- "Golf-Mike, remise de gaz dans l'axe, rappelez vent arrière"
Après un peu plus de 100 heures de vol, c'est tout de même étonnant. Nous revenions de Cosne-sur-Loire avec Camille et sa copine. Le vol de retour était sans problème. Pas vraiment droit, mais sans surprise. Pas tout à fait comme le tronçon aller (cf. la fin de ce message). En arrivant par le secteur ouest, j'ai senti que c'était déjà un peu chargé :
- "Golf-Mike, intégration semi-directe main droite pour la 12, avec deux appareils en intégration par l'ouest même sens et un cap 10 en sortie ouest, rappelez en base"
- "On a pris l'information trafic, on s'intègre en semie directe main droite et on rappelle en base, Fox-Golf-Mike"
J'ai pris l'info. trafic, mais pas vraiment tout emmagasiné. J'ai capté les mots, mais j'ai du mal à positionner les avions - ceux dont je viens d'avoir la position - dans l'espace qui m'entoure. Deux dans le même sens qui s'intègrent, un autre qui sort. Ok. Je rentre par l'ouest à 1500 ft, celui qui sors devrait être à 2000 ft. Et je cherche des trafics devant moi. Ouvrons les yeux.
Je découvre le cessna alors que "nous" sommes encore loin de la base. Il est assez proche. Je réduis tout pour laisser l'aiguille du badin rentrer dans l'arc blanc. Je prépare la "cabine" (on fantasme comme on peut) :
- "Vous êtes prêt les filles pour l'atterrissage ?"
Alors que je m'inquiète pour le trafic devant, visiblement il y a un truc qui cloche à la radio.
- "Tango-Uniform, vous êtes en finale ?
- "affirmatif... du Tango-Uniform"
- "Tango-Uniform, rappelez en courte finale 12 droite"
J'ai beau être à ma vitesse d'approche, j'ai bien l'impression de rattraper ce f*&!$tu Cessna. En plus, j'ai l'impression qu'il donne des grands coups de pieds dans le palonnier. Il bouge dans tous les sens. On se croirait dans IVAO avec Flight Simulator en train de suivre un autre avion.
Bon, bha c'est pas tout ça, mais on va arriver en base et j'ai plus l'impression d'être en patrouille que d'être numéro 2. Ca sent la remise de gaz. A moins que le contrôleur me donne la piste parallèle. Mais il ne faut pas réver :
- "En base main gauche, Charlie-Delta"
- "Charlie-Delta, rappelez en finale pour la 12 gauche".
Et zut. Je n'ai qu'à prendre mon mal en patience et tenir mes distances avec le Cessna devant. Je n'aurais pas la 12 gauche et cela sent de plus en plus fort la remise de gaz.
- "Tango-Uniform, vous me confirmez être en finale 12 à Saint-Cyr"
- "En finale 12 à Saint-Cyr, oui... Tango-Uniform"
- "Tango-Uniform, rappelez en courte pour la 12 droite"
- "Golf-Mike, numéro 2 pour la 12 droite derrière un Cessna en finale, prévoyez une remise de gaz"
- "Numéro 2 et on prévoit la remise de gaz, Golf Mike"
En finale, je suis carrément dans son sillage. A ma gauche, un autre Robin en finale pour la 12 gauche. Devant, le Cessna qui se traine, l'autoroute A12, les peupliers et à droite Fontenay. Sans compter ce trafic dont le contrôleur souhaite absolument connaître la position. On est "peu de chose" au moment de cette courte finale, le vent du sud (de travers donc) nous balotte un peu. Je découvre 2 ou 3 avions au seuil des pistes 12 droite et gauche. Y-a du monde ! Y-a des choses qui se passent sur la fréquence. Pas beaucoup de place pour placer son message.
Le cessna arrive en très courte et j'entends :
- "Golf-Mike, remise de gaz dans l'axe rappelez vent arrière"
Et hop c'est reparti pour un tour.
- "Tango-Uniform, vous n'êtes pas à Saint-Cyr, vous êtes en finale à Chavenay !!!"
Trop fort. Je ne me moque pas et n'aimerais pas être dans la situation du pilote. Ce ne doit pas être la première fois qu'une telle erreur arrive. Les deux terrains (Saint-Cyr et Chavenay) étant relativement proche. Je ne m'imagine pas arrivant d'une région française pour une intégration sur Saint-Cyr. Quel slalom ! Trop de TMA ! Trop de limite ! Trop de zone orange ! Trop de point de report uniquement connu des basés !
Lorsque j'aurais refait mon tour de piste et me serais donc représenté en base main gauche cette fois-çi, je me retaperais ce Tango-Uniform qui aura fait un direct Chavenay - Saint-Cyr et qui va me rentrer dedans si ça continue. J'accélère ma base et finalement serait autorisé pour la 12 gauche. Ouf. Après toutes ces émotions pour le pilotaillon que je suis, je ferais donc un jolie appontage (Et un rebond, un !), dégagerais au plus vite sur le taxiway central pour passer avec le sol, signe qu'il y a du monde en fréquence. Ouf. Voilà, c'est fait. On est posé. Pas cassé.
Pour en revenir au tronçon aller, cela a failli être la première fois que j'aurais pris la décision de faire demi-tour. Rien de très violent dans les METAR et TAF, seulement des TEMPO avec des rafales de vents à 25kt, de la pluie, des nuagesssss et de la vizi qui tombe comme un soir d'hiver de camping dans une tente sans lampe de poche. La TEMSI n'est pas très pratique pour le tronçon aller. 25 à 30 kt pratiquement de face. Heureusement que je n'ai pas pris Kilo-Uniform (DR400-120 ch).
Le seul hic a été que j'ai croisé deux TEMPO. Justement. C'est tombé sur moi, forcément. Tout seul dans mon DR400 je n'en menais pas large. Avec Seine Info (118.05), les GPS allumés (celui de bord et celui de mon PDA) et le doigt plus ou moins bien posé sur la carte. La CPU à 150% en mode faut-prendre-une-décision-faut-prendre-une-décision-faut-prendre-une-décision...
La trace GPS montre un petit slalom incompréhensible, indiquant juste que j'essayais de trouver le meilleur moyen d'éviter la pluie et les nuages. A la hauteur de Pithivier, j'ai rencontré ma première zone TEMPO. On ne voyait pas à travers, il faisait sombre et pourtant d'après la météo, ce devait bien être un TEMPO avec du CAVOK derrière. Je prend la décision de descendre un petit peu en jetant un oeil sur l'altitude de sécurité notée sur mon log de nav. J'entre-aperçois une possibilité (voir une hypothétique idée) de passer par la droite. J'envisage même de demander à Seine-Info une confirmation de météo au delà de ma zone pluvieuse.
Heureusement, à droite cela semble passer. Laissons ce paquet de pluie partir avec les vents et filons à droite. J'aimerais bien trouver mon prochain point de repère (une grosse centrale nucléaire). A ce moment, j'ai l'angoise de trop avancer et de ne pouvoir faire demi-tour et de râter mes centrales nucléaires et de m'emplafonner les ZIT. Glourps. Rien que ça.
A ce moment je me suis rappelé une photo que j'avais faîte lors d'une de mes premières navigations solos. De retour de Bagnole en passant par Alençon, j'avais croisé une toute petite zone de pluie. On y voyait à travers. On la voyait totallement. J'avais pris la peine de la contourner. Craintif que j'étais. Plus tard, on m'avait dit "Si elle aussi petit que tu le dis et aussi transparente, tu aurais pu passer au travers... ça aurait nettoyé l'avion !". J'ai encore la photo de cette bruine. Elle est sur ce récit de l'épisode 23.
Cette fois-ci, j'ai fait un peu le tour mais surtout j'ai été accueilli par de magnifiques (ils étaient deux) arc-en-ciel au bout de mon aile !
Du coup avec toutes ces péripéties (à l'échelle du pilotaillon) et en regardant ma trace GPS sous Google Earth, je me suis rendu compte que je ne vole toujours pas tout droit.
Entre les ZIT, les zones oranges, marrons et le mauvais temps, je n'ai pas fini de faire des courbes dans le ciel. Allez, j'y retourne.