Pour moi, habitué de FS depuis... trop longtemps, les instruments de Flight Simulator représentent la certitude du bon cap, de la bonne assiette, de la vitesse... Sans sensation d'accélération, de vitesse, des perturbations... bref du mouvement. Il n'y a pas d'autre solution efficace. Je me targue, comme beaucoup d'habitués de FS, d'être un spécialiste du placement du pixel (1280x1024) de la maquette de l'horizon articiel. Un p'tit coup à droite, en bas, à gauche... voilà le pixel 234x532 est aligné avec le trait qui lui fait, sous l'effet de l'antialising, même pas un demi pixel. Sous flight, lorsqu'on le veut, on vole "au pixel", d'autres font ça au trim. Chacun son truc.
Les instruments avec l'horizon artificiel en tête, restent donc des éléments clés de la gestion des paramètres du vol. Avec le décor à l'extérieur, on "fait avec". La touche "S" permettant de "baver" sur le bleu du lagon. Si, si venez volez sur IVAO en polynésie française ! (Fin du message publicitaire).
Hier, dans mon petit créneau de vol hebdomadaire, Xavier m'a proposé mon premier vol... en VSV (Vol Sans Visibilité). Ca y-est vous commencez à comprendre ? Prévol, démarrage, roulage... "oui, ça freine presque symétriquement un DR-221 !", tout se fait comme d'habitude au début d'un p'tit vol prévu pour environ 1 heure. Une bonne heure de plaisir en perspective.
- "Fox-Romeo-Tango, on s'aligne et on décolle piste 30 gauche".
Je décolle "mon" Romeo-Tango... altération de cap par la droite en passant l'A12. Pour changer, on sort par les étangs de St Quentin. C'est très étonnant de constater que la charge de travail d'un pilote débutant comme moi augmente très rapidement dès que l'on change un tant soit peu le pseudo train-train des vols. Nous avions l'habitude de sortir du circuit par les Serres (plus d'infos sur les sorties, par ici : http://www.alcyons.com/ rubrique "Aéroclub" et "Comment venir aux Alcyons"). Changer de sortie, me remets tout de suite "la cpu" à 100% ou plutôt 200% ! Je regarde le paysage, je me pose plein de question : par où aller ?, entre les deux trucs, là ? A quelle hauteur ? Quand rappellera-t-on ?...
- "Fox-Romeo-Tango, on passe verticale les étangs pour quitter. A bientôt...".
Xavier se retourne et s'emparre de la visière. De la quoi ? Ce truc se met sur la tête (je précise, on ne sait jamais).
Imaginez maintenant le zouave que je suis dans le petit DR-221. J'ai sur la tête mes lunettes de soleil, un casque radio et un entonnoir en plastique (comme ceux que l'on met aux animaux lorsqu'ils sont malades). Et je veux piloter !
Une fois chaussé de ce truc sur la tête, je peux vous assurer que la tête droite, on ne voit que le tableau de bord. Plus de ciel bleu, plus de payage. Pffff, disparu. Un grand cône blanc à la place. Sympa ce vol ! Pas facile de tricher non plus. Vouloir regarder le cadran tout au bout à droite (le compte tour est tout là bas sur les robin DR-221) nécessite un bon coup de tête.
J'ai donc passé 50 minutes les yeux rivés sur les instruments. Horizon, alti, horizon, vitesse, horizon, (tendre l'oreille pour le régime moteur), alti, horizon, cap, horizon...etc... pendant 50 minutes. Bien sûr pour compliquer la chose, Xavier balance régulièrement des trucs du genre : "Bien, on va faire un 180 par la droite. Disons que nous sommes rentrés dans un nuage et qu'il faut faire rapidement demi-tour" ou bien "on va monter à 2000 pieds" suivi d'un "On descendre à 1500 pieds" précédant un "On va prendre un cap 270" ou bien "je te mets l'avion en virage engagé et c'est à toi ensuite de nous en sortir".
Parfois, il y a une variante. Une sorte de bouquet final. Un truc en plus.
- "Vincent, tu vas fermer les yeux. Je vais mettre l'avion dans un virage engagé et lorsque je te le dirais tu (r)ouvriras les yeux et nous en sortira".
Il me vient comme d'habitude la réflexion habituelle lorsque Xavier me demande un truc... disons...un truc bizarre : le "Ben voyons". Ce "ben voyons" va se promener longtemps durant mon apprentissage. Je suis (1) interdit de regarder dehors (2) je dois fermer les yeux. Il ne veut pas en plus que je débranche le casque, nan ? Crévindiou dans quelques heures, il va me mettre dehors ! (note pour plus tard : trouver absolument où sont caché(s) le(s) parachute(s)).
Trève de plaisanterie. Je sens à peine l'avion partir à gauche d'abord, puis vers le bas. Aucune accélération. Le bruit du vent, à peine.
- "Top. Ouvre les yeux, c'est à toi".
Simultanément, j'ai les yeux collés sur la maquette de l'horizon et la main gauche plonge vers la manette des gaz. Réduction de la vitesse, les ailes à plat puis p'tite ressource pour remettre tout le monde dans l'ordre.
Et ça continu comme ça pendant 50 minutes. Horizon, alti, horizon, vitesse, horizon, (le régime moteur à l'oreille), alti, horizon, cap, horizon... Vous connaissez la chanson. "Au cap 60 à 20 degrés d'inclinaison" - "Au cap 180 à 15 degrés d'inclinaison". Je n'arrive vraiment pas à mémoriser ces graduations sur l'horizon. La prochaine fois je viendrais avec plusieurs post-it. L'un d'entre-eux sera destiné à graduer de 10 degrés en 10 degrés les p'tites barres. Un autre sera collé au pare-brise pour indiquer "ne pas repousser le manche à la fin de l'arrondi : Il n'y a pas de roulette avant".
Le retour sur le terrain se fait toujours sous les directives de Xavier. En l'attendant faire la radio (comment voulez-vous que je sache où je suis ?) je me dis que l'on se rapproche.
- "Au cap 60".
- "St-Cyr Tour de Fox-Romeo-Tango, à 3 minutes des étangs de retour de local..."
- "Tu prends maintenant au 40"
- "Au cap 20, pour 1100 pieds"
Tiens on remonte au nord... et on descends. J'obéis aux ordres sans discuter. Je comprend petit à petit que Xavier va me guider sur tout le tour de piste. Au début, je me dis que l'on arrêtera ce "jeux" du contrôleur assez tôt. Puis, on se retrouve sur le vent arrière. Il me fait réduire à 2000 tours. Me fait sortir les volets, 1 cran. La pompe. Je ne vois toujours que la planche de bord. C'est monstrueux.
- "Tout de suite au 210" en descente
Là, ça ne rigole plus. On est en étape de base. J'ai toujours la casquette sur la tête.
- "220, continue la descente doucement".
- "300, c'est pas mal"
- "290"
- "En final piste 30, Roméo-Tango"
Il sort les deux crans de volets, m'arrache la casquette de la tête.
Nous ne sommes pas vraiment sur l'axe, je ne sais plus très bien à quelle hauteur nous étions, mais ça devait donner quelque chose comme ça :
Désolé pour la reprise de photo d'un vol précédent, mais vous ne vouliez pas en plus que je prenne des photos, nan ?
Je peux vous assurer que c'est déroutant de faire un tour de piste sans aucune référence visuelle extérieur.
Toujours est-il que faire des virages dans un avion où vous ne pouvez pas voir où vous allez, cela crée des liens de confiance (très) forts avec votre instructeur.
- "Cap 210"
- "euh... c'est bon là j'y vais ?... y-a personne ?... euh.. tu fais la sécurité... hein ? euh t'es là ?"
- "C'est bon, tu peux y aller".
S'il le dit, alors.
Dernier enseignement. Enlever la vision et il ne reste plus grand chose pour apporter des sensations au cerveau. Malgré des virages à inclinaisons variables - c'est à dire non contrôlé par un pilote débutant - et dépassant parfois allègrement les 20 degrés, je n'ai pas ressenti grand chose. Même chose pour les montées et les descentes. Il faudra que Xavier prennent les commandes et fasse un peu le yoyo pour que ces (dans ce cas "mauvaises") sensations reviennent. C'est très troublant ! Tout cela pour vous dire qu'hier j'ai eut l'impression de faire du Flight Simulator en payant 115 euros de l'heure ! Mais j'en redemande.
Tiens ce soir devant mon Flight Simulator, je vais me mettre un seau en plastique sur la tête. Ca fera des heures de vol en plus :-)))