorti de son jardin d’enfant (épisode 5)

Qu’est-ce-que j’aimerais « être lâché » encore une fois. J’ai encore cette sensation d’avoir fait quelque chose qui ne se reproduira plus. M’enfin. Mon dernier vol n’a rien d’exceptionnel. Rien d’exceptionnel pour le commun des mortels. Pour moi, il s’agit encore d’un éternel recommencement : j’ai toujours les yeux grands ouverts. Evidement les quelques lignes qui suivent n’intéresseront que les passionnés d’aviation ou de simulation en quête de savoir comment se passe une instruction PPL. Pour les autres, désolé, pas de looping, de boucle ou d’autres trucs spectaculaires. Au programme de ce vol, la 1ère navigation...

Xavier, mon instructeur, m’avait prévenu. Il faudra dorénavant prévoir de bloquer deux créneaux de suite (2 x 1,5 h). Les navigations prennent plus de temps, forcément on va plus loin. Cela ne va pas simplifier mon emploi du temps. Au programme de ce vol : la navigation par l’estime. On commence simple (que ceux qui ont compris « la navigation par le pif » passent leur tour).

Premier changement : on prend le temps au briefing. On pose les concepts, les idées, on questionne, on écoute les réponses : on apprend. Et on sort le matériel. Ce jour, j’ai découvert (je m’en doutais un peu quand même) une autre partie de l’aviation : la préparation de vol. « Ouvrez vos cartables et sortez vos fournitures » : crayon noir (et même « gras » qu’il a dit l’instructeur), une règle graduée (bizarrement), un rapporteur, des cartes (en veux-tu en voilà de toutes les tailles et de toutes les couleurs… toutes celles dont on rêve lorsque l’on fait du Flight Simulator), des METAR, des NOTAM, des prévisions météo, des chiffres et des valeurs louches (comme « fb » notre pôte le facteur de base). C’est étonnant comment un paquet de chose deviennent « aéro » lorsqu’elles sont entre les mains d’un pilote ou un d’instructeur (je vous rappelle que je ne suis ni l’un, ni l’autre). Bienvenue dans un monde meilleur :-D !

Ce matin, j’ai oublié de prendre un truc : le mode cerveau actif. Incapable de faire une addition proprement ou une division. Lamentable. Foutez-moi à la poubelle. C’est incroyable comme l’aviation, ça intimide. A moins que ce soit l’effet « retour à l’école ». Note pour plus tard : observer ma fille, Camille 8 ans, pour voir comment elle fait et lui chaparder ses cahiers de classes à la recherche de règles de maths de base. Après quelques hésitations on rempli gentiment le « log de nav » (c’est comme ça qu’il faut dire ?). St-Cyr – Dreux et retour, c’est pas bien long. Ca n’a pas l’air bien difficile. J’ai bien fait des Tahitti – Faa – Maupiti avec tous les touch and go imaginable en chemin, alors c’est pas un saut de puce d’une demie heure qui va m’impressionner. On fait quelques estimations : à quelle heure passera-t-on par là ? A quelle cap partir ? Comment revenir ? D’où vient le vent (ah, elle est pas drôle celle-là dans ce contexte…)

J’avais déjà perçu cela au vol précédent. Au-delà du tour de piste et si on change un peu le décor, j’ai le CPU qui s’overclock tout seul. Malgré la préparation de la nav, je découvre tout : (1) l’environnement, je sors de mon tour de piste et tout change (2) l’avion qui vole presque tout droit et tout seul lorsqu’il est correctement compensé (3) qu’il y a plein de nouveaux trucs dans ce cockpit ! : une montre, une carte (toujours mal pliée ou bien avec la destination qui est pile-poil sur la pliure), la zoli planchette avec le crayon qui n’est pas à sa place, des points de repère qui n’apparaissent pas ou se cachent, le log de nav devenu illisible (un cockpit ce n’est pas une salle de briefing, note pour plus tard : prendre soin de la rédaction et trouver un crayon gras ou lisible, au choix), mais surtout il y a une chose nouvelle : le temps passe super vite ET il n’y a pas de PAUSE !! Arrrrrghhhhhh On a beau chercher calmement le premier point de repère (toujours très lisible sur la carte), l’avion continu son chemin tout droit (ou presque). Pas de F9 (pour appeler FSNAV que je m’interdit d’utiliser depuis peu) et surtout pas de pause ! Il faut se débrouiller sans. A l’heure qu’il est (plusieurs jours après cette nav, donc) je n’ai toujours pas trouvé mon village. On fera sans. On continue au cap. Têtu, le garçon.

Ca sent un peu le bizutage. Deuxième piège trouver le terrain d’arrivée. Autant être franc tout de suite, je ne l’ai pas trouvé. C'est Xavier qui me l’a indiqué. Même s’il paraît que LFON (Dreux pour les intimes) est particulièrement bien planqué dans le tissu urbain, je reste honteux de ne pas avoir trouvé tout seul mon 1er terrain. Ca servira de leçon. Savoir lire le paysage est une technique que je devrais travailler (y-a du boulot croyez-moi). C'est incroyaaaaable comme les terrains se détachent bien du décor dans Flight Sim... (prochaine NAV : ORLY... je trouverais bien une des pistes... en dur)

Troisième piège : l’intégration. A St-Cyr tout semble (presque) simple (et tout est relatif). Les repères, la voix du contrôleur, le décor. A Dreux, on est loin (snif… snif) en auto-info, et dehors, rien ne ressemble à St Cyr ! Pas de derrick, pas de château de Versailles, pas d'A12.... La verticale pour jeter un œil sur la manche, puis retrouver le vent arrière. Un avion fait des tours de pistes. Ca fera un peu de trafic. On rentre pour la 04. Le top en passant le seuil... le virage pour la base... le dernier virage... biin diouuuu v’la la piste et elle est pas grand c’te piste... Je ne sais pas pourquoi mais à ce moment là, je me suis mis dans la tête qu’il fallait que je touche... assez tôt... voir "le plus tôt posssible". Encore une erreur. Si Xavier ne m’avait pas repris, je me serais payer les arbres au seuil (voir les grosses grues jaunes en bordure avec la chance que j’ai) et j’aurais touché encore plus tôt. Vous voyez le seuil là ? Le petit rectangle de ciment... et bien moi j’ai touché tout là-bas... oui... oui... là bas... bien avant. Donc trop tôt. Ca servira de leçon. On est là pour ça.

Pas le temps de traîner (on est là pour voler nan ? Pas pour rouler !), on libère la 04 et on remonte dans la foulée pour le point d’arrêt. On (re)décolle sans problème (tiens ici aussi ils ont une altération de cap ?)... et on (re)déroule la nav. à l’envers. Pour ne pas perdre la main et alors qu’on était peinard sur le chemin du retour, Xavier tirera la manette des gaz et annoncera un très zoli « panne en campagne » (c’est quoi cette manie des instructeurs ? Zon un problème ?). Même si j’ai trouvé encore mon choix de champs... disons... oui disons-le : pourri (c'est à dire minuscule, avec une haie d’arbre au bout), on s’en ai pas trop mal sortie, parait-il. Remise de gaz et cette fois-çi on rentre.

Pour ne rien gâcher, je décide d’oublier totalement ce qu’il est bon ton de dire dans le micro... et donc 2 ou 3 phrases bafouillés et incompréhensibles plus tard, je retrouve ma 30 droite... Encore un truc à travailler.

De mémoire, l’arrondi était pas mal avec juste ce qu’il faut de conneries (pourquoi pousser le manche juste après le touché ?).

Allez, on ne garde que le meilleur et on travaille tout le reste.

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