Il aura fallu attendre le récit numéro 45. Octobre 2005. Alors que mon premier tour de piste avait été virtuel au tout début 2003. Quelques semaines après mes débuts sur IVAO. Je n'ai plus la date exacte en tête. C'était à Maupiti. C'était avec Christian B. Il m'apprenait les différentes étapes : la montée initiale, le vent traversier, le vent arrière... Il chronométrait mes branches et ponctuait mes virages d'un T-O-P énergique. Cette après-midi, presque 2 ans après, nous avons enfin fait un vol réel ensemble.
Je me souviens encore des indications de Christian. Lui à l'autre bout du casque, sur Roger Wilco (on avait pas TeamSpeak à l'époque). Nous ne nous étions jamais rencontré.
Il me donnait les bons caps. J'étais perdu. Perdu dans un tour de piste. Et je découvrais ce qu'étais un "tour de piste". Ce nom enfin démystifié. C'était donc ça. Quelques semaines plus tard, touché par le virus et poussé par des amis, je franchissais la porte de l'aéroclub. Un samedi de mars 2003, je crois. Tout commençais. Et un peu plus d'un an après je réussissais mon PPL. Maintenant, j'ai passé sans m'en rendre compte plus de 100 heures de vol. Oh, pas des grands vols. Pas des périples. Des vols fantastiques avec des amis et quelques vols cadeaux-des-dieux comme à St-Barth, dans les Pyrénées, La réunion ou les Alpes. Juste des vols de pilotaillon.
Bien sur, Christian et moi, nous nous étions réellement rencontré quelques temps après. A plusieurs reprises même (voir l'épisode 26). Mais jamais jusqu'alors, je n'avais pu l'emmener dans "mon" avion. Lui montrer le chemin parcouru, pour de vrai. Le chemin depuis ces tours de piste à Maupiti.
Ce vol, en lui-même, n'a rien eut d'exceptionnel. Regardez la trace en rouge sur le photo précédente (l'image est clickable). Pour cause de planning des avions chargés, je n'ai pu réserver qu'un DR400-180 (F-GLKG). Trop puissant et trop cher pour ne voler "qu'à deux". Par chance, William et Chantal (deux pilotes HA) pouvait être de la partie. Plus on est de fou... plus... on est de fous ;-)
A St-Cyr, comme une star, Chantal embarque à bord du DR400
Toujours à St-Cyr, comme un businessman, William embarque à son tour
A nous quatre, nous avions décidé de faire le ch'tit vol "spécial IVAO". Lorsque je me promène avec des amis qui n'y connaissent rien, il ne sont pas interressés par tout ce qui concerne la phraséo, le changement de fréquence, le réglage du transpondeur, le passage d'une approche à une tour... etc... Ici, j'ai des mordus du vol simulé.
Regard "curieux" (ou inquiet ?) sur la planche de bord ?
Le départ de Saint-Cyr au dessus du grand canal.
Alors on ira à Pontoise pour montrer l'enchaînement des actions : quitter St-Cyr, prendre l'ATIS de Pontoise, contacter l'approche, règler le grand spondeur, trouver le point d'intégration SIERRA... etc... Que du plaisir pour un pilote virtuel.
Arrivée en vent arrière, on entendra à la radio
- "Fox..... numéro 3, derrière un DR400 en fin de vent arrière opposé"
J'en déduis que nous sommes numéro 2. Le DR400 en vent arrière opposé, ça doit être nous, sinon il y a un problème. Comme d'habitude, on arrive pas "du bon côté" du circuit publié (arrivant du sud) et tous les autres avions avec leurs instructeurs et leurs élèves tournent "de l'autre côté". Pas du notre, forcément. C'était trop simple. A un moment ou un autre, on va se retrouver face à face. Et ce moment va arriver, rien que pour nous.
- "Fox-Lima-Kilo-Golf, numéro 2 trafic précédent Cessna en final, rappelez en base"
- "On est numéro 2, on a pas le trafic numéro 1 en visuel et on rappelle en base, Fox-Lima-Kilo-Golf"
J'ai beau le chercher, je ne le vois pas. Le contrôleur discute avec le numéro 3 pour une histoire de PTE à l'issu du touché. Je met à contribution mes passagers pour qu'ils m'attrapent ce trafic en base opposé. "Opposé" est exactement le bon terme. On va normalement à la même altitude se rentrer dedans.
Pour mes passagers, ce sera le début de la séquence "mais-il-les-voit-où-tous-ces-avions-?". Normalement, le réflexe est d'aller le menu "Vols" puis "MultiSession" pour vérifier qu'on a bien les trafic environnants. Mais dans ce cockpit de DR400, nous n'avons même pas trouvé la touche PAUSE... alors la "session multijoueurs"... Mes passagers comprendront vite qu'avec IVAO et Flight Simulator, c'est plutôt (très) simple de trouver les avions environnants (les voir, c'est aussi une part du plaisir du vol simulé) : sur la plupart des configurations des simmers, ils ont une étiquette colorée juste au dessus de l'avion. Parfois même la distance et l'altitude. Et toujours l'indicatif.
Malheureusement ici, dans le réel, on a pas tout ça. Et c'est bien dommage. Il faut ouvrir les yeux (et les deux). Comme nous nous le dirons de retour aux alcyons : "c'est fou, on voit rien ! Ils sont tout petit !". C'est normal. Cela me rappelle mes premiers vols (pas si loin). Non seulement je ne voyais rien, mais en plus j'étais perdu. La CPU à 150% et perdu dans le cockpit. Maintenant, c'est différent.
L'intégration sur la 23 par Christian B.
Un peu haut, un peu lent... un peu tout, je ferais un joli appontage sur la 23. Heureusement que la piste est grande. Ici, pas de problème, il y a de la place pour celui qui a "été élevé à Saint-Cyr". C'est grande piste laisse une drôle d'impression d'être plus bas que je ne l'étais. La vitesse semblait bonne, mais pas la hauteur. Le coup classique des pistes plus larges que les terrains habituels et qui faussent la perspective. Juste les habitudes du pilotaillon du dimanche que je suis, testeur de DR221 à Dreux...
William me signalera qu'il a sentit le vent de travers. Etait-ce pour me rassurer ? Toujours est-il que le contrôleurs a annoncé 160 degrés pour 8 noeuds. Bizarre moi, j'ai pas senti ce vent de travers. Je me souviens pas. Ah si ! Durant la finale, je n'étais pas vraiment dans l'axe... Et Christian me rappelant à l'ordre avec le PAPI. Quatre commandants de bord dans ce DR400 ! Quatre paires d'yeux avertis ! C'était le moment où jamais de soigner le pilotage !
Au moins comme le montre la trace GPS sous Google Earth (ci-dessous), j'étais sur la ligne ! Pas le temps de freiner, le contrôleur souhaite que l'on expédie le dégagement. Il y a du monde derrière. Alors on expédie. Dans ces cas-là, on maîtrise la vitesse et on ne traîne pas.
- "On pourra stationner à la pompe pour changer le copilote du Fox-Lima-Kilo-Golf ?"
- "Pas de problème, rappelez pour quitter".
Posé à la pompe un peu déserte en ce dimanche, on changera donc de copilote.
Suivi assidu de la checklist par le copilote
Chantal découvre alors le palonnier et tout comme Christian à Saint-Cyr remarquera que ce n'est pas si simple de rouler droit... sur la ligne jaune. Qu'est-ce-que cela aurait été avec un train classique !
Pour le retour et parce qu'il fait beau, on décidera de faire un peu de mania dans l'ouest parisien. Chantal se prêtera au jeu comme le montre la photo ci-dessous :
On ira même s'approcher des nuages. Juste parce que c'est beau. Parce qu'il faisait beau et que la lumière du soleil nous attirait plus haut.
Pendant toutes nos évolutions, pendant que Chantal découvrait le comportement du Robin et ses virages à toutes petites inclinaisons, nous avons continué notre exercice "t'as vu ? Encore un trafic ? Où ça ? Bhaa là, pourquoi ?". En ce dimanche après-midi, à l'ouest de Thoiry il y a du monde qui fait des ronds dans le ciel. Nous avons dû croiser une petite dizaine d'avion. En haut, en bas, de la gauche vers le droite et de la droite vers la gauche. Parfois, ils étaient plus lents que nous. On les a donc doublé, réglementairement par la droite, juste avant d'arriver au dessus de l'A13 et de l'entrée nord...
Il parait très loin sur la photo...
Après 1h15 de vol, il est temps de rentrer. Ce n'est pas qu'on s'ennuie, bien au contraire. Mais comme pour tout, il faut redescendre de son nuages. Toujours avec Chantal en double commande, nous reprenons le chemin de l'intégration secteur Nord. J'ai oublié de faire la blague classique que me faisais mon instructeur :
- "Alors on est où ? Où est le terrain ? Et bien, c'est toi qui nous ramène au terrain !"
Après plusieurs 360 dans tous les sens, des montées, des descentes, j'ai le réflexe de toujours garder un oeil sur les cheminées de Mantes. En cette après-midi, on les voit très bien. Elles nous disent comment rentrer.
Etonnante photo où on a l'impression que je veux atterrir à côté du terrain.
J'suis en finale là ? Vous êtes sûr ?
Après un très jolie cafouillage sur l'intégration (malgré l'information Hotel et la piste 12 en service pris et noté sur ma feuille... je n'avais pas perdu mon stylo) où je mettais mis en tête de rentrer vent arrière pour la 30, j'ai repris mes bonnes habitudes et j'ai posé délicatement le Kilo-Golf sur la 12 droite de Saint-Cyr.
Forcément avec mes pistes en herbe et mes repères, c'est tout de suite plus simple.
En plus, j'avais mon instructeur virtuel à bord. Je ne pouvais apponter une deuxième fois.
La photo souvenir
(De droite à gauche)William, Christian Burgat, Chantal et votre serviteur