Avec autant d'heure de vol sur Flight Simulator, il est inévitable de faire des comparaisons au fil des découvertes lors de vols rééls. Ce dernier vol en a été l'occasion.
Tout d’abord, je peux vous confirmer qu’un petit cumulus dans la vrai vie se comporte exactement comme dans FS2K2 ! (A la date de la rédaction de ce récit, nous n'en étions qu'à la version 2002). J’ai eut la chance de croiser l’un de ces spécimens alors qu’ils étaient en train de se former en début de matinée. Nous étions à 1500 ft et Xavier, mon instructeur, m’expliquait un truc à propos de l’atterrissage par vent de travers. A cet instant prévis, je peux vous assurer que j’étais comme l’élève au fond de la classe et qui regarde le ciel par la fenêtre : j’avais le regard scotché sur ce minuscule petit bout de nuage qui nous passait sur le côté de l’avion.
J’avais exactement l’impression d’avoir changé de vue dans FS2K2 et de regarder le nuage passer à côté de moi. Ca m’arrive souvent lorsque je « vole » en polynésie sur IVAO. Vous voyez ce que je veux dire ? Sélection de la vue de travers avant gauche, puis celle de gauche, puis l’arrière gauche et vous admirez les nuages passer.. ça ne vous arrive pas ?
Quel pied cela va être : 1/ Avec FS2004 et les nouveaux nuages 2/ Lorsque je vais me promener autour des vrais nuages...
Deuxième révélation de ce vol école : le bruit des pneus qui touchent une piste en dur à l’atterrissage est EXACTEMENT le même dans FS2K2 que dans la réalité. C’est con, nan ?
Mais encore une fois, déformation Flight-Simulator-oblige, lorsque j’ai touché pour la première fois le revêtement de la 28 dure de Persan (LFPA), il y a eut comme un basculement de tâche Windows...
Je me suis pris à penser que j’avais touché… comme dans Flight. Oooouuuulaalaaaaaa vivement les vacances !!! Scriiiiitch…. Scrouiiiiiiiitch
24.6.03
14.6.03
Cette fois-ci, le gamin est sorti de son jardin d’enfant (épisode 5)
Qu’est-ce-que j’aimerais « être lâché » encore une fois. J’ai encore cette sensation d’avoir fait quelque chose qui ne se reproduira plus. M’enfin. Mon dernier vol n’a rien d’exceptionnel. Rien d’exceptionnel pour le commun des mortels. Pour moi, il s’agit encore d’un éternel recommencement : j’ai toujours les yeux grands ouverts. Evidement les quelques lignes qui suivent n’intéresseront que les passionnés d’aviation ou de simulation en quête de savoir comment se passe une instruction PPL. Pour les autres, désolé, pas de looping, de boucle ou d’autres trucs spectaculaires. Au programme de ce vol, la 1ère navigation...
Xavier, mon instructeur, m’avait prévenu. Il faudra dorénavant prévoir de bloquer deux créneaux de suite (2 x 1,5 h). Les navigations prennent plus de temps, forcément on va plus loin. Cela ne va pas simplifier mon emploi du temps. Au programme de ce vol : la navigation par l’estime. On commence simple (que ceux qui ont compris « la navigation par le pif » passent leur tour).
Premier changement : on prend le temps au briefing. On pose les concepts, les idées, on questionne, on écoute les réponses : on apprend. Et on sort le matériel. Ce jour, j’ai découvert (je m’en doutais un peu quand même) une autre partie de l’aviation : la préparation de vol. « Ouvrez vos cartables et sortez vos fournitures » : crayon noir (et même « gras » qu’il a dit l’instructeur), une règle graduée (bizarrement), un rapporteur, des cartes (en veux-tu en voilà de toutes les tailles et de toutes les couleurs… toutes celles dont on rêve lorsque l’on fait du Flight Simulator), des METAR, des NOTAM, des prévisions météo, des chiffres et des valeurs louches (comme « fb » notre pôte le facteur de base). C’est étonnant comment un paquet de chose deviennent « aéro » lorsqu’elles sont entre les mains d’un pilote ou un d’instructeur (je vous rappelle que je ne suis ni l’un, ni l’autre). Bienvenue dans un monde meilleur :-D !
Ce matin, j’ai oublié de prendre un truc : le mode cerveau actif. Incapable de faire une addition proprement ou une division. Lamentable. Foutez-moi à la poubelle. C’est incroyable comme l’aviation, ça intimide. A moins que ce soit l’effet « retour à l’école ». Note pour plus tard : observer ma fille, Camille 8 ans, pour voir comment elle fait et lui chaparder ses cahiers de classes à la recherche de règles de maths de base. Après quelques hésitations on rempli gentiment le « log de nav » (c’est comme ça qu’il faut dire ?). St-Cyr – Dreux et retour, c’est pas bien long. Ca n’a pas l’air bien difficile. J’ai bien fait des Tahitti – Faa – Maupiti avec tous les touch and go imaginable en chemin, alors c’est pas un saut de puce d’une demie heure qui va m’impressionner. On fait quelques estimations : à quelle heure passera-t-on par là ? A quelle cap partir ? Comment revenir ? D’où vient le vent (ah, elle est pas drôle celle-là dans ce contexte…)
J’avais déjà perçu cela au vol précédent. Au-delà du tour de piste et si on change un peu le décor, j’ai le CPU qui s’overclock tout seul. Malgré la préparation de la nav, je découvre tout : (1) l’environnement, je sors de mon tour de piste et tout change (2) l’avion qui vole presque tout droit et tout seul lorsqu’il est correctement compensé (3) qu’il y a plein de nouveaux trucs dans ce cockpit ! : une montre, une carte (toujours mal pliée ou bien avec la destination qui est pile-poil sur la pliure), la zoli planchette avec le crayon qui n’est pas à sa place, des points de repère qui n’apparaissent pas ou se cachent, le log de nav devenu illisible (un cockpit ce n’est pas une salle de briefing, note pour plus tard : prendre soin de la rédaction et trouver un crayon gras ou lisible, au choix), mais surtout il y a une chose nouvelle : le temps passe super vite ET il n’y a pas de PAUSE !! Arrrrrghhhhhh On a beau chercher calmement le premier point de repère (toujours très lisible sur la carte), l’avion continu son chemin tout droit (ou presque). Pas de F9 (pour appeler FSNAV que je m’interdit d’utiliser depuis peu) et surtout pas de pause ! Il faut se débrouiller sans. A l’heure qu’il est (plusieurs jours après cette nav, donc) je n’ai toujours pas trouvé mon village. On fera sans. On continue au cap. Têtu, le garçon.
Ca sent un peu le bizutage. Deuxième piège trouver le terrain d’arrivée. Autant être franc tout de suite, je ne l’ai pas trouvé. C'est Xavier qui me l’a indiqué. Même s’il paraît que LFON (Dreux pour les intimes) est particulièrement bien planqué dans le tissu urbain, je reste honteux de ne pas avoir trouvé tout seul mon 1er terrain. Ca servira de leçon. Savoir lire le paysage est une technique que je devrais travailler (y-a du boulot croyez-moi). C'est incroyaaaaable comme les terrains se détachent bien du décor dans Flight Sim... (prochaine NAV : ORLY... je trouverais bien une des pistes... en dur)
Troisième piège : l’intégration. A St-Cyr tout semble (presque) simple (et tout est relatif). Les repères, la voix du contrôleur, le décor. A Dreux, on est loin (snif… snif) en auto-info, et dehors, rien ne ressemble à St Cyr ! Pas de derrick, pas de château de Versailles, pas d'A12.... La verticale pour jeter un œil sur la manche, puis retrouver le vent arrière. Un avion fait des tours de pistes. Ca fera un peu de trafic. On rentre pour la 04. Le top en passant le seuil... le virage pour la base... le dernier virage... biin diouuuu v’la la piste et elle est pas grand c’te piste... Je ne sais pas pourquoi mais à ce moment là, je me suis mis dans la tête qu’il fallait que je touche... assez tôt... voir "le plus tôt posssible". Encore une erreur. Si Xavier ne m’avait pas repris, je me serais payer les arbres au seuil (voir les grosses grues jaunes en bordure avec la chance que j’ai) et j’aurais touché encore plus tôt. Vous voyez le seuil là ? Le petit rectangle de ciment... et bien moi j’ai touché tout là-bas... oui... oui... là bas... bien avant. Donc trop tôt. Ca servira de leçon. On est là pour ça.
Pas le temps de traîner (on est là pour voler nan ? Pas pour rouler !), on libère la 04 et on remonte dans la foulée pour le point d’arrêt. On (re)décolle sans problème (tiens ici aussi ils ont une altération de cap ?)... et on (re)déroule la nav. à l’envers. Pour ne pas perdre la main et alors qu’on était peinard sur le chemin du retour, Xavier tirera la manette des gaz et annoncera un très zoli « panne en campagne » (c’est quoi cette manie des instructeurs ? Zon un problème ?). Même si j’ai trouvé encore mon choix de champs... disons... oui disons-le : pourri (c'est à dire minuscule, avec une haie d’arbre au bout), on s’en ai pas trop mal sortie, parait-il. Remise de gaz et cette fois-çi on rentre.
Pour ne rien gâcher, je décide d’oublier totalement ce qu’il est bon ton de dire dans le micro... et donc 2 ou 3 phrases bafouillés et incompréhensibles plus tard, je retrouve ma 30 droite... Encore un truc à travailler.
De mémoire, l’arrondi était pas mal avec juste ce qu’il faut de conneries (pourquoi pousser le manche juste après le touché ?).
Allez, on ne garde que le meilleur et on travaille tout le reste.
Xavier, mon instructeur, m’avait prévenu. Il faudra dorénavant prévoir de bloquer deux créneaux de suite (2 x 1,5 h). Les navigations prennent plus de temps, forcément on va plus loin. Cela ne va pas simplifier mon emploi du temps. Au programme de ce vol : la navigation par l’estime. On commence simple (que ceux qui ont compris « la navigation par le pif » passent leur tour).
Premier changement : on prend le temps au briefing. On pose les concepts, les idées, on questionne, on écoute les réponses : on apprend. Et on sort le matériel. Ce jour, j’ai découvert (je m’en doutais un peu quand même) une autre partie de l’aviation : la préparation de vol. « Ouvrez vos cartables et sortez vos fournitures » : crayon noir (et même « gras » qu’il a dit l’instructeur), une règle graduée (bizarrement), un rapporteur, des cartes (en veux-tu en voilà de toutes les tailles et de toutes les couleurs… toutes celles dont on rêve lorsque l’on fait du Flight Simulator), des METAR, des NOTAM, des prévisions météo, des chiffres et des valeurs louches (comme « fb » notre pôte le facteur de base). C’est étonnant comment un paquet de chose deviennent « aéro » lorsqu’elles sont entre les mains d’un pilote ou un d’instructeur (je vous rappelle que je ne suis ni l’un, ni l’autre). Bienvenue dans un monde meilleur :-D !
Ce matin, j’ai oublié de prendre un truc : le mode cerveau actif. Incapable de faire une addition proprement ou une division. Lamentable. Foutez-moi à la poubelle. C’est incroyable comme l’aviation, ça intimide. A moins que ce soit l’effet « retour à l’école ». Note pour plus tard : observer ma fille, Camille 8 ans, pour voir comment elle fait et lui chaparder ses cahiers de classes à la recherche de règles de maths de base. Après quelques hésitations on rempli gentiment le « log de nav » (c’est comme ça qu’il faut dire ?). St-Cyr – Dreux et retour, c’est pas bien long. Ca n’a pas l’air bien difficile. J’ai bien fait des Tahitti – Faa – Maupiti avec tous les touch and go imaginable en chemin, alors c’est pas un saut de puce d’une demie heure qui va m’impressionner. On fait quelques estimations : à quelle heure passera-t-on par là ? A quelle cap partir ? Comment revenir ? D’où vient le vent (ah, elle est pas drôle celle-là dans ce contexte…)
J’avais déjà perçu cela au vol précédent. Au-delà du tour de piste et si on change un peu le décor, j’ai le CPU qui s’overclock tout seul. Malgré la préparation de la nav, je découvre tout : (1) l’environnement, je sors de mon tour de piste et tout change (2) l’avion qui vole presque tout droit et tout seul lorsqu’il est correctement compensé (3) qu’il y a plein de nouveaux trucs dans ce cockpit ! : une montre, une carte (toujours mal pliée ou bien avec la destination qui est pile-poil sur la pliure), la zoli planchette avec le crayon qui n’est pas à sa place, des points de repère qui n’apparaissent pas ou se cachent, le log de nav devenu illisible (un cockpit ce n’est pas une salle de briefing, note pour plus tard : prendre soin de la rédaction et trouver un crayon gras ou lisible, au choix), mais surtout il y a une chose nouvelle : le temps passe super vite ET il n’y a pas de PAUSE !! Arrrrrghhhhhh On a beau chercher calmement le premier point de repère (toujours très lisible sur la carte), l’avion continu son chemin tout droit (ou presque). Pas de F9 (pour appeler FSNAV que je m’interdit d’utiliser depuis peu) et surtout pas de pause ! Il faut se débrouiller sans. A l’heure qu’il est (plusieurs jours après cette nav, donc) je n’ai toujours pas trouvé mon village. On fera sans. On continue au cap. Têtu, le garçon.
Ca sent un peu le bizutage. Deuxième piège trouver le terrain d’arrivée. Autant être franc tout de suite, je ne l’ai pas trouvé. C'est Xavier qui me l’a indiqué. Même s’il paraît que LFON (Dreux pour les intimes) est particulièrement bien planqué dans le tissu urbain, je reste honteux de ne pas avoir trouvé tout seul mon 1er terrain. Ca servira de leçon. Savoir lire le paysage est une technique que je devrais travailler (y-a du boulot croyez-moi). C'est incroyaaaaable comme les terrains se détachent bien du décor dans Flight Sim... (prochaine NAV : ORLY... je trouverais bien une des pistes... en dur)
Troisième piège : l’intégration. A St-Cyr tout semble (presque) simple (et tout est relatif). Les repères, la voix du contrôleur, le décor. A Dreux, on est loin (snif… snif) en auto-info, et dehors, rien ne ressemble à St Cyr ! Pas de derrick, pas de château de Versailles, pas d'A12.... La verticale pour jeter un œil sur la manche, puis retrouver le vent arrière. Un avion fait des tours de pistes. Ca fera un peu de trafic. On rentre pour la 04. Le top en passant le seuil... le virage pour la base... le dernier virage... biin diouuuu v’la la piste et elle est pas grand c’te piste... Je ne sais pas pourquoi mais à ce moment là, je me suis mis dans la tête qu’il fallait que je touche... assez tôt... voir "le plus tôt posssible". Encore une erreur. Si Xavier ne m’avait pas repris, je me serais payer les arbres au seuil (voir les grosses grues jaunes en bordure avec la chance que j’ai) et j’aurais touché encore plus tôt. Vous voyez le seuil là ? Le petit rectangle de ciment... et bien moi j’ai touché tout là-bas... oui... oui... là bas... bien avant. Donc trop tôt. Ca servira de leçon. On est là pour ça.
Pas le temps de traîner (on est là pour voler nan ? Pas pour rouler !), on libère la 04 et on remonte dans la foulée pour le point d’arrêt. On (re)décolle sans problème (tiens ici aussi ils ont une altération de cap ?)... et on (re)déroule la nav. à l’envers. Pour ne pas perdre la main et alors qu’on était peinard sur le chemin du retour, Xavier tirera la manette des gaz et annoncera un très zoli « panne en campagne » (c’est quoi cette manie des instructeurs ? Zon un problème ?). Même si j’ai trouvé encore mon choix de champs... disons... oui disons-le : pourri (c'est à dire minuscule, avec une haie d’arbre au bout), on s’en ai pas trop mal sortie, parait-il. Remise de gaz et cette fois-çi on rentre.
Pour ne rien gâcher, je décide d’oublier totalement ce qu’il est bon ton de dire dans le micro... et donc 2 ou 3 phrases bafouillés et incompréhensibles plus tard, je retrouve ma 30 droite... Encore un truc à travailler.
De mémoire, l’arrondi était pas mal avec juste ce qu’il faut de conneries (pourquoi pousser le manche juste après le touché ?).
Allez, on ne garde que le meilleur et on travaille tout le reste.
7.6.03
VSV ou l'heure de vol Flight Simulator à 115 euros (épisode 4)
Vous avez déjà joué (ou volé selon) avec Microsoft Flight Simulator ? Durant un vol, vous regardez l'écran. Jusque là, c'est pas dur. Un coup d'oeil dehors pour admirer le paysage où, au choix, (1) une succession de bleu (si vous volez au dessus de l'eau) (2) de champs (alignés et colorés à l'américaine) (2) tout est plat (selon les performances de votre PC et l'installation de Mesh... de quoi ?). 15 centimètres plus bas, donc au dessous, se trouve le tableau de bord avec ses cadrans. Pourquoi je vous raconte tout ça ? Vous allez comprendre dans quelques lignes.
Pour moi, habitué de FS depuis... trop longtemps, les instruments de Flight Simulator représentent la certitude du bon cap, de la bonne assiette, de la vitesse... Sans sensation d'accélération, de vitesse, des perturbations... bref du mouvement. Il n'y a pas d'autre solution efficace. Je me targue, comme beaucoup d'habitués de FS, d'être un spécialiste du placement du pixel (1280x1024) de la maquette de l'horizon articiel. Un p'tit coup à droite, en bas, à gauche... voilà le pixel 234x532 est aligné avec le trait qui lui fait, sous l'effet de l'antialising, même pas un demi pixel. Sous flight, lorsqu'on le veut, on vole "au pixel", d'autres font ça au trim. Chacun son truc.
Les instruments avec l'horizon artificiel en tête, restent donc des éléments clés de la gestion des paramètres du vol. Avec le décor à l'extérieur, on "fait avec". La touche "S" permettant de "baver" sur le bleu du lagon. Si, si venez volez sur IVAO en polynésie française ! (Fin du message publicitaire).
Hier, dans mon petit créneau de vol hebdomadaire, Xavier m'a proposé mon premier vol... en VSV (Vol Sans Visibilité). Ca y-est vous commencez à comprendre ? Prévol, démarrage, roulage... "oui, ça freine presque symétriquement un DR-221 !", tout se fait comme d'habitude au début d'un p'tit vol prévu pour environ 1 heure. Une bonne heure de plaisir en perspective.
- "Fox-Romeo-Tango, on s'aligne et on décolle piste 30 gauche".
Je décolle "mon" Romeo-Tango... altération de cap par la droite en passant l'A12. Pour changer, on sort par les étangs de St Quentin. C'est très étonnant de constater que la charge de travail d'un pilote débutant comme moi augmente très rapidement dès que l'on change un tant soit peu le pseudo train-train des vols. Nous avions l'habitude de sortir du circuit par les Serres (plus d'infos sur les sorties, par ici : http://www.alcyons.com/ rubrique "Aéroclub" et "Comment venir aux Alcyons"). Changer de sortie, me remets tout de suite "la cpu" à 100% ou plutôt 200% ! Je regarde le paysage, je me pose plein de question : par où aller ?, entre les deux trucs, là ? A quelle hauteur ? Quand rappellera-t-on ?...
- "Fox-Romeo-Tango, on passe verticale les étangs pour quitter. A bientôt...".
Xavier se retourne et s'emparre de la visière. De la quoi ? Ce truc se met sur la tête (je précise, on ne sait jamais).
Imaginez maintenant le zouave que je suis dans le petit DR-221. J'ai sur la tête mes lunettes de soleil, un casque radio et un entonnoir en plastique (comme ceux que l'on met aux animaux lorsqu'ils sont malades). Et je veux piloter !
Une fois chaussé de ce truc sur la tête, je peux vous assurer que la tête droite, on ne voit que le tableau de bord. Plus de ciel bleu, plus de payage. Pffff, disparu. Un grand cône blanc à la place. Sympa ce vol ! Pas facile de tricher non plus. Vouloir regarder le cadran tout au bout à droite (le compte tour est tout là bas sur les robin DR-221) nécessite un bon coup de tête.
J'ai donc passé 50 minutes les yeux rivés sur les instruments. Horizon, alti, horizon, vitesse, horizon, (tendre l'oreille pour le régime moteur), alti, horizon, cap, horizon...etc... pendant 50 minutes. Bien sûr pour compliquer la chose, Xavier balance régulièrement des trucs du genre : "Bien, on va faire un 180 par la droite. Disons que nous sommes rentrés dans un nuage et qu'il faut faire rapidement demi-tour" ou bien "on va monter à 2000 pieds" suivi d'un "On descendre à 1500 pieds" précédant un "On va prendre un cap 270" ou bien "je te mets l'avion en virage engagé et c'est à toi ensuite de nous en sortir".
Parfois, il y a une variante. Une sorte de bouquet final. Un truc en plus.
- "Vincent, tu vas fermer les yeux. Je vais mettre l'avion dans un virage engagé et lorsque je te le dirais tu (r)ouvriras les yeux et nous en sortira".
Il me vient comme d'habitude la réflexion habituelle lorsque Xavier me demande un truc... disons...un truc bizarre : le "Ben voyons". Ce "ben voyons" va se promener longtemps durant mon apprentissage. Je suis (1) interdit de regarder dehors (2) je dois fermer les yeux. Il ne veut pas en plus que je débranche le casque, nan ? Crévindiou dans quelques heures, il va me mettre dehors ! (note pour plus tard : trouver absolument où sont caché(s) le(s) parachute(s)).
Trève de plaisanterie. Je sens à peine l'avion partir à gauche d'abord, puis vers le bas. Aucune accélération. Le bruit du vent, à peine.
- "Top. Ouvre les yeux, c'est à toi".
Simultanément, j'ai les yeux collés sur la maquette de l'horizon et la main gauche plonge vers la manette des gaz. Réduction de la vitesse, les ailes à plat puis p'tite ressource pour remettre tout le monde dans l'ordre.
Et ça continu comme ça pendant 50 minutes. Horizon, alti, horizon, vitesse, horizon, (le régime moteur à l'oreille), alti, horizon, cap, horizon... Vous connaissez la chanson. "Au cap 60 à 20 degrés d'inclinaison" - "Au cap 180 à 15 degrés d'inclinaison". Je n'arrive vraiment pas à mémoriser ces graduations sur l'horizon. La prochaine fois je viendrais avec plusieurs post-it. L'un d'entre-eux sera destiné à graduer de 10 degrés en 10 degrés les p'tites barres. Un autre sera collé au pare-brise pour indiquer "ne pas repousser le manche à la fin de l'arrondi : Il n'y a pas de roulette avant".
Le retour sur le terrain se fait toujours sous les directives de Xavier. En l'attendant faire la radio (comment voulez-vous que je sache où je suis ?) je me dis que l'on se rapproche.
- "Au cap 60".
- "St-Cyr Tour de Fox-Romeo-Tango, à 3 minutes des étangs de retour de local..."
- "Tu prends maintenant au 40"
- "Au cap 20, pour 1100 pieds"
Tiens on remonte au nord... et on descends. J'obéis aux ordres sans discuter. Je comprend petit à petit que Xavier va me guider sur tout le tour de piste. Au début, je me dis que l'on arrêtera ce "jeux" du contrôleur assez tôt. Puis, on se retrouve sur le vent arrière. Il me fait réduire à 2000 tours. Me fait sortir les volets, 1 cran. La pompe. Je ne vois toujours que la planche de bord. C'est monstrueux.
- "Tout de suite au 210" en descente
Là, ça ne rigole plus. On est en étape de base. J'ai toujours la casquette sur la tête.
- "220, continue la descente doucement".
- "300, c'est pas mal"
- "290"
- "En final piste 30, Roméo-Tango"
Il sort les deux crans de volets, m'arrache la casquette de la tête.
Nous ne sommes pas vraiment sur l'axe, je ne sais plus très bien à quelle hauteur nous étions, mais ça devait donner quelque chose comme ça :
Désolé pour la reprise de photo d'un vol précédent, mais vous ne vouliez pas en plus que je prenne des photos, nan ?
Je peux vous assurer que c'est déroutant de faire un tour de piste sans aucune référence visuelle extérieur.
Toujours est-il que faire des virages dans un avion où vous ne pouvez pas voir où vous allez, cela crée des liens de confiance (très) forts avec votre instructeur.
- "Cap 210"
- "euh... c'est bon là j'y vais ?... y-a personne ?... euh.. tu fais la sécurité... hein ? euh t'es là ?"
- "C'est bon, tu peux y aller".
S'il le dit, alors.
Dernier enseignement. Enlever la vision et il ne reste plus grand chose pour apporter des sensations au cerveau. Malgré des virages à inclinaisons variables - c'est à dire non contrôlé par un pilote débutant - et dépassant parfois allègrement les 20 degrés, je n'ai pas ressenti grand chose. Même chose pour les montées et les descentes. Il faudra que Xavier prennent les commandes et fasse un peu le yoyo pour que ces (dans ce cas "mauvaises") sensations reviennent. C'est très troublant ! Tout cela pour vous dire qu'hier j'ai eut l'impression de faire du Flight Simulator en payant 115 euros de l'heure ! Mais j'en redemande.
Tiens ce soir devant mon Flight Simulator, je vais me mettre un seau en plastique sur la tête. Ca fera des heures de vol en plus :-)))
Pour moi, habitué de FS depuis... trop longtemps, les instruments de Flight Simulator représentent la certitude du bon cap, de la bonne assiette, de la vitesse... Sans sensation d'accélération, de vitesse, des perturbations... bref du mouvement. Il n'y a pas d'autre solution efficace. Je me targue, comme beaucoup d'habitués de FS, d'être un spécialiste du placement du pixel (1280x1024) de la maquette de l'horizon articiel. Un p'tit coup à droite, en bas, à gauche... voilà le pixel 234x532 est aligné avec le trait qui lui fait, sous l'effet de l'antialising, même pas un demi pixel. Sous flight, lorsqu'on le veut, on vole "au pixel", d'autres font ça au trim. Chacun son truc.
Les instruments avec l'horizon artificiel en tête, restent donc des éléments clés de la gestion des paramètres du vol. Avec le décor à l'extérieur, on "fait avec". La touche "S" permettant de "baver" sur le bleu du lagon. Si, si venez volez sur IVAO en polynésie française ! (Fin du message publicitaire).
Hier, dans mon petit créneau de vol hebdomadaire, Xavier m'a proposé mon premier vol... en VSV (Vol Sans Visibilité). Ca y-est vous commencez à comprendre ? Prévol, démarrage, roulage... "oui, ça freine presque symétriquement un DR-221 !", tout se fait comme d'habitude au début d'un p'tit vol prévu pour environ 1 heure. Une bonne heure de plaisir en perspective.
- "Fox-Romeo-Tango, on s'aligne et on décolle piste 30 gauche".
Je décolle "mon" Romeo-Tango... altération de cap par la droite en passant l'A12. Pour changer, on sort par les étangs de St Quentin. C'est très étonnant de constater que la charge de travail d'un pilote débutant comme moi augmente très rapidement dès que l'on change un tant soit peu le pseudo train-train des vols. Nous avions l'habitude de sortir du circuit par les Serres (plus d'infos sur les sorties, par ici : http://www.alcyons.com/ rubrique "Aéroclub" et "Comment venir aux Alcyons"). Changer de sortie, me remets tout de suite "la cpu" à 100% ou plutôt 200% ! Je regarde le paysage, je me pose plein de question : par où aller ?, entre les deux trucs, là ? A quelle hauteur ? Quand rappellera-t-on ?...
- "Fox-Romeo-Tango, on passe verticale les étangs pour quitter. A bientôt...".
Xavier se retourne et s'emparre de la visière. De la quoi ? Ce truc se met sur la tête (je précise, on ne sait jamais).
Imaginez maintenant le zouave que je suis dans le petit DR-221. J'ai sur la tête mes lunettes de soleil, un casque radio et un entonnoir en plastique (comme ceux que l'on met aux animaux lorsqu'ils sont malades). Et je veux piloter !
Une fois chaussé de ce truc sur la tête, je peux vous assurer que la tête droite, on ne voit que le tableau de bord. Plus de ciel bleu, plus de payage. Pffff, disparu. Un grand cône blanc à la place. Sympa ce vol ! Pas facile de tricher non plus. Vouloir regarder le cadran tout au bout à droite (le compte tour est tout là bas sur les robin DR-221) nécessite un bon coup de tête.
J'ai donc passé 50 minutes les yeux rivés sur les instruments. Horizon, alti, horizon, vitesse, horizon, (tendre l'oreille pour le régime moteur), alti, horizon, cap, horizon...etc... pendant 50 minutes. Bien sûr pour compliquer la chose, Xavier balance régulièrement des trucs du genre : "Bien, on va faire un 180 par la droite. Disons que nous sommes rentrés dans un nuage et qu'il faut faire rapidement demi-tour" ou bien "on va monter à 2000 pieds" suivi d'un "On descendre à 1500 pieds" précédant un "On va prendre un cap 270" ou bien "je te mets l'avion en virage engagé et c'est à toi ensuite de nous en sortir".
Parfois, il y a une variante. Une sorte de bouquet final. Un truc en plus.
- "Vincent, tu vas fermer les yeux. Je vais mettre l'avion dans un virage engagé et lorsque je te le dirais tu (r)ouvriras les yeux et nous en sortira".
Il me vient comme d'habitude la réflexion habituelle lorsque Xavier me demande un truc... disons...un truc bizarre : le "Ben voyons". Ce "ben voyons" va se promener longtemps durant mon apprentissage. Je suis (1) interdit de regarder dehors (2) je dois fermer les yeux. Il ne veut pas en plus que je débranche le casque, nan ? Crévindiou dans quelques heures, il va me mettre dehors ! (note pour plus tard : trouver absolument où sont caché(s) le(s) parachute(s)).
Trève de plaisanterie. Je sens à peine l'avion partir à gauche d'abord, puis vers le bas. Aucune accélération. Le bruit du vent, à peine.
- "Top. Ouvre les yeux, c'est à toi".
Simultanément, j'ai les yeux collés sur la maquette de l'horizon et la main gauche plonge vers la manette des gaz. Réduction de la vitesse, les ailes à plat puis p'tite ressource pour remettre tout le monde dans l'ordre.
Et ça continu comme ça pendant 50 minutes. Horizon, alti, horizon, vitesse, horizon, (le régime moteur à l'oreille), alti, horizon, cap, horizon... Vous connaissez la chanson. "Au cap 60 à 20 degrés d'inclinaison" - "Au cap 180 à 15 degrés d'inclinaison". Je n'arrive vraiment pas à mémoriser ces graduations sur l'horizon. La prochaine fois je viendrais avec plusieurs post-it. L'un d'entre-eux sera destiné à graduer de 10 degrés en 10 degrés les p'tites barres. Un autre sera collé au pare-brise pour indiquer "ne pas repousser le manche à la fin de l'arrondi : Il n'y a pas de roulette avant".
Le retour sur le terrain se fait toujours sous les directives de Xavier. En l'attendant faire la radio (comment voulez-vous que je sache où je suis ?) je me dis que l'on se rapproche.
- "Au cap 60".
- "St-Cyr Tour de Fox-Romeo-Tango, à 3 minutes des étangs de retour de local..."
- "Tu prends maintenant au 40"
- "Au cap 20, pour 1100 pieds"
Tiens on remonte au nord... et on descends. J'obéis aux ordres sans discuter. Je comprend petit à petit que Xavier va me guider sur tout le tour de piste. Au début, je me dis que l'on arrêtera ce "jeux" du contrôleur assez tôt. Puis, on se retrouve sur le vent arrière. Il me fait réduire à 2000 tours. Me fait sortir les volets, 1 cran. La pompe. Je ne vois toujours que la planche de bord. C'est monstrueux.
- "Tout de suite au 210" en descente
Là, ça ne rigole plus. On est en étape de base. J'ai toujours la casquette sur la tête.
- "220, continue la descente doucement".
- "300, c'est pas mal"
- "290"
- "En final piste 30, Roméo-Tango"
Il sort les deux crans de volets, m'arrache la casquette de la tête.
Nous ne sommes pas vraiment sur l'axe, je ne sais plus très bien à quelle hauteur nous étions, mais ça devait donner quelque chose comme ça :
Désolé pour la reprise de photo d'un vol précédent, mais vous ne vouliez pas en plus que je prenne des photos, nan ?
Je peux vous assurer que c'est déroutant de faire un tour de piste sans aucune référence visuelle extérieur.
Toujours est-il que faire des virages dans un avion où vous ne pouvez pas voir où vous allez, cela crée des liens de confiance (très) forts avec votre instructeur.
- "Cap 210"
- "euh... c'est bon là j'y vais ?... y-a personne ?... euh.. tu fais la sécurité... hein ? euh t'es là ?"
- "C'est bon, tu peux y aller".
S'il le dit, alors.
Dernier enseignement. Enlever la vision et il ne reste plus grand chose pour apporter des sensations au cerveau. Malgré des virages à inclinaisons variables - c'est à dire non contrôlé par un pilote débutant - et dépassant parfois allègrement les 20 degrés, je n'ai pas ressenti grand chose. Même chose pour les montées et les descentes. Il faudra que Xavier prennent les commandes et fasse un peu le yoyo pour que ces (dans ce cas "mauvaises") sensations reviennent. C'est très troublant ! Tout cela pour vous dire qu'hier j'ai eut l'impression de faire du Flight Simulator en payant 115 euros de l'heure ! Mais j'en redemande.
Tiens ce soir devant mon Flight Simulator, je vais me mettre un seau en plastique sur la tête. Ca fera des heures de vol en plus :-)))
31.5.03
Fox-Romeo-Tango, je suis prêt au roulage (épisode 3)
D’un seul coup le bruit de la fragile porte du Robin DR-221 résonne. Je verrouille la verrière. Xavier est encore sur l’aile. De l’extérieur, il me regarde faire. La sueur coule sur mon front. Mon T-Shirt est trempé. Il doit faire 40 degrés dans ce cockpit. Le moteur tourne toujours, mais la ventilation n’est pas assez forte pour me raffraîchir. On a fait un « retour parking ». Je ne vois plus mon instructeur. Il a quitté mon champ de vision. Il est partit par où ? Il ne va pas rester derrière l’avion quand même. J’entendrais plus tard dire que lors du lacher, en fait l’avion reste attaché avec d’énormes élastiques et l’instructeur à deux poignets de commande, comme pour le vol circulaire. Quelle idée ?! Le voilà qui réapparait. Il me fait signe avec le pouce pointé vers le haut. Je lui réponds de même. Il s’éloigne. Il ne se retourne pas. Il a son sac à dos sur l’épaule. Je le vois longer le hangar des Alcyons pour se diriger vers le Club-House. Il ne se retourne toujours pas. Pas un regard. Il faut que j’y aille. Un rapide scanning sur les instruments. Et j’appuie sur l’interrupteur : « St-Cyr Sol de Fox-Romeo-Tango, je suis prêt au roulage »
Retour en arrière 1 heure auparavant.
Samedi 31 mai 2003. Zulu-Papa est endommagé, alors on prend Romeo-Tango. Mes dernières heures de vol se sont réalisées avec lui. Ce ne devrait pas poser de problème.
- « Et bien, on va faire quelques tours de pistes. Aujourd’hui, on a tout comme à Orly. Un sol et une tour. Dommage que ce soit la 12 en service. La manche à air est collée au poteau. On va négocier ça ».
Nous prenons l’ATIS. J’utilise ma p’tite planchette avec mon p’tit critérium. Tout comme les vrai pilotes. Je note l’information, le QNH et la piste en service.
- « St Cyr Sol de Fox-Romeo-Tango, bonjour ».
Ouaiis, j’ai dit bonjour du premier coup ! La réponse est rapide et sèche.
- « Romeo-Tango bonjour ».
- « St Cyr Sol de Fox-Bravo-Papa-Romeo-Tango, un DR-221 au parking des Alcyons, on a reçu l’information Echo, pour quelques tours de pistes ».
- « Romeo-Tango, roulez 12 gauche, rappelez prêt ».
Je roule calmement. Je commence à le connaître ce zigouigoui. Tout doux avec les pieds. Pensez que la roulette est derrière et anticiper. On passe à côté de la tour. Peut-être que dans pas longtemps, les types là-haut dans leur perchoir, ils me contrôleront alors que je serais seul à bord. Ils pourraient être les seuls qui pourraient m’aider si j’avais quelques problèmes. Pourquoi je pense à ça ?
- « St Cyr Sol de Romeo-Tango, qu’est-ce que vous pensez de la 30 gauche ? » demande alors Xavier, mon instructeur.
- « Romeo-Tango… on… on regarde ça et on vous rappelle. »
Pendant ce temps, moi je roule vers la 12 droite. Doucement, mais je roule dans le mauvais sens quand même s’ils ouvrent la 30.
- « Novembre-Hotel et Romeo-Tango, changement de QFU, vous roulez pour la 30 gauche, rappelez prêt ».
Et hop, je fais demi-tour alors que j’arrivais sur la partie en herbe du taxiway (pour ceux qui connaissent). Je me dis que cette demande de changement de piste en service n’est pas anodine. A St-Cyr, un lâcher avec la 12 en service, ça fait des décollages directement dans l’axe du château de Versailles et forcément des pannes au décollage un poil plus compliquées à gérer. Voilà, ça c’est fait… Ce sera donc la 30.
On enchaîne les tours de piste. 3 ou 4, je ne me souviens plus. Un (superbe) Piper Cub jaune (existe-t-il dans une autre couleur ?) nous force à faire un vent traversier avec le-clignotant-à droite pour pouvoir le doubler. J’apprend aussi à réagir si l’avion devant moi est trop lent et anticipe un 360 degrés autour (et pas au dessus) de Rennemoulin. Ces tours de pistes m’ont permis de définitivement comprendre la dernière phase de l’atterissage : le rebond (j’en vois 2 au fond qui rigolent).
- « Après le 1er rebond, on ne fait rien, Vincent . On ne rend pas la main à l’avion, sinon il va se planter dans la piste. On garde le manche dans sa position et on refait un second arrondi ».
Tout ça, je ne l’avais pas compris…. Pas compris du tout. Ou peut-être, je n’étais pas capable de le maîtriser. Le 1er atterrissage se fait avec rebond. Le second aussi, mais j’ai mieux maîtrisé et pas uniquement subi ce qui se passait. Le troisième est… ? Je ne m’en rappelle plus. Disons que j’ai rebondis (les 2 du fond, là…dehors ! au Loft !). Le quatrième est fantastique (si… si, je m’envois des fleurs, parfois ça me fait plaisir), j’ai entendu l’avertisseur tout du long de l’arrondi. J’ai gérer et laisser se poser mon Romeo-Tango. Que du bonheur. Pas de rebond. Quel plaisir de poser un train classique de cette manière. Note pour plus tard : pensez à le refaire.
Une PTE trop longue plus tard où Xavier me montre comment donner un monstrueux coup de frein à coup de glissadee, et je l’entend dire :
- « Bon, ton certificat médical est à jour, tes papiers aussi ? »
Il se retourne et regroupe ses affaires posées sur le siège arrière pendant que nous remontons au point d’arrêt.
- « Tu redécolles, tu me refais un joli atterrisage et on fait un retour parking ».
Là, je sens qu’il se passe quelque chose. Ce n’est plus une surprise, on en parle depuis plusieurs heures (de vol) et je saoule tous ceux qui m’entourent. Mais c’est difficile maintenant de faire marche arrière. Je ne sais vraiment plus comment s’est déroulé le dernier tour de piste. Peu importe. Je me rappelle juste avoir demandé à plusieurs reprises à Xavier s’il était vraiment sûr, si c’était le bon moment. En remontant au parking, Xavier me liste tout ce qui va suivre.
- « Tu vas voir l’avion est plus léger, ce n’est pas une raison pour mettre moins de gaz au décollage… tu ne feras pas un essai moteur au point d’arrêt, juste un scanning rapide… ».
Je n’entends rien. Ou si peu de chose. J’y suis déjà… Je suis déjà dans mon tour de piste solo.
Au parking, Xavier prend la parole et annonce
- « St-Cyr Sol, pour un départ pour un lâcher Solo ».
Le sol répond
- « Romeo-Tango, prêt à rouler ? ».
Ah ba, non… attendez que l’instructeur descende !
- « Dans quelques minutes » annonce pour la dernière fois Xavier.
Je tends bêtement ma main devant moi à l’horizontal, pour voir si je tremble… de peur ? Ma main vibre… à cause du moteur qui est resté allumé. Ma main est tendu, j’en profite pour serrer celle de Xavier.
- « A tout de suite ».
Xavier descend de Romeo-Tango. Je verrouille la verrière avec lui à l’extérieur.
- « St Cyr Sol de Fox-Romeo-Tango, je suis prêt au roulage ».
- « Romeo-Tango, roulez 30 gauche, rappelez prêt ».
- « Je roule 30 gauche, rappelle prêt, Romeo-Tango ».
Je suis tout seul. Bêtement je regarde tout autour de moi. Je suis toujours à l’arrêt et au sol. Personne sur le parking pour me regarder partir. Je pousse la manette des gaz. Romeo-tango avance doucement. Le roulage est surprenant. Je m’entends respirer. Pas de discussion avec Xavier. Pas d’échange. Rien. Je suis seul à bord de mon avion, je m’entends respirer dans le casque et je roule pour le point d’arrêt de la 30 gauche.
Il a dit de ne pas faire d’essai moteur au point d’arrêt. Bon, alors scanning des instruments, tout est dans le vert, rien ne s’allume. Je baisse un cran de volet. J’allume la pompe. A ce moment, je ne suis sûr de RIEN. C’est maintenant qu’il faut baisser le cran de volet… la pompe, l’allumer maintenant ou aligner. Je fais les choses mécaniquement.
- « St-Cyr Sol de Romeo-Tango, au point d’arrêt 30, je suis prêt ».
Le décollage est une formalité. 50 km/h pour la mise en ligne de vol, 100 km/h pour la rotation… ah… non, il pèse si lourd que ça l’instructeur ? J’ai dû rotationner (note pour plus tard : chercher dans le dictionnaire) vers 80 km/h. Créviendiou, il grimpe vite… 800 pieds déjà ! zut, les actions après décollage… les volets… la pompe…
- « St-Cyr de X-Ray Hotel de retour de local, on a passé les étangs, on va couper les axes et on souhaite s’intégrer par le vent arrière… »
- « X-Ray hotel, vous poursuivez. Un traffic en montée initiale ».
Eh… c’est moi le traffic en montée initiale… tu vas pas me pourrir mon 1er tour de piste solo ! Nan, mais !!
- « On a visuel sur le traffic en montée, X-Ray-Hotel »
Au moins, il m’a vu. J’ai envie de crier dans la radio : « faites gaffe ! c’est mon lacher ! Ne vous approchez pas ! Débutant total aux commandes ! »
- « Romeo-Tango, dans vos 10h… non, vos 11h00, visuel sur X-Ray-Hotel ? »
Et d’une voix la plus sérieuse, la plus sereine possible et avec le plus d’assurance : « J’ai visuel sur le traffic ». Bon ca c’est fait. Tout le monde croit que je sais piloter, du genre « Vous inquiétez pas les mecs, y-a un pro aux commandes ». Beau parleur ! Au bout du vent traversier, on est à un peu plus de 1200 pieds (le tour se fait à 1100 pieds), je dégouline de sueur de partout et je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je me suis penché pour régler la ventilation de la place droite pour recevoir de l’air en plus.
Je vous laisse imaginer la situation. Au lieu de faire gaffe à mon altitude, mon cap, ma sécurité, X-Ray Hotel qui arrive, la vitesse, de savoir quoi faire et à quel moment… moi tranquillement je règle la clim. Je me penche et règle le p’tit truc qui est sensé me raffraîchir. Heureusement qu’il n’y a pas d’auto-radio dans les Robin, parce que je serais aller changer le CD.
- « On va faire une attente autour de Rennemoulin, X-Ray-Hotel ».
- « Recu »
Ca ce voit tant que ça que je débute ? A moins que le type dans X-Ray-Hotel ai des yeux de lynx et vu que le pilote trippatouillais la clim. Qu’il en soit ici remercié. Comme ça je n’aurais personne devant, ni derrière pour me stresser. Pour le stress, j’ai ma dose tout seul.
- « Vent arrière, Romeo Tango ».
Rien de plus. Surtout ne pas donner ses intentions. Xavier avait dit d’annoncer un retour parking. Nan, nan rester zen. Juste « Vent arrière ».
- « Romeo-Tango, vous êtes numéro 1 pour l’atterrissage rappelez dernier virage ».
- « Je suis numéro 1 pour l’atterrisage, je rappelle dernier virage, Romeo-Tango ».
La base en descente… un peu haut… un peu bas.. un peu haut… un peu de gaz… réduire.. augmentez… poussez… et je n’ai qu’une chose en tête : Où est-ce que je me pose ? 30 gauche ou 30 droite ? Y ma rien dit ? Y va me le dire quand ? Mamaaaaaan !!!!
Je prends l’option 30 droite. C’est la préférentielle (t’as lu la VAC, toi ?). Toute à l’heure, j’ai fait ça avec Xavier, et en final, la tour m’a autorisé sur la 30 gauche. Un coup de zigzag et hop, je suis sur l’axe de la 30 gauche. J’ai réussi à le faire toute à l’heure. Dans le doute, je prends la même option.
- « Dernier virage, Romeo-Tango ».« Romeo-Tango, vous êtes autorisé à l’atterissage 30 droite, les derniers vent sont calmes ».
Y-a au moins les vents qui sont calmes, eux.
- « Je suis autorisé à l’atterrisage 30 droite, Romeo-Tango ».
Bon, le plus dur reste à faire. L’axe, le plan, la vitesse… L’axe, le plan, la vitesse…Un deuxième cran de volet… L’axe, le plan, la vitesse… un peu lent… un peu de gaz… visez les « v »… on approche de l’arrondi… l’avertisseur gueule… je tire le manche… je touche… je rebondi… bloquer le manche… retentez l’arrondi… ca retouche… (ça rebondi ?)… rester calme… Ca y est, l’avion est au sol. Je contrôle aux pieds. Je suis heureux. J’ai posé mon avion !
Une fois la vitesse contrôlée, je me mets à gueuler comme un con… Je n’ai pas chanté sur le vent arrière comme de nombreux « laché ». D’accord, moi j’ai réglé la clim ;-)
Je suis heureux. La sensation du travail réalisé. Le résultat d’applications et d’excercices, de tant d’heures à répéter dans ma tête ces tours de pistes, la phraséo, les actions à chaque étape à réaliser… La pédagogie de Xavier. Son sens de l’anticipation, ses messages clairs, ses compliments, ses reproches. Tout ça, c’est dans ce tour de piste.
- « La piste 30 dégagée, Romeo-Tango »
- « Romeo-Tango, avec le sol, 121 décimale 95 »
- « Avec le sol, 121 décimal 95. Merci ».
- « St Cyr Sol, libéré par la tour, je suis sur le taxiway central, Romeo-Tango ».
- « Romeo-Tango, c’est pour un retour au point d’arrêt ? » (laissant entendre que je repars, donc).
- « Euh, bah… nan… là c’était mon lâcher, alors on est content de rouler pour le parking, Romeo-Tango ».
- « Romeo-Tango, vous roulez par le taxiway Bravo, rappelez au parking pour quitter. »
Retour en arrière 1 heure auparavant.
Samedi 31 mai 2003. Zulu-Papa est endommagé, alors on prend Romeo-Tango. Mes dernières heures de vol se sont réalisées avec lui. Ce ne devrait pas poser de problème.
- « Et bien, on va faire quelques tours de pistes. Aujourd’hui, on a tout comme à Orly. Un sol et une tour. Dommage que ce soit la 12 en service. La manche à air est collée au poteau. On va négocier ça ».
Nous prenons l’ATIS. J’utilise ma p’tite planchette avec mon p’tit critérium. Tout comme les vrai pilotes. Je note l’information, le QNH et la piste en service.
- « St Cyr Sol de Fox-Romeo-Tango, bonjour ».
Ouaiis, j’ai dit bonjour du premier coup ! La réponse est rapide et sèche.
- « Romeo-Tango bonjour ».
- « St Cyr Sol de Fox-Bravo-Papa-Romeo-Tango, un DR-221 au parking des Alcyons, on a reçu l’information Echo, pour quelques tours de pistes ».
- « Romeo-Tango, roulez 12 gauche, rappelez prêt ».
Je roule calmement. Je commence à le connaître ce zigouigoui. Tout doux avec les pieds. Pensez que la roulette est derrière et anticiper. On passe à côté de la tour. Peut-être que dans pas longtemps, les types là-haut dans leur perchoir, ils me contrôleront alors que je serais seul à bord. Ils pourraient être les seuls qui pourraient m’aider si j’avais quelques problèmes. Pourquoi je pense à ça ?
- « St Cyr Sol de Romeo-Tango, qu’est-ce que vous pensez de la 30 gauche ? » demande alors Xavier, mon instructeur.
- « Romeo-Tango… on… on regarde ça et on vous rappelle. »
Pendant ce temps, moi je roule vers la 12 droite. Doucement, mais je roule dans le mauvais sens quand même s’ils ouvrent la 30.
- « Novembre-Hotel et Romeo-Tango, changement de QFU, vous roulez pour la 30 gauche, rappelez prêt ».
Et hop, je fais demi-tour alors que j’arrivais sur la partie en herbe du taxiway (pour ceux qui connaissent). Je me dis que cette demande de changement de piste en service n’est pas anodine. A St-Cyr, un lâcher avec la 12 en service, ça fait des décollages directement dans l’axe du château de Versailles et forcément des pannes au décollage un poil plus compliquées à gérer. Voilà, ça c’est fait… Ce sera donc la 30.
On enchaîne les tours de piste. 3 ou 4, je ne me souviens plus. Un (superbe) Piper Cub jaune (existe-t-il dans une autre couleur ?) nous force à faire un vent traversier avec le-clignotant-à droite pour pouvoir le doubler. J’apprend aussi à réagir si l’avion devant moi est trop lent et anticipe un 360 degrés autour (et pas au dessus) de Rennemoulin. Ces tours de pistes m’ont permis de définitivement comprendre la dernière phase de l’atterissage : le rebond (j’en vois 2 au fond qui rigolent).
- « Après le 1er rebond, on ne fait rien, Vincent . On ne rend pas la main à l’avion, sinon il va se planter dans la piste. On garde le manche dans sa position et on refait un second arrondi ».
Tout ça, je ne l’avais pas compris…. Pas compris du tout. Ou peut-être, je n’étais pas capable de le maîtriser. Le 1er atterrissage se fait avec rebond. Le second aussi, mais j’ai mieux maîtrisé et pas uniquement subi ce qui se passait. Le troisième est… ? Je ne m’en rappelle plus. Disons que j’ai rebondis (les 2 du fond, là…dehors ! au Loft !). Le quatrième est fantastique (si… si, je m’envois des fleurs, parfois ça me fait plaisir), j’ai entendu l’avertisseur tout du long de l’arrondi. J’ai gérer et laisser se poser mon Romeo-Tango. Que du bonheur. Pas de rebond. Quel plaisir de poser un train classique de cette manière. Note pour plus tard : pensez à le refaire.
Une PTE trop longue plus tard où Xavier me montre comment donner un monstrueux coup de frein à coup de glissadee, et je l’entend dire :
- « Bon, ton certificat médical est à jour, tes papiers aussi ? »
Il se retourne et regroupe ses affaires posées sur le siège arrière pendant que nous remontons au point d’arrêt.
- « Tu redécolles, tu me refais un joli atterrisage et on fait un retour parking ».
Là, je sens qu’il se passe quelque chose. Ce n’est plus une surprise, on en parle depuis plusieurs heures (de vol) et je saoule tous ceux qui m’entourent. Mais c’est difficile maintenant de faire marche arrière. Je ne sais vraiment plus comment s’est déroulé le dernier tour de piste. Peu importe. Je me rappelle juste avoir demandé à plusieurs reprises à Xavier s’il était vraiment sûr, si c’était le bon moment. En remontant au parking, Xavier me liste tout ce qui va suivre.
- « Tu vas voir l’avion est plus léger, ce n’est pas une raison pour mettre moins de gaz au décollage… tu ne feras pas un essai moteur au point d’arrêt, juste un scanning rapide… ».
Je n’entends rien. Ou si peu de chose. J’y suis déjà… Je suis déjà dans mon tour de piste solo.
Au parking, Xavier prend la parole et annonce
- « St-Cyr Sol, pour un départ pour un lâcher Solo ».
Le sol répond
- « Romeo-Tango, prêt à rouler ? ».
Ah ba, non… attendez que l’instructeur descende !
- « Dans quelques minutes » annonce pour la dernière fois Xavier.
Je tends bêtement ma main devant moi à l’horizontal, pour voir si je tremble… de peur ? Ma main vibre… à cause du moteur qui est resté allumé. Ma main est tendu, j’en profite pour serrer celle de Xavier.
- « A tout de suite ».
Xavier descend de Romeo-Tango. Je verrouille la verrière avec lui à l’extérieur.
- « St Cyr Sol de Fox-Romeo-Tango, je suis prêt au roulage ».
- « Romeo-Tango, roulez 30 gauche, rappelez prêt ».
- « Je roule 30 gauche, rappelle prêt, Romeo-Tango ».
Je suis tout seul. Bêtement je regarde tout autour de moi. Je suis toujours à l’arrêt et au sol. Personne sur le parking pour me regarder partir. Je pousse la manette des gaz. Romeo-tango avance doucement. Le roulage est surprenant. Je m’entends respirer. Pas de discussion avec Xavier. Pas d’échange. Rien. Je suis seul à bord de mon avion, je m’entends respirer dans le casque et je roule pour le point d’arrêt de la 30 gauche.
Il a dit de ne pas faire d’essai moteur au point d’arrêt. Bon, alors scanning des instruments, tout est dans le vert, rien ne s’allume. Je baisse un cran de volet. J’allume la pompe. A ce moment, je ne suis sûr de RIEN. C’est maintenant qu’il faut baisser le cran de volet… la pompe, l’allumer maintenant ou aligner. Je fais les choses mécaniquement.
- « St-Cyr Sol de Romeo-Tango, au point d’arrêt 30, je suis prêt ».
Le décollage est une formalité. 50 km/h pour la mise en ligne de vol, 100 km/h pour la rotation… ah… non, il pèse si lourd que ça l’instructeur ? J’ai dû rotationner (note pour plus tard : chercher dans le dictionnaire) vers 80 km/h. Créviendiou, il grimpe vite… 800 pieds déjà ! zut, les actions après décollage… les volets… la pompe…
- « St-Cyr de X-Ray Hotel de retour de local, on a passé les étangs, on va couper les axes et on souhaite s’intégrer par le vent arrière… »
- « X-Ray hotel, vous poursuivez. Un traffic en montée initiale ».
Eh… c’est moi le traffic en montée initiale… tu vas pas me pourrir mon 1er tour de piste solo ! Nan, mais !!
- « On a visuel sur le traffic en montée, X-Ray-Hotel »
Au moins, il m’a vu. J’ai envie de crier dans la radio : « faites gaffe ! c’est mon lacher ! Ne vous approchez pas ! Débutant total aux commandes ! »
- « Romeo-Tango, dans vos 10h… non, vos 11h00, visuel sur X-Ray-Hotel ? »
Et d’une voix la plus sérieuse, la plus sereine possible et avec le plus d’assurance : « J’ai visuel sur le traffic ». Bon ca c’est fait. Tout le monde croit que je sais piloter, du genre « Vous inquiétez pas les mecs, y-a un pro aux commandes ». Beau parleur ! Au bout du vent traversier, on est à un peu plus de 1200 pieds (le tour se fait à 1100 pieds), je dégouline de sueur de partout et je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je me suis penché pour régler la ventilation de la place droite pour recevoir de l’air en plus.
Je vous laisse imaginer la situation. Au lieu de faire gaffe à mon altitude, mon cap, ma sécurité, X-Ray Hotel qui arrive, la vitesse, de savoir quoi faire et à quel moment… moi tranquillement je règle la clim. Je me penche et règle le p’tit truc qui est sensé me raffraîchir. Heureusement qu’il n’y a pas d’auto-radio dans les Robin, parce que je serais aller changer le CD.
- « On va faire une attente autour de Rennemoulin, X-Ray-Hotel ».
- « Recu »
Ca ce voit tant que ça que je débute ? A moins que le type dans X-Ray-Hotel ai des yeux de lynx et vu que le pilote trippatouillais la clim. Qu’il en soit ici remercié. Comme ça je n’aurais personne devant, ni derrière pour me stresser. Pour le stress, j’ai ma dose tout seul.
- « Vent arrière, Romeo Tango ».
Rien de plus. Surtout ne pas donner ses intentions. Xavier avait dit d’annoncer un retour parking. Nan, nan rester zen. Juste « Vent arrière ».
- « Romeo-Tango, vous êtes numéro 1 pour l’atterrissage rappelez dernier virage ».
- « Je suis numéro 1 pour l’atterrisage, je rappelle dernier virage, Romeo-Tango ».
La base en descente… un peu haut… un peu bas.. un peu haut… un peu de gaz… réduire.. augmentez… poussez… et je n’ai qu’une chose en tête : Où est-ce que je me pose ? 30 gauche ou 30 droite ? Y ma rien dit ? Y va me le dire quand ? Mamaaaaaan !!!!
Je prends l’option 30 droite. C’est la préférentielle (t’as lu la VAC, toi ?). Toute à l’heure, j’ai fait ça avec Xavier, et en final, la tour m’a autorisé sur la 30 gauche. Un coup de zigzag et hop, je suis sur l’axe de la 30 gauche. J’ai réussi à le faire toute à l’heure. Dans le doute, je prends la même option.
- « Dernier virage, Romeo-Tango ».« Romeo-Tango, vous êtes autorisé à l’atterissage 30 droite, les derniers vent sont calmes ».
Y-a au moins les vents qui sont calmes, eux.
- « Je suis autorisé à l’atterrisage 30 droite, Romeo-Tango ».
Bon, le plus dur reste à faire. L’axe, le plan, la vitesse… L’axe, le plan, la vitesse…Un deuxième cran de volet… L’axe, le plan, la vitesse… un peu lent… un peu de gaz… visez les « v »… on approche de l’arrondi… l’avertisseur gueule… je tire le manche… je touche… je rebondi… bloquer le manche… retentez l’arrondi… ca retouche… (ça rebondi ?)… rester calme… Ca y est, l’avion est au sol. Je contrôle aux pieds. Je suis heureux. J’ai posé mon avion !
Une fois la vitesse contrôlée, je me mets à gueuler comme un con… Je n’ai pas chanté sur le vent arrière comme de nombreux « laché ». D’accord, moi j’ai réglé la clim ;-)
Je suis heureux. La sensation du travail réalisé. Le résultat d’applications et d’excercices, de tant d’heures à répéter dans ma tête ces tours de pistes, la phraséo, les actions à chaque étape à réaliser… La pédagogie de Xavier. Son sens de l’anticipation, ses messages clairs, ses compliments, ses reproches. Tout ça, c’est dans ce tour de piste.
- « La piste 30 dégagée, Romeo-Tango »
- « Romeo-Tango, avec le sol, 121 décimale 95 »
- « Avec le sol, 121 décimal 95. Merci ».
- « St Cyr Sol, libéré par la tour, je suis sur le taxiway central, Romeo-Tango ».
- « Romeo-Tango, c’est pour un retour au point d’arrêt ? » (laissant entendre que je repars, donc).
- « Euh, bah… nan… là c’était mon lâcher, alors on est content de rouler pour le parking, Romeo-Tango ».
- « Romeo-Tango, vous roulez par le taxiway Bravo, rappelez au parking pour quitter. »
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