3.7.05

Trois passionnés et un DR221

C'est toujours un plaisir de partager un vol avec des connaisseurs. Qu'ils soient pilotes réels, pilotes virtuels, les deux ou bien encore seulement contrôleur virtuel. Non pas qu'il soit ininterressant de voler avec des "non-initiés", mais il y a ceux qui découvrent l'aviation et qui ignorent tout de l'aspect technique du vol, et il y a ceux qui savent ce que c'est que d'être quelques minutes devant son avion et qui comprennent que passer de Saint-Cyr à Pontoise est un exercice pas si évident pour un pilotaillon du dimanche comme moi.



... alors forcément lorsque l'occasion se présente, il faut la saisir. Un coup de téléphone à la dernière minute à Chaudard et Soubibi et nous voilà en route pour Saint-Cyr. Dès le trajet dans le voiture, la route est très "aéro". On parle d'avion, on parle d'IVAO, on parle de navigation, de cartes, de réglementation... Trois passionnés dans une voiture pendant 1/2 heure et les discussions fusent dans tous les sens.


Notre jouet sera Zulu-Papa. On se remet au train classique.



Très jolie décor lorsque l'on décolle en 12, n'est-ce-pas ?


J'ai rencontré Chaudard sur IVAO. Il excelle généralement au contrôle virtuel de Roissy-Charles-de-Gaulle. Parfois il vient nous rendre visite virtuellement (en hydravion souvent) dans les îles virtuelles de la Polynésie Française. C'est un plaisir de l'écouter lorsque le trafic est dense. C'est un bon exercice de l'entendre oeuvrer en français/anglais. Nous nous sommes croisés (pour de vrai) quelques mois plus tard lors de la LAN PARTY organisée par Sébastien B. Ensemble, percher sur l'estrade qui dominait la salle, nous étions deux des contrôleurs de la journée. Nous avions convenu à l'époque de nous retrouver pour faire un "vol ensemble"... pour de vrai... pour le plaisir.


Chaudard concentré sur la trajectoire à la recherche du point SIERRA


Quand je pense que j'ai peur d'aller - même virtuellement - sur CDG avec mon ATR. Je ne connais pas suffisament les cartes et les procédures. La dernière fois, je me suis perdu au bout du taxiway BRAVO vers le parking FEDEX en cherchant le point d'arrêt de la 09R. Il va falloir que je m'y mette. Petit à petit, mon ATR virtuel devrait se sentir plus à son aise. M'enfin.

Lorsque l'on trimballe Chaudard et dès qu'il voit une tour de contrôle, il n'a qu'une envie : y monter. Donc, inévitablement en remontant le taxiway vers le parking de la tour il n'a pu s'empêcher de me faire passer le message suivant :
- "La tour pour le Zulu-Papa ?"
- "Zulu-Papa, j'écoute"
- "Il serait possible de venir vous visiter ? Si ça ne pose pas de problème ?"
- "Pas de problème. Le parking tour et sonner en bas"
- "Merci !"





Soubibi a franchi le pas. D'abord pilote virtuel, il officie maintenant dans l'équivalent du Kilo-Uniform : un DR400-120. Enchaînant tours de piste sur tours de piste à Lognes, il sent le lâché arriver à grands-pas. Que j'aimerais retrouver ces sensations. Tu as de la chance Stéphane ! Profite de ces moments ! Ce sont peut-être les meilleurs.


On repart dans l'autres sens. Soubibi aux commandes !





Trois passionnés et une jolie machine


9.6.05

Rendez-vous au dessus des nuages...

Le virus des navions se propagent et attisent la curiosité de tous mes proches. Il n'a pas fallu argumenter très longtemps pour réussir à organiser avec plusieurs collègues de bureau une journée "off". Une journée à huit... et donc, forcément, on prendra deux avions. Parmi les huits, on trouvera 2 pilotes. Destination : "Le Touquet". Un jour de semaine avec du CAVOK un peu partout malgré quelques brumes en MARCOT, "ça devrait le faire..."


Remarque : toutes les photos de ce récit sont clickables pour les voir en grande taille.
La promenade est prévue maintenant depuis plusieurs semaines. Toute une journée... Rien qu'une journée en plein dans la semaine. Un joli break. Loin du bureau, même si c'est avec des collègues et amis.

Nous partont avec Patrick de Saint-Cyr dans un DR-400 Regent (180 ch) pour retrouver le deuxième groupe à Pontoise, d'où nous ferons le plein pour repartir enfin vers le Touquet. Une vraie petite expédition pour le pilotaillon que je suis. Pas besoin de tracer tout droit (le paysage n'y est pas fantastique) alors nous irons vers Dieppe pour ensuite remonter la côte, jusqu'à la Baie de Somme, puis Berck et Le Touquet.

A Pontoise, nous retrouvons nos amis. Ils prennent un Cessna d'Hispano. Une fois en l'air nous tenteront de nous retrouver en chemin et sur 123.45. Ce sera une première pour moi. On verra bien. Le ciel me parait bien grand pour tenter de retrouver un avion, mais bon.


La trace GPS du trajet "aller"


En arrivant sur Dieppe, une groupe de nuages nous force à monter à 5500 ft. J'ai trouvé plus marrant de passer au dessus qu'en dessous. En dessous, je connais... j'ai appris à piloter comme ça. Au dessus ça devrait être plus sympa. Et ça l'a été. Le groupe de nuages est minuscule et bien délimité. Il couvre juste la côte et est parsemé de trous. Pas très haut, absolument rien de dangereux... Je peux passer au dessus sans soucis. En plus à cette altitude, je serais au dessus des limites de la ZIT que l'on trouvera en chemin (cf. trace GPS). Donc, les passagers et le copilote n'y voyant pas d'object, c'est tout décidé. On passe au dessus.


Vue du DR-400 sur la petite bande de nuages


Puis, il faut patienter un peu et attendre le Cessna que nous avons doublé sans même nous en rendre compte. Alors on va "enrouler" Dieppe par la gauche, toujours vers 5000 ft pour tenter de se regrouper avec le Cessna.


On laisse Dieppe sur la gauche


Bien nous en a pris, car nous retrouverons le Cessna juste au moment où il passe la petite couche. Puis ensuite, calmement en regardant bien dehors et en se coordonnant avec le pilote, on se rapprochera tout doucement, tout doucement en ligne droite. Chacun à sa place et pas trop près. En essayant de ne pas quitter des yeux les ailes de l'autres avion et en regardant devant, on a l'impression d'avoir 4 pairs d'yeux. Communiquer et garder un oeil dehors. Tous les passagers sont mis à contribution.


En rapprochement, une vue de notre Robin depuis le Cessna



Nous doublons tranquillement le cessna en le laissant sur notre gauche


Décidément, notre DR400 est pressé d'arriver. Nous lâchons le Cessna et filons vers la baie de Somme où nous évitons la réserve naturelle.


En chemin, on ne fera pas que regarder en l'air... au sol aussi


Après avoir laissé le phare de Berck sur notre droite, nous demandons une intégration en longeant la côte (merci Jacques pour l'idée de la clairance !), puis rejoignons le vent arrière de la 32 entre un Lillois et un anglais qui arrivent.


En courte finale sur la 32 à bord du Cessna



Une autre vue de la patrouille




25.4.05

"Dans vos 8 heures, trafic Mirage F1 en rapprochement" (épisode 38)

- "X-Ray Hotel, le trafic Mirage F1 convergent dans vos 10 heures maintenant"
- "Euh... On a pris l'information trafic... et euh... on a pas le visuel, X-Ray Hotel"

Mon instruction PPL, pas si lointaine, ne m'avait pas vraiment préparé à répondre à ce genre de message radio. Nous sommes au nord-est d'AVORD. Il est 16h00. J'ai pénétré la classe D, avec une clairance et j'ai conservé 7000 au transpondeur. Le contrôleur militaire de la zone, très aimable, m'a autorisé à des évolutions au nord de sa zone. Nous sommes quatre dans le DR400-160 X-Ray Hotel avec pour objectif d'effectuer un survol de la (fameuse) maison familiale. Habitude classique de pilotailon du dimanche. Le truc du jeune breveté. Vous l'aurez compris, le village à survoler est situé en plein classe D d'AVORD entre Bourges et Nevers. Coincé également entre quelques zone R (resticted) en rouge sur les cartes. La couleur veut tout dire.

A 210 km/h et presque 2000 ft QNH, on avance doucement. "Doucement" est le terme approprié surtout lorsqu'on le compare avec la vitesse d'un Mirage F1 qui me fonce dessus. Dès l'annonce du secteur de rapprochement ("10h00... oui... là, c'est 12h00, là c'est 09h00... donc 10h00 c'est par là"), j'ai tourné rapidement la tête vers la gauche à la recherche du "chalumeau". Ce n'est pas tous les jours qu'on vous annonce un trafic "Mirage F1". Mes trois passagers ont fait de même (tout le monde tourne la tête, quitte des yeux un la route, un autre la vigne vue d'en haut, un troisième la ville de Sancerre), certainement tous plus inquiets que je ne l'étais. A ce moment, je suis plutôt curieux. Mais tout bien pesé, nous sommes identifiés radar. Le contrôleur m'a donné rapidement l'information trafic. Il l'a aussi communiqué au pilote de chasse ("le truc VFR, c'est moi"). Mais nous avons tout de même quatre paires d'yeux à la recherche d'un point noir dans le ciel. Ce n'est pas de trop. Autant l'identifier et le localiser ce chasseur.

Et puis soudain, je le devine. A peine un point noir, à peine plus haut. Plutôt loin. Mais ce point noir qui pourrait être un liner dans le ciel, grossis rapidement. Très rapidement. Trop rapidement même. C'est devenu un point noir... avec des ailes. Je jette un regard rapide au mode du transpondeur. Il est bien sur ALT, puis je vérifie le panneau des éclairages en haut à droite sur ce DR400. Strobe, Nav sur ON... le chasseur arrive par derrière, au dessus... il ne sert à rien d'allumer un feux d'atterrisage. Une balise de détresse... une fusée rouge à la rigueur ou un truc qui fait "coucou, hé ooohhh on est là".

Le contrôleur me rappelle.

- "X-Ray Hotel, le Mirage F1 dans vos 8 heures maintenant"
- "Dans mes 8 heures... on peut descendre vers 1500 ft... on pense avoir le trafic en visuel, Fox-Xay-Hotel"
Puis coincé entre plusieurs communications en anglais (décidément, il y a du monde sur AVORD en ce lundi), je devine :
- "(Indicatif incompréhensible), trafic VFR DR-400, (je ne me souviens pas de la suite)"

Et j'imagine le contrôleur militaire signifer qu'un truc en bois et en toile, qui se traîne se trouve sur son chemin. Et j'imagine le pilote du Mirage chercher un bidule VFR, une sorte d'obstacle (pour lui un "truc à éviter") à peine mobile dans le ciel.

Le point noir est devenu un avion de chasse. Je devine ses bidons d'essence sous chaque ailes. Il va me passer au dessus. Il arrive vite. Plus vite qu'un Piper J3 en tour de piste à Saint-Cyr (à mon niveau d'expérience, je suis désolé "on a les références que l'on peut..."). Il semble entamer un virage sur sa droite. Pour m'éviter ?

- "Je le vois ! Il est là ! Il va nous passer juste au dessus... génial !" annonce-je dans la cabine.
Derrière, j'entend alors immédiatement un cri d'effroi.
- "Hein !?!? Comment !?!? Tu dis que le chasseur va nous passer au dessuuuuusss !?!?"

Je lâche un "Mais oui, tout va bien... c'est pas grâve... c'est juste un avion de chasse" avec un léger sourire, tentant de rassurer tout le monde, comme je peux. La météo n'est pas idéale pour un vol d'initiation (ça secoue un peu et on vole un peu bas au raz des nuages) et en plus les chasseurs de l'armée nous foncent dessus. Ca commence plutôt mal pour un baptème. Mais ça aurait pu être pire... on aurait... ah non, j'ai rien dit.

Je tiens mon altitude. Je tiens mon cap. Rapide scan de la planche de bord. Tout est au vert. Il ne manque plus que je retienne mon souffle. Au contraire, il faut respirer. Il ne se passe rien de grâve. C'est juste la 1ère fois (il en faut bien une) que je suis confronté à cette situation. Je ne sais pas quoi faire d'autres pour éviter de faire une bétise. Caaaaaaalme. J'ai beau réfléchir, je n'ai pas fait d'erreur (tout du moins je le crois).

Le F1 vire au dessus de nous. Tout cela n'a pas plus duré que quelques secondes. Et je vois les trainées de condensation au bout de ses ailes. Comme à la télé. Comme dans mes rêves (sauf que je ne suis pas dans le bon appareil. Il faudrait être dans l'autre. On peut toujours trouver à vouloir être dans le fauteuil/cockpit des autres - jamais content). Comme dans les films, sauf qu'ici je suis dans un avion que je pilote et un chasseur me passe au dessus.

- "X-Ray Hotel, vous poursuivez, plus de trafic sur zone, veillez ma fréquence"
- "On poursuit... merci... X-Ray Hotel"

Le Mirage F1 s'éloigne par ma droite. Mes passagers ne le quittent plus des yeux. C'est l'attraction.

[...]De toutes les façons je l'avais locké sur mon radar. Il n'avait aucune chance. Il a bien vue qu'il ne pouvait rien faire contre mon DR-400. Rien faire contre mon pilotage. J'étais trop agile. Trop vif. Trop rapide. Je suis sûr qu'il a vu que j'allais tenter une maneuvre évasive et qu'il ne pourrait rien faire. Il aurait été débordé. Il s'est sentu battu et a préféré détaller.[...]

- "X-Ray Hotel, vous continuez votre vol autour de Cosnes ?"
Euh... hein... quoi ? kékédi ? Maverick ? Tanguy ? Laverdure ? Non, c'est AVORD Approche qui vient de me réveiller. Vol autour de Cosnes ? Ah, oui. Fin de la séquence "Top Gun". On retrouve le ronron bruyant du DR400.

- "On va ressortir de votre zone par le nord pour se poser à Cosnes... du X-Ray Hotel"
- "X-Ray-Hotel, Vous pouvez quitter la fréquence, au revoir".
- "On quitte... merci monsieur... du Fox-X-Ray-Hotel".

Allez. Assez rêvé. Retour à la réalité. Retour dans mon avion en bois et en toile.
Il est temps de remettre le nez dans la carte. De switcher sur 123.5. De faire son message en auto information avant d'arriver à Cosnes. De remonter 500 ft au dessus du tour de piste pour faire sa procédure d'intégration sur un terrain en auto information. De se situer parmi ces vignes, ces multiples routes, ces colines qui se ressemblent et de trouver le terrain d'où on est parti.

C'est pas tout ça, j'ai un avion en bois et en toile à poser. Mais un avion tout de même.
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