Alors, lorsque Microsoft présente des images réelles de la version Pre-Alpha de la prochaine nouvelle version de son Flight Simulator, vous m'imaginez enthousiaste, impatient... mais méfiant après le fiasco de FSx, l'abandon de leur produit alors qu'il n'était même pas terminé (DX10 Preview), l’éphémère et catastrophique Microsoft Flight et les tergiversations avec FSw et Dovetail, la reprise des développements avec Prepar3D par Lockheed Martin...
La pluie gérée en trois dimensions. Une météo en temps réel avec 16 couches de nuages. |
La semaine dernière se tenait à Seattle une General Preview Event réservée à des invités VIP. Mais pourquoi ne m'a-t-on pas invité ! ;) Asobo et Microsoft ! Vous savez où me trouver. Je suis là ! ;) Ceux qui ont eu la chance d'y participer remontent notamment : la couverture mondiale générée avec les données de Microsoft Bing et le traitement d'Azure AI (pour calculer les landclass et l'autogen par exemple), les modes On-Line, Off-Line et Hybrid, la possibilité de faire du "VFR partout dans le monde" avec toutes les routes, rivières, montagnes... un système de météo et d'aérologie totalement nouveau, un nouveau moteur pour les modèles de vol qui ressemble mais sans être similaire à celui d'X-Plane (ouf, enfin !) et des dizaines d'autres nouveautés. A lire par exemple par ici.
Des arc-en-ciel sous une averse gérés en trois dimensions |
Une aérologie complètement revue. Merci ! Et des modèles de vol totalement nouveau. On nous promet la fin des avions sur des rails ! |
Je suis très agréablement surpris de l'état d'avancement de cette version Pre-Alpha que je n'attendais pas aussi aboutie. Je suis enthousiaste sur le fait qu'enfin un nouveau moteur graphique est utilisé. Il était temps de faire table rase du vieux FSx même s'il est tout de même question de rétro-compatibilité, notamment sur les modèles de vol. On a rien sans rien et en 2019, si on veut un réel nouveau simulateur, il faut repartir de zéro. Sur de nouvelles bases. Microsoft et Asobo semblent en faire leur partie. Regardez la première interview de Lionel Fuentes (Asobo Lead Programmer) et David Dedeine (CCO, Co Founder d'Asobo) ci-dessus. Et pour l'aveu des ratages précédents, j'aime assez la session de Q/A et l'intervention de Robert Jerauld (Director of production) au tout début de la vidéo que j'intègre toute à la fin de ce post. "We are making an investment in this franchise, we want to be accountable for the things that we can be [...] To do right this time because we cannot fix what we should have done right last time". Beaucoup d'inquiétude sont aussi levées par ce même Robert Jerauld qui rappelle que Microsoft Flight... n'était pas un simulateur. On change de paradigme avec ce FS2020 et Microsoft indique investir pour une "decade" sur une plateforme qui permettra des développements sur le long terme.
La promesse VFR de FS2020
Les habitués de ce blog le savent. Je ne vole en simulation qu'en VFR, en météo réelle et pratiquement qu'avec des avions que je pilote réellement. Une des promesses de FS2020 peut être résumée par cette citation "You can VFR everywhere". J'ai des frissons. C'est un peu comme si j'avais un Vector (les routes, rivières, chemin, découpe des côtes...), un Landclass (la définition des zones urbaines, rurales, forêt...), un Mesh (le relief) et l'Autogen (les objets placés au bon endroit) pour la terre entière grâce aux données de Microsoft Bing. A cela, on peut rajouter les textures photoréalistes du sol re-colorisées et calibrées et corrigés des artefacts comme des nuages apparaissant d'une photo satellite, les différences de résolution d'une zone à une autre et le passage de ces zones à une autres avec le moins de différence possible. Et pour certaines zones la technique de photogrammétrie qui permet de recréer des objets en 3D (bâtiment) à partir de différents captures d'images réalisées avec différents angles (parallax) le plus souvent à partir d'avion (vs satellite).C'est un peu ce qu'on disais lors de la sortie des régions Orbx (UK, Netherlands): "Ah si on avait tout ça pour la terre entière". "Ah si...". Et on lisait alors de ci de là : "Oui, mais il faudrait des Peta de données, des datacenters monstrueux, une bande passante de folie, du stockage local énorme... Et puis, il faudrait changer l'architecture de FS". FS2020 semble avoir relevé ce défi. Même si comparaison n'est pas raison, il y aura forcément des zones sur la terre qui n'ont pas la finesse requise en terme de résolution d'image pour être au niveau de ce que l'on voit à New York ou Paris par exemple ou bien sur la vidéo précédente. Mais là encore, ce sera l'avantage d'une solution par abonnement en développement continu : on pourrait imaginer que lorsque de nouvelles données sont disponibles et parce que j'ai souscrit un abonnement, alors j'accède à ces nouvelles données immédiatement. De manière transparente.
Ah bon ? Y-a un nouveau système de modèle de vol ?
C'est peut-être le point où j'attends le moins un nouveau Flight Simulator. C'est surprenant, hein ? Parce que depuis longtemps, j'ai tiré un trait sur la restitution de l'impression de voler depuis mon PC, assis devant mon bureau et mon (immense) écran avec mon TrackIR. Je n'utilise pas le simu. pour recréer le comportement en vol des avions. J'utilise mon simu. pour travailler mes checklists, me charger ma tête/CPU de communications ATC pendant que je prépare mon prochain point tournant, ma prochaine action ou déroule un briefing et tout ce qui peut m’entraîner à rester devant mon avion (selon la formule consacrée). La plupart du temps, j'utilise le pilote automatique, même pour les avions qui n'en ont pas dans "ma" réalité. Mais à quoi bon tenir la ligne de vol de l'avion simulé puisque je suis assis devant un écran sur une chaise stable. J'ai peu d'espoir que mon simu. sur PC m'apprenne à piloter. Par contre, qu'il m'apprenne à correctement manipuler ma tablette avec Skyvector/Foreflight, à préparer consciencieusement mes briefings, à être confronter à un événement extérieur inattendu (météo, panne) et par conséquent m’entraîner à me dérouter... Là, je dis oui !Mais at-the-end-of-the-day, il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis. On verra lorsque FS2020 sera là. Et on est pas à l'abris d'une bonne surprise.
Mon PC supportera-t-il FS2020 ?
Il y a des chances que la réponse soit "Non"... si on veut la qualité des vidéos qui circulent ces derniers jours. Et c'est tant mieux. En fait, c'est un peu un vœux. Pourvu que la technologie soit juste-ce-qu'il-faut en avance pour tirer partie des cartes et CPU d'aujourd'hui. Oui, il va certainement falloir une énorme bande passante pour en profiter pleinement, c'est à dire avec le maximum de détails. Oui, il faudra peut-être mettre à jour son matos. Les démos Pre-Alpha tournaient en 4K sur des GTX2080, une carte vidéo à plus de 500€. J'espère que le futur FS2020 utilisera pleinement les technologies de son époque et ne laissera pas tourner la CPU ou le GPU à 50% comme c'est parfois le cas actuellement. Les vidéos et retour récents semblent le montrer. J'en ai assez de baver sur la qualité graphique des derniers jeux sortis alors que mon simulateur actuel évolue à pas comptés. Le PBR est arrivé il y a quelques semaines... sans vraiment être utilisable et vient d'être corrigé dans Prepar3D v4.5 Hot Fix 2.Et l'écosystème ? Mes scènes ? Mes avions ? Mes périphériques ?
Avec une telle débauche de nouveautés, on peut aussi s'interroger sur la place des éditeurs tiers. La conférence du 19 septembre laisse bruiter que les gros éditeurs (Carenado, Orbx...) sont "impliqués" et reçoivent des reports de Microsoft/Asobo. On verra à l'épreuve du temps et j'ai hâte de lire leur avis sur ce sujet.Prenons l'exemple de la météo et des nuages. Même si la qualité des nuages fait rêver, car maintenant en 3D et non plus comme des sprites des années 1990, je pense qu'il y a des opportunités pour des éditeurs spécialistes à interpréter les données météo réelles. Je suis convaincu qu’il s’agit d’une vraie expertise - qui se monnaie - d’interpréter des METAR, TAF, PIREPs et pourquoi pas d’intégrer des modèles météo comme ECMW, GFS... pour reproduire une météo sur une zone et non pas juste au dessus d’une station météo comme le faisait FSx. Il suffit de regarder ce que propose un générateur gratuit comme FSxWx versus Active Sky (complément payant). La restitution est bien plus fidèle, plus riche, avec beaucoup moins d'a-coup Je pense aussi ces marchés de niche perdureront avec les nouvelles capacités de FS2020 comme les transitions et évolutions des nuages évoquées le 19 septembre.
Pour prendre un autre exemple, au niveau des décors, Asobo évoque clairement qu'il y aura toujours de la place pour faire mieux que ce que sait faire FS2020 au niveau mondial. Je pense que FS2020 posera un nouveau standard ave de nouveaux outils (SDK). Tout proviendra des vues satellites et d'avion (sous plusieurs angles : photogrammie) pour la terre entière grâce à Microsoft Bing. Ca existe. Microsoft en a l'usage. Un Orbx pourra toujours faire mieux dans certaines zones (région ou aéroport) parce qu'il y aura toujours des simmers exigeant. Reste à eux à gérer financièrement la transition entre le marché existant source de revenu d'aujourd'hui avec FSx/P3D/X-Plane et le nouveau Flight Simulator. Et ça, c'est pas gagné vue la taille microscopique du marché.
Evidemment, on aura pas cette qualité sur la terre entière. Ici Paris (ou Manhattan) sera certainement la vitrine de la technologie. Il y aura des zones où les éditeurs tiers pourront jouer. |
De plus, je n'ai pas l'impression qu'Asobo soit à même de développer des avions complexes en interne. Par complexe, je pense à des trucs comme les A2A ou pour les liners, ceux de PMDG. A plusieurs reprises, le studio évoque son expertise et son ancrage autour des jeux. Ils sont nouveau dans le monde de la simulation. On apprends aussi que plusieurs des membres ont commencé à prendre des cours de pilotage. Il doit bien y avoir aussi des pilotes plus expérimentés, j'imagine. Comme Asobo est français, on comprend pourquoi les vidéos de la Pre-Alpha sont remplies de Robin DR400. Il y aura donc toujours ce marché de niche pour des éditeurs 100% spécialistes hard-core de tel genre d'avion. Qui veut un Warbird ?
Enfin, mon usage du simulateur est étroitement lié aux périphériques connectés. Mon iPad avec Skydemon ou Foreflight reçoit actuellement les données de FSx/P3D : position et même les trafics (ADS-B comme aux US). Mon TrackIR renforce l'immersion en cockpit virtuel. Mon VrInsight M-Panel me permet d'avoir à manipuler des boutons rotateurs et des interrupteurs à bascule. Et plus classiquement, mon palonnier/manette de gaz/pas/mixture, trim, joystick me force à bouger ma main d'un équipement à un autre. Tout cela forme mon environnement d'entrainement avec Prepar3D. Qu'en sera-t-il avec FS2020, il est trop tôt en l'état d'une Pre-Alpha, pour en savoir plus.
Combien ça coûtera ?
On en sait rien. La conférence est restée floue sur le modèle de prix de FS2020. Il y a bien les 3 modèles de distribution des données jusqu'à votre PC : "En ligne", "Hors Ligne" et "Hybride". On peut donc... ou pas utiliser le Cloud... et sa bande passante. Concernant un possible abonnement, on comprends à demi-mot de la session des questions/Réponse, qu'aucune option ne semble fermée et surtout pas le modèle "souscription mensuelle" qui fait peur à la communauté. Et même si Robert Jerauld (Director of production) clame qu'il n'en veut pas, "comme le reste du Team", la réponse donne l'impression qu'aucune personne lors de cette conférence n'est décisionnaire sur le sujet. Quelque part chez Microsoft, le modèle de vente sera choisi. Et pour jeter un pavé dans la marre, oui je suis personnellement prêt à payer une centaine d'euros par an selon ce que me délivre cet abonnement. Tout est question de valeur. J'accepte de payer déjà cette centaine d'euros pour les outils de préparation et navigation réels sur tablette parce qu'ils délivrent une valeur, celle du développement constant. Les produits (Skydemon et Foreflight pour ce qui me concerne) s'enrichissent et se corrigent très régulièrement. C'est une garantie de pérennité et d'usage.Et Finalement ?
La débauche d'information délivrée par la conférence du 19 septembre dernier est réellement enthousiasmante. Cela fait frissonner. On est bien plus loin que les teasings d'il y a quelque semaines et je ne m'attendais pas à une Pre-Alpha avec autant d'éléments à partager. Le projet aurait été réveillé aux alentours de 2016. Certainement que la Pre-Alpha plante et est instable et qu'une énorme (gigantesque) quantité de travail reste encore à produire. Je rêve d'avoir des nouvelles de l'ATC et les trafics AI qui sont des éléments indispensables pour mon usage. Heureusement, durant la Q/A (voir ci-dessous), on apprend que le multiplayer fonctionne déjà. Mais qu'ils ne veulent pas en parler tout de suite. La communauté parle aussi beaucoup de Virtual Reality. Je ne me sens pas concerné. Et la conférence n'a rien dévoilé à ce sujet.Pratiquement tout ce qui a été évoqué est en rupture avec ce que l'on connait déjà. Et c'est un énorme pas en avant. La promesse est élevée, le défis pour Microsoft et Asobo est grand. Je peux déjà dire "Bravo Messieurs".
Plus d'info ? :
- https://www.helisimmer.com/articles/hands-on-microsoft-flight-simulator-2020
- http://inspire.eaa.org/2019/09/30/an-inside-look-at-microsofts-newest-flight-simulator/