25.4.05

"Dans vos 8 heures, trafic Mirage F1 en rapprochement" (épisode 38)

- "X-Ray Hotel, le trafic Mirage F1 convergent dans vos 10 heures maintenant"
- "Euh... On a pris l'information trafic... et euh... on a pas le visuel, X-Ray Hotel"

Mon instruction PPL, pas si lointaine, ne m'avait pas vraiment préparé à répondre à ce genre de message radio. Nous sommes au nord-est d'AVORD. Il est 16h00. J'ai pénétré la classe D, avec une clairance et j'ai conservé 7000 au transpondeur. Le contrôleur militaire de la zone, très aimable, m'a autorisé à des évolutions au nord de sa zone. Nous sommes quatre dans le DR400-160 X-Ray Hotel avec pour objectif d'effectuer un survol de la (fameuse) maison familiale. Habitude classique de pilotailon du dimanche. Le truc du jeune breveté. Vous l'aurez compris, le village à survoler est situé en plein classe D d'AVORD entre Bourges et Nevers. Coincé également entre quelques zone R (resticted) en rouge sur les cartes. La couleur veut tout dire.

A 210 km/h et presque 2000 ft QNH, on avance doucement. "Doucement" est le terme approprié surtout lorsqu'on le compare avec la vitesse d'un Mirage F1 qui me fonce dessus. Dès l'annonce du secteur de rapprochement ("10h00... oui... là, c'est 12h00, là c'est 09h00... donc 10h00 c'est par là"), j'ai tourné rapidement la tête vers la gauche à la recherche du "chalumeau". Ce n'est pas tous les jours qu'on vous annonce un trafic "Mirage F1". Mes trois passagers ont fait de même (tout le monde tourne la tête, quitte des yeux un la route, un autre la vigne vue d'en haut, un troisième la ville de Sancerre), certainement tous plus inquiets que je ne l'étais. A ce moment, je suis plutôt curieux. Mais tout bien pesé, nous sommes identifiés radar. Le contrôleur m'a donné rapidement l'information trafic. Il l'a aussi communiqué au pilote de chasse ("le truc VFR, c'est moi"). Mais nous avons tout de même quatre paires d'yeux à la recherche d'un point noir dans le ciel. Ce n'est pas de trop. Autant l'identifier et le localiser ce chasseur.

Et puis soudain, je le devine. A peine un point noir, à peine plus haut. Plutôt loin. Mais ce point noir qui pourrait être un liner dans le ciel, grossis rapidement. Très rapidement. Trop rapidement même. C'est devenu un point noir... avec des ailes. Je jette un regard rapide au mode du transpondeur. Il est bien sur ALT, puis je vérifie le panneau des éclairages en haut à droite sur ce DR400. Strobe, Nav sur ON... le chasseur arrive par derrière, au dessus... il ne sert à rien d'allumer un feux d'atterrisage. Une balise de détresse... une fusée rouge à la rigueur ou un truc qui fait "coucou, hé ooohhh on est là".

Le contrôleur me rappelle.

- "X-Ray Hotel, le Mirage F1 dans vos 8 heures maintenant"
- "Dans mes 8 heures... on peut descendre vers 1500 ft... on pense avoir le trafic en visuel, Fox-Xay-Hotel"
Puis coincé entre plusieurs communications en anglais (décidément, il y a du monde sur AVORD en ce lundi), je devine :
- "(Indicatif incompréhensible), trafic VFR DR-400, (je ne me souviens pas de la suite)"

Et j'imagine le contrôleur militaire signifer qu'un truc en bois et en toile, qui se traîne se trouve sur son chemin. Et j'imagine le pilote du Mirage chercher un bidule VFR, une sorte d'obstacle (pour lui un "truc à éviter") à peine mobile dans le ciel.

Le point noir est devenu un avion de chasse. Je devine ses bidons d'essence sous chaque ailes. Il va me passer au dessus. Il arrive vite. Plus vite qu'un Piper J3 en tour de piste à Saint-Cyr (à mon niveau d'expérience, je suis désolé "on a les références que l'on peut..."). Il semble entamer un virage sur sa droite. Pour m'éviter ?

- "Je le vois ! Il est là ! Il va nous passer juste au dessus... génial !" annonce-je dans la cabine.
Derrière, j'entend alors immédiatement un cri d'effroi.
- "Hein !?!? Comment !?!? Tu dis que le chasseur va nous passer au dessuuuuusss !?!?"

Je lâche un "Mais oui, tout va bien... c'est pas grâve... c'est juste un avion de chasse" avec un léger sourire, tentant de rassurer tout le monde, comme je peux. La météo n'est pas idéale pour un vol d'initiation (ça secoue un peu et on vole un peu bas au raz des nuages) et en plus les chasseurs de l'armée nous foncent dessus. Ca commence plutôt mal pour un baptème. Mais ça aurait pu être pire... on aurait... ah non, j'ai rien dit.

Je tiens mon altitude. Je tiens mon cap. Rapide scan de la planche de bord. Tout est au vert. Il ne manque plus que je retienne mon souffle. Au contraire, il faut respirer. Il ne se passe rien de grâve. C'est juste la 1ère fois (il en faut bien une) que je suis confronté à cette situation. Je ne sais pas quoi faire d'autres pour éviter de faire une bétise. Caaaaaaalme. J'ai beau réfléchir, je n'ai pas fait d'erreur (tout du moins je le crois).

Le F1 vire au dessus de nous. Tout cela n'a pas plus duré que quelques secondes. Et je vois les trainées de condensation au bout de ses ailes. Comme à la télé. Comme dans mes rêves (sauf que je ne suis pas dans le bon appareil. Il faudrait être dans l'autre. On peut toujours trouver à vouloir être dans le fauteuil/cockpit des autres - jamais content). Comme dans les films, sauf qu'ici je suis dans un avion que je pilote et un chasseur me passe au dessus.

- "X-Ray Hotel, vous poursuivez, plus de trafic sur zone, veillez ma fréquence"
- "On poursuit... merci... X-Ray Hotel"

Le Mirage F1 s'éloigne par ma droite. Mes passagers ne le quittent plus des yeux. C'est l'attraction.

[...]De toutes les façons je l'avais locké sur mon radar. Il n'avait aucune chance. Il a bien vue qu'il ne pouvait rien faire contre mon DR-400. Rien faire contre mon pilotage. J'étais trop agile. Trop vif. Trop rapide. Je suis sûr qu'il a vu que j'allais tenter une maneuvre évasive et qu'il ne pourrait rien faire. Il aurait été débordé. Il s'est sentu battu et a préféré détaller.[...]

- "X-Ray Hotel, vous continuez votre vol autour de Cosnes ?"
Euh... hein... quoi ? kékédi ? Maverick ? Tanguy ? Laverdure ? Non, c'est AVORD Approche qui vient de me réveiller. Vol autour de Cosnes ? Ah, oui. Fin de la séquence "Top Gun". On retrouve le ronron bruyant du DR400.

- "On va ressortir de votre zone par le nord pour se poser à Cosnes... du X-Ray Hotel"
- "X-Ray-Hotel, Vous pouvez quitter la fréquence, au revoir".
- "On quitte... merci monsieur... du Fox-X-Ray-Hotel".

Allez. Assez rêvé. Retour à la réalité. Retour dans mon avion en bois et en toile.
Il est temps de remettre le nez dans la carte. De switcher sur 123.5. De faire son message en auto information avant d'arriver à Cosnes. De remonter 500 ft au dessus du tour de piste pour faire sa procédure d'intégration sur un terrain en auto information. De se situer parmi ces vignes, ces multiples routes, ces colines qui se ressemblent et de trouver le terrain d'où on est parti.

C'est pas tout ça, j'ai un avion en bois et en toile à poser. Mais un avion tout de même.

9.4.05

"Autorisé 07 droite, vent du 320 degrés pour 20 noeuds" (épisode 37)

Calmement, nous retrouvons nos esprits dans le cockpit du DR400. Nous révisons les prochaines étapes. En sortie par le nord... 1500ft max... puis rapidement prendre l'ATIS de Pontoise. Ce très simple petit vol pour le pilotaillon que je suis nécessite bien que je révise où je vais aller et ce que je vais faire. Ce sera certainement SIERRA et la 30 vue le vent ici. Justement du vent, il y en a. La dernière fois c'était de la pluie, mais peu de vent. Aujourd'hui c'est plutôt bleu, mais venté. 15 kt rafale 25 kt. On ne peut pas tout avoir. La PilotList m'a dit qu'il neige à Toulouse.

En finale pour la 30 de Pontoise


Remarque : toutes les photos de ce récit sont clickables pour les voir en grande taille.
Cela fait 2 ou 3 fois que nous annulons ce vol avec Rémi L. (FHARL). Comme à l'accoutumée, une histoire de météo, d'avion indisponible ou d'agenda chargé nous empêche d'aller faire un petit tour, juste comme ça, pour le plaisir de voler, de s'intégrer sur un terrain, de se reporter sur un point... Cette fois-ci, et comme tant d'autres, cela devrait être possible. Il ne fait pas trop mauvait. Il y a un avion (sempiternelle ritournelle) et l'agenda le permet. Certes, il y a du vent. Un peu "beaucoup de vent". Peut-être trop. On verra en prenant la dernière météo dans quel sens "il souffle" (l'affreux).

Pour le plaisir de retrouver FHAPL (Pierre L.), nous irons donc vers Pontoise. Cela tombe très bien, je ne connais pas trop ce coin. Bien sûr, c'est à 10 minutes de vol de Saint-Cyr, mais généralement on file plutôt vers l'ouest. Ce sera donc Saint-Cyr - Pontoise. On se pose là-bas au parking de la tour. On discute quelques minutes, pour le plaisir. Rien que pour le plaisir de rencontrer réellement des personnages cottoyés tellement souvent virtuellement ou à distance.


On part pour à peine 1 heure de vol,
mais on embarque autant de bagages que pour 3 semaines de vacances


Mais avant de partir, FHAPF nous fait la surprise de venir nous voir ! Nous sommes à la pompe et qui voyons nous arriver ! The Papa-Fox. L'unique. Il nous fait l'honneur de nous saluer sur ce petit terrain. Encore une rencontre autour d'une passion commune que l'on ait 11.000 heures de vol ou 72 heures. Non, non, je ne vise personne. Quoique.


Son truc ce serait pas les avions et les hélicos,
plutôt que les APN ?
On pourrait presque dire que moi, c'est l'inverse.
Chacun son truc après tout


La préparation est faite sous l'oeil attentif de Philippe. Cela met un peu la pression. Je déroule la CheckList, et démarre l'engin (je croise les doigts pour démarrer du 1er coup).
La radio, le roulage pour la 30 gauche. Au point d'arrêt, l'avion dans le vent, je fais les essais moteurs. Un écart trop important entre deux magnétos et je refais le test plus précisément. C'est bon. Le vent est toujours aussi fort. 17 noeuds avec des rafales à 20 noeuds. Briefing départ effectué avec Rémi. Préparation de l'enchaînement des fréquences (ATIS, APP, TWR) et des cartes et VAC. Scan, puis nous sommes enfin prêt au point d'arrêt.


Deuxième test en grandeur réel du GPS et du logiciel PocketFMS sur PDA


- "Fox-Tango-Kilo-Uniform, approchez-vous du point d'arrêt et veillez la tour 118.0".
- "On roule vers le point d'arrêt et on veille 118.00, Fox-Tango-Kilo-Uniform"
Le frein. Un coup d'oeil pour vérifier que personne n'est en finale... puis personne à contre QFU... Dans quelques secondes, la piste m'appartiendra. Rémi bascule 118.00 en actif.

- "Fox-Tango-Kilo-Uniform, alignez-vous et vous êtes autorisés au décollage piste 30 gauche, les derniers vents estimés du nord nord ouest pour 20 noeuds".

Glurps. Le manche dans le vent. On pénètre la piste. On regarde la manche à air qui nous fait des grands gestes avec son grand bras. De nouveau un rapide scan du tableau de bord à la recherche de quelque chose de modifié. Pas d'alarme, rien d'anormal. Je m'aligne sur la 30. QFU 295. Je vérifie et (re)règle le conservateur (souvenir du test PPL). Pas d'alarme. Plein gaz... en douceur. Coup d'oeil au compte tour.

- "Puisssance disponible..."
- "Toujours pas d'alarme..."
- "Badin actif...".

On accélère. Je garde le DR400 au milieu de la piste (ça fait mieux).

- "On continue"

100 km/h rotation en douceur en s'attendant à être emporté vers la gauche. Correction au manche. Le DR400 s'élève doucement. Nous sommes un peu chahuté.


"Tango-Kilo-Uniform, information trafic un DR221 en montée initiale
piste 30 droite pour le vent arrière"
"Euh... on a le visuel, Fox-Tango-Kilo-Uniform"


On accélère. Ca secoue un peu. On monte. On cherche 110 km/h. En passant l'autoroute, 10 degrès à droite. Un oeil sur la bille. Un peu de pied à gauche. 700 pieds. La pompe. Le doigt sur le bouton. Pas d'alarme d'essence. Le cran de volet. On continue. Voilà. Ca, c'est fait. Nous montons vers 1500 ft et en direction de la sortie nord.

On avait prévu SIERRA et la 30. On a eut SIERRA et la 30. Pas de surprise.


On arrivera décidément pas à passer au dessus de SIERRA


- "Kilo-Uniform, piste 30, numéro 4, prévoyez une base élargie, rappelez base gauche pour la 30"
- "Autorisé approche semi directe base main gauche pour la 30, on rappelle en base, Fox-Tango-Kilo-Uniform". (quelle manie d'en faire trop à la radio !)

Je file sur la VAC me remémorer le tour de piste. Je cherche surtout à préciser l'aspect élargie de la base. Elargie d'accord... mais élargie comment... oulala...
Le circuit est main droite normalement, au nord, on arrive main gauche par le sud. Bon. Pourquoi pas. Pourtant je n'ai pas déduis de cette brillante réflexion que les autres traffics allaient m'arriver de face... en base. Je les cherche encore sur mes ailes et derrière moi. Tout faux. Ca servira de leçon et fera monter l'expérience.

- "On arrive en dernier virage... et... euh... on a un Colibri en visuel et en finale, Fox-Tango-Kilo-Uniform" (il voit des hélicoptère Colibri maintenant)
- "Poursuivez... et... rappelez en courte, Kilo-Uniform"

Heureusement pour ma remise de gaz, le Colibri va faire une directe sur le parking, libérant ainsi la piste. Tant mieux. Laissez-moi de la place ! Même si je suis bien dans l'axe, peut-être un peu haut... il me faut le temps... du calme... du calme...


C'est pas un peu trop grand pour moi tout seul ?


En courte finale, nous remarquerons Pierre L., là en bas à gauche, qui nous regarde. Il va falloir assurer. Ne pas rebondir sur toute la piste. On atterrira forcément trop long pour dégager rapidement à gauche sur la 05. Là, l'expérience manque. Pas grâve. On est posé. On s'est posé tranquillement sans prendre aucun risque. Autant ne pas se donner de difficultés supplémentaires. Le contrôleur nous demande de dégager à droite. A droite !?!?! Mais on veut aller au parking de la tour... derrière nous à gauche ! Ah les problèmes de terminaux. On se croirait à Orly/Roissy. Pendant que je ralentie et dégage sur la droite, Rémi décortique la carte sol de Pontoise à la recherche du nom des taxiways et du possible chemin que nous donnerait le contrôleur.

- "Ce serait pour le parking de la tour, si c'est possible du Fox-Tango-Kilo-Uniform"
En essayant de faire rapide et après l'atterrissage des deux trafics derrières nous, je tente une demande, des fois que le contrôleur ne nous envoit pas à perpette.
- "Kilo-Uniform... Sur Fox, faîtes un 180 et maintenez le point d'arrêt pour remonter la 30"

Un 180 sur un taxiway. Pourquoi pas. Je suis là pour apprendre. Alors, le frein à main, l'accélération, on lache l'embreillage et hop... 180... et hop on maintient sur la ligne. Deux trafics arrivent sur la 30. Le premier, un katana met du temps à remonter la 30 pour la 05 et oblige le TB-20 qui le suivait à une remise de gaz.

- "Kilo-Uniform, remontez la 30, dégagez deuxième à droite pour le parking de la tour"
- "On remonte la 30 et on dégage deuxième droite, Fox-Tango-Kilo-Uniform"
- "Pour l'alignement en 30, Fox-India-Alpha"
- "India-Alpha, alignez-vous piste 30 et maintenez"
- "On s'aligne en 30 et on maintient, India-Alpha"

La 30. Notre 30 ? Celle qu'on remonte ? Ah, bon on sera deux sur la même piste, alors. Bon. Moue duditative dans le cockpit. Les pilotaillons s'interrogent. On ne nous laisserait jamais faire ça ça sur IVAO ;-)

- "Kilo-Uniform, vous serrez à... euh... gauche..."
Un peu de pied à gauche pour suivre la clairance... et rouler à gauche de la piste.
- "... euh... àaaaaa... euh... droite pour laissez de la place au Cessna"
Ah oui, c'est bien cela.. donc à droite... donc on slalom sur le 30 en DR400...
- "India-Alpha, vous serrez... à droite pour laisser la place au DR400 qui remonte"


Vous me faîtes une petite place sur la 30 ?


Après tous ces slaloms et ma première expérience de partage de piste ;-) nous trouverons le parking de la tour (décidément, je suis traumatisé par ce terrain). Le temps de se garer dans le sens du vent et l'on retrouve Pierre L. qui nous attends dans ce froid glacial.


Beau mais venté. Mais venté. Mais beau. Mais venté.


Le temps se dégage. De grands pans de ciel bleu apparaissent, mais le vent est toujours de la partie. Après avoir salué Pierre, Rémi et moi nous re installons dans le DR400. Il est tôt. Il fait beau. Et si on ne rentrait pas tout de suite ? Allez, tu connais Toussus ? Nan ? Tu n'y a jamais été ? Let's go !

Nous partons de Pontoise et pour ne pas se compliquer (Chavenay par exemple), on transitera par Saint-Cyr, puis on ira faire un touché à Toussus. Ca te dit ?

Le temps de vérifier que nous avons les cartes de Toussus et de jeter un oeil au NOTAM que nous avions imprimés, et le moteur tourne déjà. Clairance de roulage pour Echo et Rémi affiche le code transpondeur donné par le contrôleur. Nous sommes autorisé au décollage en 30.

- "En montée vers 1500ft, ce serait possible de faire direct vers SIERRA pour le Tango-Uniform ?"
- "Tango-Uniform, virage à gauche approuvé pour SIERRA maxi 1500 ft QNH 1024, rappelez SIERRA"
- "On procède par la gauche direct SIERRA et on rappelle SIERRA max 1500, Tango-Uniform"

Allez, zouu trouver SIERRA maintenant et ne pas emplafonner la TMA de Paris. Comme le montre la trace GPS, nous ne survolerons pas SIERRA pour deux raisons. La première est que je suis bien incapable de le situer suffisament précisément. La seconde est que la zone est habitée et que je n'aimerais pas qu'un zozio me survole. Alors j'évite autant que faire se peut (avec mon niveau de pilotage) les zones habitées.


La trace GPS autour de Pontoise. On ratera encore SIERRA.


Après SIERRA, c'est tout droit (toujours en évitant les riverains) pour rentrer par le secteur nord de Saint-Cyr, puis le transit transit travers ouest et la sortie ouest. Ca fait faire un joli slalom (cf. la trace GPS), mais on aime ça. Mis à part un Cessna qui décide d'arriver exactement en même temps que nous sur Les Serres, tout va bien. Le Cessna descent pour s'intégrer dans le circuit et moi je reste gentiment sur mes 1500ft pour transiter travers ouest. En sortie ouest, Rémi joue avec le VOR de Rambouillet. Avec la visibilité de cette fin d'après-midi, je repère rapidement le château d'eau qui précède RBT lorsqu'on arrive par les étangs de Hollande. Pas besoin de récepteur VOR. Vive le VFR avec les yeux. Même si de temps en temps je jette un oeil sur le GPS. Ce coin commence à devenir mon jardin. Il faudra s'en méfier. Les mauvaises habitudes...


La trace de l'intégration sur Toussus en venant de RBT


- "Toussus du Fox-Tango-Uniform, bonjour !"
- "Tango-Uniform, bonjour"
- "Toussus, du Fox-Bravo-Papa-Tango-Kilo-Uniform, un DR-400 en provenant de Pontoise pour un touché sur vos installations avec Golf, on arrive sur RBT."
- "Kilo-Uniform, 4207 au transpondeur, rappelez SIERRA"

Passant la balise, le cap 058 est pris alors que Rémi commence à parier que je n'arriverais pas à garder exactement le 058. Forcément. Je me vengerais (gnarf, gnarf) toute à l'heure après Toussus. En arrivant sur SIERRA, nous sommes à la hauteur d'un autre Cessna qui nous arrive par la droite. Dans ce coin, il vaut mieux avoir un oeil dehors constamment.

- "Kilo-Uniform, vous avez visuel sur le 172 à votre droite convergent sur SIERRA ?"
- "Affirm on a visuel sur le 172, estimée 30 sec sur SIERRA, Fox-Tango-Kilo-Uniform"

Ce sera "au premier arrivé" sur le point qui pourra s'intégrer devant. Le second devra ralentir et/ou prévoir une remise de gaz. J'entend 2 ou 3 trafics IFR arriver et je sens que la 07L ne sera pas pour moi. Ca va être sport. C'est tant mieux, on est venu pour ça. Pas pour voler tout droit. Le cessna triche un peu et s'annonce en premier sur SIERRA (quelle mauvaise fois !). Je dois suivre. J'overshoot allègrement SIERRA et le virage vers la base main droite pour la 07 (cf. la capture de la trace GPS). Ce n'est pas la première fois que je fais la 07 (allez, ça doit bien être la 3ème !), mais je n'ai vraiment pas anticipé mon virage à gauche.

- "Kilo-Uniform, numéro 3 derrière le Cessna, prévoyez une base extérieure, rappelez en base"
- "Numéro 3, pour l'extérieur, on rappelle en base pour Kilo-Uniform".

Après les bases élargies, c'est au tour des extérieurs. On est là pour apprendre alors on apprend, on regarde et on écoute. Je prépare l'avion comme je peux (qui a dit "en vrac" ?). Je cherche à ralentir pour éviter la remise de gaz et ne pas trop coller l'avin devant. Il est là juste devant. On entend à la radio un Mooney en arrivée IFR. Arrive la base, puis le dernier virage... A ce moment, je suis à 100% de charge CPU. Pardonnez-moi l'expression, mais le petit pilotaillon que je suis, "prend son pieds". A côté de moi, je devine Rémi tout aussi attentif.

- "Kilo-Uniform, visuel sur le mooney, trafic IFR en longue finale pour la 07 gauche ?"
- "euh... on devine un trafic du Kilo-Uniform"

Pas très réglementaire cette réponse. Je vois bien un modeste point, là bas au loin. En très longue finale dans l'axe de la 07. Ca doit être lui. Mais ce n'est que le début d'une phraséo. hésitante.

- "Kilo-Uniform, vous pouvez passer derrière le Mooney pour la 07 gauche ?"
- "euh... il va falloir qu'on allonge... à l'extérieur..."
- "Kilo-Uniform, vous pouvez passer derrière ?"

Forcément, il pose une question et je ne donne pas de réponse. Alors le Monsieur repose sa question en attendant une réponse. Question fermée : réponse oui/non. Il faut lui donner une réponse. Je tiens l'avion. Pour passer derrière il faut s'éloigner d'un poil. Agrandir le circuit. Je ne vois que des champs en dessous. Je tiens mon altitude. Je vois le terrain. Tout va bien. C'est juste le programme qui change un peu. On adore ça.

- "Affirm ! du Kilo-Uniform"
- "Kilo-Uniform, numéro 2 derrière le mooney pour la 07 gauche, rappelez... en finale"
- "Numéro 2, on passe derrière le Mooney pour la 07 gauche et on rappelle en finale"

Voilà. On vient de changer de piste. Une ch'tit baillonette et hop... on se faufile derrière le Mooney, trafic IFR de son état, souhaitant se poser sur le 07 gauche, lui. Je tiens toujours l'altitude et la vitesse. La machine est prête : 1 cran de volet, la réchauffe, la pompe, le trim au neutre, les passagers prêts.

Alors que nous sommes établis en finale pour la 07 gauche, le mooney tarde à dégager. A droite, le Cessna qui nous précède va plus vite. Il arrive près de son dégagement. Le Mooney est toujours sur la 07 gauche. Ca sent la remise de gaz. Pas d'inquiétude. Personne ne nous attend à Toussus. Nous avons de l'essence. Nous sommes là pour le plaisir. Si remise de gaz il y a... remise de gaz il y aura.

- "Kilo-Uniform, c'est encore possible de faire une baillonette pour la 07 droite ?"

Cette fois-ci je ne me fais pas piéger en ne répondant pas ou en répondant un truc vaseux. J'analyse vite la situation. J'ai le temps de faire ma petite chicane pour m'axer sur le 07 droite. Il y a de la place. Ca devrait le faire.

- "Affirm pour Kilo-Uniform !"
- "Kilo-Uniform, autorisé à l'atterrissage piste 07 droite, vent du 320 pour 20 noeuds, rappelez en sortie ouest par le circuit extérieur"


A droite, puis à gauche, puis à droite
"Autorisé à l'atterrissage piste 07 droite, vent du 320 pour 20 noeuds..."


Je collationne rapidement en exécutant ma baillonette. Puis sur l'axe de la 07R, le deuxième cran est sortie. Enfin, je visualise l'axe du vent que vient de me donner le contrôleur en regardant le conservateur de cap. On atterit en 07. Par là. Droit devant. Les vents de 20kts viennent du 320. Ah bon... de... la gauche... la grande gauche même ! Ca fait pas trop dans l'axe tout ça. Et je me remémore le collationnement du pilote précédent lors de sa clairance d'atterrissage :

- "F-XXXX, autorisé atterrissage 07 droite vent du XXX pour XXX noeuds"
- "On va essayer, F-XXXX".

A ce moment, je me dis qu'il n'est peut-être pas bon de faire le fanfaron. Il y a du vent. Pas vraiment dans l'axe. Il y a du vent fort. Du monde. Mais surtout du vent. Alors je rassure tout le monde (Rémi... et moi).

- "On est en finale, l'avion est prêt, on est axé, un peu haut, un peu vite... de pas beaucoup, on va corriger tout ça, c'est pas grâve".

Silence dans les écouteurs.

- "De toutes les façons on est pas obligé de se poser. On veut juste travailler son touch & go. Si ça se présente pas bien, hop, remise de gaz et on rentre".

Dire que le touché fut dans les règles de l'art serait mentir. Il fut... viril. Un arrondi trop haut... en 07 avec des vents de vingt noeuds du 320, j'estime m'en être bien sortie. J'ai rattrapé le plan... eut plus de mal avec la vitesse ce qui a fait un petit appontage. Mais ça ne doit pas en être la seule raison. Beaucoup de pied à droite... un gros décrabage... le manche à gauche et tenir l'axe... Un peu de schiming (forcément la vitesse) que j'estime bien rattrapé... retrouver l'axe de la piste... remettre les gaz, repousser la réchauffe, rentrer un cran... garder l'axe... 100 km/h et ça repart !!!

En montée initiale, on coupe la pompe en gardant le doigt sur le bouton en écoutant et regardant l'alarme essence, on rentre les volets... et on fonce sur la VAC pour savoir où se trouve le vent traversier sur ce terrain (pas bien !).

La tension est retombée. Nous sortons du circuit. Ce ne sera pas un hélicoptère Ecureuil de SIERRA vers HOTEL qui nous stressera. Il est en bas... Le vent dans l'axe, lui. On a le visuel.

En sortie par l'ouest, transpondeur sur 7000, Rémi et moi n'avons pas du tout l'envie de rentrer. Avant l'entrée ouest de Saint-Cyr, nous profiterons encore du beau temps pour faire un peu de mania. Rémi découvrira l'avion. Ses réactions, sa lenteur, sa sensibilité, son bruit... et comme tous les pilotes virtuels, il regardera trop les instruments. C'est dehors que ça se passe ! Nous sommes tous passés par là. Un coup de marqueur sur le plexiglas pour représenter un horizon artificiel et 2 heures de plus et hop... ça sera corrigé.


Rémi, un oeil dehors - un oeil dedans
Sur la voie du pilotage, le vrai...


Quelques 180 et virages 360 plus tard, il faut tout de même rentrer. On ne va pas se dérouter sans fin. On a le plein, il faut beau... non... non... Il faut rentrer ! Nous avons repoussé l'échéance à chaque fois, mais là... le compteur tourne. Bienvenue dans le réel.


1h44 de vol rectiligne. De vol comment ?


De retour dans mon jardin - comprendre Saint-Cyr - après 1h40 de vol, nous nous posons en 30 gauche (pas de slalom cette fois-ci, une piste reste une piste) avec un décrabage encore plus imposant que celui de Toussus et une jolie rafale qui a failli m'embarquer au moment de l'arrondi. Mais au sol, c'est de l'herbe et l'herbe c'est bien connu, c'est bon pour mes atterrissages.

Dégagé sur la gauche "On roule au parking et on quitte sans rappeler". Voilà un vol que je n'aurais jamais fait avec un train classique. Voilà des atterrrisages que je n'aurais pas tentés en 221. J'en ai plein les jambes. Nous avons eut nos pics de tension. De stress. Nous étions venus pour cela. Nous avons été servi. Plein les jambes et plein la tête aussi. Et Rémi, aussi certainement.


C'est marrant comme on retrouve vite le sourire en place gauche !
(n'est-ce pas Peps ?)

7.4.05

Abus de contrôle virtuel

Sur IVAO, parfois on se prend au jeu... et en tant que contrôleur virtuel, on en veut toujours plus... ci-joint quelques photos d'utilisation de plusieurs écrans (en tout genre).









3.4.05

Que la montagne est belle (épisode 36)

Il faisait beau. C'était Dimanche. Joël devait aller vers le sud avec son avion. Vers le sud... euh le "sud-est" plutôt et plus précisément vers la montagne. La montagne ? On peut voler par là ? Un coup de fil après, le temps de prendre quelques affaires et j'étais dans son avion. Direction Chambéry, Chambéry - Challes-Les-Eaux (LFLE).

Devant ce genre d'invitation on hésite pas longtemps...

Mon plus long vol de pilotaillon a été... euh... laissez moi me rappeler... euh... Ca devait être Granville ou peut-être même ma longue nav solo (Blois - Montargis). C'est dire. Je n'ai jamais été très adeptes des vols longs en ligne droite de VOR en VOR. J'ai râté (fui ?) les voyages Ecole ou Club. Coïncidence.

Evidement, effectuer Toussus - Chambéry - Toussus sera donc assez original pour moi. Voler avec le PA-32 sera aussi une révolution, moi qui suis habitué au Robin. De l'avion en métal, 300 cv sous le capot, 6 places, un volant et pas un manche, des instruments partout, un PA, un GPS avec une Moving Map.

D'ailleurs côté GPS, on sera bien servit. Je profite de ce vol pour tester PocketFMS sur mon PDA flambant neuf avec son GPS BlueTooth. Joël souhaite jouer également avec sa TabletPC et FliteMap. Ce qui fera trois GPS dans l'avion avec le GNS430. Les Cirrus n'ont qu'à bien se tenir ;-)

L'aller se passe sans anicroche. On part de Toussus, les 300 cv du Cherokee nous tire vers le ciel en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Le temps est beau. Un peu de vent de face. On file à 140 kts vers ATN (Autun), la tangente avec Lyon, puis Chambéry. En ligne droite assez haut, il n'y a pas grand chose à faire. Etre devant l'avion et anticiper. Etre attentif. Mais on vole droit et haut. Il fait beau et on vole droit et haut... et on vole droit. OK, j'exagère un peu. Je suis déjà aux anges d'être dans un avion. Pour nous occuper et pour la sécurité, nous contactons les secteurs traversés. Ca me fait faire un peu de radio et me change du sempiternelle "Saint-Cyr du Fox-Kilo-Uniform, avec Delta de retour de local à 3 minutes de l'entrée ouest, bonjour". Je passe des messages bizarres comme "Marseille du Novembre-7-4-2-Charly-Hotel, niveau 75, bonjour !" ou "Saint-Yan du Novembre-Charly-Hotel"...


En dernier virage pour la 33 de Challes-Les-Eaux (Chambéry)
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Ah enfin on arrive. ;-) L'arrivée est un peu sport pour moi qui suis plutôt habitué au relief... plat de la région parisienne. Joël est aux commandes. Après être passé à côté du VOR de Chambéry (CBY) posé en haut "de la montagne", on s'engouffre dans la vallée avec l'approche de Chambéry, on passe au dessus du terrain LFLB (Chambéry) pour contourner la ville plus au sud et se présenter sur Challes-Les-Eaux (LFLE).


On retrouve l'axe. Pas facile cette approche !
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Le terrain est vraiment coincé. Saint-Cyr est aussi coincé mais virtuellement par la TMA de Paris. Ici, ce sont les montagnes qui représentent des obstacles. Le vent arrière est à flanc de montagne et la base n'autorise pas qu'on "l'allonge". Le dernier virage n'est pas une option. Sinon c'est direct les cailloux. Une décimale de fréquence en autoinformation plus tard, nous nous posons dans un essain de planeurs qui partent au treuil ou au remorquage, qui se posent ou qui se font tirer par des voitures. Ce dimanche matin est animé sur LFLE. Le PA32 fait un peu figure d'OVNI sur ce terrain.


Dans la série "terrain encaissé"


Après un peu plus de 2h00 de vol, nous méritons de nous dégourdir les jambes et de profiter du grand air. Il y a peu de temps nous étions encore à Toussus-Le-Noble, dans l'ouest parisien. Et maintenant sur un terrain, au soleil, au pied des montagnes. La magie de l'avion.


Encaissé, mais au pied de la montagne


Toutes les bonnes choses ont une fin et il faut déjà penser au retour. Le passager que nous sommes venus chercher fera le vol retour pour se remettre en main son avion après avoir pratiquer le vol en montagne et l'atterrissage sur glacier.


La trace GPS du retour au départ de Challes-Les-Eaux
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Au loin le Mont Blanc


Le temps nous manque pour repiquer vers Courchevel. Nous nous contenterons de fleurter avec quelques cimes et d'apercevoir le Mont Blanc. Pour quelqu'un qui devait faire un vol local autour de Saint-Cyr, le programme de remplacement est pas mal non plus !


Petit vol en montagne (ou entre les montagnes ?)




Au revoir la montagne ! Bonjour la plaine. Grrrrrr. Au niveau 85, le Cherokee Six trace avec le vent dans le dos. Quelques pointes à 150kt. Nous jouons avec tous les GPS de bord à comparer la précision de ceci ou celà, la capacité de l'un à afficher ceci, l'autre à se mettre en mode truc. Le SICOB à côté, c'était de la rigolade. De grands enfants dans des jouets très chers !


Sur le retour vers Toussus


La couche n'est pas soudée. J'aurais été tout seul dans mon Robin, petit pilotaillon de base, je serais passé rapidement en dessous. Je ne me serais pas posé trop de question (sauf à regarder la MSA, bien sûr). Trouillard le pilotaillon ! Mais là, tout compte fait et en écoutant "les grands", on voit loin et on voit dans les trous. Le gris est à l'ouest, plus loin sur notre gauche. Devant, le VOLMET nous confirme que c'est CAVOK. On voit des trous dans les nuages, alors on continue au dessus. "S'ils le disent, alors...".


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