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Les quelques conseils qui suivent sont issus d’une présentation intitulée “Caméras embarquées” que je déroule dans mes aéroclubs dans le but de partager avec tous les membres le plaisir de la vidéo amateur dans nos petits avions. Ces conseils proviennent de mon expérience personnelle, c’est à dire celle d’un pilotaillon vidéaste du dimanche : je vole dans des avions d’aéroclub - DR400, Cessna 172… je ne filme pas dans à bord d’un Rafale - et je n’ai aucune formation à la vidéo.
Je filme mes vols depuis le début de mon PPL, c’est à dire il y a une dizaine d’années. J’ai commencé avec un appareil photo numérique filmant en VGA (320x200), puis un caméscope, puis une GoPro et maintenant, lors de vols mémorables, j’ai jusqu’à 4 ou 5 de ces petites caméras. Je réalise le montage vidéo avec un logiciel grand public sur PC et partage le tout sur
YouTube (et parfois sur
Vimeo ou
Dailymotion) et bien sûr ce blog. Voilà pour mon pédigrée, vous savez tout.
Préambule
Mais avant de passer aux choses sérieuses, je me permet de commencer par trois règles de base :
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Règle numéro #1 : on regarde dehors. Je m’adresse aux pilotes VFR et quelque soit les circonstances, on assure sa sécurité et celle des autres avions en faisant de l’anti-abordage. La/les caméra(s)s passent très très loin après l’indispensable : aviate - navigate - communicate. Et c’est valable aussi pour la préparation du vol ou même la prévol. Aucune excuse à la distraction.
Conseil #1 : préparez votre matos au sol
Votre matos vidéo ne doit pas vous occuper ou vous distraire en vol. Donc, préparez-le au sol consciencieusement. La veille de votre vol, faites de la place sur les cartes mémoire et chargez toutes les batteries à bloc.
La prise multiple : l’arme ultime du geek en voyage ;-) Dans mon cas, avec parfois jusqu’à 4 caméras et le reste des équipements pour voler (Bad Elf, iPad) cela fait donc un nombre conséquent de trucs à recharger.
Conseil #1.1 (ou plutôt une petite astuce pour les voyageurs) : plutôt que de chercher et squatter toutes les prises de courant disponibles dans votre chambre d’hôtel, mettez dans votre valise une simple prise-multiple. De plus à l’étranger, vous n’aurez besoin que d’un adaptateur !
En plus de la multi-prises de courant, une multi-prises USB peut-être aussi très utile pour connecter sur un seul boitier plusieurs équipements USB à recharger.
Conseil #1.2 : n’oubliez pas de remettre les cartes mémoire dans les caméras avant de partir en vol. Ces dernières fonctionnent bien mieux avec leur support de stockage… que sans. Oui, vous l'avez deviné, ça sent le vécu ;-)
Conseil #2 : Enregistrez les communications ATC + cockpit
En plus de la vidéo, ne passez pas à côté de l’enregistrement des échanges ATC. Le son est très important dans le résultat final. Enregistrez toutes les communications, vos commentaires en direct et vos échanges avec vos passagers. Tout cela enrichira très simplement n’importe quelle vidéo.
Conseil #2.1 : si vous n’êtes pas encore équipé d’une caméra, faites attention, toutes n’ont pas d’entrée son, surtout les moins chères.
Les solutions techniques pour l’enregistrement du son en vol sont nombreuses :
- Le micro glissé dans l’oreillette d’un casque
- Le câble se branchant en Y directement sur une prise casque.
- Le câble se branchant sur votre casque aéro. s’il dispose d’une sortie audio (comme un LightSpeed Zulu par exemple). Mais il y a un risque que seules les communications internes dans l’avion soient enregistrées. A voir sur ce billet et faites-moi vos retours.
Un petit micro-cravate glissé dans une des oreillette d’un casque Le câble en Y se branchant directement dans une prise casque de l’avion
Conseil #2.2 : N’hésitez pas à faire plusieurs essais de volume de la boite de mélange de votre avion. Selon les installations et les caméras, la qualité peut être… très variable. Mais je le répète, on pilote d’abord l’avion, la vidéo est totalement accessoire !
Exemples de boutiques en ligne proposant des câbles pour différentes caméras :
Conseil #3 : REC&FORGET
Vous êtes aux commandes ? Alors, votre caméra ne doit pas vous occuper une seule seconde ! Vous avez bien autre chose à faire. C’est pour cela que j’instaure le REC&FORGET*. Vous placez votre caméra, vous démarrez l’enregistrement et… c’est tout ! Ensuite, vous réalisez et gérez votre vol.
J’appuie sur enregistrement et j’oublie la caméra pour avoir 100% de mon attention à la conduite de ma machine et de mon vol.
* Une sorte d’analogie avec le Fire&Forget des premiers missiles air-air qui une fois lockés sur leur cible et tirée depuis le chasseur vivait leur vie tout seul jusqu’à leur proie.
La caméra placée derrière moi durant ce vol d’entrainement (Biennal Flight Review), l’enregistrement est lancé avant la mise en route… et croyez moi j’avais autre chose à penser que de m’occuper de la caméra ! J’ai coupé la caméra, de retour au sol, moteur coupé.
Conseil #4 : bien choisir l’emplacement de sa caméra
Nos cockpits sont étroits et selon les types de machines, il n’y a pas cinquante solutions. Dans la mesure du possible, évitez la trop traditionnelle vue vers l’avant. Outre le fait que nos caméras grand-public à
rolling shutter transforment les hélices en sabre souple, n’avoir qu’une vue vers l’avant est très lassant sur les vidéos. Vous vous en rendrez compte lors du montage.
La vue vers l’avant, c’est sympa pour les phases de roulage et d’atterrissage, à peine pour les décollages car le capot masque vite le sol. Et devant, c’est généralement bleu ou gris clair. Mais surtout, il y a tant de choses à capter à droite, à gauche, en dessous et dedans ! L’idéal étant bien sûr d’avoir plusieurs caméras.
Vue vers l’avant : le défaut de l’hélice souple ne peut-être sauvé que par la qualité et l’intérêt de ce que vous allez mettre dans le cadre
Voici quelques REX selon les types de machines :
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Piper PA28 : avec le Cirrus c’est peut-être la pire des machines. La vue vers l’avant est obstruée par l’hélice (bien sûr) mais aussi par un énorme montant verticale. Pas de fixation au plafond, sauf à trouver un modèle exotique (cf. photo ci-après). Même les vues de côté sont obstruées par les ailes basses. Souvent, j’ai aussi eu droit à des PA28 aux vitres traitées. La meilleure des solutions dans un P28 reste le trépied lesté et posé juste à l’arrière, au dessus des épaules des passagers avant :
Le trépied : une solution universelle qui est certainement la meilleure solution dans un PA-28 Trépied dans un PA28 pour capter à la fois l’extérieur et l’intérieur, placé bien en avant, au raz des épaule, on peut ainsi capter toutes les manipulations à l’intérieur tout en gardant une vue vers l’extérieur
Parfois, on tombe sur des modèles de PA28 pratiques.
Pile-poil la taille de ma vieille Drift ! - Robin DR400 : vers l’avant, là-aussi, on a un montant vertical, mais la prolifération des vitres, facilitant le ventousage, invite à trouver d’autres angles. Les vitres arrière permettent de ventouser une caméra pointant vers l’avant comme ici :
Largeur de champ, vue des actions du pilote, effet de vitesse et captation de l’ambiance générale sont permis en reculant la caméra fixée sur le plexi arrière droit d’un DR400 La Garmin VIRB est placée à hauteur d’yeux d’un passager. Remarquez aussi la ventouse fixée proche d’une armature pour réduire au maximum les vibrations Plusieurs caméras dans ce DR400 : une vers l’avant, une par dessus l’épaule et une GoPro négligemment posée sur le petit rebord de la glissière droite du DR400. Avec cette dernière, on peut voir les mouvements du manche à balai.
La GoPro est fixée au dessus de l’épaule grâce aux nombreuses surfaces en plexiglas plutôt lisses. Mais peut-être pas si bien car trop vers l’extérieur ? A vous de voir, avec le contre-champs visible sur l’image suivante : On remarquera aussi la Drift posée sur la casquette du DR400 avec un petit velcro comme on en trouve souvent déjà sur les casquette des DR400 d’aéroclub - Cessna 172/182: La meilleure plateforme pour filmer sur les côtés, même s’il y a un hauban sous chaque ailes hautes. Pas de montant verticale vers l’avant, même si vous savez ce que je pense de la vue vers l’avant. Par contre, des places arrières, les vues vers le cockpit sont plus compliquées selon que le 172/182 soit récent ou pas avec ces ceintures qui se croisent entre les deux sièges des passagers avant et les larges appuis-tête.
Une des séquence de (peut-être) ma plus belle vidéo multi-caméras avec une vue vers l’avant, une vue vers la gauche et une vue vers l’intérieur pour le partage des impressions
Ventousée sur le plexi. juste au dessus de mon épaule gauche, avec un bras court, la Garmin VIRB shoot vers le bas et les écrans du Cessna G1000 lors de cet atterrissage avec le soleil dans les yeux. Beaucoup d’information sur cette vidéo : du texte pour décrire ce que l’on fait et l’incrustation des jauges vitesse, altitude…
Un bras court et la vitre de gauche, tout en restant près d’une structure rigide. Il faut orienter avec soin la caméra pour ne pas avoir un mix entre intérieur et extérieur souvent inexploitable : trop clair à l’extérieur et trop sombre à l’intérieur. - Cirrus : comme les Piper, il y a trop de plastique là-dedans et nos ventouses ne trouvent pas d’endroit d’idéal. Il faut recourir au trépied ou bien virer le passager, ce qui serait dommage :
Peut-être la meilleure place dans un Cirrus à condition de ne pas avoir de passager ;-) : sur la vitre droite, à hauteur des yeux du passager Comme si vous étiez assis en place droite. Suffisamment éloignée pour avoir un peu de l’intérieur et un peu de l’extérieur. Dans cette situation d’éclairage, la Garmin VIRB s’en sort plutôt bien.
Trépied dans un Cirrus et pare-soleil Rozen pour sauver le contre-jour.
(Cliquez sur l’image pour voir la vidéo “Entre deux”) Conseil #4.1 : dans tous les cas, n’oubliez pas les “vues sur les côtés” pour enrichir votre montage : montrer la météo environnante, les paysages survolées, le sol dans les virages pour les avions à ailes basses…
Même avec une aile basse un DR400 invite à shooter sur les côtés
(cliquez sur l’image pour lancer la vidéo) Les Cessna : rien de mieux pour avoir du “sol dans le cadre” malgré la roue et le hauban. En orientant le cadre, on peut facilement avoir une vue totalement dégagée de la structure de l’avion Conseil #4.2 : Lorsque vous ventousez votre caméra, placez la ventouse toujours près d’un montant, un arceau ou une structure rigide. Cela évitera autant que possible les vibrations parasites. Et évitez de perturber votre compas avec vos trucs vidéo !
Conseil #4.3 : n’utilisez pas des bras de ventouse trop long. Plus c’est long, plus ça vibre ! Et les vibrations avec les caméras à
Rolling Shutter entrainent souvent des effets Jello où votre image va onduler.
Conseil #4.4 : si vous n’avez pas encore de caméra, privilégiez les petites caméras de sport ou action cam du type GoPro (mais ce n’est pas la seule marque). Elles disposent toute s d’un objectif grand angle permettant d’englober plus de choses (intérieur et extérieur) sans avoir à trop les déplacer. Tout cela au détriment de certaines déformations (terre arrondie) selon l’orientation vers le bas ou vers le haut de la caméra. Rien ne vous empêche bien sûr d’utiliser vos smartphones pour faire quelques plans de coupe qui trouveront facilement leur place au montage. Shooter de nombreuses courtes séquences sans bouger.
Conseil #4.5 : nos petites caméras de sport sont très mal à l’aise lorsqu’il s’agit de filmer à l’intérieur (sombre) et simultanément à l’extérieur (souvent très lumineux). Le résultat est bien souvent raté avec l’intérieur noir et l’extérieur cramé (de blanc). Choisissez donc votre camp ou volez lorsque la différence de luminosité est faible entre l’intérieur et l’extérieur ;-) Shootez dehors ou dedans, mais n’espérez pas que la caméra toute seule s’en sorte dans ces situations difficiles. On en revient encore au multi-caméras.
NB : je fais exprès de ne pas évoquer une fixation à l’extérieur du cockpit, car j’y suis opposé. Au delà de l’aspect règlementaire (légal, du proprio. de la machine ou bien encore de votre club), rien ne justifie qu’on puisse perdre un projectile comme une GoPro sur la tête de quelqu’un ou n’importe quel bien au sol… surtout pas pour 3 min de vidéo sur YouTube !
Ouverture inopinée de fenêtre (ouf en dessous de la vitesse préconisée par le manuel)avec la GoPro fixée dessus ! Elle rentrera à bord sans encombre.
(Ne cliquez pas sur l’image pour voir la vidéo)
Conseil #5 : variez vos emplacements de prise de vue
Vous allez me dire que c’est contradictoire avec un des conseils précédents : REC&FORGET. Oui et non. Si vous n’avez pas la disponibilité pour changer l’angle de prise de vue, alors vous êtes en mode REC&FORGET (cf. ci-dessus). Tant pis. Il ne vous reste qu’à vous équiper de plusieurs caméras ;-) Par contre, si vous êtes en backseat (assis à l'arrière) ou bien devant mais que vous ne participez pas au vol (ni le perturbez) alors vous n’avez aucune excuse. Ne laissez pas votre caméra tourner avec toujours le même angle de vue. Faites plusieurs plans courts et variés.
Une caméra négligemment posée sur la casquette durant les longues croisières donnera toujours quelques plans différents pour agrémenter votre montage
(cliquez sur l’image pour lancer la vidéo) Shootez à droite, puis à gauche, restez stable 5 secondes en gros plan sur un des instruments de la planche de bord, puis de nouveau 5 autres secondes sur le pilote, 5 suivantes sur les passagers…etc Ainsi, vous aurez du contenu et des plans de coupe à placer entre vos longues vues de l’atterrissage et du décollage.
Si on ne participe pas à la conduite du vol voici quelques exemples sur une vidéo avec de courtes séquences, la caméra simplement tenue 5 secondes : petit panoramique pour montrer la planche de bord… … dans un virage, la caméra tenue le plus stable possible au dessus de l’épaule du passager avant-droit… … court plan à droite… … court plan à gauche… … et une sorte de Point-of-View du passager avant droit. Conseil #5.1 : même si j’invite à changer les plans, évitez tout de même de bouger votre caméra dans tous les sens. Surtout à main levée. Ces plans tremblotants, montrant tout et n’importe quoi, ne sont pas agréables à regarder, à en devenir malade… ni facile à monter. Visez quelque chose et restez dans cette position pendant au moins 5 secondes. Puis visez autre chose et recommencez tant qu’il y a quelque chose d’intéressant à mettre dans le cadre.
Un petit coup vers l’équipage pour varier vos plans
(cliquez sur l’image pour lancer la vidéo) Conseil #5.2 : il vaut mieux de courts fichiers avec plein de petits plans qu’un gros fichier dans lequel il vous faudra faire le tri sur le banc de montage. Abusez du bouton enregistrement. Démarrez, restez 5 sec, puis stoppez. Et recommencez à l’envie. Ce sera plus simple plus tard au montage. Tout cela, demande de l’attention, donc je le redit et le répète : ne faites pas cela lorsque c’est vous qui pilotez l’avion ! Votre sécurité, celle de vos passagers et tous les autres au sol et avec lesquels vous partagez l’espace aérien en dépend !
Conseil #5.3 : faite attention à l’emplacement du soleil. Même si une GoPro se débrouille bien avec le soleil dans les yeux (à croire que tant qu’il y a de la lumière, elle s’en sort), essayez de garder le soleil dans votre dos. Les meilleurs moments pour shooter restent les débuts et les fins de journées.
Conseil #6 : essayez de raconter une histoire
Ce n’est pas simple car nous ne volons pas pour raconter des histoires et n’avons pas de vol scénarisé. Mais pour le spectateur devant YouTube, il sera plus agréable d’avoir des images en amont, pendant et en aval des incontournables phases de décollage, enroute et atterrissage. L’idéal est de trouver une idée pour votre montage, un sujet ou un thème en particulier pour cette vidéo : le premier vol de votre passager (interviewer avant et après le vol), le survol de ceci (montrez la préparation), une ambiance unique (vol du matin au calme, vol chargé avec beaucoup d’ATC), une météo particulière belle, une phase technique du vol, un premier ce-que-vous-voulez…
A l’impossible nul n’est tenu, mais au moins dans l’ordre chronologique, il y a une histoire à raconter. Et même, si tous nos vols ne se terminent pas par un déroutement (cliquez sur l’image pour voir la vidéo), il y a quelque chose à raconter. Conseil #6.1 : n’hésitez pas à shooter les scènes annexes qui mettront dans le contexte l’incontournable décollage et atterrissage. Confiez votre caméra à vos passagers pour filmer la sortie de l’avion, la prévol… Et au retour toutes les tâches qui font le plaisir d’un pilote d’aéroclub : le nettoyage, les papiers, le rangement des avions…
Conseil #6.2 : faites parler vos passagers. Si vous êtes disponible pendant le vol et comme vous enregistrez toutes les communications, faites parler vos passagers pour partager leurs impressions. Enregistrez la prise d’ATIS (on y trouve le nom du terrain et vous pouvez commenter la météo) et les premiers contacts radio qui peuvent bien jalonner votre montage.
Conseil #6.3 : même si votre avion ne doit pas se transformer en studio d’enregistrement et UNIQUEMENT si vous ne pilotez pas (c’est à dire que vous ne faites aucune de ses 3 tâches : aviate-communicate-navigate), commentez ce que vous enregistrez*. Une vue sur tel instrument ? Décrivez-le. Le passage à proximité d’un point caractéristique ? Dites son nom. Une croisière stable ? Dites depuis combien de temps vous êtes en vol, quand vous arrivez, ce qui c’est passé… Et si vous avez le syndrome Nicolas Hulot avec une voix de de robot haché, ce n'est pas grâve.
* Les boites de mélange modernes permettent d’isoler le pilote du reste de ses passagers, n’encombrant pas ainsi la fréquence. Conseil #7 : au montage, coupez, coupez et… coupez
Le montage est une partie difficile. Ce n’est pas une compétence liée au pilotage. Mais maintenant que vous avez de superbes rushs, il serait dommage de les laisser sur une carte mémoire !
J’utilise Sony Vegas Movie Studio Platinum version 12 pour faire tous tous mes montages vidéos. Rapide, dynamique (pas d’importation, visualisation des effets en temps réel) il me serait difficile de passer à la concurrence après tant d’années. De plus, il coûte moins de 50€ en achat en ligne. Par contre, ce n’est peut-être pas l’outil pour un premier débutant.
S’il n’y a qu’une seule règle à retenir pour rendre attrayantes vos vidéos, c’est “Coupez, coupez et encore coupez !”. Sans tomber dans le travers du clip vidéo sous-acide, il faut reconnaître que le rythme s’est accéléré depuis les années… 1970 ;-) Evitez à tout prix les lo-ooooongues séquences pendant lesquelles il ne se passe rien. Le plus important est d’avoir quelque chose d’intéressant dans le cadre.
Chaque plan et chaque séquence ne doit pas se retrouver sur votre timeline par hasard. Pour chacun d’eux, posez-vous LA question : est-ce-que cela apporte quelque chose à la vidéo globale ou bien puis-je réduire cette séquence ?
Il m’arrive souvent de “finir” un montage, d’en faire une bande-annonce (Trailer/Teaser) puis de le reprendre plusieurs jours plus tard. En le (pre)visionnant dans sa globalité cette fois-ci, je retrouve encore à couper et raccourcir des séquences ;-)
Conseil #7.1 : libérez du temps dans votre agenda car le montage est chronophage. Les professionnels parlent souvent d’un ratio entre 15:1 et 20:1 pour des films de 3 à 5 min au final. En clair, si vous avez 1 heure de rushs, il vous faudra en 15 et 20 heures de montage. Cela parait énorme et c’est dépendant du nombre de caméras et de la variété de vos plans. C’est sûr qu’avec une caméra qui ne filme que vers l’avant, le montage est simplifié. Quoique.
Mais si vous voulez enrichir votre montage de contenus externes (cartes, animations…) comme je le préconise par ailleurs et tout en restant amateur, je ne suis pas loin de ces ratios. De plus, le montage vidéo nécessite toujours beaucoup de place sur les disques dur et de la puissance processeur pour le traitement et la génération de la vidéo finale. Personnellement, je passe mon temps à acheter des disques durs externes et je mets à jour - plus ou moins régulièrement–mon PC.
Le 4K c’est bien, c’est beau, mais les fichiers sont énoooormes à manipuler au montage et le rendu peut-être très long si vous n’avez pas la puissance CPU adéquate. Et si tout cela doit se terminer sur Youtube avec des lectures en HD (seulement)…
Conseil #7.2 : Choisissez un format de sortie vidéo en adéquation avec vos médias de diffusion. A l’heure actuelle, je pense qu’il est inutile de travailler en 4K si c’est pour faire du Youtube. Même si les TV 4K ne sont pas loin et que les hébergeurs de vidéos se mettent très rapidement à la page. Je travaille en 720p, depuis longtemps. Un jour, je passerais à une résolution supérieure, mais pour l’instant c’est à mon avis le meilleur ratio (1) lié à la performance de la CPU pour le montage (2) espace de stockage sur les caméras et l’archivage (3) média de diffusion (mon blog et Youtube/Vimeo/DailyMotion).
Conseil #7.3 : Evitez de tomber dans le travers de l’illustration sonore envahissante qui recouvre les échanges radio, le bruit du moteur et les conversations. Mais surtout ne négligez pas l’importance de la bande son : musique, échanges radio, bruit du moteur. Le son est primordial dans votre montage. Ne massacrez pas tous nos bruits aéro. avec un dernier tube à la mode… d’autant que les plateformes d’hébergement (Youtube en premier) font de plus en plus la chasse aux droits d’auteurs. Vous risquez de vous retrouver avec une vidéo… muette sans préavis. Evitez enfin d’utiliser des musiques qu’on aura entendu 10 fois, si ce n’est plus, sur des vidéos aéros. En son temps, par exemple, la BO des Chevaliers du Ciel (ou les musiques des vidéos officielles GoPro). Soyez créatif et trouvez-vous votre style. Si vous avez des échanges radio ou bien le bruit de la variation du régime moteur*, laissez-les au premier plan !
* Pas facile avec une seule caméra. Lorsque l’enregistrement du son est effectué via le câble pour les communications ATC, le micro d’ambiance est coupé et n’enregistre rien.
Conseil #7.4 : essayez de faire coller le rythme de votre montage avec le rythme de la musique. Il faut donc choisir son illustration sonore avec discernement selon la quantité de plans dont vous disposez et mettre en adéquation ce que “vous racontez” avec le style musical. Rien ne sert de mettre une musique rapide et très rythmée si vous n’avez qu’une vue vers l’avant sans grand changement de contenu. A l’inverse si vous avez des rushs variés, vous pouvez peut-être les enchainer au rythme de la musique et de ses changements de tempo. A vous de voir pour le rythme et le style que vous voulez donner à votre vidéo.
Exercice de style : pas grand chose à raconter + musique très rythmée = changement de plan au rythme de la musique… mais pas trop.
(cliquez sur l’image pour lancer la vidéo) Conseil #7.5 : utilisez des musiques libres de droit pour éviter tous soucis. En ce moment, je puise dans la
librairie gratuite de Youtube. Les ressources sont aussi nombreuses sur Internet. Si vous aimez fureter, vous pouvez vous plonger sur des sites de musiques libres de droit comme
Jamendo.com. Le choix d’une musique est tout un art ! N’hésitez pas, pour vos vidéos un peu longues, à avoir plusieurs temps forts illustrés de musiques différentes. C’est plus difficile que de coller une musique du début à la fin de la vidéo, mais le résultat sera complètement différent.
Conseil #7.6 : Raccourci des séquences en les accélérant.vous voulez tout de même montrer le roulage sur votre plateforme ? Mais c’est long et il ne se passe pas grand chose finalement… Mais vous tenez à le garder ? Alors accélérez-le. C’est un moyen –au sein de votre montage – pour dynamiser un passage. Regardez cet exemple à la fin, vers de 2min40s :
Accélérez les séquences… un peu lentes comme les roulages : ici Toussus-Le-Noble avec l’atterrissage en 25 et le stationnement au hangar 106 à l’autre bout de la plateforme.
(Cliquez sur l’image pour lancer la vidéo) Conseil #8 : illustrez et décrivez vos images
Ne soyez pas avare d’explication pour faire comprendre vos images. Ajoutez des sous-titres qui décrivent l’endroit que vous survolez car tout le monde ne connaît pas “vos” coins comme vous. Autre exemple, expliquez par des encarts textes les différentes phases de votre vol s’il s’agit d’une vidéo plus technique comme l’exemple ci-dessous :
Un petit texte (auto pilot off) au moment où j’appuie sur le bouton, l’indication de la vitesse et l’altitude en incrustation en haut à gauche et une carte avec la position de l’avion. Tout cela pour expliquer cette vidéo technico-pour-passionné-d’avion d’un 360 en finale des pistes 25 à Toussus-Le-Noble. (cliquez sur l’image pour voir la vidéo) Conseil #8.1 : si vous avez des photos, des images fixes ou bien des captures d’écran de cartes VAC par exemple, n’hésitez pas à les insérer dans vos montages. Regardez
cet exemple, ici à 1 min 05 s. Pour les photos et si votre logiciel de montage le permet, utilisez
l’effet Ken Burns pour rester dynamique, tout en changeant le rythme.
Conseil #8.2 : rien ne vaut une carte avec la position de votre avion pour faire comprendre où vous êtes, non ? Abusez des cartes comme celles de GoogleEarth agrémentées de vos traces GPS. Regardez
ce message où j’expliquais ma technique à base de Powerpoint (encore faut-il disposer de l’outil) ou bien cet autre message où je décris l’utilisation d’un service web
Pictramap.
Animation de la trace GPS sur un fond GoogleEarth avec une VAC en surimpression
Conseil #8.3 : Pour les long trajets, j’aime bien présenter la navigation dans sa globalité sur une grande carte. J’en avais usé et abusé pour les voyages aux Etats-Unis (
Farwest). Ma technique, basique s’appuyait sur l’utilisation de Powerpoint pour faire les animations. Comme pour GoogleEarth, j’avais commis un billet sur ce même blog, c’est à
voir ici.
Powerpoint pour faire une animation du trajet voyage
Conseil #8.4 : si vous disposez d’une trace GPS (horodatée*), vous pouvez incruster des jauges (altitude, vitesse, cap) sur vos vidéos. Cela prend un peu plus de temps, mais c’est somme toute assez simple avec le logiciel gratuit Garmin VIRB Edit proposé par Garmin. Et cela même si vous n'avez pas de caméra vidéo de la marque Garmin. J’ai expliqué la manipulation complète sur
ce billet.
* Votre trace GPS peut provenir de votre iPad (Air Nav Pro par exemple) ou d’un tracker GPS tant qu’il horodate la trace (Bad Elf, Stratus…).
NB : avant que l’on vous fasse remarquer, en regardant la jauge incrustée, “T’es pas un peu lent, là, sur la finale ?!?”, précisez que la vitesse indiquée par la jauge est une vitesse sol (vitesse GPS) et non la vitesse indiquée telle qu’on peut la lire sur le badin dans votre avion.
Conseil #9 : faites-vous une checklist
- Nettoyez vos lentilles et caissons de protection. Ce serait dommage d’avoir une tâche sur le shoot de votre vie ! C'est du vécu avec une belle vidéo de Monument Valley où je "tache" au montage de masquer une tache sur l'objectif !
- Nettoyez les pare-brises et les vitres latérales. Cela parait évident et n’est pas seulement exigé à cause de vos vidéos, mais pour votre sécurité tout court !
- Videz vos cartes mémoire (avant)
- Mettez vos cartes mémoire dans vos appareils
- Chargez vos batteries
- Regroupez vos batteries supplémentaires. Même chose pour vos cartes mémoire supplémentaires. Si besoin, vous les aurez sous la main facilement sans avoir à fouiller dans tout l'avion
- Préparez à l’avance ce que vous allez filmer. Anticipez et projetez vous dans votre vol : où allons-nous passer ? Qu'y-aura-t-il à voir ? Choisissez, au sol, le côté pour fixer votre caméra.
6 caméras se cachent sur cette photo. 3 x GoPro, 1 x Garmin VIR et 1 x Drift HD1080 et 1 x Drift HD 170. (Ne cherchez pas à cliquez sur l’image, je n’ai pas encore eu le temps de faire le montage de ce vol à 6 caméras !)
Conseil #10 : la sécurité du vol prime avant tout
“Piloter avant tout” doit rester LE conseil primordial pour bien réussir nos vidéos. Nous devons toujours mettre en priorité maximale, ce triptyque bien connu “aviate-navigate-communicate”. Vous aurez remarqué qu’il n’y a pas “videate” ;-) Absolument rien ne doit nous distraire de la conduite en toute sécurité de nos vols. Et surtout pas pour 3 minutes de vidéo tremblotantes ! Gardons constamment en tête la sécurité : pendant le vol, mais aussi dans toutes les phases de préparation au sol. Par exemple, votre prévol ne doit pas être perturbée par la mise en place de votre caméra. Faisons notre prévol consciencieusement, puis ensuite nous nous occuperons de la caméra. Mais surtout n’inversons pas les priorités.
Tous les conseils présentés ici ne doivent absolument pas empiéter sur la préparation et la conduite de nos vols. La vidéo peut-être une passion complémentaire à celle du pilotage.
Avec tous ces conseils et tous les commentaires que vous ne manquerez pas de poster, filez voler et à vos caméras !
Merci à Rémi C. et Guillaume E. qui m’ont suggéré des compléments pour ce billet.