- "Le sol du Fox-X-Ray-Golf, beuuujouuuuur !"
Toujours un peu euphorique, à cause d'une sorte de "haie d'honneur" qui se tient au bout de l'aile gauche, je me lance rapidement sur la fréquence sol de Lognes. Didier M. a dit qu'il ne fallait pas traîner, Lognes devenant rapidement aussi bondé que l'A12 au bout de ma piste 30, un dimanche soir à Saint-Cyr.
Mais j'ai une excuse pour ce climat d'euphorie qui plane alors que je suis en place gauche du DR-400. En ce dimanche après-midi, j'ai retrouvé mes amis virtuels/réels, toute l'équipe d'HACL (les HAs pour les intimes, ceux Horizon Artificiel Centre Loire), ceux avec lesquels j'ai passé pratiquement toutes mes jeudis soirs depuis plus d'un an. Ceux avec lesquels, sur IVAO, j'ai appris la phraséo, les tours de pistes et tout plein d'autres choses, mélange d'assurance, de confiance et d'humilité. Alors, inévitablement, il se crée quelques liens, même virtuels. Sur un coup de tête, j'ai décidé de me rendre à cette réunion à Lognes... en Robin DR-400. Coup de fil la veille à l'aéroclub : "Un avion dispo ? Oui ? Le X-Ray-Golf ? un 180 chevaux ? Au moins, j'irais vite". Voilà, le temps de préparer une petit navigation par le sud et hop, je me fais un dimanche aéronautique. Saint-Cyr - Lognes, aller-retour.
La prévol s'est fait au pas de course, mais dans les règles de l'art tout de même. Le sérieux durant la check-list avant mise en route est plus difficilement tenable, Jean M. ayant décidé de mettre un peu de religieux dans cette procédure. Je clic, je tapotte, je regarde le machin, ce truc... et hop en m'y reprenant à deux ou trois fois, j'arrive enfin au moment où il faut actionner le démarreur.
Sous l'oeil attentif de Rémi, difficile de rester concentré avec ce public ! Un peu de calme !
A ce moment, une idée me traverse l'esprit : J'espère n'avoir rien oublié. Car le bruit d'un moteur de DR-400 qui refuse de démarrer parce "qu'il manque un truc" ressemble furieusement à une 2CV auquel on a oublié les bougies. R-i-d-i-c-u-l-e. Il m'est déjà arrivé de ne pas mettre le contact (batterie restée sur OFF), puis d'actionner le démarreur... Ca ratatatouuunne.... ratatatatouune... ratatatatouune... mais ça ne démarre pas. Vraiment pas. R-i-d-i-c-u-l-e.
Là, à ce moment précis, j'ai environ une vintaine d'yeux dirigée vers mon DR-400. Faut pas se râter. Forcément, une rangée de HA, tout propret, alignés gentiment, un dimanche après-midi, ce n'est pas courant. Il ne fait pas trop chaud, mais la perle de sueur, celle là même qui était venu m'embêter lors de mon premier décollage IVAOnesque virtuel sur la 07 de Fare, avec Master Burgat au contrôle... cette perle de sueur sur mon front restera coincée par ma casquette et mon casque solidement vissés sur ma tête. Non, mais. Je vais le démarrer et du premier coup, monsieur. Je croise tous (orteil, doigts, items numéro 6 de la check-list "avant démarrage"), et actionne le bouton rouge du démarreur. Ratatattouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuum.... 1100 tours/min. Ouf. Ca, c'est fait. Pompe sur OFF, Alternateur sur ON, Master Avionics sur ON. Tout est dans le vert. "Houston, no problem".
Le moteur tourne, ouf... je continue la Check-List.
- "pshiiit... 1, 2, 3"
- "1, 2, 3" me répond Rémi.
L'intercom marche, on a de la ventilation (le moteur tourne), j'ai mon crayon : décroisons les doigts et les orteils. Ca roule.
- "Le sol du Fox-X-Ray-Golf, beuuujouuuuur !"
La sol me réponds.
- "X-Ray-Golf, bonjour".
C'est plus sec, plus professionnel. Pas débutant, quouuuaaaa.
- "Le sol du DR-400, Fox-Golf-Golf-X-Ray-Golf, au parking de l'Agileuuuu.... [un blanc].... on vous rappelle, on a pas pris l'ATIS".
- "Reçu"
Forcément, faire le kakou, ça va 3 minutes, mais avec le micro, je perd un peu les pédales et avant de contacter le sol j'ai complètement oublié de prendre l'ATIS. Et toc. J'en connais sur IVAO auxquels j'aurais dorénavant du mal à leur rappeler qu'avant de prendre contact avec un contrôleur, on prend l'ATIS, monsieur. Si, si. Il va falloir que je me prépare à quelques claques.
A ma droite, le Rémi est plié de rire (cohésion de l'équipage ?). Il me l'avouera plus tard, il m'a laissé me lancer comme un grand dans la fosse au lion, en se demandant quelle "information" j'allais bien donner au contrôleur. Au hasard, une lettre comme sur IVAO ? Heureusement, derrière Frédéric n'a pas de casque, donc n'a pas pu entendre ma bourde.
Ouf. Mine de rien et même si je n'ai pas bu, je ne peux m'empêcher de rigoler, d'entre ouvrir la verrière et de tenter de crier que... comme un idiot "J'ai pas pris l'ATIS". J'en imagine deux ou trois tenter de me répondre : "Clic droit dans la fenêtre de Squawkbox...." Avec le bruit du moteur, je ne suis pas sûr qu'ils m'aient entendu. M'enfin. Moi je me marre bien de ma bétise.
L'ATIS pris, recontact avec le sol et nous avons la clairance de roulage pour le point d'arrêt 26, derrière un Cessna Alpha-Papa qui sort de l'Agile.
Alors que je pousse un peu les gaz et contrôle l'avion au pied, je salue d'une main les HA avec lesquels j'ai encore passé un bon moment entre discusions, vannes, engueulades et autres exposés du Master Yoda, oh pardon... du Maître Burgat.
Des après-midi comme ça. Entre amis. On en redemande.
Nous posons à côté de X-Ray-Golf pendant que les HA ont investi le cockpit !
A gauche : Votre serviteur. A droite : Maître Burgat, mon instructeur virtuel.