Bertand pousse les deux manettes vers l’avant. Le Duchess accélère sur la piste 8 de Big Bear. Ah oui, par ici on ne dit pas zéro-huit. Il fait grand bleu et nous voilà reparti du nord de Los Angeles pour Santa Monica. Après un petit-déjeuner dépaysant, un rascol nous attend.
Avant de repartir, nous sommes repassés par le FBO. Comme d’habitude, je demande s’il y a une taxe à payer. Une gentille dame m’adresse alors un grand sourrire et me dit qu’il n’y a pas de taxe, juste 5$ si on était resté la nuit. Le charme des taxes aux Etats-Unis. Pendant que j’essayais donc de régler un faux-problème, Bertrand et Marc-Olivier trainent devant l’immense carte des Etats-Unis qui couvre tout le mur. Il ne faut pas laisser Marc-Olivier devant un tel truc. C’est un coup à se retrouver à perpette en avion dans un prochain voyage !
La carte des US au FBO de Big Bear
Au point d’arrêt, alors que les hommes devant s’affairent, un panneau attire mon regard. On ne rigole avec l’altitude pression. Un affichage digital et dynamique la rappelle. Altitude + chaleur ne font pas bon ménage avec tous ses sapins autour.
L’altitude densité rappelé au point d’arrêt
Les METAR sont tout juste comme il faut. Comme il faut pour de l’IFR. Ni trop, ni trop peu. Evidement, ce sera Marc-Olivier qui fera l’arrivée. Si nous avions été tout seul (déjà nous ne serions pas en bi-moteur ;-), nous aurions déjeuné ailleur et tant pis pour le Rascol.
KSMO 231651Z 23005KT 7SM OVC007 17/14 A2995 RMK AO2 SLP141 T01670139
KSMO 231751Z 22006KT 7SM OVC007 17/14 A2996 RMK AO2 SLP145 T01720139 10172 20161 51009
KSMO 231851Z 23006KT 7SM OVC007 17/14 A2996 RMK AO2 SLP146 T01720139
Dans le bleu, nous attrapons une clairance IFR, ça ne pouvait donc pas continuer comme cela. Los Angeles est dans un voile laiteux et on voit bien sur la côte le Marine Layer.
On va quitter le bleu et le soleil. En dessous : Los Angeles
Nous descendons… Nous descendons… Le bleu est maintenant au dessus. Et la couche nuageuse est bien là. 1120 ft et nous sommes dans la crasse. Je me souviens être venu par ici en Cessna, il faisait beau et Florent était assis à mes côtés. Lorsqu’on est en finale sur la 21, on sent la grande plaine de Los Angeles avec les montagnes à l’ouest et notamment le “Hollywood Sign” et les grattes-ciels de la cité disséminés par paquets. Tout cela n’est guère engageant lorsqu’on n’y voit plus rien… et qu’on est à bord d’un avion qui descend et qui descend.
Justement, la descente continue. Je vois la grande aiguille de l’altimètre tourner dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Je sais ce que cela veut dire. Dehors, c’est tout gris, on est toujours dans la crasse et l’avion descend vers le sol.
Rien à la radio. Nous sommes déjà “autorisé à l’atterrissage” pour la 21. A 2.4 nm, le contrôleur passe “wind two-zero-zero at four”. Double clic de Marc-Olivier. Le Duchess descend vers le sol. Toujours dans la crasse. Et je me remémore le décor que nous devrions voir.
Je ne sais plus à quel moment nous sommes à la fois sortie de la couche et que nous avons découvert la piste, mais c’était au même moment ! Didiouuuuu qu’on est bas et trois paires d’yeux cherchent la piste 21 de Santa Monica. Sinon, c’est bon pour une remise de gaz.
“Piste en vue !”. Bertrand et moi venons de nous écrier. La 21 est dans le coin en haut à gauche de la photo et aussi de la verrière. Pas du tout dans l’axe comme le précisait la fiche de percée :
Peut-être presque comme un soulagement. On allait pas continuer à avancer et descendre comme ça sans fin !
Voilà, une superbe descente aux minima. Je regarde autour de moi. Je ne vois que les bâtiments de Los Angeles. Même pas la montagne au loin et pourtant si proche. Marc-Olivier ajuste vitesse et l’attitude du Duchess aux petits oignons. Je devine, assis à l’arrière, les coups de regard sur les instruments. Petit virage à gauche pour retrouver l’axe. Un appareil derrière nous est déjà “clairé” à l’atterrissage behind a Duchess. Plein réduit… Je reconnais le seuil de la piste, puis la tour de Santa Monica comme si j’étais là hier. Et à gauche le Typhoon.
- “Duchess zero-three-echo, contact ground point niner, see you soon”
- “Ground point niner Duchess zero-three-echo, good bye”
- “Santa Monica Ground, good afternoon, this is Duchess November-three-eight-zero-three-echo, runway two-one vaccated, taxi… hum.. Typhoon”
“Duchess zero-three-echo, Santa Monica Ground, taxi Typhoon, via Bravo”
Nous dégageons… n’importe où puisqu’ici il n’y a pas de taxiway et roulons jusqu’à une place de parking, juste devant le Typhoon où un Rascol nous attend !
“On pourrait presque partir en VFR !” se moque Marc-Olivier. Tout est dans le “presque”. “On est sortie à combien ?” demande-je. “On est sortie aux minima… à 700 pieds” sur une approche de non-précision.
Les coulisses d’une photo avec retardateur
Qui a commandé du Scorpion !?!
Renaud, instigateur du Rascol Californien et amateur de Scorpion
(vu au Typhoon) Retrouvez le sticker “FranceDC3”
Souvenir d’un Rascol Californien (de gauche à droite)
Etudiant#1 de Renaud, Renaud LG, Etudiant#2 de Renaud, Rémy T (local de l’étape), cousin#1 de Rémy, collègue#1 de Rémy, Bertrand, votre serviteur et Marc-Olivier.
Durant tout le déjeuner, le soleil poussera les nuages offrant de grandes éclaircies. Cela nous incitera à lancer des “Alors Renaud, c’est VFR ! File chez Justice et vas-y saute dans un Cessna”.
Lorsque nous ressortons pour la traditionnelle photo de Rascol à-l’autre-bout-du-monde, il fait (presque) grand bleu. Nous voilà de nouveau sous des couleurs et températures californiennes de carte postale. Finalement, Renaud ne partira pas en vol se réservant pour le lendemain (avec une histoire de perte de clefs ;-)
De notre côté, il parait que Marc-Olivier a des courses à faire chez Aircraft Spruce. Et comme c’est à quelques encablures en avion sur le terrain de Corona et que c’est sur le chemin du retour vers San Diego… Vous devinez la suite.