- "Bon. Tu connais les tours de piste à St-Barth. Tu l'as fait il y a 2 ans. Grand-Case, on vient de le faire... hum... hum"
"Connaître... connaître". C'est lui qui le dit. Lui, qui y va tous les deux jours.
Moi, j'en ai encore plein les yeux. Et pendant que je me remémore ces images paradisiaques d'il y a 2 ans, Frank continue :
- "Ah... baa tiens, jeudi prochain, j'ai deux élèves qui doivent faire leur Nav avec moi. On va en Guadeloupe. Il y en a un qui fera l'aller et l'autre, le retour. Toi, tu pourras aller te promener là-bas ? Ca te dit ?"
Voilà. Frank vient de me refaire le coup "d'il y a deux ans". Gloups. Glurps... J'en ai encore des frissons.
Rendez-vous est donc pris pour le jeudi suivant. 08h00 à l'aéroclub. Pas facile de s'endormir, mais pas difficile de se lever. Je suis encore un tout petit peu dans le décalage horaire, mais c'est surtout l'excitation qui facilitera mon réveil. Je retrouve toute le monde dans les locaux d'Evasion Caraîbes. Un café, une TEMSI... Ah, la météo. Ici, on parle de tempète tropicale, de cyclone. Ils ont des symboles marrants sur leurs cartes qui n'ont pas du tout la même tête que celles que j'imprime de Saint-Cyr. Donc un café, la météo et un plan de vol plus tard, nous voici sur le tarmac de Grand-Case. C'est le rêve. La magie et le dépaysement continuent à opérer. Ici, on croise des ATR colorés, des transferts de fond en bi-moteur... du soleil et des couleurs qui fond réver. Mais, ça n'a même pas encore commencé. Pas encore.
En chemin vers l'aéroport du Raizet, j'entendrai à la radio des noms qui me fond toujours réver. Et je regarderai par la fenêtre du PA-28, comme un enfant devant une vitrine de jouets à Noël.
Bien sûr, on passera au dessus de l'incontournable Saint-Barth, mais aussi Saint-Kitts et juste en dessous Nevis, puis Antigua et MontSerrat. Bien entendu, je tendrai l'oreille essayant de suivre la phraséo anglaise. Ca sifflera de "Abeam VC Bird" (prononcer "ehhh bim vissi beurd") et autres barbarismes incompréhensibles pour le pilotaillon que je suis. Ca fuse, des liners tombent de niveau de vol improbables, des petits VFR décollent à droite et à gauche, ça s'intègrent dans tous les sens. Je ne sais plus où donner de la tête.
Le temps de refaire le plein au Raizet et de régler quelques paperasseries à la DGAC, Frank me propose la place gauche. Allons aux Saintes. J'avais un peu potassé la carte de TFFS(à télécharger ici). Evidement, il y a cette mention "USAGE RESTREINT" en haut qui attire le regard. Ensuite, il y a la tête du tour de piste publié. Et cette... euh... base ? C'est une base ? Une finale ? euh... Enfin, les consignes particulières rassurent. Ou inquiètent au choix : "Une formation spécifique délivrée par un instructeur agréé est exigée pour l’autorisation d’accès à l’aérodrome, conformément à l’instruction N° 1. DRAC/AG/D3 du 11 juillet 2003". Et puis aussi quelques remarques un peu "sport" : "Approche délicate (relief et turbulence)" et "TKOF RWY 27 interdit". Il doit y avoir quelques choses.
Mais c'est bon. J'ai mon Frank à bord. Alors, allons tâter de ce terrain !
Je vous passe le départ du Raizet et la prise de cap vers Les Saintes. Déjà, tout cela n'est que du bonheur. Du bonheur en barre. Et puis, on arrive sur 123.5 sur TFFS. Frank me répète le briefing rapidement, quelques conseils, quelques trucs et nous voilà sur cette branche du tour de piste.
Un mixte de base et de finale. On vise une coline avec une maison rouge. On vise quoi ? Où est la piste ? Hein.. cachée ? On vise la coline. T'es sûr ?
Ne pas viser une piste ou comme à St-Barth un repère (le creu du col mais avec une piste juste derrière) est très - très - perturbant pour moi. Impossible de tenir mon plan. Je vise une coline et n'ai pas de point de repère pour savoir si je suis trop haut ou trop bas. Dans toute cette panique, la vitesse non plus n'est pas bonne. Rien ne va. Et la piste, elle est où ? Ma première approche est... reprise par Frank. Forcément. Allez, hop touché... remise de gaz... on repart pour un tour. Je suis trempé (T-shirt, bermuda... tout y passe). Je me retrouve comme à mes premières heures d'instruction. Quel bonheur !
Nous voilà repartis pour un tour. Pourquoi ont-ils la manie, dans ces contrées, de planquer leurs pistes. Dès le début du vent arrière, on ne voit plus rien. En tout cas, plus la piste. Quand je pense qu'on dit que le tour de piste à St-Cyr est difficile. Dans son genre, oui. Mais dans un autre genre.
Deuxième approche. Deuxième essai. Et cette coline. Et le plan... et la coline... et la vitesse. On s'approche. Je devine la piste pas dans l'axe sur la gauche (une minuscule piste de moins de 600 mètres). Où est la piste ?!? Il faut se mettre en finale... la voilà... la vitesse... le virage... le plan... piquer du nez... la vitesse... le plan... badaboum ! Je suis en sueur. Je suis crevé. Heureusement que Frank est là. Je viens de "me poser" à TFFS. Je suis heureux.
Pour se remettre de ces émotions (je mettrais quelques minutes à sortir du PA28), un petit déjeuner est improvisé dans un restaurant derrière l'aérodrome. On reprend des forces. On reprend son soufle. Ce n'est pas fini. On garde "la banane". Nous sommes en vacances. On vient de se poser en PA28 sur ce terrain mythique. On savoure. On profite.
Mais il faut repartir. La météo n'est pas fantastique et il faut repasser au Raizet pour prendre de l'essence et un dossier météo. On ne va partir sans refaire un tour de TFFS. Il y a des amoureux comme ça.
Cela se passe mieux. Ou plutôt "moins pire". Je suis (très) loin de prétendre être capable de me poser tout seul, mais je comprend un peu mieux ce qui se passe. Je savoure aussi un peu plus. J'intellectualise moins. Bien sûr, ça a dû faire "BADABOUM" encore sur la piste en béton, mais c'est du bonheur. Deuxième atterrissage aux Saintes.
Avant de quitter Les Saintes, Frank me montre, tout comme il l'avait 2 ans plutôt à St-Barth, le tour de piste en 27. Dans l'autre sens. Là où la remise de gaz n'est pas autorisée. Deux "touristes" filment au bout de la plage. C'est l'occasion de... non... non de rien... ;-) On arrive pas un peu bas, là ?
Redécollage après l'atterrisage en 27. Demi-tour au bout de la 09. Les pieds sur les freins, plein gaz... on repars ! Du bonheur !!!!
Et enfin la route directe vers... Saint-François (TFFC, carte à télécharger ici). Pourquoi retourner au Raizet directement ?
Je n'en peux plus. Cela fait trop d'un coup. Trop de souvenirs à emmagasiner. Je ne suis pas encore parti que je me dit qu'il faut que j'y retourne. Un enfant dans un magasin de jouets.
A Saint-François, l'intégration est plus classique. Bon, ok, il y a la mer et le lagon... Mais c'est un terrain avec une piste qui n'est pas encaissée dans une vallée. On y voit la piste tout au long du tour. Alors forcément, je retrouve un peu mieux mes repères. Même si mon atterrissage reste... disons touristique.
Et puis après, puisqu'on aime ça, on ira à La Desirade (la carte est ici). Encore ! Encore !
Enfin, il faut rentrer. Vous êtes sûr ? Vous ne voulez pas rester ?
12.8.05
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2 commentaires:
Tout simplement magnifique ! Quelle chance tu as d'avoir vécu çà, et quelle chance nous avons de te lire ! Merci.
Putain, il m'avait pas fait faire tous ces terrains là, à moi, Franck !!
Va falloir que j'y retourne, c'est obligé ! :-)
Olivier
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