On prend les mêmes et on recommence (ou presque). Nous avons l'opportunité de revoler seulement 2 jours après la dernière navigation de nuit (voir ce récit). Patrick et Daniel m'accompagnent. Bien sûr, nous continuons à être des apprentis hiboux et nous embarquons aussi notre instructeur ;-)
Patrick s'occupe du départ. Il fera la branche Toussus - Rouen que j'ai réalisé samedi dernier. Je m'occuperais de la branche du milieu de notre triangle : Rouen - Pontoise. Et Daniel, la dernière branche pour le retour. Rien de compliqué. Rien que du VFR de nuit. Il suffit de suivre les itinéraires et de piloter l'avion. Quoique.
CAVOK est annoncé presque partout et il n'y a pas de vent. Nous avons encore de la chance. Le vol sera calme. Lorsque Patrick atterrit à Rouen, le terrain bénéficie du contrôle. Cela me change de samedi dernier. Lorsqu'il enquille sur la vent arrière 04 main droite, nous entendons un hélicoptère EC135 demander de l'assistance cause "We've lost single engine". Il cherche un terrain ouvert avec un ATS. Cela fait toujours bizarre d'entendre ce genre de chose à la radio et cela occupe encore un peu plus la CPU du pilote qui a déjà tout plein d'autres choses à gérer. Entre deux échanges en anglais avec l'hélico, Patrick amène le DR400 au parking devant le terminal. Nous avons une demi-heure avant que l'ATR d'Airlinair n'arrive. Nous n'avons qu'à payer la taxe et changer d'équipage. Je m'installe en place avant gauche.
J'ai préparé ma courte nav entre Rouen et Pontoise avec attention. Je l'ai même révisé sur FS... dans le noir. Il ne manquait plus que l'ATC. J'ai travaillé ma sortie par ECHO au cap et à la montre. Je me suis préparé à repérer cette grande route rectiligne qui mène à ce point de sortie.
Pour changer de mon vol de samedi, j'ai volontairement choisi de faire un petit tour par le nord et de prendre le point Gournay pour quitter Rouen. Cela changera des Andelys et ne rallonge que de quelques minutes à peine. Je cherche aussi à savoir à quoi ressemble un patelin au milieu de nul part. Ensuite ce sera Gisors à mi-chemin et Magny pour rentrer sur Pontoise. Tout ce goupille bien. Sauf que je ne prépare pas assez mon arrivée. C'était déjà le cas lors de ma première nav.
Je sors proprement de Rouen vers Echo puis je prend mon cap vers Gournay. Il n'y a pas de vent. Là, en chemin j'apprends à évaluer les distances dans le noir. En regardant devant, je ne vois qu'une seule ville juste là, sur le nez de l'avion. Et pourtant sur la carte, la seule prochaine ville est justement Gournay à 7 min. Le pilotaillon apprend tout doucement ;-) La ville avance doucement vers moi. C'est donc "ça" 7 min ?
Gournay passé, je vire à droite vers Magny. A chaque top, je consulte ma montre que j'allume. Puis le log de NAV pendant lequel je dois allumer ma frontal (rouge). Pour regarder la carte soit je la lève dans l'éclairage ambiant (blanc) de la cabine, soit j'allume encore la frontale rouge. Mais alors plus de jaune sur la carte. Et sans le jaune, une carte VFR de jour lue la nuit (vous suivez ?) a une toute autre tête. Voilà encore un exercice à pratiquer.
Passe alors Gisors que j'évite légèrement en virant avant. Je règle comme je peux mes radionav pour prévoir le croisement du point suivant. Un p'tit peu de radio alors que Christophe, l'instructeur, est 15 min devant l'avion alors que je dois être à peine à la moitié. Un Cessna RG est parti derrière nous de Rouen pour Pontoise. S'il trace en ligne droite, à la différence d'un pilotaillon ;-), nous allons nous retrouver sur le point d'entrée de Pontoise à peu de chose près.
On passe Magny, avec croisements de radiales du VOR, du chronomètre et du cap. Magny est là, c'est sûr (la certitude de l'élève). J'attrape mon cap... sans utiliser les moyens de radionav alors qu'un VOR à Pontoise me tend les... ondes. Je chronomètre pour savoir quand je devrais être sur le terrain et je regarde dehors à la recherche d'une ou plusieurs pistes, de hangar... de n'importe quoi pour identifier mon terrain de destination.
Les minutes passent et je cherche la piste. 1ère erreur. Soudain, je devine un axe perpendiculaire à ma route. Je me replonge dans la VAC pour me faire confirmer qu'il s'agit bien de la 05/23. La piste est bien illuminée. C'est bien la piste. Là, juste devant. Le cap correspond, l'estimée est bonne. C'est bon. 2ème erreur.
Je repère un feu rouge un peu à gauche de la piste. C'est la tour. Tout va bien, c'est bien Pontoise. Plus on s'approche (et à plus de 200 km/h on s'approche vite) et plus cet alignement ressemble bizarrement à la piste... . Bizarre. Le point rouge, sensé être la tour est devant le balisage de la 05-23. Cela ne m'inquiète pas. Je suis sûr d'avoir mon terrain.
- "Tu crois pas que tu devrais allumer la piste ?"
- "Zut... de zut !"
J'avais complètement oublié le PCL. Il faut dire aussi que j'ai fait mon briefing arrivée en vrac en discutant pas mal autour de la VAC qui ne comporte pas d'indication de PCL. C'est seulement en ayant appelé la tour qu'on apprend qu'un PCL existe.
Trois clics plus lent que samedi dernier (voir le récit) et la piste s'illumine. Magie du VFR de nuit...
On arrive verticale. La piste allumée reste peu visible. Je (re)découvre qu'en VFR de nuit les pistes ne se voient vraiment qu'une fois dans l'axe. Je vire sur ma gauche après avoir vérifié où devais se trouver la manche à air. Et je m'intègre pour la 05. Le balisage est faible (moins flashy qu'à Rouen... on prend de ces habitudes) et il manquerait presque une loupiotte sur le T ;-)
Une fois au park, je clos mon plan de vol avec IFRVFR. Moins d'une heure de vol en VFR de nuit mais encore un panier plein de nouvelle chose :
1. On ne cherche pas une piste éteinte au milieu des lumières. Les terrains dans le noir sont à chercher... dans le noir (CQFD). Chercher un terrain ailleurs, c'est un excellent moyen de trouver quelque chose qui ressemble à une piste... sans en être une.
2. (Je l'ai déjà dit) S'il y a un VOR sur le terrain de destination, ne pas oublier de l'utiliser. C'est fou de constater qu'une fois en l'air, on en oubli le bon sens !
12.3.07
10.3.07
Le triple clic
Nous avons un peu couru cette semaine après une météo, un avion et la dispo. de mon instructeur Christophe. Enfin samedi semble bien se présenter. Les METAR sont enthousiastes. La navigation préparée. Tous les coups de fil passés, la carte pliée, le trait tracé. Je file à Toussus. Le F-GGJL m'attend pour ma première navigation de nuit.
Le programme est simple. Tout simple. Et en préparant la NAV de nuit, je me remémore mes premières navigations de nuit. Comme un St-Cyr - Dreux ou une ligne droite vers Deauville. A l'époque, c'était pour moi toute une épopée. La préparation me prenait parfois plusieurs heures. J'envisageais tout. Je me méfias de tout. Je cherchais la petite bête. Le truc qui pourrait ne pas se passer comme "dans les livres". Je me posais des questions maintenant certainement "idiotes". Celles que l'on pose à son instructeur, naïf et tout attentif à la réponse.
Ce soir, je pars de Toussus et je vais à Rouen. Et me revoilà replongé 4 ans en arrière. Autant d'années se sont écoulées ? J'ai tout sortie sur la table. Les cartes, l'atlas VAC, la règle, le log de nav vierge, le complément aux cartes où je découvre des chapitres que j'ignorais jusqu'alors. Vous saviez qu'il y avait un tableau des terrains VFR de nuit ? Et des cartes pour chaque FIR décrivant les trajets obligatoires de nuit ? J'ai mis des marques pages. Comme si maintenant, ces 2 ou 3 chapitres ne me quitteraient plus.
Je m'applique... comme il y a 4 ans. Je cherche à comprendre et je me pose des questions idiotes. Bon. La réserve finale en VFR de nuit c'est quoi ? Ce n'est certainement pas la même qu'en VFR de jour (ne cherchez plus, c'est 45 minutes). Et comment sort-on de Toussus, de nuit lorsqu'on va vers l'ouest ? (là encore, ne cherchez plus, le trajet est publié RBT - EPR). Il y a toujours une première a-t-on l'habitude de dire. Voici la mienne.
Je prend donc la première branche. Guillaume, jeune élève (- de 15 heures au compteur) nous accompagne. Il a les yeux qui brillent. C'est un plaisir de lui faire "ce cadeau". J'aurais tant aimé pouvoir embarquer moi aussi pour un VFR de nuit. L'occasion pour moi ne s'est pas présentée aussi vite. Mais un peu plus tard, j'ai eut encore plus de chance ;-)
Jean-Luc se chargera du retour. Sur le papier rien de compliqué. Dans les faits, il fait nuit. Et une navigation de nuit ne ressemble pas tant que ça à une navigation de jour (dit-il du haut de sa 1ère navigation). Toussus, le VOR de Rambouillet (RBT), puis le VOR d'Epernon (EPR), puis le cap vers le nord pour "Les Andelys" (le premier point d'entrée de nuit pour Rouen) qui précèdera ECHO et le terrain (si tout va bien). Et je cherche des moyens de retrouver plus tard, là haut à 3000 ft, ce village. Tout va changer, je le sens. J'ai déjà un tout petit peu l'expérience du vol de nuit. Avec des promenades de pilotaillons ou bien de professionnels qui m'ont fait la joie de partager les commandes de leur machine en IFR de nuit, notamment.
J'angoisse de ne pas trouver le terrain (tout comme lors de mes premières NAV de jour). J'angoisse de ne pas attraper ces points de report de nuit obligatoires. Je me rend au terrain dans une relative inquiétude. Bien sûr l'instructeur est à droite. Je suis là pour apprendre. Mais j'ai peur de mal faire. De rater cet exercice. De ne pas m'en sortir.
Cliquez ici pour télécharger la vidéo
(.WMV, 640x480, 4min10sec, 72 mo)
Merci à Guillaume pour les images qui bougent !
Le début se déroule avec une relative maitrise (tout est relatif). Je ne suis pas trop loin de l'avion (comprendre pas trop... à la traine). J'anticipe un peu et je slalom beaucoup. Jusqu'à Epernon, je pilote l'avion. Passé EPR, je me rend compte avec la première question de Christophe ("et on est censé être avec qui, là ?") que j'ai totalement oublié de préparer ma radio. Je me suis focalisé sur ma navigation et les aides, mais j'ai omis de préparer la radio. Je fonce sur la carte. Mais avec une loupiotte rouge sur le front et une carte jour... il ne reste plus grand chose à voir (tout le jaune disparait et du jaune, il y en a sur une carte VFR). La lecture de carte dans l'habitacle faiblement éclairé du DR400 est une torture. Je dois m'habituer. Je suis là pour ça. Je dois acquérir des réflexes et une méthode.
J'avais imaginé de me repérer, comme je le fais de jour, sur quelques points hauts comme des antennes ou les cheminées de Porcheville. C'était une très mauvaise idée. Ces obstacles sont bien visibles de jour (peut-être trop et on les confonds les uns les autres), mais de nuit point de points rouges ou de feux clignotants. Ils restent absents de mon champ de vision. Subsiste des patatoïdes de lumières lorsque je regarde à l'opposé de Paris. Vers la capitale et plus on s'en rapproche, plus on ne voit qu'un halo de lumière et une multitude de bourgades au sol. Rien de clair. Rien de net. Dans l'autre sens, on distingue des grosses plaques jaunes. Le jeu, comme d'habitude, est de retrouver le nom de la ville. Ami du Groland bonjour !
Les autoroutes sont là, parce qu'il n'est pas trop tard et que les voitures circulent encore dessus. Plus tard dans le nuit (ou la matinée... ah que je rêve encore d'y être confronté), il faudra oublier de trouver ces grands axes non éclairés. Je le note pour plus tard.
La ville de Rambouillet est visible et sur ma route. Epernon est déjà plus difficile à identifier. Mais comme le VOR est au nord, on trouve la ville. Il devrait mettre des VOR à toutes les villes. Le cap, la montre, y-a que ça de vrai.
Et l'instructeur (ils sont tous pareils ?) recommence ce jeu du "Et là, la ville là-bas c'est quoi ?" La torture était la même il y a 4 ans ("Et ce point blanc, là, c'est quoi ?"). Rien n'a changé. Et c'est tant mieux. Je me retrouve de nouveau à l'école. A l'école du VFR de nuit. Je remet tout en question. Je suis de nouveau challengé. Des questions "m'embêtent" alors que je tente de garder un semblant de dignité en pseudo ligne droit. Et c'est ça qui est bon.
"Les Andelys" sont trouvés comme je peux. Le cap, le top et on part vers le point ECHO. ECHO est "trouvé" au cap et à la montre. Ce doit être là. Et Christophe complète d'une précision quand à la localisation du point ECHO. "Tu vois la grand ligne droite, là ? Et bien ce ne serait pas ta grande route rectiligne qui mène à ECHO ?". Bien vue. Un point pour lui (on ne compte plus les points en fait).
Je suis tellement dans ma NAV et submergé d'information que j'en oublis le briefing arrivée. Alors forcément, je découvre un peu le terrain, le tour de piste, le sens du premier virage, la tête du balisage. Rien n'est prêt. Rouen de nuit, c'est aussi mon premier PCL. J'attends ce moment avec impatience. Celui où je commanderais l'allumage de la piste, là devant moi en appuyant 3 fois sur l'alterna. Christophe, au titre de l'exercice, souhaite tout de même que je cherche le terrain sans l'allumer. Même si en arrivant à la perpendiculaire de l'axe de piste, on ne la voit pas du tout (ou si peu). J'avais déjà compris cela lors des tours de piste à Toussus. En vent arrière, le balisage est presque invisible. Une piste se voit dans l'axe. Un point c'est tout. Et ce n'est pas pratique pour les pilotailons comme moi.
- "Je peux y aller, là ? Je clic 3 fois"
- "Vas-y"
Je clic 3 fois. Ou plutôt je clic 3 fois comme un double-clic de souris. ClicClicClic. Speedy Gonzalez du clic PCL a parlé. Cela fait rire mon instructeur. Et je comprend qu'il faut y aller doucement. Que le PCL se mérite, que le PCL est capricieux et qu'il faut le ménager. Alors sagement, je re essaie. Clic - Clic - Clic... et les pistes s'illumine devant moi. D'abord, je vois les taxiways bleus apparaîtrent. Puis, le faible balisage vu de côté. J'ai des frissons.
J'ai tout de même une excuse géniale. Le balisage de cette piste est exceptionnel. Oui. A mon niveau de pilotaillon de nuit, le balisage est exceptionnel. D'abord, il est très lumineux. Ensuite, la piste dispose d'un balisage central ! Et ça c'est nouveau pour moi. On dirait du Flight Simulator (comprenne qui pourra). En plus elle est immense (1700x45). C'est un bonheur d'y arriver en finale 22.
Nous stoppons au terminal. Le temps de changer de pilote et je m'assoie à l'arrière. A la lumière (rouge) de ma lampe frontal, pendant que Jean-Luc démarre le Juliette-Lima, je repense au debriefing que Christophe vient de me faire. Et je prend en note tout ce qu'il faudra travailler pour le prochain vol.
1. Fermer la verrière (ou faire la checklist entièrement) avant de décoller. On gagne du temps et comme il fait froid en l'air la nuit, on garde le chaud à l'intérieur ;-)
2. Réaliser le "briefing arrivée" en l'air avant d'arrivée. "Pendant", c'est trop tard. "Après l'atterrissage", c'est bon pour le debriefing, mais pas pratique pour être devant l'avion.
3. Oublier les antennes pour les repères en VFR de nuit. On nous a menti. Quelqu'un les enlève la nuit tombé. Une fois en l'air, les points faciles à repérer de jour disparaissent dans le noir.
4. Préparer la radio en plus de la navigation. L'un ne va pas sans l'autre. Et vice versa ;-)
5. Dans l'arrivée, continuer à tenir son altitude. Ce n'est pas parce qu'on regarde dehors et vers le bas qu'on a le droit de descendre (sans faire gaffe... en plus)
6. Le PCL est sensible. Rien ne sert de s'exciter sur l'interrupteur. Cliquer doucement. Sinon... après moult tentative on arrive au chiffre magique de 7 et hop... la piste s'éteint. Pas pratique. Pas pratique du tout.
7. Le cap et la montre : y-a que ça de vrai.
8. Si l'avion est équipé d'un DME, alors l'utiliser. Utiliser tout ce qui est à bord. Sauf un truc : l'instructeur. Ah oui, un autre truc qu'on a pas le droit d'utiliser : les 36 GPS allumés à l'arrière et les "copilotes" qui voient toujours le terrain avant vous : "Je crois... que je le vois... mouaaaaa.... oui... je le vois.... pas vous ?"
Le programme est simple. Tout simple. Et en préparant la NAV de nuit, je me remémore mes premières navigations de nuit. Comme un St-Cyr - Dreux ou une ligne droite vers Deauville. A l'époque, c'était pour moi toute une épopée. La préparation me prenait parfois plusieurs heures. J'envisageais tout. Je me méfias de tout. Je cherchais la petite bête. Le truc qui pourrait ne pas se passer comme "dans les livres". Je me posais des questions maintenant certainement "idiotes". Celles que l'on pose à son instructeur, naïf et tout attentif à la réponse.
Ce soir, je pars de Toussus et je vais à Rouen. Et me revoilà replongé 4 ans en arrière. Autant d'années se sont écoulées ? J'ai tout sortie sur la table. Les cartes, l'atlas VAC, la règle, le log de nav vierge, le complément aux cartes où je découvre des chapitres que j'ignorais jusqu'alors. Vous saviez qu'il y avait un tableau des terrains VFR de nuit ? Et des cartes pour chaque FIR décrivant les trajets obligatoires de nuit ? J'ai mis des marques pages. Comme si maintenant, ces 2 ou 3 chapitres ne me quitteraient plus.
Je m'applique... comme il y a 4 ans. Je cherche à comprendre et je me pose des questions idiotes. Bon. La réserve finale en VFR de nuit c'est quoi ? Ce n'est certainement pas la même qu'en VFR de jour (ne cherchez plus, c'est 45 minutes). Et comment sort-on de Toussus, de nuit lorsqu'on va vers l'ouest ? (là encore, ne cherchez plus, le trajet est publié RBT - EPR). Il y a toujours une première a-t-on l'habitude de dire. Voici la mienne.
La trace globale vue avec Navigation.
Je prend donc la première branche. Guillaume, jeune élève (- de 15 heures au compteur) nous accompagne. Il a les yeux qui brillent. C'est un plaisir de lui faire "ce cadeau". J'aurais tant aimé pouvoir embarquer moi aussi pour un VFR de nuit. L'occasion pour moi ne s'est pas présentée aussi vite. Mais un peu plus tard, j'ai eut encore plus de chance ;-)
Jean-Luc se chargera du retour. Sur le papier rien de compliqué. Dans les faits, il fait nuit. Et une navigation de nuit ne ressemble pas tant que ça à une navigation de jour (dit-il du haut de sa 1ère navigation). Toussus, le VOR de Rambouillet (RBT), puis le VOR d'Epernon (EPR), puis le cap vers le nord pour "Les Andelys" (le premier point d'entrée de nuit pour Rouen) qui précèdera ECHO et le terrain (si tout va bien). Et je cherche des moyens de retrouver plus tard, là haut à 3000 ft, ce village. Tout va changer, je le sens. J'ai déjà un tout petit peu l'expérience du vol de nuit. Avec des promenades de pilotaillons ou bien de professionnels qui m'ont fait la joie de partager les commandes de leur machine en IFR de nuit, notamment.
Slalom spéciale entre RBT et EPR
J'angoisse de ne pas trouver le terrain (tout comme lors de mes premières NAV de jour). J'angoisse de ne pas attraper ces points de report de nuit obligatoires. Je me rend au terrain dans une relative inquiétude. Bien sûr l'instructeur est à droite. Je suis là pour apprendre. Mais j'ai peur de mal faire. De rater cet exercice. De ne pas m'en sortir.
Cliquez ici pour télécharger la vidéo
(.WMV, 640x480, 4min10sec, 72 mo)
Merci à Guillaume pour les images qui bougent !
Le début se déroule avec une relative maitrise (tout est relatif). Je ne suis pas trop loin de l'avion (comprendre pas trop... à la traine). J'anticipe un peu et je slalom beaucoup. Jusqu'à Epernon, je pilote l'avion. Passé EPR, je me rend compte avec la première question de Christophe ("et on est censé être avec qui, là ?") que j'ai totalement oublié de préparer ma radio. Je me suis focalisé sur ma navigation et les aides, mais j'ai omis de préparer la radio. Je fonce sur la carte. Mais avec une loupiotte rouge sur le front et une carte jour... il ne reste plus grand chose à voir (tout le jaune disparait et du jaune, il y en a sur une carte VFR). La lecture de carte dans l'habitacle faiblement éclairé du DR400 est une torture. Je dois m'habituer. Je suis là pour ça. Je dois acquérir des réflexes et une méthode.
Les Andelys, puis Echo : le trajet publié
pour entrer du sud à Rouen de nuit.
pour entrer du sud à Rouen de nuit.
J'avais imaginé de me repérer, comme je le fais de jour, sur quelques points hauts comme des antennes ou les cheminées de Porcheville. C'était une très mauvaise idée. Ces obstacles sont bien visibles de jour (peut-être trop et on les confonds les uns les autres), mais de nuit point de points rouges ou de feux clignotants. Ils restent absents de mon champ de vision. Subsiste des patatoïdes de lumières lorsque je regarde à l'opposé de Paris. Vers la capitale et plus on s'en rapproche, plus on ne voit qu'un halo de lumière et une multitude de bourgades au sol. Rien de clair. Rien de net. Dans l'autre sens, on distingue des grosses plaques jaunes. Le jeu, comme d'habitude, est de retrouver le nom de la ville. Ami du Groland bonjour !
Les autoroutes sont là, parce qu'il n'est pas trop tard et que les voitures circulent encore dessus. Plus tard dans le nuit (ou la matinée... ah que je rêve encore d'y être confronté), il faudra oublier de trouver ces grands axes non éclairés. Je le note pour plus tard.
La ville de Rambouillet est visible et sur ma route. Epernon est déjà plus difficile à identifier. Mais comme le VOR est au nord, on trouve la ville. Il devrait mettre des VOR à toutes les villes. Le cap, la montre, y-a que ça de vrai.
Et l'instructeur (ils sont tous pareils ?) recommence ce jeu du "Et là, la ville là-bas c'est quoi ?" La torture était la même il y a 4 ans ("Et ce point blanc, là, c'est quoi ?"). Rien n'a changé. Et c'est tant mieux. Je me retrouve de nouveau à l'école. A l'école du VFR de nuit. Je remet tout en question. Je suis de nouveau challengé. Des questions "m'embêtent" alors que je tente de garder un semblant de dignité en pseudo ligne droit. Et c'est ça qui est bon.
Une intégration en vrac à Rouen.
Totalement derrière l'avion. Mais que du bonheur ;-)
Totalement derrière l'avion. Mais que du bonheur ;-)
"Les Andelys" sont trouvés comme je peux. Le cap, le top et on part vers le point ECHO. ECHO est "trouvé" au cap et à la montre. Ce doit être là. Et Christophe complète d'une précision quand à la localisation du point ECHO. "Tu vois la grand ligne droite, là ? Et bien ce ne serait pas ta grande route rectiligne qui mène à ECHO ?". Bien vue. Un point pour lui (on ne compte plus les points en fait).
Je suis tellement dans ma NAV et submergé d'information que j'en oublis le briefing arrivée. Alors forcément, je découvre un peu le terrain, le tour de piste, le sens du premier virage, la tête du balisage. Rien n'est prêt. Rouen de nuit, c'est aussi mon premier PCL. J'attends ce moment avec impatience. Celui où je commanderais l'allumage de la piste, là devant moi en appuyant 3 fois sur l'alterna. Christophe, au titre de l'exercice, souhaite tout de même que je cherche le terrain sans l'allumer. Même si en arrivant à la perpendiculaire de l'axe de piste, on ne la voit pas du tout (ou si peu). J'avais déjà compris cela lors des tours de piste à Toussus. En vent arrière, le balisage est presque invisible. Une piste se voit dans l'axe. Un point c'est tout. Et ce n'est pas pratique pour les pilotailons comme moi.
- "Je peux y aller, là ? Je clic 3 fois"
- "Vas-y"
Je clic 3 fois. Ou plutôt je clic 3 fois comme un double-clic de souris. ClicClicClic. Speedy Gonzalez du clic PCL a parlé. Cela fait rire mon instructeur. Et je comprend qu'il faut y aller doucement. Que le PCL se mérite, que le PCL est capricieux et qu'il faut le ménager. Alors sagement, je re essaie. Clic - Clic - Clic... et les pistes s'illumine devant moi. D'abord, je vois les taxiways bleus apparaîtrent. Puis, le faible balisage vu de côté. J'ai des frissons.
J'ai tout de même une excuse géniale. Le balisage de cette piste est exceptionnel. Oui. A mon niveau de pilotaillon de nuit, le balisage est exceptionnel. D'abord, il est très lumineux. Ensuite, la piste dispose d'un balisage central ! Et ça c'est nouveau pour moi. On dirait du Flight Simulator (comprenne qui pourra). En plus elle est immense (1700x45). C'est un bonheur d'y arriver en finale 22.
La vue globale de la trace.
Juliet-Lima au terminal de Rouen à côté d'un ATR42 d'Airlinair.
Nous stoppons au terminal. Le temps de changer de pilote et je m'assoie à l'arrière. A la lumière (rouge) de ma lampe frontal, pendant que Jean-Luc démarre le Juliette-Lima, je repense au debriefing que Christophe vient de me faire. Et je prend en note tout ce qu'il faudra travailler pour le prochain vol.
1. Fermer la verrière (ou faire la checklist entièrement) avant de décoller. On gagne du temps et comme il fait froid en l'air la nuit, on garde le chaud à l'intérieur ;-)
2. Réaliser le "briefing arrivée" en l'air avant d'arrivée. "Pendant", c'est trop tard. "Après l'atterrissage", c'est bon pour le debriefing, mais pas pratique pour être devant l'avion.
3. Oublier les antennes pour les repères en VFR de nuit. On nous a menti. Quelqu'un les enlève la nuit tombé. Une fois en l'air, les points faciles à repérer de jour disparaissent dans le noir.
4. Préparer la radio en plus de la navigation. L'un ne va pas sans l'autre. Et vice versa ;-)
5. Dans l'arrivée, continuer à tenir son altitude. Ce n'est pas parce qu'on regarde dehors et vers le bas qu'on a le droit de descendre (sans faire gaffe... en plus)
6. Le PCL est sensible. Rien ne sert de s'exciter sur l'interrupteur. Cliquer doucement. Sinon... après moult tentative on arrive au chiffre magique de 7 et hop... la piste s'éteint. Pas pratique. Pas pratique du tout.
7. Le cap et la montre : y-a que ça de vrai.
8. Si l'avion est équipé d'un DME, alors l'utiliser. Utiliser tout ce qui est à bord. Sauf un truc : l'instructeur. Ah oui, un autre truc qu'on a pas le droit d'utiliser : les 36 GPS allumés à l'arrière et les "copilotes" qui voient toujours le terrain avant vous : "Je crois... que je le vois... mouaaaaa.... oui... je le vois.... pas vous ?"
3.3.07
Encore un vol Air Camille...
Prises de vues réalisées par un simple appareil photo numérique (Panasonic Lumix FX7) placé sur un mini pied Hama ventousé à la verrière en place droite du Robin DR400, F-GGJL.
25.2.07
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